Votre style à l'enjouement trop forcé finit par agacer (idées cadeaux pour le réveillon de Noël)

Photo © Kevin Dooley

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Le réveillon de Noël est l’occasion rêvée pour sortir ses plus beaux atours de leur gangue de plastique à la vague odeur de naphtaline pour aller diner en ville.
Vous avez certainement déjà reçu votre carton d’invitation pour aller réveillonner rue du Faubourg Saint-Honoré chez une cousine éloignée qui a fait fortune dans la vente de foulards de luxe, et comble d’orgueil, elle a tenu à inviter toute la petite famille, et même la grande, dans son triplex de deux cents mètres carrés. Le soir arrivé, vous avez l’intention de briller, de montrer une fois de plus que vous avez progressé cette année encore et que vos cours de culture générale par correspondance n’ont pas été vains.
Le grand soir arrive, et, les bras chargés de sacs que le Père Noël a pris soin de remplir à votre place – les grands magasins à cette période-là de l’année sont bondés et vous ne vous y retrouvez jamais – vous montez l’escalier recouvert d’une moelleuse moquette rouge. Accueilli par l’hôtesse accorte – diantre, ces années d’opulence l’ont desservie – vous passez dans le salon et vous retrouvez le cousin Marcel, qui lui, par contre, n’a pas changé depuis la dernière fois que vous l’avez vu – toujours aussi mal coiffé et l’haleine d’un boyard noyé dans le purin, le malotru tient absolument à vous embrasser comme il le faisait jadis lorsque vous alliez le visiter à Pâques dans son Vercors natal.
C’est bien joli toutes ces retrouvailles, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick et pendant ce temps, la dinde rosit patiemment, enroulée dans son collier de marrons. Une coupette (ne dit-on pas une flûte ? – oui ce soir, vous avez décidé de verser dans le raffinement un tantinet pédant) de Champagne à la main, l’atmosphère se détend doucement – certaines personnes qui sont ici revêtent le caractère de l’inconnu – les années sont passées tellement vite et la vie dans la capitale vous a rendu – disons les mots – un peu concon sur les bords.

Tout le monde le sait, avec la famille et les amis, mieux vaut éviter les discussions dirigées sur la politique, la religion et l’argent – on réservera ces vastes notions pour les joutes verbales avec des inconnus dans des bars mal fréquentés – mais en revanche, rien n’empêche de parler de sexe et d’argent – bien que cela ne soit pas de mise un soir de Noël, vous n’avez pas été invité à une partie de poker entre potes de l’armée, alors rangez cela. Ne reste plus que les travaux de réfection de la cheminée de l’oncle Lucien qui attend encore le maçon et les jérémiades de Juliette qui ne s’en sort pas des défauts de conception de sa cuisine aménagée.
Tout ceci est d’une tristesse à mourir. Vous qui depuis votre installation dans les beaux quartiers tentez d’élever les débats auxquels vous participez, vous voilà dans l’embarras.

Ce que je vous propose, ce sont quelques sujets de discussion qui pourront fort bien alimenter vos soirées, tels de succulents rochers en chocolat pendant une soirée chez l’ambassadeur(drice). Sans vouloir flatuler plus haut que mon postérieur, voici des idées – cadeaux – qui feront mouche à tous les coups.

Entre les canapés tartinés de foie gras bien ferme et la bouteille de Sauternes qui descend bien trop vite à votre goût, osez la canaillerie, tentez le Père Noël, ça marche à tous les coups.

Est-ce que le Père Noël ne serait pas finalement qu’une image patriarcale déficitaire ??

Vous avez surpris tout le monde. Marcel et son haleine de chanteur de l’Armée Rouge vous regarde d’un air suspicieux et se demande si vous n’êtes pas devenu gay. Pour le coup, on entend les mâchoires terminer leur travail de mastication et vous attendez que tout le monde ait bien dégluti pour jauger les réactions.

Rien ne vient ? C’est normal car en fait, ils se demandent si vous n’êtes pas saoul, mais vous n’en êtes qu’à deux coupes de Champagne et votre esprit est encore aiguisé. Afin de relancer le débat, vous expliquez tout de même que vous ne connaissez pas de femme dans l’entourage proche du Bonhomme Noël de par l’iconographie classique et que vous vous demandez si finalement il n’aurait pas été victime d’une déchéance de ses droits parentaux. Montrer une telle image à des enfants en plein épanouissement social n’est peut-être pas très habile dans le processus de leur éducation.
Toujours rien ?
N’embrayez surtout pas sur le petit Jésus et la crèche, on vous a déjà prévenu qu’aborder la Religion, même sous cet aspect, était pour le moins risqué. Tante Jacqueline est très soupe-au-lait et menace déjà de quitter la table en sanglotant. Le Père Noël est une réminiscence païenne certes, mais ne lui rappelez-pas ce souvenir douloureux.
Partons sur autre chose. Nous avons fait le tour tout à l’heure des sujets à ne pas aborder. Celui qui ne risque rien, c’est la philosophie. Voici un domaine qui même s’il souffre de querelles d’écoles, risque facilement de recueillir l’unanimité. Choisissez bien votre notion, car dites-vous que le destin de cette soirée faste est entre vos mains. Aborder la métaphysique ou le principe de non-contradiction serait littéralement suicidaire et vous risqueriez d’entendre les douze coups de minuit depuis le trottoir d’en face, sous une pluie battante et glacée.
Prenez plutôt un thème passe-partout… Le désir. Déclamez ainsi ces mots:

