Fire walks with me

Tous ceux qui comme moi ont bavé devant les 35 épisodes de Twin Peaks (donc les vieux comme moi) , la série télévisée réalisée par David Lynch ont certainement rêvé de visiter cette ville fantômatique située dans le nord des Etats-Unis, dans l’état de Washington. N’ayant pas d’existence réelle, la série a tout de même été tournée dans des décors naturels, pour la plupart restés tels quels, dans les villes de Snoqualmie, North Bend et Roslyn. Et il existe donc un fou qui est parti sur les traces de ces décors, et qui publie sur son blog les photos du films et les paysages dans lesquels ils ont été tournés. In Twin Peaks, WA. Via Romu.

Twin Peaks

Cosmopolis, Don DeLillo

Taxi in NYCPhoto © Mdumlao98

Eric Michaël Packer est un goldenboy de la nouvelle école. Il sillonne les rues de New-York dans une grande limousine bardée d’écrans d’ordinateurs, surveille à distance les évolutions du Yen, a une totale confiance dans son garde du corps qui lui colle aux basques comme une seconde peau. Il vient de se marier à une riche héritière frigide et fragile, baise à même le macadam, garde un oeil constamment rivé aux analyses de risques concernant les menaces concernant sa personne et rend quotidiennement visite à son médecin pour un toucher rectal qui lui diagnostiquera une prostate asymétrique.

Il passa en revue les unités d’affichage visuel. Elles étaient déployées à des distances progressives du siège arrière, des écrans plats de taille assorties, certaines regroupées dans un cadre, d’autres projetées séparément depuis des cabines latérales. Le groupement était une oeuvre de sculpture vidéo, belle et aérée, à potentiel métamorphique, chaque unité conçue pour se détacher, se fermer, ou fonctionner indépendamment des autres.
Il aimait le volume très bas ou le son coupé.

Le monde de Packer est d’une froideur infinie, enveloppé par la technologie dont il est un des fervents défenseurs et circonscrit dans une ville monumentale et tournée vers elle-même. Mais Packer aime prendre des risques, il tente de faire fléchir la bourse et compte bien s’enrichir sans bouger en achetant tout le Yen qu’il peut. Dans les rues de New-York, assis dans son immense limousine, il regarde le monde défiler et ne le perçoit qu’à l’aune de sa vision des choses, froidement. Même lorsque l’Apocalypse semble être arrivée.

Elle avait un corps brun corail et des pommettes bien dessinées. Sur ses lèvres, un éclat de cire d’abeille. Elle aimait être regardée et conférait à l’acte de se dévêtir une dimension orgueilleusement publique de l’ordre du dévoilement transfrontalier, associé à un élément de défi un peu frime.

Packer sera rattrapé par le temps qui défile selon ses règles à lui, cherchant finalement une fin inéluctable et ne cherchera même pas à s’en préserver. Il se débarrassera de ce à quoi il tient le plus et symbolise son univers, sa limousine, son argent, son garde du corps, pour achever l’histoire dans une fin qu’il pense avoir toujours désiré.

Wall StreetPhoto © Romu

Don DeLillo signe ici un chef-d’oeuvre de noirceur, un roman post-moderne effrayant, d’une écriture froide et métallique de laquelle un noir de titane aux reflets bleutés transpire nettement. Une grande réflexion sur l’existence et l’aliénation au monde moderne.

Chicago by night

Lucas, que je connais depuis longtemps maintenant, nous emmène en quelques clichés magnifiques (qui mériteraient d’ailleurs des formats plus grands) au travers de l’Amérique lumineuse, dans la ville des mille vents. Recommence quand tu veux…

Chicago by night

Une journée dans le Marais

Alors que nous avions décidé de faire un tour de côté de l’Hôtel de Ville, le froid nous a chassé des abords de la Seine vers le BHV. Nous avons donc fait les boutiques de la rue des Archives et du Marais. A la nuit tombante, les lumières s’illuminent et chassent la grisaille de cette journée terminée autour d’un café chaud. Images d’un vieux quartier haut en couleurs et confidentiel.

Cox café

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Only in Paris

Paris est beau, surtout l’hiver, surtout lorsque la capitale revêt ses habits de fête. Une journée magnifique, le soleil était présent, et je me suis immiscé dans des recoins que je ne connaissais pas encore. En route, pour la grande ville de lumière…

Pont de Gennevilliers

Pont de GennevilliersPont de ClichyPont de ClichyLevallois

J’ai ensuite pris le métro jusqu’à Saint-Lazare, Cour de Rome, dans un air froid saisissant. L’appareil à la main, je prends quelques clichés au hasard de mes rencontres, en enquillant le Passage du Havre.

