Paris en noir et blanc
Le porno chic clean et sale de Terry Richardson
Terry Richardson a tout du type franchement répugnant. A mes yeux, il a quelque chose d'Hunter S. Thompson dans sa manière de raconter les choses, par l’image. Provocateur extrême n’hésitant pas à photographier Kate Moss, nu – lui, pas elle – sur la plage ou se faisant photographier à poil, voire dans des situations pour le moins originales, Terry Richardson passe pour un gros dégueulasse et c’est ce qu’il est apparemment.
Pourtant, les très hype ou très luxe n’hésitent pas à faire appel à lui pour des campagnes de pub très ciblées. Ainsi, ses photos font souvent la une de Vogue et les produits pour lesquels il a vendu ses services ne sont ni plus ni moins que des marques de luxe, des parfums ou des vêtements haut de gamme.
Ainsi, Sisley n’hésite pas à lui demander de jouer la provocation avec cette publicité comparant le parfum à une drogue que sniffent deux junkies. L’univers de Terry Richardson est comme divisé en deux parties. Une face très luxueuse avec des photos léchées presque atones et stérilisées, une autre franchement cradingue, crue, à la limite de l’obscène.
C’est ce qu’il y a de fascinant en lui.
Au début, il y avait non pas le verbe, mais l'appartement 46
Dans un appartement au numéro pair d’une rue sombre d’un quartier aux nuits agitées mais dont la bigarrure avait une coloration suave et excitante dès lors que le chaos de la journée fuyait pour se ranger au fond d’un tiroir comme une chaussette dont il faut se débarrasser, sur la porte sur laquelle étaient vissées deux chiffres de laiton – pas de nom sur la porte – pas même de sonnette sur l’embrasure, sur le seuil de cet appartement que rien ne permettait de distinguer des autres, se trouvait un homme seul, assis nonchalamment sur son canapé dans une pièce quasiment vide – était-ce une garçonnière, certainement pas – dont les murs avaient été fraichement repeints d’un gris neutre absorbant la lumière du soleil comme une éponge et restituait à la nuit une clarté feutrée sans artifice, qu’aucun tableau, aucune étagère ne venait troubler.
L’appartement 46 ne différait en rien des autres de son étage, ou de l’immeuble, voire du quartier, c’était juste un autre appartement, le même que tous, le même que celui de son voisin de palier, disposé de manière absolument symétrique au regard de la cage d’escalier, simplement – simplement – derrière cette porte, l’homme assis sur son canapé regardait une femme assise par la fenêtre de son balcon, une femme qu’il pouvait voir de l’autre côté de la rue, dans l’immeuble d’en face, un immeuble dont la façade avait exactement les mêmes motifs que celui dans lequel il se trouvait, même si au fond, il s’en moquait royalement puisqu’il ne la regardait jamais.
Cet appartement commençait à traîner derrière lui une réputation sulfureuse – celle que lui avait conféré un homme libre aux désirs ardents et incontrôlables que beaucoup imaginaient, que certains entendaient et que d’autres jalousaient car ils n’en connaissaient rien d’autre que les étranges rumeurs qui circulaient dans la cage d’escalier, en grande partie grâce aux bons soins de Madame Duflot, concierge en chef des lieux et grande distributrice de ragots devant l’éternel. Mais lui, assis sur son canapé, n’en savait rien, car il était libre comme aucun homme ne l’a jamais été et il n’écoutait pas les mots qui pouvaient être entendus, même chuchotés de bas en haut de l’escalier, car rien de tout ça ne l’intéressait, jusqu’au moindre regard fuyant ou indiscret dont il pouvait être l’objet au détour de la porte de l’ascenseur ou dans les courbures du grand escalier de pierre, dans lequel résonnaient ardemment toutes sortes de pensées sulfureuses, mais toujours en deçà de la réalité…
Cet appartement, c’est le numéro 46, quatrième étage, troisième porte à gauche. Un appartement réputé.
Derrière sa porte, on pouvait entendre ces mots répétés plusieurs fois : cette année sera luxueuse… cette année sera luxueuse…
Qui sait quelle forme peut prendre le luxe…
Note de bas de page: ce billet est en forme de coup de fouet, une impulsion pour me forcer à écrire enfin un peu plus…
Le luxe, ce n'est rien d'autre qu'aller faire son shopping dans le désert
J’ai toujours pensé que la différence entre la mode et le luxe résidait dans la rareté de ce dernier. Il semblerait que je ne sois pas le seul à penser cela, au vu de cette boutique Prada située en plein désert. Quand je pense que certains snobs se contentent de faire l’aller-retour à Milan dans la journée pour s’acheter un sac à main, je trouve ça so cheap…
L’explication sur Deputy Dog.