L'indicible

Bon. Je suis là et je ne sais pas quoi dire. Je crois bien que pour la première fois depuis que j’ai commencé cette aventure je ne sais absolument pas quoi dire. J’ai plein d’idées, trop peut-être, énormément de choses à dire, j’ai l’esprit clair alors que je devrais certainement être confus, c’est très étrange et pour le coup, j’écris pour ne rien dire. Absolument rien. Je n’arrive pas à me remettre dedans. J’ai décidé de ne pas continuer à mettre en ligne les Fragments Désespérés pour des raisons qui tiennent uniquement au fait qu’ils deviennent impossible à publier. Ce sont des petits bouts de phrases qui me viennent à l’esprit ou qui ont cette qualité d’être réels, des bribes volantes, des mots sans chasteté, crus, personnels. Je ne peux donc pas continuer. Le reste, mes carnets, je n’ai aucune raison de les censurer. Et puis ma vie, eh bien ça ne vous regarde pas, non ? Et puis merde… Pour l’instant, je crois que je ne peux pas écrire. Mais on s’est fout non ?

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En images

Une semaine dans un mutisme quasiment parfait, à regarder l’horizon et les étoiles dans l’espoir d’y trouver le sourire d’un ange, une semaine passée à lire et à écrire de laquelle j’aurais finalement réussi à extraire les 58 pages de ce carnet, premier d’une série nommée Carnets du Grand Ouest que je mettrai en ligne dès que j’aurai tout importé, et pendant laquelle est né aussi un autre projet nommé Sans une femme mais qui ne verra le jour qu’à la fin de l’année.

J’ai vu Brest, son port immense, j’ai Paimpol et son vieux bassin, j’ai vu Tréguier et sa cathédrale, j’ai vu la Bretagne sous un nouveau jour, une Bretagne qui m’a laissé un goût étrange dans la bouche, un goût de renoncement sur lequel je reviendrai. Trois images pour dire en attendant.

Cathédrale de Tréguier
Carnet du Grand Ouest
Méduses

Kan an Dour

Etrange titre pour ce billet qui sera le dernier de la journée, de la semaine et du mois aussi – un coup de Google et vous serez fixé sur sa signification. Plusieurs choses, en condensé et sous une forme que certains connaissent déjà puisque par tradition, je m’expose toujours un peu à la veille d’une pause sur mon blog, ce qui n’était pas arrivé depuis le mois de juillet 2006. En effet, je prends des vacances, histoire d’écluser mon solde de congés toujours repoussés à cause d’une charge de travail intense, d’objectifs cruciaux et de délais raccourcis. Pendant toute une semaine, je vous libère de ma présence, je vous laisse respirer et par la même occasion, je pars dans ma retraite le coeur léger, je me dirige toujours à pas de velours vers cet océan qui est le mien, dont j’ai acquis depuis bien longtemps les titres de propriété imaginaires, la saveur et l’odeur, je me suis tout approprié.

nature_01

J’emmène avec moi mes carnets, ma colle et mon cutter, mes petits bouts de papier à coller, les livres que j’ai du mal à terminer et d’autres que je n’ai pas encore lu, j’emmène avec moi aussi de quoi écrire, mon cahier de brouillons, mes stylos Pilot V7 et V10, un petit univers en forme de carton cubique, mon appareil photo et quelques fioles pour ramener avec moi du sable, de l’eau de mer, des cailloux, de la terre…

Je pars, je vais me reposer, en pensant à l’intensité de tout ce qui s’est passé ces derniers temps, en me permettant d’y penser très fort, et je serai ici principalement et là aussi pour rêver. Oui, je sais, c’est idyllique…

Je serai de retour dans une France qui aura un nouveau (pas une nouvelle) Président de la République.

Sur ce, je vous tire ma révérence…

Gazette de l'Atlantique Nord

Mon journal, version papier. Des pages manuscrites, scannées, si le coeur vous en dit…
Apparaissent des images au beau milieu du texte, comme des traces d’une vie passagère. Le journal devient lieu de vie, d’interrogations quotidiennes, et aussi de mésententes cordiales. Un lieu qui prend forme et qui s’inscrit désormais dans un vrai projet d’écriture et qui se verra augmenté de diverses choses encore à l’état embryonnaire.

Un journal lyrique.

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2803 design

Prononcez vingt huit zéro trois. Il manquait à ma collection un site avec du souffle et en français sur le design et les nouvelles tendances. Celui-ci m’a été apporté sur un plateau par Fabienne, et c’est un des meilleurs que je connaisse à ce jour. Clair, bien présenté, des articles sérieux et des produits innovants et beaux, c’est tout ce que je demande.

