Désolé, je trouve ça tordant.
16h12
16h12, c’est un peu comme un boite à chaussure dans laquelle on aurait mis plein de vieux souvenirs. On retrouve des tasses à café, des vieux journaux, des odeurs particulières comme celle de la pizza pepperoni millésimée. Un grand fatras amusant qui ne manque jamais de me faire sourire.
Modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public
C’est un objet de tristesse, pour celui qui traverse cette grande ville ou voyage dans les campagnes, que de voir les rues, les routes et le seuil des masures encombrés de mendiantes, suivies de trois, quatre ou six enfants, tous en guenilles, importunant le passant de leurs mains tendues. Ces mères, plutôt que de travailler pour gagner honnêtement leur vie, sont forcées de passer leur temps à arpenter le pavé, à mendier la pitance de leurs nourrissons sans défense qui, en grandissant, deviendront voleurs faute de trouver du travail, quitteront leur cher Pays natal afin d’aller combattre pour le prétendant d’Espagne, ou partiront encore se vendre aux îles Barbades. Je pense que chacun s’accorde à reconnaître que ce nombre phénoménal d’enfants pendus aux bras, au dos ou aux talons de leur mère, et fréquemment de leur père, constitue dans le déplorable état présent du royaume une très grande charge supplémentaire ; par conséquent, celui qui trouverait un moyen équitable, simple et peu onéreux de faire participer ces enfants à la richesse commune mériterait si bien de l’intérêt public qu’on lui élèverait pour le moins une statue comme bienfaiteur de la nation. Mais mon intention n’est pas, loin de là, de m’en tenir aux seuls enfants des mendiants avérés ; mon projet se conçoit à une bien plus vaste échelle et se propose d’englober tous les enfants d’un âge donné dont les parents sont en vérité aussi incapables d’assurer la subsistance que ceux qui nous demandent la charité dans les rues. Pour ma part, j’ai consacré plusieurs années à réfléchir à ce sujet capital, à examiner avec attention les différents projets des autres penseurs, et y ai toujours trouvé de grossières erreurs de calcul. Il est vrai qu’une mère peut sustenter son nouveau-né de son lait durant toute une année solaire sans recours ou presque à une autre nourriture, du moins avec un complément alimentaire dont le coût ne dépasse pas deux shillings, somme qu’elle pourra aisément se procurer, ou l’équivalent en reliefs de table, par la mendicité, et c’est précisément à l’âge d’un an que je me propose de prendre en charge ces enfants, de sorte qu’au lieu d’être un fardeau pour leurs parents ou leur paroisse et de manquer de pain et de vêtements, ils puissent contribuer à nourrir et, partiellement, à vêtir des multitudes. Mon projet comporte encore cet autre avantage de faire cesser les avortements volontaires et cette horrible pratique des femmes, hélas trop fréquente dans notre société, qui assassinent leurs bâtards, sacrifiant, me semble-t-il, ces bébés innocents pour s’éviter les dépenses plus que la honte, pratique qui tirerait des larmes de compassion du cúur le plus sauvage et le plus inhumain. Etant généralement admis que la population de ce royaume s’élève à un million et demi d’âmes, je déduis qu’il y a environ deux cent mille couples dont la femme est reproductrice, chiffre duquel je retranche environ trente mille couples qui sont capables de subvenir aux besoins de leurs enfants, bien que je craigne qu’il n’y en ait guère autant, compte tenu de la détresse actuelle du royaume, mais cela posé, il nous reste cent soixante-dix mille reproductrices. J’en retranche encore cinquante mille pour tenir compte des fausses couches ou des enfants qui meurent de maladie ou d’accident au cours de la première année. Il reste donc cent vingt mille enfants nés chaque année de parents pauvres. Comment élever et assurer l’avenir de ces multitudes, telle est donc la question puisque, ainsi que je l’ai déjà dit, dans l’état actuel des choses, toutes les méthodes proposées à ce jour se sont révélées totalement impossibles à appliquer, du fait qu’on ne peut trouver d’emploi pour ces gens ni dans l’artisanat ni dans l’agriculture ; que nous ne construisons pas de nouveaux bâtiments (du moins dans les campagnes), pas plus que nous ne cultivons la terre ; il est rare que ces enfants puissent vivre de rapines avant l’âge de six ans, à l’exception de sujets particulièrement doués, bien qu’ils apprennent les rudiments du métier, je dois le reconnaître, beaucoup plus tôt : durant cette période, néanmoins, ils ne peuvent être tenus que pour des apprentis délinquants, ainsi que me l’a rapporté une importante personnalité du comté de Cavan qui m’a assuré ne pas connaître plus d’un ou deux voleurs qualifiés de moins de six ans, dans une région du royaume pourtant renommée pour la pratique compétente et précoce de cet art. Nos marchands m’assurent qu’en dessous de douze ans, les filles pas plus que les garçons ne font de satisfaisants produits