Pulse

Loin d’être calme, je vis chaque moment à toute vitesse, la tête en ébullition… Je n’arrive pas à me concentrer, je carbure au café quinze heures par jour, je commence à m’organiser dans tous les sens, je classe mes affaires, je repère où chaque chose se trouve et je me construis des espaces de rangement strictement virtuels.

En fait, je lis beaucoup de choses, à droite et à gauche, je fais ce qu’il ne faut pas faire, je compare mon écriture à ce qu’ont fait les autres avant moi. Je suis seul dans ce que je fais, je n’ai personne pour me seconder, pas de secrétaire, pas de nègre, je suis tout seul avec mon clavier, mes carnets et mes stylos… Je me rends compte au fur et à mesure que je trouve moi-même les réponses à mes questions sur le fait d’écrire en lisant et relisant ce que j’ai fait dans chacun de mes univers. J’y vois des imbrications, un immense jeu de lego qui se met en place. Et j’adore ça, je suis incroyablement excité (je sais, c’est un peu tout le temps) et je commence à avoir de l’espoir. J’entrevois clairement la possibilité d’écrire plus, mieux, de manière quasiment militaire, et je le fais.

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Tu sens les pulsations ? Tu sens comme ça bouge ? Hmmm… Je ne compte plus les fois où je me suis lamenté sur ma paresse et mon manque de volonté, mais tout ça semble être du passé, depuis quelques temps déjà. Je me sens comme un adolescent au purgatoire… Mêmes émois… Aujourd’hui, il est temps de se mettre en route, à l’ancienne, comme au temps où l’on partait sur les routes désertiques avec une grande bagnole avec une seule banquette à l’avant… Un parfum de désert, une traversée des grands espaces que je ne pensais plus possible…

C’est certain qu’Amiens n’est pas le désert, quoique c’est une ville en plein milieu des champs. J’aime me lancer sur cette autoroute A16, alors que le soir est tombé, que le brouillard fin enveloppe la campagne. La vitesse est grisante, il n’y a pas grand monde; je colle mes mains sur le volant, je m’enfonce dans mon siège et j’écrase le champignon pour faire des accélérations spectaculaires qui ne font rire que moi. Le moment de folie passé, je roule tranquillement en regardant l’horizon, en m’imaginant au volant d’une Chevrolet Impala sillonnant le routes de l’Iowa, mais bien vite, je vois des champs de betteraves à perte de vue et je suis au volant d’une 206 qui sent encore l’usine.

Et c’est soudain; c’est le drame. J’ai dû pêcher dans une autre vie, faire beaucoup de mal à des gens très bien, tuer des animaux. Bref, mauvais karma.

Je n’ai même pas parlé des livres que j’ai lu ces derniers temps, ce documentaire bouleversant de John Hersey sur Hiroshima, ce livre divertissant et parfois rude d’Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux, et tous ceux que j’ai entâmé ou entassé sur la tablette qui me sert de table de chevet. J’avais envie de passer à autre chose. Tout à coup, Kerouac, Bukowski, les auteurs japonais, John Fante, mes livres d’architecture, Henry Miller (c’est très californien tout ça), tous ceux qui m’accompagnent d’ordinaire m’ont paru dramatique, trop peu en phase avec la légèreté dont j’avais besoin ces derniers temps. Alors j’ai fait quelque chose que je ne croyais plus possible depuis bien longtemps; lire une oeuvre du XVIIè siècle d’un ecclésiastique britannique. Présentées comme ça, les choses manquent de piquant, c’est certain. J’avais essayé de me plonger dans une matinée d’amour pur de Yukio Mishima (ce nom résonne avec une certaine poésie à mes oreilles, plus que son vrai nom, Kimitake Hiraoka), mais les nouvelles m’ennuient pour le moment. C’est donc avec une certaine joie que je me suis permis de reprendre une lecture qui devait dater d’au moins sept ou huit ans : The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman de Laurence Sterne, volume 1. C’est un texte étonnant, mais j’en ai encore lu trop peu pour pouvoir disserter dessus. La moitié du livre est consacré aux notes de Guy Jouvet, traducteur génialissime qui a su respecter les caprices typographiques de l’auteur. J’aime ces livres savants qui digressent à l’infini et finissent par nous emporter dans un labyrinthe sans fin de connaissances, un peu à la manière des écrits conjoints de Gilles Deleuze et Felix Guattari. Par exemple, j’ai appris hier soir qu’il existait, selon Ambroise Paré, trois niveaux corporels des esprits, mais évidemment, l’intérêt universel de la chose sur ce blog reste somme toute assez limité. Cette lecture est incroyable, impertinente, drôle, terriblement érudite, annotée de citations de Montaigne, La Bruyère et dirigée par les opinions mêmes du traducteur / commentateur.

