Prora, ou la prétention nazie à maîtriser l'architecture

L’idée aurait pu être bonne, et ce qui aurait dû en découler était inscrit dans un projet plutôt social – si tant est que l’on ne colle pas à ce mot le mot “national”.
Prora
, à l’origine, c’est une langue de sable recouverte de bruyère, un site exceptionnel en bordure de la Mer Baltique. Pourtant, Prora résonne d’une toute autre manière. C’est un site que les Allemands se sont évertués à détruire consciencieusement en y construisant un complexe de béton, entre 1936 et 1939, long de près de 5 kilomètres. Prévu pour accueillir vingt-mille familles de travailleurs allemands en villégiature au bord de la mer, les huit bâtiments constituant le complexe sont non seulement d’une laideur sans nom, mais en plus n’ont jamais été utilisés comme tels.
La moitié des bâtiments est aujourd’hui à l’abandon et commence à se délabrer de manière inquiétante. Ce qui est non moins absurde, c’est que l’ensemble “architectural” – terme à utiliser avec des pincettes – a reçu lors de l’Exposition Universelle de 1937 le Grand Prix de l’Architecture. On croirait rêver.

Via Anarchitecture.

Prora

Fabienne et moi avons décidé de vous emmener dans un tour du monde virtuel. Vous pouvez suivre les étapes de ce voyage sur Google Maps.

Dénoncer, détruire, reproduire et la relique barbare

Bien. Je vais écrire quelques mots. Ces quelques semaines se sont égrenées ici sans établir de dialogue, par la simple démonstration d’images, souvent sans légende à la manière d’un de ces croquis légers que l’on trouve dans les quotidiens. Je me sens absent, ce qui n’est pas sans vouloir dire qu’une énorme mutation semble me secouer. Cette absence manifeste se traduit également par une sensation de liberté et de retour au calme. Je ne me sens plus tellement secoué par ce flux continuel contrariant auquel j’étais soumis autrefois. Aujourd’hui, tout est différent, un peu comme si j’avais changé d’environnement du jour au lendemain et que j’avais de plus en plus de mal à reconnaître les murs entre lesquels je me trouve. Je me sens comme animé d’une nouvelle force…
J’ai l’impression de parler dans le vide, et d’ailleurs, je le fais comme s’il n’y avait personne pour lire ces mots. Étrange. Dans la même veine, je me suis surpris à rassembler tous mes carnets et à recommencer à écrire, sous forme de journal, un exercice auquel je me plie de façon compulsive en corrélation avec d’autres choses qui traversent ma vie actuellement.

Je reprends plaisir à tout, à manger, à boire, à respirer l’air pollué du dehors ou celui du matin lorsque je pointe le bout de mon nez dans le brouillard à des heures indues. J’imagine alors que je suis en train de trouver les réponses aux questions que je me pose depuis quelques années, que je pointe du doigt les angles qui nécessitent une réflexion et que je laisse de côté les points de souffrance qui ne méritent finalement pas que je m’y attarde, comme si je pratiquais avec une rigueur consciencieuse à une sorte d’ataraxie surgie de nulle part. J’imagine aussi que j’arrive à la fin de la lutte qui se jouait en moi, que j’en reviens à des convictions politiques saines et fondées, bien que totalement à contre-courant de ce qui se pratique dans les grands fonds des rangs militants bêlant de plaisir à la moindre bassesse. Je redeviens discret comme si je prenais la place qui était la mienne. J’en ai désormais fini avec les idéologies sociales avec lesquelles je n’ai décidément rien à voir, parce que c’est comme ça, je ne peux pas. L’idée de propriété, la notion de contrat social, l’opinion… tout ceci va à l’encontre de ce que je suis et de ce que je pense. Mais je ne suis pas non plus un rebelle parce que je n’emmerde personne avec mon point de vue.