négociables, et que même à cet âge, on n’en tire pas plus de trois livres, ou au mieux trois livres et demie à la Bourse, ce qui n’est profitable ni aux parents ni au royaume, les frais de nourriture et de haillons s’élevant au moins à quatre fois cette somme. J’en viens donc à exposer humblement mes propres idées qui, je l’espère, ne soulèveront pas la moindre objection. Un américain très avisé que j’ai connu à Londres m’a assuré qu’un jeune enfant en bonne santé et bien nourri constitue à l’âge d’un an un met délicieux, nutritif et sain, qu’il soit cuit en daube, au pot, rôti à la broche ou au four, et j’ai tout lieu de croire qu’il s’accommode aussi bien en fricassée ou en ragoût. Je porte donc humblement à l’attention du public cette proposition : sur ce chiffre estimé de cent vingt mille enfants, on en garderait vingt mille pour la reproduction, dont un quart seulement de mâles – ce qui est plus que nous n’en accordons aux moutons, aux bovins et aux porcs – la raison en étant que ces enfants sont rarement le fruit du mariage, formalité peu prisée de nos sauvages, et qu’en conséquence, un seul mâle suffira à servir quatre femelles. On mettrait en vente les cent mille autres à l’âge d’un an, pour les proposer aux personnes de bien et de qualité à travers le royaume, non sans recommander à la mère de les laisser téter à satiété pendant le dernier mois, de manière à les rendre dodus, et gras à souhait pour une bonne table. Si l’on reçoit, on pourra faire deux plats d’un enfant, et si l’on dîne en famille, on pourra se contenter d’un quartier, épaule ou gigot, qui, assaisonné d’un peu de sel et de poivre, sera excellent cuit au pot le quatrième jour, particulièrement en hiver. J’ai calculé qu’un nouveau-né pèse en moyenne douze livres, et qu’il peut, en une année solaire, s’il est convenablement nourri, atteindre vingt-huit livres. Je reconnais que ce comestible se révélera quelque peu onéreux, en quoi il conviendra parfaitement aux propriétaires terriens qui, ayant déjà sucé la moelle des pères, semblent les mieux qualifiés pour manger la chair des enfants. On trouvera de la chair de nourrisson toute l’année, mais elle sera plus abondante en mars, ainsi qu’un peu avant et après, car un auteur sérieux, un éminent médecin français, nous assure que grâce aux effets prolifiques du régime à base de poisson, il naît, neuf mois environ après le Carême, plus d’enfants dans les pays catholiques qu’en toute saison ; c’est donc à compter d’un an après le Carême que les marchés seront le mieux fournis, étant donné que la proportion de nourrissons papistes dans le royaume est au moins de trois pour un ; par conséquent, mon projet aura l’avantage supplémentaire de réduire le nombre de papistes parmi nous. Ainsi que je l’ai précisé plus haut, subvenir aux besoins d’un enfant de mendiant (catégorie dans laquelle j’inclus les métayers, les journalistes et les quatre cinquièmes des fermiers) revient à deux shillings par an, haillons inclus, et je crois que pas un gentleman ne rechignera à débourser dix shillings pour un nourrisson de boucherie engraissé à point qui, je le répète, fournira quatre plats d’une viande excellente et nourrissante, que l
Where We Live, Berman Collection
Where We Live: Photographs of America from the Berman Collection est une exposition (ses portes ont fermé en février dernier) regroupant des photos collectées par les époux Berman. On y retrouve des artistes comme Stephen Shore, Robert Adams ou Joel Sternfeld, tous témoins d’une Amérique en perdition, chasseurs d’images à caractère ethnographique de lieux abandonnés. Un panorama assez large de ce courant réaliste destiné à faire comprendre au reste du monde, où vivent les Américains.
Hasard des choses, en revenant sur d’anciens billets collectés, je me suis rendu compte que le très beau Rouge Blog avait publié un article sur Joel Sternfeld le 17 mai dernier.
Gabarits Moleskine
Voici quatre templates de feuilles de Moleskine prêts à l’usage. Inutile de dire les multiples possibilités que ça ouvre.
Chez Bibliophile Bullpen, via Moleskinerie.
Accroché au musée
Le musée de l’Elysée de Lausanne organise depuis le 8 février et jusqu’au 20 mai une exposition appelée Tous Photographes ! autour des nouvelles technologies liées à la photographie et à l’approche communataires des photographes citoyens. Tout un chacun peut y envoyer ses photos, lesquelles seront exposées au coeur de cette manifestation.
Le plus de cette démarche, c’est que l’on peut visualiser les photos envoyées puisque l’on reçoit par mail une photo de son oeuvre exposée en situation. Une heure de gloire appréciable à laquelle je goüte avec délectation (encore un bon plan de Fabienne, tiens).
- Le projet
- L’accueil
- La page de soumission
(03 avril 2007, 12h46)
(07 avril 2007, 17h04)
Si quelqu’un arrive à savoir ce que fait la dame à gauche, ça m’aiderait. Je ne sais pas si elle prend une photo, si elle éternue ou si elle se cure les dents.