Nous ne sommes en quête du plaisir que lorsque nous souffrons de son absence. Or maintenant nous ne sommes plus dans le manque du plaisir.

Dites bien que vous n’en êtes pas l’auteur, mais que c’est Epicure qui a commis cela. Et comme Marcel ne veut pas être en reste – malgré ses remontées gastriques – , si tout se déroule selon vos plans, il déclamera ces mots de Sartre, pour faire bonne mesure:

Le désir est une conduite d’envoûtement. Il s’agit, puisque je ne puis saisir l’Autre que dans sa facticité objective, de faire engluer sa liberté dans cette facticité : il faut faire qu’elle y soit blablabla…

Dans une telle assemblée, il y a toujours quelqu’un pour évoquer, ou invoquer Schopenhauer, qui se trouvera fort aise de tout ce galimatias. Décidément, Marcel n’est plus aussi drôle que dans vos souvenirs d’enfant et il se demande si Sartre, l’auteur de cette assertion, n’était pas le nom de famille de ce type qui était invité l’autre jour dans la méthode Cauet.
Je vous sens désespéré, au comble de la déprime, poussé dans vos derniers retranchements par la mauvaise volonté que votre famille met à apporter un peu de piquant à cette soirée scintillante. Votre coupe de Champagne est vide et vous ne savez plus vers qui vous tourner, vous vous sentez chancelant car vous ne pouvez plus rien faire et votre image de hâbleur vient d’en prendre un sacré coup derrière les oreilles.

Heureusement, Marcel n’a rien perdu de son esprit fêtard et il a pensé – contrairement à vous, piètre noceur – à amener avec lui l’arme fatale en toute circonstance : la bouteille de Champagne explosive qui libère trente kilos de confettis sur plus de 10m² – sur la notice est inscrite la mention “nettoyer la pièce après usage”. Grâce à l’inénarrable ustensile, Marcel surpris en flagrant délit de flagornerie, l’ambiance revient au beau fixe et les visages reprennent leurs couleurs cramoisies et disons-le franchement, vous passez désormais pour celui qui souhaitait de tout coeur plomber la soirée.

Une rumeur gronde au fond de la pièce, Marcel est aussi pâle qu’une paire de fesses, se tient le ventre comme si quelque chose n’allait pas et finit par vomir le foie gras et les huîtres – chacun ira de son hypothèse hasardeuse sur le contenu stomacal – sur le tapis afghan de la cousine éloignée, au mépris de la serviette que lui tendait Jacqueline, qui avait vu le coup venir et espérant opérer une soudaine transmutation du morceau de tissu en sac à vomi. Pendant que se déroule cette scène d’horreur, Rufy, le bichon frisé d’Odette, a entamé la séance d’ouverture des cadeaux sans attendre le coup de feu. Quel cabot ce Rufy…

Sacré Marcel, quel boute-en-train ! Finalement, il aura eu raison de la famille et le rendez-vous pris pour l’année prochaine n’est plus désormais qu’une lointaine chimère, à votre grand soulagement. Votre opus des œuvres complètes de Stevenson dans la poche, vous quittez le somptueux appartement sous la pluie froide en vous disant que rien ne vaut une balade à Paris un soir d’hiver et que les citations c’est bien joli, mais ça ne nourrit pas son homme, ni même les réveillons…

Christmas Tree

Note de bas de page: je n’écrirai certainement rien d’autre avant Noël, ni même avant l’année prochaine, alors pour une fois, faisons simple et concis.
Je vous souhaite à tous un excellent Noël et de joyeuses fêtes de fin d’année.