Il faudrait aussi se replonger dans un livre que j’ai dévoré autrefois pendant mes études, Principes fondamentaux de l’histoire de l’art : Le problème de l’évolution du style dans l’art moderne de Heinrich Wölfflin. Alors oui, ça parait pédant de placer ça dans une conversation entre le fromage et le dessert, ou alors (et attention, c’est du vécu) au square en rencontrant un couple autrefois ami, poussette et chien en laisse à la clef (Elle dit: je suis désolée, je ne vous invite pas à manger en ce moment, on est plein dans les cartons. Ce que à quoi j’ai répondu intérieurement: “Merci de tout coeur !” Elle reprend: “Mais on peut toujours aller se faire une balade au parc ?” et moi de penser “C’est ça ouais, compte là-dessus, plutôt crever d’une chaude-pisse”), mais au bout du compte, ce livre est très facile à lire et apprend les différences fondamentales entre le style classique et le baroque, dans la courte évolution qui a fait basculer l’un dans l’autre. Non ? Toujours pas convaincu ? Alors on y comprend mieux comment Titien (Bon dieu, il s’appelle Tiziano Vecceli non ? On ne peut pas lui foutre la paix en l’appelant par son vrai nom ?) a révolutionné l’art en son temps. Je n’essaie pas de vous convaincre, je parle en l’air, c’est tout. Et puis lisez aussi Elie Faure et Ernst Gombrich, ça ne peut que faire du bien…

Euh… J’ai parlé du livre de Régis Debray (pauvre homme affublé d’un prénom aussi ridicule, que Dieu pardonne ses parents) Vie et mort de l’¢image. Une histoire du regard en Occident ? Non alors j’en touche deux mots. Ce livre est en fait sa thèse de doctorat, dirigée par François Dagognet, celui-là même qui a fait sa carrière sur les détritus et les sécrétions corporelles (comprenne qui pourra). Et… c’est tout. On ne badine pas avec les grandes oeuvres – avec l’amour non plus.

J’aurais aimé… être… architecte. J’aurais pu si j’avais travaillé.
J’aurais aimé… être… journaliste. Je n’ai jamais essayé.
Et si finalement je devenais écrivain? (dis-je en pouffant).

Ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui tourmentent les hommes, mais les opinions qu’ils forment sur les choses.
Epictète, Encheiridion

J’ai une mémoire prodigieuse pour certaines choses, c’est déjà ça non ? Comme chacune des notes de la Marche Funèbre pour la Reine Mary, d’Henry Purcell… – je suis incapable de me souvenir de ce que j’ai fait hier, mais la partition, ça oui, c’est comme si elle était imprimée sur ma rétine – Montez le son, et je vous demande un peu de recueillement pour cette pauvre Mary qui repose par six pieds sous la terre d’Albion – on parle bien de la Reine d’Angleterre, pas du RMS, le paquebot, on est d’accord ?

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Queen Mary

Comme pour faire contraste avec le superbe portrait de Mary, je pense tout à coup à la grossièreté, dans ce qu’elle a de plus global. A ces mots que je prononce parfois au grand désespoir des gens que je côtoie, à ces textes que je me refuse de censurer parce qu’ils sont ce qu’ils doivent être au moment où je les écris, à toutes ces choses que la morale réprouve. Il me semble qu’on peut tout à fait se gratter les couilles en public, le tout étant de le faire avec élégance. La grossièreté ne trouve de sens que si elle est accompagné de son corrélaire, l’élégance. En disant cela, je pense à la dernière publicité Chanel, pour un rouge à lèvre. On y voit une blonde qui est à mon sens censée représenter le désir, la chair, l’envie, mais le problème c’est que cette poupée donne l’effet totalement opposé. Elle est d’un vulgaire affligeant, on croirait voir un pute fraichement débarquée d’Ukraine, tout ce qu’il y a de plus vulgaire et de repoussant chez la pétasse de luxe. Alors oui, je préfère me gratter les couilles en public avec mon charme habituel plutôt que de subir les charmes éventés d’une catin du port de Hambourg essayant de provoquer en moi des émois sexuels en trémoussant son cul enturbanné avec des lèvres qui me rappellent une danseuse de peep-show dans une rue commerçante de Copenhague (les voyages forment la jeunesse parait-il). Où se trouve la grossièreté ? Dans les mots de Bukowski ou dans les images surfaites d’une publicité pour un rouge à lèvres ? Ou encore dans les mots de cette épitaphe qui ornera ma tombe ?…