Jeff Crandall
C’est l’histoire d’un poète (Jeff Crandall) qui voulait devenir autre chose. Alors il est devenu poète sur bouteilles en verre. Un métier comme un autre. Il écrit donc désormais des poèmes sur des bouteilles en verre dépoli sur lesquelles figurent des instructions sur l’usage que l’on doit en faire. A 65$ l’unité, mieux vaut ne pas en faire un pied de lampe.
Via MoCoLoCo.
Skipjack Rebecca T. Ruark
Le skipjack est une embarcation légère utilisée au 19è siècle pour le dragage des huîtres en hiver, qui tire son nom d’un nom générique de poisson (skipjack herring, skipjack mackeral, skipjack tuna). Ses particularités résident dans le fait de ne comporter qu’une seule grande voile bermudienne et un petit foc sur le même mat, ainsi qu’une quille en V.
Le skipjack Rebecca T. Ruark, comme tous les autres, évoluait dans les eaux peu profondes de la baie de Cheasapeake et aux alentours de Tilghman Island, et a été récemment sauvé de l’abandon grâce à une restauration minutieuse.
- Le site du skipjack
- Un très bon site sur le Maryland
- Les chefs d’oeuvre en péril 2002 – USA
Réédition du billet du 7 février 2006
Le bibliomane, Charles Nodier
Vous avez tous connu ce bon Théodore, sur la tombe duquel je viens jeter des fleurs, en priant le ciel que la terre lui soit légère. Ces deux lambeaux de phrase, qui sont aussi de votre connaissance, vous annoncent assez que je me propose de lui consacrer quelques pages de notice nécrologique ou d’oraison funèbre. Il y a vingt ans que Théodore s’était retiré du monde pour travailler ou pour ne rien faire : lequel des deux, c’était un grand secret. Il songeait, et l’on ne savait à quoi il songeait. Il passait sa vie au milieu des livres, et ne s’occupait que de livres, ce qui avait donné lieu à quelques-uns de penser qu’il composait un livre qui rendrait tous les livres inutiles ; mais ils se trompaient évidemment. Théodore avait tiré trop bon parti de ses études pour ignorer que ce livre est fait il y a trois cents ans. C’est le treizième chapitre du livre premier de Rabelais. Théodore ne parlait plus, ne riait plus, ne jouait plus, ne mangeait plus, n’allait plus ni au bal, ni à la comédie. Les femmes qu’il avait aimées dans sa jeunesse n’attiraient plus ses regards, ou tout au plus il ne les regardait qu’au pied ; et quand une chaussure élégante de quelque brillante couleur avait frappé son attention : « Hélas ! disait-il en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu ! » Il avait autrefois sacrifié à la mode : les mémoires du temps nous apprennent qu’il est le premier qui ait noué la cravate à gauche, malgré l’autorité de Garat qui la nouait à droite, et en dépit du vulgaire qui s’obstine encore aujourd’hui à la nouer au milieu. Théodore ne se souciait plus de la mode. Il n’a eu pendant vingt ans qu’une dispute avec son tailleur : Continue reading “Le bibliomane, Charles Nodier”
Navigo
En France, on n’a pas de pétrole et en plus on n’a pas forcément toujours des bonnes idées. La RATP, cette ancestrale institution a mis en place depuis quelques temps déjà un système de télébillettique censé faire gagner du temps aux usagers du métro et du RER. Alors, la télébillettique, déjà, j’ai beau chercher, je ne trouve pas. Selon le communiqué, la rapidité de transmission passe-valideur augmente considérablement et apporte une plus grande fluidité de passage, près de 4 fois plus rapide qu’¢avec un coupon. Là-dessus, je me permets d’émettre une grande réserve.
Aux heures de pointes, on peut entendre aux barrières des couinements sauvages dans tous les sens et surtout, on peut voir des encombrements. Autrefois, avec votre bonne vieille carte orange, on passait son billet, on poussait le tourniquet, on rangeait son coupon et basta, on n’en parlait plus. A présent, je remarque qu’une fois sur deux, le navigo ne passe pas, il ne fait pas couiner la machine, ce qui a le don de faire soupirer ceux qui sont derrière et qui attendent que la personne en difficulté arrive à passer le cap. Quand il y a un guichet à proximité, on peut voir les files d’attente s’allonger “Monsieur, mon navigo ne passe pas !” et quand ce n’est pas le cas, on voit des hordes passer au-dessus des barrières.
Il n’y a pas si longtemps que ça, à la station Anatole France, j’ai entendu un Monsieur pester parce que, disait-il, son passe n’arrêtait pas de se démagnétiser et qu’il allait finir par “leur foutre dans la gueule”.
Le navigo, je pense, n’est pas seulement destiné à fluidifier le trafic, mais aussi à faire se dégrader les relations sociales des usagers du métro qui déjà ne sont pas forcément très bonnes.
Personnellement, le prochaine fois que je me retrouve derrière une personne avec un de ces passes qui ne veut pas couiner, ma parole, je le lui fait bouffer.