J’entendais à la radio ce matin (oui, ce matin, j’ai écouté la radio) que les investisseurs se tournaient à nouveau vers l’or sous sa forme la plus manufacturé, le lingot. Cette matière première que Keynes appelait la relique barbare est à nouveau en vogue et sa demande devient de plus en forte. La raison se devine aisément ; l’Inde et la Chine, les deux super-puissances qui font tant peur, sont très demandeuses de cette matière première pour satisfaire les goûts particulièrement mauvais des classes émergentes de ces économies émergentes. La revalorisation de cette valeur refuge est pourtant un mauvais indicateur de la vie économique, car les investisseurs ont peur de l’investissement dans les valeurs traditionnelles et cela annonce une période inflationniste, ce qui n’est pas fait pour rassurer.
Tout ceci me rappelle l’époque amusante, dans les années 80, où l’on voyait René Tendron ou ses petits collègues donner les tendances de la Bourse avec les agités du bocal de la Corbeille en toile de fond et réciter sur un ton monocorde les cours du lingot et du Napoléon. Lointaine époque… J’imagine en fait qu’il n’y a pas besoin de commenter cette actualité.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui, et moi, je me sens bien.

window and girl

Aucun rapport entre le sujet et la photo.

Matthias Koch

Matthias Koch

Matthias Koch veut créer un rapport “sensationnel” entre architecture et environnement. Ici, ce sont les plages du débarquement, photographiées avec la grande chambre installée en haut de l’échelle de sa voiture de pompier. […] Matthias Koch, architecte et élève de Bernd Becher à l’Académie d’Art de Düsseldorf, fait partie des photographies documentaires qui s’inscrivent dans la tradition d’August Sander et dans ce courant qualifié d’ “Autre Objectivité” par Jean-François Chevrier. Galerie Esther Woerdehoff.

Tout simplement époustouflant…

Paysages urbains

Urban landscapes est un site dédié à la vision de des paysages urbains au travers de la photographie, turbiné par deux photographes basés à Londres, Peter Marshall et Mike Seaborne, dont voici le manifeste:

The urban landscape can be viewed both as a series of structures and edifices more or less organised by human action and as a panorama of social and cultural histories framing our present and inscribing our past.

Offrant une large perspective sur divers environnements, de Londres à la Chine, la vision de ces photographes nous permet de naviguer dans les divers aspects du développement social au travers de l’habitat et de l’occupation de l’espace.

Urban landscapes

Architecture verte

Alt–Erlaa

Tandis que le standard de l’habitation consiste à se débarrasser de toute verdure avoisinant les maisons, et autres adventices et que les allées sont appréciées lorsqu’elles sont bétonnées, certains se plaisent à laisser grimper toutes sortes de végétaux sur les murs.
Ainsi, le Dr. Harry Glück a réalisé à Vienne un ensemble architectural – Residential-Park Alt–Erlaa – au pied duquel se trouve une masse de végétation faisant partie intégrante du bâtiment, sous forme de terrasses individuelles. Une façon pour les habitants des barres de béton de se réapproprier un petit coin de nature (c’est tout de même un peu standing, ce qui est trahi par les piscines sur les toits).
A voir sur Anarchitecture.
Un peu plus loin, à Fukuoka, le Acros Fukuoka Building intègre parfaitement la végétation sur ses pentes, rendant plus agréable à la vue ce colosse de verre et de béton, modifiant ainsi les perspectives urbaines contemporaines. 35000 plantes de 76 espèces différentes, rangées selon un ordre terriblement… japonais.
A voir sur Deputy dog.
Ce qu’on ne sait pas encore, c’est que le jardin autour d’une petite maison Kaufman & Broad en plein milieu des champs, ce n’est plus tendance du tout, c’est même carrément ringard… L’avenir est au retour en ville, dans une ville intime et confortable, des petits immeubles avec terrasse, une nouvelle poésie urbaine…

Sally Gall

Elle compose ses photographies avec une rigueur incroyable et ses noir et blanc sont purs comme l’eau qu’elle se plait à figer les mouvements et les environnements.
Ma série préférée : Between worlds. Par Sally Gall.
Via MoonRiver.