Quelques échantillons vous donneront un avant-goût de tout ceci: Loop by Fontana Arte et Le Coffee Drop Splash.

2803

Papua New Guinea

Fabienne en avait parlé rapidement dans un de ses billets, mais je me dis que rien ne vaut la preuve par l’exemple pour inciter à se rendre vite fait en Nouvelle Guinée Papouasie voir ces fiers guerriers au visage peint, ces couleurs superbes.

papu

Adobe® Moleskine set

Lorsqu’une grande marque de logiciel s’allie avec un fabricant (ex-) artisanal de carnets*, on se demande a priori quel est le rapport. A posteriori aussi d’ailleurs, d’autant plus que d’après ce qu’on en sait, ces carnets ont été distribués à une poignée de VIP pour le lancement d’Adode CS3 et qu’ils ne seront pas commercialisés.

Dommage, ils avaient de la gueule…

Via Moleskinerie.

Adobe® Moleskine set

* Moleskine est aujourd’hui une marque du groupe Société Générale.

Pulse

Loin d’être calme, je vis chaque moment à toute vitesse, la tête en ébullition… Je n’arrive pas à me concentrer, je carbure au café quinze heures par jour, je commence à m’organiser dans tous les sens, je classe mes affaires, je repère où chaque chose se trouve et je me construis des espaces de rangement strictement virtuels.

En fait, je lis beaucoup de choses, à droite et à gauche, je fais ce qu’il ne faut pas faire, je compare mon écriture à ce qu’ont fait les autres avant moi. Je suis seul dans ce que je fais, je n’ai personne pour me seconder, pas de secrétaire, pas de nègre, je suis tout seul avec mon clavier, mes carnets et mes stylos… Je me rends compte au fur et à mesure que je trouve moi-même les réponses à mes questions sur le fait d’écrire en lisant et relisant ce que j’ai fait dans chacun de mes univers. J’y vois des imbrications, un immense jeu de lego qui se met en place. Et j’adore ça, je suis incroyablement excité (je sais, c’est un peu tout le temps) et je commence à avoir de l’espoir. J’entrevois clairement la possibilité d’écrire plus, mieux, de manière quasiment militaire, et je le fais.

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Tu sens les pulsations ? Tu sens comme ça bouge ? Hmmm… Je ne compte plus les fois où je me suis lamenté sur ma paresse et mon manque de volonté, mais tout ça semble être du passé, depuis quelques temps déjà. Je me sens comme un adolescent au purgatoire… Mêmes émois… Aujourd’hui, il est temps de se mettre en route, à l’ancienne, comme au temps où l’on partait sur les routes désertiques avec une grande bagnole avec une seule banquette à l’avant… Un parfum de désert, une traversée des grands espaces que je ne pensais plus possible…

C’est certain qu’Amiens n’est pas le désert, quoique c’est une ville en plein milieu des champs. J’aime me lancer sur cette autoroute A16, alors que le soir est tombé, que le brouillard fin enveloppe la campagne. La vitesse est grisante, il n’y a pas grand monde; je colle mes mains sur le volant, je m’enfonce dans mon siège et j’écrase le champignon pour faire des accélérations spectaculaires qui ne font rire que moi. Le moment de folie passé, je roule tranquillement en regardant l’horizon, en m’imaginant au volant d’une Chevrolet Impala sillonnant le routes de l’Iowa, mais bien vite, je vois des champs de betteraves à perte de vue et je suis au volant d’une 206 qui sent encore l’usine.

Et c’est soudain; c’est le drame. J’ai dû pêcher dans une autre vie, faire beaucoup de mal à des gens très bien, tuer des animaux. Bref, mauvais karma.

Je n’ai même pas parlé des livres que j’ai lu ces derniers temps, ce documentaire bouleversant de John Hersey sur Hiroshima, ce livre divertissant et parfois rude d’Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux, et tous ceux que j’ai entâmé ou entassé sur la tablette qui me sert de table de chevet. J’avais envie de passer à autre chose. Tout à coup, Kerouac, Bukowski, les auteurs japonais, John Fante, mes livres d’architecture, Henry Miller (c’est très californien tout ça), tous ceux qui m’accompagnent d’ordinaire m’ont paru dramatique, trop peu en phase avec la légèreté dont j’avais besoin ces derniers temps. Alors j’ai fait quelque chose que je ne croyais plus possible depuis bien longtemps; lire une oeuvre du XVIIè siècle d’un ecclésiastique britannique. Présentées comme ça, les choses manquent de piquant, c’est certain. J’avais essayé de me plonger dans une matinée d’amour pur de Yukio Mishima (ce nom résonne avec une certaine poésie à mes oreilles, plus que son vrai nom, Kimitake Hiraoka), mais les nouvelles m’ennuient pour le moment. C’est donc avec une certaine joie que je me suis permis de reprendre une lecture qui devait dater d’au moins sept ou huit ans : The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman de Laurence Sterne, volume 1. C’est un texte étonnant, mais j’en ai encore lu trop peu pour pouvoir disserter dessus. La moitié du livre est consacré aux notes de Guy Jouvet, traducteur génialissime qui a su respecter les caprices typographiques de l’auteur. J’aime ces livres savants qui digressent à l’infini et finissent par nous emporter dans un labyrinthe sans fin de connaissances, un peu à la manière des écrits conjoints de Gilles Deleuze et Felix Guattari. Par exemple, j’ai appris hier soir qu’il existait, selon Ambroise Paré, trois niveaux corporels des esprits, mais évidemment, l’intérêt universel de la chose sur ce blog reste somme toute assez limité. Cette lecture est incroyable, impertinente, drôle, terriblement érudite, annotée de citations de Montaigne, La Bruyère et dirigée par les opinions mêmes du traducteur / commentateur.