Starbucks Cafe à Saint-LazarePassage du Havre

Dans le hall du Printemps, je me laisse tenter par les escalators plutôt que par l’ascenseur. Je peux ainsi flâner et laisser mon regard vagabonder tout autour de moi, parmi les rayons surchargés, dans une lumière rouge orangée de saison. Neuf étages de lumières scintillantes et de strass.

PrintempsPrintempsPrintempsPrintempsPrintempsPrintempsPrintemps

A un moment, j’entends une chanson que j’aime beaucoup écouter ces derniers temps. La coïncidence m’amuse et m’arrache un sourire.

Demon Ritchie – Only in New-York

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A force de monter les escalators, j’arrive au 9ème étage et là, je me fais suprendre par une vue magnifique à 360°C. Sur la terrasse, il fait froid, mais il n’y a pas de vents. Je profite de cet instant de félicité pour admirer Paris au-dessus des toits. Le souffle coupé.

Toits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits ParisiensToits Parisiens

La descente est magnifique aussi et je me plonge dans la rue et la foule, bien qu’à cette heure-ci, ça ne se bouscule pas vraiment.

Sur le toit de Paris

Face aux vitrines de Noël, j’attends un coup de fil qui n’arrivera jamais.

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Je file ensuite vers la Madeleine par la rue Tronchet pour admirer les vitrines luxueuses et les décorations. La maison du caviar, Kenzo, Raplh Lauren, Baccarat, Fauchon, Hédiard. Je suis émerveillé et je profite de ces derniers instants savoureux sous le soleil. Le retour en banlieue s’accompagne d’un ciel qui se couvre.

Rue TronchetLa MadeleineRue RoyaleCamion FauchonVoiturier chez FauchonVitrine

Une journée merveilleuse…

Bartleby & Cie, Enrique Vila-Matas

Barleby & Cie, Enrique Vila-Matas

J’ai acheté ce livre, comme souvent, sur la simple annonce du titre. Un livre dont le titre contient le mot Bartleby est en soi d’une audace folle, car le personnage d'Herman Melville[1], l’inquiétant scribe, est l’archétype du personnage qui a renoncé à tout, et qui renonce même à écrire, en énonçant cette célèbre phrase I would prefer not to, qu’on s’est hasardé à traduire par Je préférerais ne pas ou J’aimerais mieux pas. Personnage pour le moins intriguant, Vila-Matas en fait un nom commun, dénomme le bartleby comme le personnage qui renonce à l’écriture. Le personnage de son roman, anti-héros conformiste par excellence a décidé de reprendre la plume après des années d’abstinence littéraire, pour écrire un livre de notes de bas de pages. Roman sans teneur, ce n’est pas un roman, ce n’est pas non plus un livre érudit sur la question. Ce n’est pas ça, tout en l’étant profondément. Les chapitre sont numérotés comme s’ils faisaient référence à un texte qui n’existe pas. Ici, le négatif de la littérature bat son plein. Livre noir, sombre, c’est une sorte de chant désespéré de l’écrivain qui n’écrit pas.

Renoncement à l’écriture, agraphisme, notes sans texte, paralysie de l’écrivain, égarements, soleils noirs de la littérature, tout est passé en revue avec méticulosité. Le narrateur se pose la question de savoir ce qui pourra advenir de la pulsion négative dans l’écriture, et sous le coup de l’excitation, de la fébrilité du style sous ses doigts, doit sans cesse s’arrêter d’écrire.

Le livre nous inspire une réflexion sur la fin de la littérature. Tous les livres ne sont que des notes en bas de page, on ne peut plus écrire de livres. La mémoire fixée par l’écriture permet tout de même de sauver de l’oubli.

Si l’on a besoin de fumer pour écrire, soit on le fait à la Bogart, la fumée vrillée dans l’oeil (pour un style rauque), soit il faut accepter que le cendrier s’approprie l’essentiel de la cigarette. Juan Benet.

Quelques cas marquants d’agraphisme ou de bartlebys:

  • Samuel Beckett qui parce que l’anglais lui a pourri la vie. Il écrit en français parce que selon lui, c’est une langue plus pauvre et plus simple.
  • Marcel Benamou, l’Oulipien qui a écrit Pourquoi je n’ai écris aucun de mes livres, dit lui même que les livres qu’il n’a pas écrit ne sont pas néant mais comme en suspension.
  • Marguerite Duras, pour qui écrire, c’est ne pas parler et dont l’histoire de sa vie n’existe pas.
  • Robert Walser le micrographe, pour qui écrire en tout petit semblait être une manière de désincarner l’écrit, dit qu’il est un zéro à gauche, l’arrêt avant l’arrivée, dans une sorte d’esthétique de la confusion.
  • Pepin Bello, ami de Lorca, Dalì­ et Buñuel est et demeure l’écrivain sans oeuvre, qui écrivait pour ne pas publier, en disant dans un ultime sursaut de cynisme que c’était pour déconner.
  • Susan Sontag, pour qui il faut abandonner l’art pour écrire.
  • Giacomo Leopardi, pour qui écrire traduit l’impossibilité d’un art supérieur.
  • Paul Valéry qui malgré ses 29000 pages de cahier, dans son Monsieur Teste, dit que plus on écrit, moins on parle.
  • Fogwill qui prétend écrire pour ne pas être écrit (et en cela rejoint un point particulier de la pensée de Deleuze)
  • Marcel Schwob, dans son étonnant Pétrone, décrit un être qui cesse d’écrire à partir du moment où il commence à vivre ce qu’il avait imaginé dans son écriture.
  • Oscar Wilde enfin, qui cesse d’écrire lorsqu’il a saisi le sens de la vie, pour s’adonner à la paresse.

