Pierre de Lune

Drôle de journée. Le Mexique est en ébullition à cause d’une suspicion de pandémie de grippe porcine. Ce midi, tandis que je venais quasiment de me lever, je suis resté assis devant la télé avec une grosse flemme. Il y avait un documentaire – après celui sur la Transpolynésienne, second épisode, j’ai manqué le premier – sur les pierres précieuses du Sri Lanka et notamment sur la Pierre de Lune que plus prosaïquement on nomme Orthose ou Adulaire. Cette pierre (composition chimique KAlSi3O8) est en fait un feldspath, ce même minéral qu’on trouve dans le granit et on le reconnait aisément à son iridescence bleutée.

orthose

Il existe d’autres couleurs de cette gemme notamment la jaune dont la couleur est en fait plus proche de celle du Champagne. J’ai découvert que ces pierres dont les plus insignifiantes sont appelées “laiteuses” subissent parfois un traitement particulier. Elles sont chauffées dans un four réfractaire dans lequel on utilise un pompe à kérosène, faisait ainsi monter la température à plus de 1700°C, opération destinée à terminer le travail que la nature n’a pas eu le temps de terminer, c’est à dire bleuir la pierre. Extraite dans le sud du Sri Lanka, dans l’humidité des marais que l’on perfore pour atteindre la couche kaolinique du sol entre 30 et 40 mètres sous terre, la pierre scintille à la lueur des bougies.

Je n’ai pu m’empêcher de penser au livre de Nicolas Bouvier, le Poisson-Scorpion – je ne m’étais jamais posé la question jusque là de savoir à quoi ressemble ce poisson et je découvre en fait que ce n’est ni plus ni moins que la rascasse volante – et de revivre quelques uns de ces plus beaux instants ; je suis allé chercher le livre dans ma bibliothèque ; je l’ai serré contre moi et j’ai été tenté de me replonger dans sa lecture, mais je me suis ravisé, encore une fois rongé par une paresse incommensurable. La pierre de lune demeure.

En attendant, je me suis endormi ce soir, sur la canapé avec mon fils, en regardant Tom Sawyer. Si si.

Mein Fuehrer

Ou comment j’ai passé une soirée plutôt sympa avec Hitler…

Une soirée comme une autre, gonflée de fatigue et entartrée comme une dent creuse. La tête pas très fraîche, je m’endors à moitié sur le canapé.
Ce soir, contre toute attente, alors qu’avec mon fils je regardais paresseusement Arte, un documentaire sur un train faisant la navette entre Beijing et Lhassa, j’ai laissé dérouler la bande et je me suis trouvé face à un film qui avait toutes les raisons de ne pas me retenir, puisqu’il évoquait Adolf Hitler, mais un simple extrait m’a donné envie de le voir.

Nommé Mein Führer, il a été réalisé par le cinéaste Suisse Dani Levy et est sorti en salles en 2007.
On y trouve tous les ingrédients d’une très bonne comédie satirique. L’entourage d’Hitler sur le déclin ne sait plus comment relever la tête de son chef tout puissant déprimant dans son palais berlinois. Goebbels qui n’est jamais en manque de bonnes idées pense que la seule chose qui pourra réveiller Hitler, c’est de susciter sa haine, et ce qu’il hait le plus, ce sont les juifs. Aussi, pour le coacher, on va lui trouver un acteur juif, prisonnier d’un camp de concentration pour en faire un professeur d’art dramatique qui aidera le Führer à préparer ses discours et surtout à les faire vivre. Malgré la réprobation de son épouse, le professeur Adolf Israel Grünbaum – le dernier rôle d’Ulrich Mühe – va se plier au jeu et découvrir un personnage parfaitement à contre-pied de ce que l’on sait de la personnalité d’Hitler. On découvre un maniaco-dépressif qui ne sait plus rien de ce qui se passe au-dehors et vit à l’écart de tous. Son éloquence s’en ressent et désormais il se morfond. Grünbaum, son double – même prénom – , va lui apprendre le feu, l’humanité, la sensibilité et va découvrir les secrets les plus intimes du dictateur.