Il faudrait aussi se replonger dans un livre que j’ai dévoré autrefois pendant mes études, Principes fondamentaux de l’histoire de l’art : Le problème de l’évolution du style dans l’art moderne de Heinrich Wölfflin. Alors oui, ça parait pédant de placer ça dans une conversation entre le fromage et le dessert, ou alors (et attention, c’est du vécu) au square en rencontrant un couple autrefois ami, poussette et chien en laisse à la clef (Elle dit: je suis désolée, je ne vous invite pas à manger en ce moment, on est plein dans les cartons. Ce que à quoi j’ai répondu intérieurement: “Merci de tout coeur !” Elle reprend: “Mais on peut toujours aller se faire une balade au parc ?” et moi de penser “C’est ça ouais, compte là-dessus, plutôt crever d’une chaude-pisse”), mais au bout du compte, ce livre est très facile à lire et apprend les différences fondamentales entre le style classique et le baroque, dans la courte évolution qui a fait basculer l’un dans l’autre. Non ? Toujours pas convaincu ? Alors on y comprend mieux comment Titien (Bon dieu, il s’appelle Tiziano Vecceli non ? On ne peut pas lui foutre la paix en l’appelant par son vrai nom ?) a révolutionné l’art en son temps. Je n’essaie pas de vous convaincre, je parle en l’air, c’est tout. Et puis lisez aussi Elie Faure et Ernst Gombrich, ça ne peut que faire du bien…

Euh… J’ai parlé du livre de Régis Debray (pauvre homme affublé d’un prénom aussi ridicule, que Dieu pardonne ses parents) Vie et mort de l’¢image. Une histoire du regard en Occident ? Non alors j’en touche deux mots. Ce livre est en fait sa thèse de doctorat, dirigée par François Dagognet, celui-là même qui a fait sa carrière sur les détritus et les sécrétions corporelles (comprenne qui pourra). Et… c’est tout. On ne badine pas avec les grandes oeuvres – avec l’amour non plus.

J’aurais aimé… être… architecte. J’aurais pu si j’avais travaillé.
J’aurais aimé… être… journaliste. Je n’ai jamais essayé.
Et si finalement je devenais écrivain? (dis-je en pouffant).

Ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui tourmentent les hommes, mais les opinions qu’ils forment sur les choses.
Epictète, Encheiridion

J’ai une mémoire prodigieuse pour certaines choses, c’est déjà ça non ? Comme chacune des notes de la Marche Funèbre pour la Reine Mary, d’Henry Purcell… – je suis incapable de me souvenir de ce que j’ai fait hier, mais la partition, ça oui, c’est comme si elle était imprimée sur ma rétine – Montez le son, et je vous demande un peu de recueillement pour cette pauvre Mary qui repose par six pieds sous la terre d’Albion – on parle bien de la Reine d’Angleterre, pas du RMS, le paquebot, on est d’accord ?