Sally Gall

L'automne en Nouvelle-Angleterre

Feuilles d'automne

De temps en temps, la presse nous apprend qu’un obscur savant, muni de l’équivalent scientifique d’un nuancier, a découvert que les érables du Michigan ou les chênes de Ozarks arborent en fait des teintes encore plus vives. Mais cet ignorant néglige complètement certaines particularités qui font de l’automne en Nouvelle- Angleterre un phénomène indiscutablement unique. Pour commencer, le paysage de notre contrée bénéficie d’un décor qui ne connait pas de rival en Amérique du Nord. Ses églises blanches nimbées de soleil, ses petites fermes pimpantes et ses riches couleurs et ses villages ordonnés en font le complément idéal des riches couleurs qu’offrent la nature. De plus, il existe ici une diversité d’arbres qu’on trouve rarement ailleurs. Chênes, hêtres, trembles, sumacs, quatre espèces d’érables et des centaines d’autres essences fournissent un contraste de couleurs qui éblouit les sens. Enfin et surtout, la région jouit de conditions particulièrement favorables à un équilibre climatique parfaitement harmonieux entre des nuits d’automne fraîches et vivifiantes et des journées chaudes et ensoleillées. Donc que ce soit clair : pendant quelques journées d’octobre, la Nouvelle- Angleterre est le plus bel endroit du monde. Qu’on se le dise.
[…] Or, pour permettre à ces jolies couleurs mordorées de s’exprimer, les arbres continuent à nourrir leurs feuilles même si ces feuilles ne servent plus à rien, sauf à pendre de leur branche pour faire joli.
[…] Il y a plus étrange : certaines espèces d’arbres vont encore plus loin et se mettent à fabrique, à leur détriment, d’autres substances, des anthocyanines, produisant ces magnifiques couleurs rouges et ornagées qui font la gloire de la Nouvelle-Angleterre. En réalité, les arbres de cette partie des Etats-Unis n’en produisent pas plus que les autres, mais il se trouve simplement que le climat et le sol de cette région fournissent des conditions idéales pour l’éclosion de telles couleurs. Sous des climats plus chauds ou plus humides les arbres se donnent autant de mal, mais sans aucun résultat. Personne ne peut expliquer pourquoi les arbres font autant d’efforts alors qu’ils ne gagnent manifestement rien à l’affaire.

Bill Bryson
Notes from a big country

Le site IloveNY permet de suivre en temps réel l’évolution des couleurs des arbres dans l’Etat de New-York.

Po-si-tive

Bon. Alors là, je crois qu’on a touché le fond.
L’art et la manière de brasser du vent en faisant croire qu’on se préoccupe vraiment de problèmes cruciaux: La France étiquetée carbone.
Lorsque je lis “mesure destinée à modifier le comportement“, tout de suite, ça me fait penser à des choses pas jolies.
Vraiment, ces gens-là me font peur tellement ils sont éloignés de la réalité des choses.
La réalité des choses, c’est plutôt ça:

«Les étiquettes n’ont aucune efficacité directe, personne n’a arrêté de fumer en regardant le taux de nicotine sur un paquet de cigarettes», ironise Jean-Marc Jancovici, expert en énergie. «Cet indicateur extra-financier n’a d’intérêt que dans la mesure où il prépare les gens à des hausses de prix.»

Après ça, on nous demande d’être confiant dans le futur Grenelle de l’Environnement. Allez, ne faites pas la gueule, ce n’est qu’un début.

Saturation à haute dose (data & information)

Cette fois, je crois que le combat est perdu.
J’ai tenté de me soustraire du monde, et je crois… que ça a fonctionné. L’information, la télévision, la radio, les journaux, les fils d’actualités… J’ai tenté de tout réintégrer, sans succès. J’ai tenté de suivre, de m’intéresser, de faire abstraction des partis pris d’une presse qui se veut indépendante mais qui ne fait que le jeu de la pensée unique.
Même les journaux de gauche sont tombés, ils n’ont pas résisté à la déferlante réactionnaire, les derniers remparts se sont effondrés… et moi avec.
Lorsqu’en une du Parisien (je n’ai pas dit que c’était un journal de gauche), samedi, je vois écrit en gros “Victoire contre les All Blacks, 50% des Français y croient”, je me demande si je ne suis pas en train de manquer quelque chose en évinçant totalement l’actualité de mon champs de vision, ou si au contraire, on ne nous donne pas à bouffer de la merde précisément parce qu’on a perdu le sens des valeurs (au sens éthique du terme) et qu’on ne sait plus voir l’information comme quelque chose pragmatique, qui repose sur une critique des faits de société.
Quand je vois Libé qui fait sa une sur une hypothétique rupture entre le chef d’Etat et sa greluche, je ne situe plus rien, je perds mes repères. La gauche socialiste se délite parce que les historiques se demandent quelle mouche a piqué ceux de leur camp qui rejoignent la bastide sarkozyste et le gouvernement au lieu de s’interroger, d’avoir une pensée critique permettant de reconstruire ce qui a été abattu. Ils ne voient pas que l’autre réussit son coup, à grands coups de pensée unique à créer du vide avec du vide !!! Vraiment, je n’en peux plus. Alors je sors le fil RSS de Libé de mon agrégateur, je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de conneries. Continue reading “Saturation à haute dose (data & information)”