Jeff Crandall

C’est l’histoire d’un poète (Jeff Crandall) qui voulait devenir autre chose. Alors il est devenu poète sur bouteilles en verre. Un métier comme un autre. Il écrit donc désormais des poèmes sur des bouteilles en verre dépoli sur lesquelles figurent des instructions sur l’usage que l’on doit en faire. A 65$ l’unité, mieux vaut ne pas en faire un pied de lampe.

Via MoCoLoCo.

Jeff Crandall

Les surfeurs de Munich

J’avoue que j’ai tiqué. Je pensais que c’était une blague, mais après tout pourquoi pas, d’autant plus que certains surfeurs sont absolument friands des mascarets, ces courants contrariés des estuaires. On peut donc effectivement faire du surf à Munich, il existe même un Munich Surf Open !

A voir en vidéo sur Fogonazos, via MoonRiver.

Le baiser

Nous sommes le vendredi 13 avril et je n’ai rien à dire. Rien, à part des choses dont tout le monde se contrecarre. Je pourrais vous dire qu’hier soir je me suis endormi comme une grosse larve à 21h00 devant la télévision, que j’ai mangé une pizza au thon avec beaucoup d’huile pimentée, dans le désordre, que je suis incroyablement stressé parce que je me trouve dans une situation hautement incertaine et que je ne fais absolument rien de passionnant en ce moment.

J’attends. C’est tout.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Samba%20pa%20ti.mp3]

Le baiser

Flickr Real Time

Monitorer les transferts de photos sur Flickr et l’organisation des tags en temps réel, il fallait y penser. Bien évidemment, ça ne sert strictement à rien, c’est réellement complètement inutile et ça va très très vite mais c’est aussi à ça que sert le Web, non ? PimPamPum via N’ayez pas peur.

Flickr Real Time

Bernard Khoury / DW5 – Club B 018

Bernard Khoury et DW5 c’est une association de gens talentueux chapeautée par un architecte ayant principalement oeuvré à la reconstruction du Liban dévasté. Beyrouth est son terrain de jeu et après avoir étudié à Rhode Island, il est devenu un des créateurs les plus prolifiques et les plus originaux de sa génération. Une de ses oeuvres les plus touchantes est la construction du club B 018 sur le lieu d’un massacre particulièrement sordide. Symbole de la mise en quarantaine des réfugiés et de l’époque du colonialisme, l’endroit est à présent doté d’une discothèque, un lieu de vie gai et enjoué dont la signification ne peut échapper, comme si l’exorcisme du passé sombre ne pouvait être effacé que par l’existence d’un espace voué à l’insouciance. Ce club est enterré, affleurant à peine à la surface, et son toit amovible permet une vue à ciel ouvert. Une réalisation importante et chargée de sens.

Bernard Khoury / DW5 - Club B 018

Un article sur Worldpress.

Stripe Generator

Ça ne sert strictement à rien (donc c’est Web 2.0), c’est soit-disant fait pour décorer son site façon Web 2.0 (c’est donc pour cette raison que ça ne sert à rien), ça fait, comme son nom l’indique, de belles rayures dans n’importe quel sens, largeur et couleur, et puis c’est tout.

Via Weblog Wannabe.

Entrée en campagne

Les élections approchent.
Bon.
De toutes façons, je ne voterai pas (et croyez-le ou non, ça me mine).
Pour qui aurais-je voté ? Je le dis ? Je ne le dis pas ?
Je me tâte. En tout cas, ma décision est claire (pour ce que ça va changer…).
Pour moi, un(e) seul(e) candidat(e) est en mesure de tenir la route et là-dessus, il n’y a pour le coup pas de débat possible.
Pour moi, ce sera… Continue reading “Entrée en campagne”

Couleur vent du désert

Il fait bon ce matin. En me levant, derrière les rideaux, je croyais qu’il pleuvait; ce n’était certainement que mon imagination. J’ai beaucoup d’imagination. J’en ai tellement que sous des apparences banales, je suis capable de m’inventer une vie en rêve, et tandis que j’ai – a priori – passé un week-end tout ce qu’il y a de plus normal, simple, banal, il s’est en réalité passé plein de choses. J’ai passé mon temps à rêver, arborant un léger sourire empreint de bonheur. Tout simplement transporté, transcendé, absolument ensorcelé. Aujourd’hui, à peine reposé et des douleurs un peu partout, je me réveille dans un état second, comme si j’avais passé mon temps à faire l’amour… Plus que jamais je me répète des mots qui semblent être taillés pour moi.