Je vous emmerde… Et vous me le rendez bien.

Ceci ne s’adresse pas forcément qu’aux lecteurs du Parisien (bon dieu que ce journal est minable, l’expression même de la vulgarité – encore – d’un certain lectorat)… Je suis de retour, c’est indiscutable (pas de fausse modestie), avec mes stylos Pilot Tech-Point V7, mon envie de crustacés, mes mains et mes doigts dans lesquels on peut voir, selon la lumière, soit la main câleuse du scribe ou la main délicate de l’intellectuel – merde, ce ne sont que des mains après tout – et puis mon irrésistible envie d’être tout pour quelqu’un. Dans ma réclusion, je souffre de la solitude de celui qui désormais ne va faire qu’attendre. Et Dieu sait que je peux être patient pour ce genre de chose, même si ça me ronge les chairs.

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Je vais ressortir mes pinceaux, mes carnets et je vais me remettre à peindre avec cette technique si particulière qui consiste à peindre avec du thé. Avec ce soleil, quelques idées en tête, je rêve de navires et de marées lointaines…

Repartir vers le large…

Le Château d'Oléron

Citadelle fortifiée par Vauban, abritée du vent, le Château d’Oléron est une petite ville enfermée à l’intérieur d’épais murs et cernée de douves, face à l’étroit pertuis qui sépare l’île du Continent. Lieu convivial où s’étend en été un marché quotidien, c’est une ville où il fait bon flâner, où les maisons arborent le blanc et de fières roses trémières.

Morceaux choisis.

Château d'Oléron Château d'Oléron

D’autres photos à proximité sur Flickr.

Juste le temps de souffler

Chut ! Silence….

Des nuits difficiles au sommeil agité je sors épuisé.
Le réveil ne sonne plus que pour une autre conscience que la mienne.
Je m’évapore, je me disperse, je chauffe, je suis saigné à blanc… J’ai engrangé trop de choses ces derniers temps, j’ai dépensé mon énergie sans compter, je n’arrive pas à canaliser mes émotions, je me suis vidé de mon sens en très peu de temps, rendu corps mort.
Je suis pas fatigué, simplement je suis harassé, je suis à bout, j’ai envie de taper sur tout le monde, je suis à cran, je ne dors plus et je fais comme si, j’ai plus faim. Je ne veux alarmer personne, c’est comme ça que je fonctionne, il faut que je tombe bas, que je sois à deux doigts de m’écrouler pour repartir. La constance ne me connait pas… Toujours à fond, toujours sur la ligne, à deux doigts de tomber.
Je vais reprendre mes esprits et je repars.
A présent vous êtes habitués à ces pauses. Une de plus…

Pronto

Pour les gens pressés, les manchots, les maladroits, les femmes aux ongles longs (quoique dans ce cas, il existe d’autres solutions… heum, nan, j’ai rien dit), les snipers, tireurs d’élite ou membres du GIGN, les escaladeurs et autres adeptes de la varappe, les primo-accédants, ceux qui n’aiment pas se laver les mains, voici une arme imparable (pour les autres, il y a toujours moyen de s’arranger).

Attention, couchez les enfants. Et comme dit Romu, court mais trash… (je voulais écrire un poème mais pas le temps là) Continue reading “Pronto”

Scary ideas

Des images et des vidéos en veux-tu en voilà, de l’humour, des choses pertinentes, le tout dans une belle présentation…

Trouvé chez Thomas.

