Du haut de la tour d'ivoire

Pendant de longues semaines, il m’a tenu en haleine avec son blog extravagant, son côté monomaniaque qui consistait à toujours prendre la même photo du même endroit. Yb a même publié quelques très mémorables billets sur ce blog et aujourd’hui, il a décidé d’abandonner pour de bon, semble t-il. Un blog qui s’en va c’est toujours un peu triste. Son baroud d’honneur consiste en cette dernière vidéo, composé comme un bouquet final. Celui dont on ne connait que la silhouette va certainement s’envoler vers d’autres horizons. Ciao l’ami et reviens nous voir !

la tour d'¢ivoire

Du balbutiement

Kurt Schwitters faisait partie de ce mouvement artistique européen connu sous le nom de Dada, à la fois absurde, humoristique, révolutionnaire, génial, scandaleux, bruyant, tapageur et enfantin. Ce pourquoi Dada est né, est lié à la guerre, cette violence arbitraire et absurde qu’on à aujourd’hui grand peine à imaginer nous autres occidentaux. Et la résistance inventé par Dada pour survivre à la guerre, tordre l’oppression, glisser comme un savon de sa poigne, c’est l’enfance.

C’est le plus petit dénominateur de l’identité, quelque chose que toute l’aliénation du monde ne peut écraser. C’est pourquoi les dadaïstes récupéraient des objets dans les rues pour les intégrer à leurs compositions plastiques, car l’enfant ne fait pas de distinction entre ce qui est sale et propre. Il fallait se débarrasser de toutes les conventions hiérarchiques des valeurs du monde des adultes. L’écriture se manifestait par des mots inventés sans significations, des babillages, des borborygmes semblables au langage des enfants lorsqu’il jouent seuls dans leur chambre, mais aussi semblable aux soldats traumatisés par l’effroi des premières lignes et qui perdaient temporairement la signification du langage, ne sachant plus articuler de façon correcte, les mots n’avaient plus de sens il ne restait que les sons.

Dada était loin d’être régressif pour autant. Dada repartait de l’enfance pour tout réinventer et c’est de loin le mouvement artistique le plus créatif du XXè siècle.

A la manière de Fabienne, je vais vous présenter 2 versions mp3 d’une même oeuvre sonore. Il s’agit d’un extrait des ursonates (trad. sonate primitive ou élémentaire) écrite par Kurt Schwitters durant la période d’entre deux guerres (1921-32).

1. Extrait de rondo, poésie interprétée par Kurt Schwitters

[audio:http://endemicproject.free.fr/extraitrondoschwitters.mp3]

2. Extrait de rondo, poésie interprétée par Eberhard Blum en 1991

[audio:http://endemicproject.free.fr/extraitrondoblum.mp3]

Du silence

Lorsqu’on pénètre dans une chambre anéchoïque pour écouter le silence, on s’aperçoit au bout d’un moment qu’on entend deux choses: un son continu très aigu et un son intermittent grave. Ces deux sons correspondent respectivement à la fréquence du signal électrique du cerveau et à la pulsation du sang qui circule dans les veines.

Le silence n’existe pas. C’est encore un mot qu’on a inventé et qui ne correspond à rien. Rien de palpable, rien de tangible. Un percept qui nous échappe, un concept qu’on peut tout juste approcher sans le toucher.

Il faudrait arrêter le sang de circuler et enlever le cerveau pour qu’on puisse l’écouter. Le problème c’est qu’on ne pourrait pas l’écouter, puisqu’on serait mort. Et si on est mort, alors on ne peut pas écouter le silence. J’entends souvent dire “le silence, c’est la mort.” .C’est faux. Le silence c’est la vie. Le silence c’est laisser les choses venir à soi d’elles même. Tout un univers de sons discrets à écouter, le plus souvent possible.

John Cage était un compositeur qui, tout comme Marcel Duchamp pour l’art, a donné un sérieux coup d’embrayage à la musique contemporaine. Il a articulé son oeuvre autour de deux notions principales: le silence et le hasard. Ces deux notions se retrouvent dans cette composition célèbre: 4’33.

Yb