Photo © Elisham

Je me souviens d’un texte que j’avais écrit il y a quelques temps dans lequel je faisais part de mes déceptions quant à ce que mon pays devenait. Si je fais le bilan aujourd’hui, je me rends compte qu’en fait, je m’en contrefous. Je m’en contrefous parce que je n’y suis plus. La France est devenu un pays merdeux, quelque chose qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était dans mon enfance, pas plus qu’il ne ressemble à l’image qu’il pourrait avoir. Je repensais à cela ce matin dans le train. Et puis je me suis souvenu d’un texte que j’avais écrit dans mon adolescence dans lequel je disais que je savais d’emblée comment je mourrais, ou plutôt comment j’aimerais mourir. Parce qu’en fait, je m’imagine très bien ne pas mourir ici, je me vois dans quelques années traînant mes guêtres dans les rues sales de Calcutta ou dans un bordel de Singapour, dans les faubourgs désertiques de Windhoek ou sur le Mont Sinaï et à la relecture de Rashômon, je me dis que je n’ai jamais envisagé le monde autrement que sous ses aspects les plus inabordables. Aussi, la France ne signifie t-elle plus rien à mes yeux. Mon pays de naissance ? Oui et alors ? Je n’ai même plus de carte d’identité… Ces contours-là s’effacent et je ne m’en porte pas plus mal. Citoyen du monde ? Je m’en fous… C’est le genre de mots bons pour les people en mal de sensations. Qu’importe si je meurs ici ou ailleurs, qu’importe où seront dispersées mes cendres. Je finirai peut-être vieillard rachitique et barbu, nu comme un sādhu Nanga à la recherche du Nirvana, les yeux ravagés par la déesse Ganja, l’esprit aussi rationnel qu’un bol de compote…

نعيم

J’ai enfilé mon pantalon couleur vent du désert en ortie de Chine et un pull en lin marron, presque prêt à courir le monde. Sur ma figure se dessine la félicité, des traits comme dessinés par les récits qui donnent un beau visage.

Aujourd’hui est un nouveau jour, et tous ceux qui suivront le seront également, peu importe ce qui arrive. Mektoub…

Hiroshima, John Hersey

広島市

Sa mémoire, comme celle du monde, commençait à s’effilocher…

Je tenais absolument à lire ce livre poignant. Au fur et à mesure de sa lecture, je me suis rendu compte de la totale ignorance que j’avais de ces événements. A peine capable de donner la date des deux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, j’étais dans le flou le plus total quand à ce qu’il s’est passé au pays du soleil levant, tandis que la seconde guerre mondiale voyait poindre son crépuscule. En ce sens, je ne remercie aucun de mes profs d’histoire de m’avoir laissé dans les ténèbres de la connaissance au profit du respect du programme.

D’autre part, et sauf le respect dü aux victimes et à leurs descendants, mais on nous rabat les oreilles avec la Shoah, on nous en abreuve jusqu’au dégueulis et du massacre atomique, on n’entend jamais rien. Je m’étonne d’ailleurs de cette capacité de non-ressentiment qu’ont les Japonais à l’encontre de leurs bourreaux. Alors certes, le Japon était engagé contre les Forces Alliées, mais une des choses que montre clairement ce livre, c’est la perte totale de confiance qu’ont eu les Japonais à l’égard de leur empereur Hiro-Hito à ce moment précis.

Au travers du destin de six personnes, six rescapés (hibakusha, 被爆者) de l’explosion (genshi bakudan, l’enfant-bombe originale), John Hersey raconte comment ces gens (un des protagonistes est un prêtre catholique allemand) ont réussi à échapper à l’onde de choc et ce qu’il est advenu d’eux. Dès 1946 il se rend sur place pour en tirer un récit pur et laconique, qui se lit comme un roman. Par ailleurs, le peu de connaissance que j’avais sur le sujet m’a entraîné dans la lecture comme si c’était effectivement un roman.

Personne ne comprenait rien à la chose, ou n’y ajoutai foi (…) Déjà, cependant, des savants japonais étaient entrés dans la ville, armés d’électroscopes de Lauritsen et d’électromètres de Neher ; eux, ne comprenaient que trop bien.

Hersey retourne à Hiroshima en 1985 pour terminer son histoire, et c’est au bout du compte un témoin formidable de l’horreur tue, des destins fracassés des survivants et du mépris des Occidentaux à l’encontre de leurs victimes. On y découvre dans les moindres détails les effets de l’explosion. On frise l’horreur extrême.

Certains avaient les sourcils littéralement calcinés et la peau pendait de leur visage et de leurs mains. D’autres, sous l’effet de la souffrance, avançaient les bras levés, comme portant quelque chose à deux mains. Il en était qui vomissaient en marchant. Beaucoup étaient nus ou n’étaient plus vêtus que de lambeaux de vêtements. Sur certains corps ainsi dénudés, les brûlures s’étaient inscrites en motifs – dessinant les épaulettes d’un maillot de corps, ou des bretelles ; et sur la peau de certaines femmes (étant donné que le blanc repoussait la chaleur dégagée par la bombe, tandis que le noir l’absorbait et servait de conducteur), les fleurs imprimées sur les kimonos.

Plus étonnant encore, la mentalité japonaise est telle qu’on a l’impression que tout le monde a accepté la bombe comme une contrepartie de l’entrée du Japon en guerre, une sorte de dommage collatéral, les Japonais les premiers.

Quant à l’emploi de la bombe, elle ajoutait : “c’était la guerre, et il fallait s’y attendre.” Et puis elle concluait : “Shikata ga nai”, expression japonaise aussi courante que le russe nitchevo, à quoi elle correspond : “On n’y peut rien. Que voulez-vous ! Tant pis !” Le docteur Fuji dit à peu près la même chose au père Kleinsorge, un soir, sur l’emploi de la bombe ; il le dit en allemand : “Das ist nichts zu machen. Il n’y a rien à y faire.”

Hiroshima, John Hersey
10/18, traduction par Georges Belmont et Pascale Haas
Edition augmentée