Bobine

Trees

Je ne sais plus qui disait que l’écriture d’un journal ou d’un roman ne peut provenir que de l’extraction du quotidien et qu’elle ne peut relater que le flux des jours dans leur continuité, comme une bobine de fil qu’on déroule lentement, fil sur lequel on trace des petits traits comme pour y marquer les événements de notre vie.
Je ne sais plus non plus qui disait qu’on peut faire énormément de mal en écrivant.
Pas plus que je ne me rappelle qui a dit que le désir de vengeance était quelque chose de mal et qu’il fallait l’enfouir au fond de soi pour le transformer en quelque chose de positif.
C’était peut-être moi.
Par contre, je me rappelle clairement qui a dit :

“Qui a dit que c’était mal de vouloir se venger ?”

Frank van der Salm

Frank van der Salm

Impossible de ne pas voir une forte ressemblance entre les photos de Frank van der Salm et celles de Michael Wolf.
Même si le premier semble beaucoup jouer avec des maquettes en utilisant la profondeur de champ, on y voit le même travail autour de l’architecture dans ce qu’elle a de microstructural.
Le motif devient une oeuvre à part entière, la ville prend corps à partir des détails, et se construit alors une échelle de valeur que l’on ne voit que rarement dans le représentation urbaine.
La navigation chronologique sur le site permet de voir l’évolution de son travail au fur et à mesure du temps.
Via Le territoire des sens.

Frank van der Salm

Eckopland

Une manière originale de se faire référencer et de découvrir plein de choses intéressantes, sous forme de frise, laquelle mesure actuellement 2,06m.
Via Le Dépôt.

eckopland

Matthias Koch

Matthias Koch

Matthias Koch veut créer un rapport “sensationnel” entre architecture et environnement. Ici, ce sont les plages du débarquement, photographiées avec la grande chambre installée en haut de l’échelle de sa voiture de pompier. […] Matthias Koch, architecte et élève de Bernd Becher à l’Académie d’Art de Düsseldorf, fait partie des photographies documentaires qui s’inscrivent dans la tradition d’August Sander et dans ce courant qualifié d’ “Autre Objectivité” par Jean-François Chevrier. Galerie Esther Woerdehoff.

Tout simplement époustouflant…

Geneviève Castrée

Geneviève Castrée

Venue tout droit du froid Canada, elle a une voix pure et cristalline aposée sur des mélodies douces et monocordes, rappelant le chant religieux des bénédictines ou les mélopées tristes des sagas du grand Nord – un terrible accent venu du coeur de la terre…
Quelque chose d’incroyable qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Un grand merci à Romu pour m’avoir fait découvrir cette fée clochette…

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Raffinerie.mp3]

En savoir plus sur Geneviève Castrée sur Quartier Libre.

Lost America

Portraits d’un grand pays sombre qui n’est pas épargné par la ruine et l’abandon. De superbes photographies de nuit, avec des poses longues révélant des couleurs surnaturelles, de zones militaires abandonnées aux villes fantômes, en passant par le simple bord de la route.
Images surprenantes de la déconfiture d’un pays maquillé au néon comme une fille de mauvaise vie.
Via Remarquez.

Lost America

Michael Wolf, ou l'architecture de la densité

Michael Wolf

Michael Wolf [1] connait très bien Hong-Kong et apparemment, il en connait également très bien tous les aspects, du microcosmique au macrocosmique et ce qui l’intéresse lui, c’est le détail et la profusion et ce qu’il nous en montre fait à la fois partie du côté le plus visible, c’est à dire ces tours immenses dont il arrive à extraire la substance, mais également du côté le plus obscur, la misère cachée, l’ombre qui se tapit derrière les façades.
Ceci est une invitation dans un monde inconnu, le Hong-Kong tel qu’il est. Gros coup de coeur pour ces séries de photos réellement exceptionnelles.
Via i heart photography.

Michael Wolf

[1] Je mets à jour ce billet car je viens de découvrir une très bonne interview de Michel Wolf sur Conscientious.

