Un dernier jour avant l'après

C’était le jour d’avant l’après – un jour apparemment banal alors que le soleil brillait et dehors le vent balayait les pétales roses des pruniers – tapissant les rues, les trottoirs et les caniveaux de tâches roses – neige souillée de parfum de printemps – règne un parfum d’insouciance et personne ne semble se douter que demain, déjà, ce sera l’après – déjà ce sera une nouvelle ère, certainement sombre. J’essaie de ne pas y penser, j’aurais toute la journée de demain pour y penser – et je vais ressortir quelques vieux livres que j’avais l’intention de jeter pour en faire des lieux de conversion – écrire sur les mots, entre les lignes, peindre, rêver un peu – déposer des couleurs sur les mots des autres… Faire un rêve de couleurs – de pétales de sakura (桜) volant au vent léger – sur mon visage aux yeux fermés.

Photo © Christophe-

Full

Ça doit se sentir, je n’ai pas le temps, ni vraiment l’envie. J’écris à la va-vite, je m’éparpille, pas de suivi, la ligne éditoriale fout le camp, les billets s’espacent, les mots deviennent rares, l’implication se fait la malle, et j’ai l’impression de ne plus vraiment être ici, là où finalement j’ai le plus de raisons d’être, si je puis dire.

Mais je vais revenir, avec plein de choses, plein de nouvelles idées, plein de mots, de motivation et surtout, je vais me remettre à écrire. Ces derniers temps, j’ai l’esprit tellement peu clair que je ne pense même plus à prendre un stylo lorsque j’ai un moment de vacance dans l’esprit. Bientôt les vraies vacances, une semaine au bord de la mer et je vais revenir tout neuf, électrolysé, flamboyant.

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Pour l’instant, je collecte, j’organise, je planifie et je vous offre de nouvelles couleurs, un bleu profond, une nouvelle image, comme quoi parfois il suffit de pas grand-chose pour avancer.

Foulards

Stripe Generator

Ça ne sert strictement à rien (donc c’est Web 2.0), c’est soit-disant fait pour décorer son site façon Web 2.0 (c’est donc pour cette raison que ça ne sert à rien), ça fait, comme son nom l’indique, de belles rayures dans n’importe quel sens, largeur et couleur, et puis c’est tout.

Via Weblog Wannabe.

Couleur vent du désert

Il fait bon ce matin. En me levant, derrière les rideaux, je croyais qu’il pleuvait; ce n’était certainement que mon imagination. J’ai beaucoup d’imagination. J’en ai tellement que sous des apparences banales, je suis capable de m’inventer une vie en rêve, et tandis que j’ai – a priori – passé un week-end tout ce qu’il y a de plus normal, simple, banal, il s’est en réalité passé plein de choses. J’ai passé mon temps à rêver, arborant un léger sourire empreint de bonheur. Tout simplement transporté, transcendé, absolument ensorcelé. Aujourd’hui, à peine reposé et des douleurs un peu partout, je me réveille dans un état second, comme si j’avais passé mon temps à faire l’amour… Plus que jamais je me répète des mots qui semblent être taillés pour moi.

Photo © Elisham

Je me souviens d’un texte que j’avais écrit il y a quelques temps dans lequel je faisais part de mes déceptions quant à ce que mon pays devenait. Si je fais le bilan aujourd’hui, je me rends compte qu’en fait, je m’en contrefous. Je m’en contrefous parce que je n’y suis plus. La France est devenu un pays merdeux, quelque chose qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était dans mon enfance, pas plus qu’il ne ressemble à l’image qu’il pourrait avoir. Je repensais à cela ce matin dans le train. Et puis je me suis souvenu d’un texte que j’avais écrit dans mon adolescence dans lequel je disais que je savais d’emblée comment je mourrais, ou plutôt comment j’aimerais mourir. Parce qu’en fait, je m’imagine très bien ne pas mourir ici, je me vois dans quelques années traînant mes guêtres dans les rues sales de Calcutta ou dans un bordel de Singapour, dans les faubourgs désertiques de Windhoek ou sur le Mont Sinaï et à la relecture de Rashômon, je me dis que je n’ai jamais envisagé le monde autrement que sous ses aspects les plus inabordables. Aussi, la France ne signifie t-elle plus rien à mes yeux. Mon pays de naissance ? Oui et alors ? Je n’ai même plus de carte d’identité… Ces contours-là s’effacent et je ne m’en porte pas plus mal. Citoyen du monde ? Je m’en fous… C’est le genre de mots bons pour les people en mal de sensations. Qu’importe si je meurs ici ou ailleurs, qu’importe où seront dispersées mes cendres. Je finirai peut-être vieillard rachitique et barbu, nu comme un sādhu Nanga à la recherche du Nirvana, les yeux ravagés par la déesse Ganja, l’esprit aussi rationnel qu’un bol de compote…

نعيم

J’ai enfilé mon pantalon couleur vent du désert en ortie de Chine et un pull en lin marron, presque prêt à courir le monde. Sur ma figure se dessine la félicité, des traits comme dessinés par les récits qui donnent un beau visage.