Un maître mot; la littérature est sa propre négation.

Notes

[1] De son vrai nom Herman Melvil.

Tavola – Saitama – Milligram Studio

Tavola - Saitama - Milligram Studio

La Tavola est une création qui risque de faire du bruit.Discrètement évoquée sur le site des architectes qui l’ont créé, elle représente une nouvelle génération de petites maisons de ville, de par sa surévélation. Située dans un quartier en vogue de la ville de Saitama au Japon, elle étonne de par ses proportions taille hauteur et les quatre piliers sur lesquels elle repose.

En effet, la grande originalité de sa conception repose sur ces piliers, sur lesquels sont maintenues à la fois la structure du premier étage et celle du second. A l’intérieur, les piliers sont visibles et font partie intégrante de l’agencement.

Rien de superflu, ouvertures minimales et fenêtres bandeaux respectant le fait qu’elle est située dans un lieu particulièrement exposé, mobilier sur mesure, salle de bain sans cloison, voici l’archétype de la nouvelle optimisation de l’espace.

Au sol, de l’espace pour garer une voiture ou laisser libre la circulation des piétons. Seulement 78 m² au sol et une impression d’espace affolante.

Un projet qui s’inscrit dans une vaste gamme de résidences privées, conçues par le studio Milligram.

Blackpool

Depuis quelques temps, un mot me revient constamment à l’esprit. Un mot que j’ai lu chez Jack Kerouac et qui aussi bien en français qu’en anglais me taraude. Aussi, en bon monomaniaque que je suis, et au gré de mes aventures sur la toile, j’ai découvert une photo de David J. Nightingale (j’adore ce joli nom d’oiseau) qui me faisait tout à fait penser à ce mot. Pier en anglais, môle en français, ou jetée, je sais à présent pourquoi j’aime tant ces représentations. Il se trouve qu’une photo du Palais de la jetée de Nice se trouve chez mes grands-parents.

Blackpool PierCopyright bbc.co.uk

Je suis donc parti à la découverte de cette ville que d’aucun trouverait sordide à souhait et qui pourtant me charme, me donne envie de balades romantiques au bord de l’eau, sous le climat doux et venteux de la côte nord-ouest de l’Angleterre, Blackpool. Au charme de ces jetées métalliques aux prises avec la mer, s’ajoute d’étonnantes attractions comme la Blackpool Tower et les illuminations, la Pleasure Beach ou les tramways de toute beauté.

Liens:

Plastic House – Kengo Kuma, Tokyo

Plastic House - Kengo Kuma, Tokyo

Tokyo est, par excellence, une ville où tous les styles cohabitent entre eux, et d’où ne ressort par conséquent aucun vrai style. L’espace, ou plutôt le manque d’espace en fait une ville où des maisons de petite taille commencent à voir le jour.

Nécessité spatiale, gout des belles choses, fonctionnalisme, tout est réuni dans cette petite maison conçue par Kengo Kuma.

La vraie originalité de ce construction réside, entre autre, dans l’utilisation de matériaux révolutionnaires tels que le P.R.F.V. (polyuréthanne renforcé aux fibres de verre), conférant à la fois solidité et résistance, mais aussi un aspect de papier granuleux, qui n’est pas sans rappeler l’aspect des murs de papier traditionnels. La façade avant en est entièrement recouverte.

Lorsque la nuit tombe et que les lumières sont allumées, les parois prennent un aspect opaque et diffus.Le plan de la maison est résolument tourné vers l’optimisation de l’espace. Quatre étages en tout, en comptant une cave et une terrasse. Les deux étages principaux sont des espaces sans cloison et le rez-de-chaussée uniforme sert à la fois de cuisine, salle à manger, salon et accessoirement atelier de photo. Les escaliers sont situés sur le côté et le blanc majoritaire confère une impression d’espace immense. A coup sur, cette oeuvre datant de 2002 préfigure la matérialisation de l’espace pour ces prochaines années.

Pour en savoir plus, lire l’article de Botond Bognar sur Architecture Week.