Ce qui je crois est assez déroutant c’est qu’Hitler apparait plus humain que tous les conspirateurs lui tournant autour. On comprend d’ailleurs que Goebbels fomente un sale coup, en se servant du “juif” d’Hitler pour le détruire. On le verra même venir partager la couche de Grünbaum et de son épouse parce qu’il se sent seul et frigorifié.

Le réalisateur n’hésite à braver tous les interdits, montrant Goebbels sortant de sous le bureau de sa secrétaire en catastrophe et retirant de sa bouche un poil pubien.

Un très bon film, noir et satirique, moqueur et insolent, parfaitement inattendu et foncièrement incorrect.

Mein Fuehrer

Singing in the shower tonight…

Bon, voilà, on va faire un petit break avec tout ça, je reprendrai plus tard. J’aime l’idée que je puisse faire s’étirer le temps à ma guise, sans réellement faire de projet. Je crois qu’est venu le temps de la remise à plat.
Je vais voir si je ne vais pas retourner à mes premières amours, un blog un peu plus simple, plus illustré, plus personnel aussi, je ne sais pas bien, quoi qu’il en soit, je veux prendre le temps, prendre une douche, écouter Catherine Ringer et lire Etgar Keret et Proust avec juste une petite lumière au fond de la pièce.

Je me tais mais tout au fond de moi,
une voix susurre tout bas…
Je ne suis pas d’accord,
Je ne suis pas d’accord…

Je me sens bien, étrangement bien. Il y a une belle harmonie en moi, même si rien n’est jamais rose (blabla, poncifs et consorts). Là, j’ai juste envie de faire plein de choses sans me presser, écrire, lire, que sais-je encore ?
Je pense que malgré l’heure tardive, je vais chanter sous la douche ce soir

april-showersPhoto © Geekgirlunveiled

La nature de l'eau

J’ai appris hier que sur toute l’eau qui se trouve sur la Terre (toute nature confondue, salée ou non), seule 1% fait partie du cycle qui permet de maintenir le cycle de la vie. En font partie l’eau de pluie, l’eau que l’on boit, l’eau qui s’évapore au soleil, etc. Le reste, les 99% restant, c’est de l’eau de mer, de l’eau enfermée dans les glaces ou les icebergs, de l’eau retenue emprisonnée sous terre, etc.
Une molécule d’eau accomplit un cycle sur terre, du moment où elle s’évapore, retombe en plus dans la terre, s’infiltre, retourne dans la rivière, le fleuve puis la mer en six mois alors que l’eau retenue sous terre peut l’être pendant plus de 10 000 ans.
C’est idiot et sans prétention, mais ça me laisse songeur que l’eau puisse finalement être aussi pleine de mystères.

Photo © Mani Babbar

You see what I mean – Où

Je ne sais plus où… Il y a tant de lieux fantasmatiques dans lesquels j’aimerais vivre que je ne sais même plus où. Je me réfère aux cartes ou aux noms de lieux dont je me souviens et qui me disent à chaque fois des mots doux, aux atlas, simples cartes impersonnelles qui ne disent rien d’autre que du pur factuel, géographique ou géopolitique. Les noms de lieux sont comme des rêves éveillés dans lesquels je tente de supprimer mon âme, histoire de ne pas trop m’y enfoncer. Et enfin, je reste là, je ne pars jamais vraiment, je reste résident du néant…

n° 19 Où

ou

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

You see what I mean – Derrière la porte

Qui sait ce qui se passe derrière la porte ?
Personnellement, lorsque je vois des toilettes mixtes, j’aime à imaginer que tout peut être drôle, ou tout au moins cocasse. Derrière la porte, il y a toujours un fantôme ou un cadavre, quelque chose d’inattendu, même si ce n’est qu’une déception. Mais la déception me fait toujours l’effet délicieux de la surprise…

n° 18 Derrière la porte

Derrière la porte

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

Le maillot vert

– Papa !! Faut pas oublier mon maillot de bain !
– Chéri, on est en avril, et on va en Bretagne…
– Et alors ?
– Tu n’auras pas de besoin de ce maillot de bain…
– T’as raison, je vais prendre le vert…
– …

