Summertime

L’été est là.
Il paraîtrait même qu’il neige dans certaines régions de France.
Les feuilles commencent à rougeoyer depuis qu’elles sont tombées et se ramassent à l’appel.
Le vent souffle, la marée monte, les crabes tambourinent… et les rochers sont emportés par la houle.
Je lis et relis ces quelques mots de saison finissant par des mots d’amour, dans lesquels je m’enveloppe pour me protéger du froid.

[audio:http://www.maplanete.ch/radio/summertime-janis.mp3]

Lost in Anywhere devient Manufacture d’ambiances et de désirs.

Besoin de mer…

Pors-Hir

Un 21 mars

En sortant du boulot, je passe devant le café d’en face. Il y fait sombre. Seules quelques lumières sont allumées, des appliques en verre dépoli fichées aux murs. Sur les tables, de jolis petits photophores ouvragés diffusent une lumière fantômatique sur les visages de deux filles attablées, devisant avec passion autour d’un verre haut rempli d’un liquide transparent, une rondelle de citron vert comme posée en équilibre sur le rebord. Il fait froid, le vent souffle fort et me fait pleurer. Je me sens envahi par une vague de tristesse en les regardant, sans vraiment savoir pourquoi.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Astrud_Gilberto_The_Gentle_Rain%20.mp3]

J’imagine simplement qu’elles doivent être amies et qu’elles se racontent des choses qui ne passionnent qu’elles, mais c’est le principe de l’amitié non ? Etrangement, je ne peux pas regarder leur visage – leurs contours m’échappent – je ne les vois pas vraiment – elles sont comme transparentes – de simples ombres au coeur chaud qui s’animent au son de la discussion… Moi aussi j’aurais aimé m’assoir sur un de ces tabourets hauts plantés au pied du comptoir, avec un ami – une amie – discuter – boire un verre – ou sans rien dire – penser tout haut – sentir du regard et boire encore – sentir l’ivresse monter et se dire qu’on ne va pas rentrer tout de suite – non il fait froid dehors et puis je n’ai pas faim – l’alcool brûle l’estomac – non allez, viens, on ne rentre pas, je ne suis pas fatigué – S’il vous plaît, nous allons fermer – Non attendez, on finit notre verre… Juste une minute – Tu disais quoi ? – Bon allez viens, on va trouver un autre café – j’ai envie de boire un dernier verre – je ne t’ai pas dit ? Il faut que je te raconte ça – derrière les rideaux rouge – pour éviter les courants d’air – assieds-toi – un autre whisky – j’ai mal au crâne – je vais rentrer me coucher – déjà – il fait froid dehors. Il n’y a plus personne dans les rues – ils sont tous rentrés chez eux – et alors ? qu’est-ce que vous vous êtes dit ? – Rien on est rentrés chez nous sans un regard – Il fait froid non ? J’ai les mains douces, mais avec ce froid elles ont tendance à devenir sèches… Regarde – touche – elles sont douces n’est-ce pas ? Le temps passe vite quand on discute comme ça, tu ne trouves pas ? Je ne t’ai pas dit au fait ? – Nous allons fermer, merci – de rien – on y va ? Non attends je n’ai pas envie de rentrer – J’ai envie de boire encore, je ne vois plus mon verre – je ne me sens pas bien – tu peux m’appeler un taxi s’il te plait ? – Allez viens. Non merci. Il est encore tôt, je dois rentrer chez moi. Les lumières se sont tues, les flammèches sont mortes, il fait nuit noire.
Et vous avez parlé de quoi sinon ? De rien, je suis rentré directement, j’étais fatigué. Et puis je ne sais pas, je me sentais las, je n’avais pas envie de parler.
Tu as vu ? Je me suis rasé…

Helvetica

La nouvelle tourne depuis quelques jours sur les blogs dédiés à la typographie. Voici l’annonce d’un film documentaire réalisé par Gary Hustwit autour de la police Helvetica qui fête cette année ses 50 ans. Plus qu’un documentaire réservés aux spécialistes, c’est un véritable document ethnographique sur l’importance de la typographie dans notre paysage visuel urbain. On ne les voit souvent pas, mais les polices sont partout autour de nous*… Des trailers à visionner ici pour se mettre l’eau à la bouche. Ici les photos du pool TypeCon sur Flickr.

Helvetica

* Non, ceci n’est pas un message politique.

Ruud Van Empel

Ruud Van Empel utilise le cibachrome, un procédé positif-positif qui permet de faire des tirages à partir de diapositives (oui, je sais, ça fait presque partie d’une autre époque) et son oeuvre photographique a pour le coup une texture et une lumière, un traitement de l’image qui ne peut que faire penser aux tableaux du Douanier Rousseau*. Une oeuvre chatoyante et joyeuse…

Ruud Van Empel

*Le premier qui chante la Compagnie Créole, c’est deux claques…

Will it blend ?

Dans la catégorie des idées à la con, il y a “Will it blend?“. Un pseudo scientifique met tout ce qui lui passe sous la main dans un blender. Tout ceci est classé en 2 catégories, ce que vous pouvez essayer à la maison et ce qu’il vaut mieux ne pas essayer chez soi. Etonnant et déjanté.

Will it blend ?

Le bibliomane, Charles Nodier

Vous avez tous connu ce bon Théodore, sur la tombe duquel je viens jeter des fleurs, en priant le ciel que la terre lui soit légère. Ces deux lambeaux de phrase, qui sont aussi de votre connaissance, vous annoncent assez que je me propose de lui consacrer quelques pages de notice nécrologique ou d’oraison funèbre. Il y a vingt ans que Théodore s’était retiré du monde pour travailler ou pour ne rien faire : lequel des deux, c’était un grand secret. Il songeait, et l’on ne savait à quoi il songeait. Il passait sa vie au milieu des livres, et ne s’occupait que de livres, ce qui avait donné lieu à quelques-uns de penser qu’il composait un livre qui rendrait tous les livres inutiles ; mais ils se trompaient évidemment. Théodore avait tiré trop bon parti de ses études pour ignorer que ce livre est fait il y a trois cents ans. C’est le treizième chapitre du livre premier de Rabelais. Théodore ne parlait plus, ne riait plus, ne jouait plus, ne mangeait plus, n’allait plus ni au bal, ni à la comédie. Les femmes qu’il avait aimées dans sa jeunesse n’attiraient plus ses regards, ou tout au plus il ne les regardait qu’au pied ; et quand une chaussure élégante de quelque brillante couleur avait frappé son attention : « Hélas ! disait-il en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu ! » Il avait autrefois sacrifié à la mode : les mémoires du temps nous apprennent qu’il est le premier qui ait noué la cravate à gauche, malgré l’autorité de Garat qui la nouait à droite, et en dépit du vulgaire qui s’obstine encore aujourd’hui à la nouer au milieu. Théodore ne se souciait plus de la mode. Il n’a eu pendant vingt ans qu’une dispute avec son tailleur : Continue reading “Le bibliomane, Charles Nodier”