Aujourd’hui est un nouveau jour, et tous ceux qui suivront le seront également, peu importe ce qui arrive. Mektoub…

Papua New Guinea

Fabienne en avait parlé rapidement dans un de ses billets, mais je me dis que rien ne vaut la preuve par l’exemple pour inciter à se rendre vite fait en Nouvelle Guinée Papouasie voir ces fiers guerriers au visage peint, ces couleurs superbes.

papu

Namibie

Les dunes et les couleurs, le vent et la mer, la chaleur et le chant de la nature, c’est la Namibie, les superbes photos de Gakout sur Flickr, de la magie à l’état pur…

Namibie

Un 26 mars

Rien de tel qu’un lundi matin pour se replonger dans un quotidien absurde, dans lequel on retrouve tout ce qu’on déteste de pathétique dans les gens qu’on croise. Et que je suis pressé, et que je t’emmerde parce que je dois me dépêcher d’aller au boulot alors tant pis si je t’écrase sur le passage clouté, et que je papote à l’entrée de l’école avec mes copines de bac à sable. Eh ho !! On a changé d’heure ce week-end, il serait peut-être temps de passer à l’heure des étoiles !! Plutôt que d’avancer toutes les horloges d’une heure, j’ai juste avancé l’heure de l’alarme de mon réveil…
Mais ça continue de papoter, et puis j’entends parler de baptême, ah ben moi c’était la semaine dernière, il était drôle le curé, il faisait des blagues et des imitations !!! Et puis comme y’avait plein de gens de couleur dans l’église, il a parlé de toutes les religions. Désolé les filles, mais je vous laisse, il faut que j’aille lire les Mesnevi «. Allez ! Shalom !!! Décidément, on n’appartient pas au même monde, je vous laisse entre vous.
Moi je continue de faire briller les étoiles qui sont dans mes yeux… Dehors ça sent l’herbe coupée des premières tontes dans l’air frais d’un matin sans concession.

Les Etoiles

Des ailes

Eric m’a surpris ce matin. Il m’a demandé si j’allais bien, parce que j’avais l’air un peu déprimé. Déprimé ? Moi ? Bon Dieu non, je ne me suis jamais senti aussi bien ! Ce n’est pas parce que je parle beaucoup et que j’endosse mes habits de samouraï que je suis déprimé, bien au contraire. Si je suis si volubile et bavard, aussi cynique et sans états d’âme, c’est parce que j’écris beaucoup, et quand j’écris beaucoup, j’ai les yeux qui brillent de la couleur de l’acier trempé, et quand j’écris beaucoup, ça signifie que je suis heureux, et si je suis heureux, c’est parce qu’il y a des étoiles dans mes yeux.
Etre cynique est une arme qui permet de ne s’identifier à rien et d’éviter de se complaire dans le quotidien sans fin. Le cynisme (du grec kuon, kunos, du latin canis, le chien) se porte haut, la poitrine gonflée et le regard hautain, et comme tout bon chien qui se respecte, je sais planter mes crocs juste assez profondément pour faire saigner, mais je relâche aussitôt…

Et puis d’abord, je ne suis jamais déprimé. Je porte sur ma peau la cuirasse des guerriers du petit matin…

Le bibliomane, Charles Nodier

Vous avez tous connu ce bon Théodore, sur la tombe duquel je viens jeter des fleurs, en priant le ciel que la terre lui soit légère. Ces deux lambeaux de phrase, qui sont aussi de votre connaissance, vous annoncent assez que je me propose de lui consacrer quelques pages de notice nécrologique ou d’oraison funèbre. Il y a vingt ans que Théodore s’était retiré du monde pour travailler ou pour ne rien faire : lequel des deux, c’était un grand secret. Il songeait, et l’on ne savait à quoi il songeait. Il passait sa vie au milieu des livres, et ne s’occupait que de livres, ce qui avait donné lieu à quelques-uns de penser qu’il composait un livre qui rendrait tous les livres inutiles ; mais ils se trompaient évidemment. Théodore avait tiré trop bon parti de ses études pour ignorer que ce livre est fait il y a trois cents ans. C’est le treizième chapitre du livre premier de Rabelais. Théodore ne parlait plus, ne riait plus, ne jouait plus, ne mangeait plus, n’allait plus ni au bal, ni à la comédie. Les femmes qu’il avait aimées dans sa jeunesse n’attiraient plus ses regards, ou tout au plus il ne les regardait qu’au pied ; et quand une chaussure élégante de quelque brillante couleur avait frappé son attention : « Hélas ! disait-il en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu ! » Il avait autrefois sacrifié à la mode : les mémoires du temps nous apprennent qu’il est le premier qui ait noué la cravate à gauche, malgré l’autorité de Garat qui la nouait à droite, et en dépit du vulgaire qui s’obstine encore aujourd’hui à la nouer au milieu. Théodore ne se souciait plus de la mode. Il n’a eu pendant vingt ans qu’une dispute avec son tailleur : Continue reading “Le bibliomane, Charles Nodier”