Sur ma gauche, dans la grande salle de réunion, un type que je n’ai jamais rencontré parle avec l’assurance des grands experts, ceux qui ont l’humilité suffisante pour parler de grandes idées, de grandes modélisations avec un détachement et une pédagogie nécessaires à une compréhension exempte de toute pédanterie. Il est chauve et petit, porte des lunettes rondes et un sourire rigolard de bon vivant. Son regard est vif comme un saumon remontant le courant jusqu’à sa rivière natale et son humour décalé aussi fin qu’un filet de sole. Il dit que ce modèle de probabilisation a été tellement complexe à mettre en place qu’il s’en est arraché les cheveux… Si je puis dire… Et de décrocher des rires de la part de son assemblée. Il s’appelle Gilles.
Photo © Jean-François Chénier
Pourtant, tandis que jusqu’à segmentation et probabilisation, j’étais à peu près en phase avec mon interlocuteur, j’ai commencé à décrocher lorsqu’il a été question de loi de Poisson, de Gamma Poisson en cohérence avec la loi de distribution bêta binomiale, de diGamma non-linéaire, de loi de Polya, d’inégalité de Bienaymé-Tchebychev, je me suis laissé bercer par le doux son de sa voix, le soleil me chauffant le dos, je me suis pris à rêver d’un monde dans lequel la formule pouvait être réduite à un simple affect.
Et δanς λequεl j’étαiς en τρaiν de m’ενδωrμir… Le Σ est notre ennemi.
je me suis arrêtée à probabilisation, moi. pfiou
Si c’est pas indiscret, c’est quoi ton boulot ?
Fabienne, moi aussi en fait.
Rasbaille, non c’est pas indiscret. Je suis chef de projet études chez Médiamétrie//NetRatings, mesure de l’audience internet (ça claque hein). Mon boulot, c’est pas les stats mais la production d’études, alors forcément, je m’endors 😉