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Queen Mary

Comme pour faire contraste avec le superbe portrait de Mary, je pense tout à coup à la grossièreté, dans ce qu’elle a de plus global. A ces mots que je prononce parfois au grand désespoir des gens que je côtoie, à ces textes que je me refuse de censurer parce qu’ils sont ce qu’ils doivent être au moment où je les écris, à toutes ces choses que la morale réprouve. Il me semble qu’on peut tout à fait se gratter les couilles en public, le tout étant de le faire avec élégance. La grossièreté ne trouve de sens que si elle est accompagné de son corrélaire, l’élégance. En disant cela, je pense à la dernière publicité Chanel, pour un rouge à lèvre. On y voit une blonde qui est à mon sens censée représenter le désir, la chair, l’envie, mais le problème c’est que cette poupée donne l’effet totalement opposé. Elle est d’un vulgaire affligeant, on croirait voir un pute fraichement débarquée d’Ukraine, tout ce qu’il y a de plus vulgaire et de repoussant chez la pétasse de luxe. Alors oui, je préfère me gratter les couilles en public avec mon charme habituel plutôt que de subir les charmes éventés d’une catin du port de Hambourg essayant de provoquer en moi des émois sexuels en trémoussant son cul enturbanné avec des lèvres qui me rappellent une danseuse de peep-show dans une rue commerçante de Copenhague (les voyages forment la jeunesse parait-il). Où se trouve la grossièreté ? Dans les mots de Bukowski ou dans les images surfaites d’une publicité pour un rouge à lèvres ? Ou encore dans les mots de cette épitaphe qui ornera ma tombe ?…

Je vous emmerde… Et vous me le rendez bien.

Ceci ne s’adresse pas forcément qu’aux lecteurs du Parisien (bon dieu que ce journal est minable, l’expression même de la vulgarité – encore – d’un certain lectorat)… Je suis de retour, c’est indiscutable (pas de fausse modestie), avec mes stylos Pilot Tech-Point V7, mon envie de crustacés, mes mains et mes doigts dans lesquels on peut voir, selon la lumière, soit la main câleuse du scribe ou la main délicate de l’intellectuel – merde, ce ne sont que des mains après tout – et puis mon irrésistible envie d’être tout pour quelqu’un. Dans ma réclusion, je souffre de la solitude de celui qui désormais ne va faire qu’attendre. Et Dieu sait que je peux être patient pour ce genre de chose, même si ça me ronge les chairs.

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Je vais ressortir mes pinceaux, mes carnets et je vais me remettre à peindre avec cette technique si particulière qui consiste à peindre avec du thé. Avec ce soleil, quelques idées en tête, je rêve de navires et de marées lointaines…

Repartir vers le large…

Sur le départ, Magnus Mills (All quiet on the Orient Express)

Je les ai lus dans le désordre, les trois livres de Magnus Mills, mais ce n’est pas grave. Il n’en reste plus. Le titre anglais de celui-ci ne se comprend qu’à la lecture du livre et c’est tant mieux; il est des livres qu’il faut lire, se laisser bercer, et la force de celui-ci réside dans le fait qu’on reste du début à la fin dans une sorte de tension portée par le fait que le narrateur doive partir.

Photo © Iraklis

L’action se situe dans une campagne qu’on présume anglaise, verte, luxuriante, froide et touffue. Notre homme a un projet : partir en Inde, mais auparavant, il décide de passer quelques jours dans un camping au bord d’un lac.
Afin de gagner quelques jours de location, il accepte de rendre un service au propriétaire.
Finalement, son séjour s’allonge, il rend d’autres services contre un hébergement plus long et l’on voit se mettre en place une sorte d’économie basée sur le tric, le service rendu.
Le narrateur se prend au jeu, et l’on sent qu’il se sent bien ici, il trouve sa place, c’est du moins ce que les autres personnages lui laissent croire.
Au fur et à mesure, on voit s’installer une spirale dans laquelle il finit par ne plus pouvoir, ou plutôt par ne plus vouloir dire non.
On lui en demande toujours plus, on le loue, on se l’approprie tel une marchandise et, personnellement, j’y vois là la thématique utilisée dans les deux autres livres: l’aliénation.
Jusqu’à la fin, on se demande s’il finira par partir un jour de ce pays duquel il est devenu citoyen. De l’humour et de la terreur, un style simple et enjoué, frisant souvent avec la noirceur à la manière de ses concitoyens anglais.

Le temps d’arriver assez loin pour installer le mouillage, M. Parker commençait à avoir l’air très malheureux. Il s’était agrippé des deux mains à l’ancre, et il examinait les flots noirs sous ses pieds. Pendant ce temps, Deakin continuait de bricoler la chaîne, l’enroulant en boucles et apportant je ne sais quelles améliorations à la bouée de mouillage.
– Très bien, dis-je. Reculez, Deakin. Nous allons jeter l’ancre.
Avec l’aide de M. Parker, je poussais l’ancre par-dessus bord. Elle coula à pic dans les profondeurs, suivie par la longue chaîne qui cliquetait, et elle disparut en un instant.
Ainsi que Deakin.

A celle qui…

A celle qui depuis longtemps déjà est ma grande amie, qui me fait rire et me soutient dans les moments difficiles, qui est souvent là à côté de moi malgré la distance et qui a le mérite de supporter un être aussi acariâtre que moi.

Bon anniversaire ma Fabienne

flowerPhoto © Sidscool