Scary Ideas

Le vieil amant

Je l’ai découverte samedi soir lors des victoires de la musique, et je ne sais absolument pas comment elle a pu passer au travers des mailles du filet. A présent Emilie Simon fait partie des incontournables qui me traînent dans les oreilles à tout moment de la journée. J’ai adoré l’écouter chanter, regarder ses musiciens se servir de tous ces instruments étranges, j’ai aimé cette mélodie suave, les paroles douces, cette voix d’enfant qui fait penser à Camille. Le reste, c’est de la littérature. Un extrait de son album, Végétal, Le Vieil Amant

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Le%20vieil%20amant.mp3]

Billet à tiroirs… A messages…

Je me sens… Blue… Sur les murs d’un étage des Galeries Lafayette, une inscription sur un mur, pas vraiment anodine…

Pardon pour les travaux,
Demain sera plus beau…

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Blue_Valentines.mp3]

Plage de la Giraudière

Dans la galerie des traîtres

Grâce aux soins attentionnés de mon homonyme (non moins célèbre en ces lieux) Romu, et en raison de sa dénonciation calomnieuse, je me suis retrouvé une fois de plus cloué au piloris chez le Capitaine dans la galerie des traîtres à la cause des blogs sans chats, soutenue par Houssein. Votre blog préféré est à présent cat-listé dans la catégorie des blogs à tête de chat.

Pour mémoire, “Ce blog est un blog 100% anti-blog sans chat.” Et je maintiens ma position. On est un combattant ou on ne l’est pas.

Pascal Obistro

Pascal Obistro

Après avoir écorniflé sérieusement l’image d’artistes Ô combien reconnus comme Amadou et Mariam (en d’autres temps), Benjamin Biolay et Grand corps salade, aujourd’hui, j’aimerais m’en prendre à tête de gland à queue de rat. Pardon, c’est parti tout seul.

Certaines personnes comme ça, jouent de malchance. Je me souviens de lui lorsqu’on a commencé à l’entendre brailler, lorsqu’il avait déjà commencé à perdre ses cheveux, il avait déjà l’air foncièrement ridicule, et puis il s’est mis à porter des lunettes jaunes. Soit. Admirateur et successeur auto-proclamé de Michel Polnareff (pas en matière de pilosité crânienne je suppose), il a passé sa carrière à se prendre des vestes artistiques: aucune récompense aux victoires de la musique, pas de vraie reconnaissance musicale, il se cantonne d’ailleurs aujourd’hui à écrire pour les autres, et à sortir quelques titres tous aussi fades les uns que les autres (comme dit Fabienne, si j’existe, si j’existe, c’est d’être fade...)

J’en appelle à mes petits copains québécois qui nous envoient leurs brailleurs professionnels (Céline, Lou Garou, Isabelle Boulet et consorts), vous ne voulez pas de celui-ci ? Pour l’anecdote, sa plus grande idole, Polnareff a tout fait pour qu’il soit blacklisté lors de sa série de concerts en France (ainsi qu’Ardisson, Beigbeder et Eddy Mitchell). Du coup, je vous le donne dans le mille Emile, Pascal est allé s’en jeter quelques uns, Obistro…

EDIT: vous saviez qu’Obistro avait un blog ? Si si !! Il a même fait un billet sur moi ! Continue reading “Pascal Obistro”

Journée de la flamme (heart of gold)

Ne me demandez pas de faire pareil, je ne suis aucun mouvement, je ne vais jamais dans le sens du courant, je ne suis pas dans le moule, ne me demandez pas ça. Aussi ai-je décidé qu’aujourd’hui ce serait le jour de la flamme; le bon jour pour la déclarer ? J’aurais pu aujourd’hui me maquiller et porter des vêtements de femme, mais je ne sais pas ce que j’en ai fait, je les ai peut-être vendus lors de ma dernière brocante. C’eût été une belle façon de marquer d’une pierre blanche cette journée particulière.

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Ce matin, dans le train, la fille au beau visage s’est assise juste à côté de moi, et j’ai souri en pensant que ça lui permettrait de ne pas subir le même regard vide avec laquelle je l’avais transpercée l’autre jour. J’ai tenté de reconnaître son parfum mais je me suis perdu quelque part dans les mots de Neil Young. J’ai replongé le nez dans mon bouquin quelques instants, puis je l’ai regardée, et je lui ai tendu l’oreillette de mon mp3 pour qu’elle écoute elle aussi. Je suis comme ça, je n’aime pas m’embarrasser d’appréhensions.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Neil%20Young%20-%20Heart%20of%20Gold.mp3]

Oui, je sais, je suis un garnement…