You see what I mean – Improbable

« Alors dites-moi, comment avez-vous fait pour en arriver là ? »
« Qui ? Moi ? » Sa voix avait atteint une sonorité suffisamment haute perchée pour le surprendre au moins autant que sa réponse. Évidemment que c’était à lui qu’on s’adressait.
« Eh bien je ne sais pas vraiment en fait, je pense que c’est un pur concours de circonstance, le fait de se trouver au bon moment et au bon endroit, c’est assez surprenant à vrai dire, mais rien de ceci n’a été voulu. Toutefois, j’ai un peu de mal à croire au hasard. En fait, tout a commencé le jour du spectacle que Jean Rochefort donnait au Figuier Blanc. »
« Vous pouvez nous en dire plus ? » On voyait bien que le journaliste ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir, même s’il cachait sa curiosité comme on planque son nez sous l’écharpe en plein hiver.
« Bah en fait, je dormais dans une loge, pas très loin de la scène, j’étais arrivé tôt le matin et je n’en pouvais plus, quelques heures déjà avant le spectacle. Il y avait une bonne dizaine de bouteilles de Champagne présentées dans des seaux alors je me suis dit qu’une de moins, ça ne se verrait pas forcément. Je me suis servi une flûte. Une autre, et encore une autre, jusqu’à être passablement rond et comme la loge donnait directement sur la scène par un petit couloir que j’empruntais rarement, je me suis retrouvé derrière le rideau de la scène prix pharmacie viagra. La représentation ne commençait pas avant deux heures. »
« Vous avez franchi le pas en montant sur scène ? »
« Oui, je me suis lancé, j’ai déclamé un texte que j’avais appris lorsque j’étais encore en primaire, bêtement la tirade du nez de Cyrano. Comme j’étais bourré, je devais forcément être un peu théâtral, je suis toujours un peu fatiguant quand j’ai trop bu. » Il se grattait l’arête du nez comme si avouer cet épisode le rendait tout à coup un peu honteux. Mais l’autre continua.
« Et que s’est-il passé alors ? »
« Jean Rochefort était assis au cinquième rang, je ne l’avais pas vu et il est monté sur scène à côté de moi. Sur le coup, je ne l’avais pas reconnu, mais la moustache ne trompe pas, et cet air si majestueux. Il continué le texte après que je me sois interrompu et nous avons joué une partie de Cyrano sur la scène du théâtre pendant dix bonnes minutes. »
« Une rencontre improbable en somme… »
« Voilà. Complètement improbable. »

n° 17 Improbable

improbable

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

Et enfin celui qui comme ça

Me ferme les yeux et m’endort,
envie de plus rien,
des yeux qui brûlent et la tête pleine de mots
d’idées qui n’ont de vie qu’éphémère
au creux des oreilles et l’odeur du parmentier
dans la lumière un contrejour le soleil et je m’endors
je n’en peux plus
terrassé, pas de mot pour ça
ce n’est rien
un fake d’histoire

Et d'autres également

Des moments où je me dis que définitivement, je déteste l’inconstance ; un art de rendre les choses compliquées, les choses et les rapports, génère une fatigue mentale hors-norme.
Du brouillage, du parasitage.
Alors oui, je préfère le mutisme ; un état de dépollution définitif.

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Oui je sais ça énerve, ce qui énerve c’est ce qui n’a aucune harmonie, encourage le désordre et l’inutile. Si je ne le savais pas suffisamment, c’est la seule chose qui me motive encore. Rien d’autre. Combattre ce qui n’a pas d’harmonie.

fce