Café Madeleine

Vitrine

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J’aime beaucoup cette photo que j’ai prise l’année dernière, à peu près à la même époque. C’était une belle journée d’hiver ensoleillée, une journée tendre et froide pendant laquelle je suis monté au tout dernier étage d’un grand magasin pour admirer les toits parisiens et les reflets argentés des vitres, les tons opaques des toits en zinc et tout en bas la foule grouillante et bruyante.
Pour moi, cette photo c’est Paris. C’est Paris tel que je l’aime, capitale du luxe aux rues illuminées, le Paris que j’aime de plus en plus. Cette photo, je l’ai prise aux abords d’un magasin luxueux de la rue Tronchet, aux environs de la Madeleine, à deux pas des Grands Magasins. On y voit le reflet (je m’en suis rendu compte aujourd’hui) du Café Madeleine qui se trouve juste en face. Ce que j’aime aussi, c’est que pendant que je prenais la photo, j’avais l’impression qu’elle me regardait et que c’était pour moi qu’elle prenait la pose. Une certaine vision de l’hiver…

Grands Magasins de Paris

Grands Magasins de Paris

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Métonymie hivernale

Fougères de givre

L’hiver m’inspire, il me délivre d’un poids, il me fait passer pour le contraire d’un ours et me révèle dans ce rejet de l’hibernation dans un savoureux mélange d’odeurs subtiles. L’hiver me fait revivre.
J’ai passé ces derniers jours dans une torpeur noire parce que j’étais malade, je me suis retrouvé pendant plus d’une semaine enfermé entre les murs de mon esprit, mon audition étant pratiquement réduite à néant, des jours et des jours passés dans un monde du silence, coupé du monde extérieur et terrifié à l’idée que mon esprit n’arrivait plus à fonctionner à son rythme de croisière. J’ai senti l’inertie me frôler, m’envahir doucement, me frigorifier tendrement, et c’est alors que je me suis repris en main parce que je sentais mon coeur s’arrêter. J’ai vécu des moments durs pour diverses raisons que je n’ai pas envie d’évoquer.
Je n’ai pas envie non plus de dire tout ce que ça implique pour moi.
A présent, l’esprit de Noël est là, il a commencé à nous envahir, même si cette année la fête n’aura pas la saveur sucrée des autres années. Et à ce propos, voici de quoi s’en imprégner un peu avec cette chanson extraite de la première version du Grinch de Dr Seuss. Le chanteur s’appelle Thurl Ravenscroft. C’est une voix profonde et puissante qui a traversé l’âge d’or du cinéma hollywoodien ainsi que de nombreux films d’animation Disney. Un aperçu de son timbre sur Beware of the Blog.

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Mauvais Noël

Voilà, Noël approche, il est juste là et pour une fois, je vais parler de moi. Moi aussi, je ne bloguerai plus jusqu’à Noël parce que cette fois-ci, je n’en ai plus envie. Le bonheur qui m’emportait ces derniers temps a disparu d’un seul coup, balayé par un coup de fil qui a ruiné mes espoirs en deux coups de cuiller à pot.

J’ai passé une année exceptionnelle, pendant laquelle je me suis investi, où j’ai beaucoup donné de ma personne, où j’ai cru que je faisais les choses dans l’ordre et avec une conscience pointue, malgré le regard qu’on pouvait porter sur moi, et j’ai failli vendre mon âme au diable pour rien, pour rien du tout. Je n’ai rien. Juste un gros paquet de déception et l’impression que l’on s’est trompé sur moi, je traîne désormais avec moi cette tristesse qui doit se lire sur mon visage. Putain que j’ai mal.

Alors tant pis, pour ne pas faire la gueule au moment de Noël, je vais tenter de sourire, de ravaler ma fierté. Ça m’apprendra à penser que j’ai une quelconque valeur, du moins à certains niveaux. Ça m’apprendra aussi à faire confiance aux gens, à m’imaginer des choses. Je ne sais pas ce que je paie, mais si c’est une question de karma (il ne manquerait plus que ça), je pense que j’ai du faire beaucoup de mal dans une de mes anciennes vies, du genre tuer des enfants ou vendre des esclaves, voire même maltraiter des personnes âgées. Voilà, je retrouve mon humour.

Bon, on ne va pas chialer tout de même.

J’ai fini mes courses de Noël, tout est fait. Plus qu’à emballer tout ça. A attendre que Santa viennent baigner de son aura le soir de Noël…

Me laisser le temps de la réflexion, me calmer, prendre de la distance et surtout ne pas baisser les bras. Voilà mes projets. Prendre un livre aussi. Cosmopolis de Don DeLillo, un livre froid et mystérieux, pendant que de l’autre côté, je murirais ma réflexion sur la conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. Je vais me retirer un peu du circuit, passer de l’écran au papier, reprendre mes marques, tenter de reconstruire quelque chose pour l’année qui se présente. Pas de crise de confiance, car aussi cynique et revêche que je puisse être, j’aime ce que je fais et je sais que j’ai des capacités à la faire bien.

On dit que les 12 jours de Noël sont une sorte de passerelle temporelle, un espace chronique où tout est en suspens. Je prends ça comme tel et je vais en profiter pour me reposer. J’en ai vraiment besoin.

Voilà. C’était le billet morose de la fin de l’année et maintenant que je vous ai bien sapé le moral, je vous annonce fièrement que je suis en vacances. Voilà, c’est tout.

Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’années à tous.

PS: Juste une chose, je voulais passer un mail et téléphoner à certaines personnes pour leur souhaiter un bon Noël, mais je ne le ferai pas. Pardon.

sapin

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