La Parole d'Anaximandre

Cette nuit je me suis réveillé parce que mon fils m’appelait, il devait être quelque chose comme deux heures et de sa petite voix endormie, il m’a dit qu’il avait envie de faire pipi, alors j’ai allumé la lumière et je l’ai entendu descendre avec légèreté de son lit et nous nous sommes parlé – je lui ai demandé si tout allait bien, s’il se sentait bien – peur de la fièvre – et puis il m’a dit qu’il n’avait pas fermé la porte, je lui ai dit c’est pas grave, laisse tomber, non Papa, je vais la fermer quand-même et il est remonté dans son lit avec autant de légèreté et il s’est couché et m’a dit que je pouvais éteindre la lumière alors j’ai eu l’impression qu’il s’est rendormi comme une masse tandis que moi je me disais avec raison que j’avais bu trop de café et trop de thé aussi certainement et déjà je me sentais ne pas me rendormir et commencer à ruminer, je me disais que de toute façon, je ne me rendormirais pas tout de suite et j’en ai pris mon parti, alors j’ai ouvert les yeux en grand comme si je tentais de voir dans le noir quelque chose qui n’existait pas et je me suis mis à penser très fort à quelque chose auquel je pourrais penser sans forcément me forcer et immédiatement et naturellement, c’est à écrire que j’ai pensé, j’ai pensé à toutes ces choses qui criaient en moi et qui ne demandaient qu’à sortir d’une façon ou d’une autre, et au loin, j’entendais le chat qui miaulait, certainement parce que sa gamelle était vide et pendant quelques minutes, j’écoutais cette lamentation qui ressemblait au râle d’un animal blessé au coeur de la forêt – en me disant que je ne pouvais pas rester comme ça, le regard rivé au plafond dans une vague torpeur – la torpeur n’existe pas chez toi, c’est une illusion de ta conscience… – et les bras croisés sur la poitrine et je me suis alors dit que je ne pouvais rien faire d’autre que me lever, prendre un cahier et commencer à écrire ces flots de mots intangibles et incertains qui me vrillent les tempes et me donnent l’impression que le sang coulent trop fort et trop vite dans mes veines, mes veines bleues que je peux sentir palpiter avec méfiance sous ma peau, oui mais par quel bout commencer – on s’en fout, écris, c’est tout, il n’y a pas de “bout” dans ce contexte précis – et je commence à débiter ces phrases qui sonnent vachement bien, ouais, je sens quelque chose pointer le bout de son nez, je ne sais pas vraiment ce que c’est, un truc que je n’ai jamais rencontré, les conjectures aussi se pointent, elles arrivent, je pourrais presque les toucher du doigt et pendant ce temps-là, mon fils respire fort, à la limite du ronflement.
Bon.
Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose, je ne sais pas moi, que je me décide à me lever pour me changer les idées, boire un coup, pas rester comme ça sans dormir, ça veut dire quoi hein, rien, voilà, alors je me suis dit que je pouvais peut-être lire un peu, nan, à mon avis c’est à cause de ce que j’ai lu que je n’arrive pas à dormir, j’ai reçu comme une dose d’ecstasy dans les veines, les yeux grands ouverts toujours rivés au plafond, bon, ce n’est pas grave tout ça en soi non, ça n’a pas de conséquence, au pire, je risquais quoi, être un peu vaseux le lendemain, traîner la savate au boulot, ouais, rien de fatidique, en fait, j’étais juste un peu angoissé, je pense, face à ce que je devais faire le lendemain, mais c’est le genre de chose qui ne m’inquiète pas plus que ça, j’apprends à composer avec les échéances.
Je me suis retourné en écoutant les râles de mon petit bout de chou, j’essayais de l’imaginer blotti contre moi comme la nuit dernière où il est venu se coller contre moi avec son petit pyjama de velours, tendre et innocemment vautré contre moi, les pieds coincés entre mes cuisses comme s’il recherchait le lieu le plus confortable du monde. Il s’est retourné d’un seul coup et je me suis pris trois ou quatre doigts dans l’oeil, que j’avais bien évidemment ouvert… Alors j’ai juste lancé un cri inhumain de bête sauvage qui venait de se prendre la patte dans un hâchoir à viande, et je pense que j’ai dû réveiller quelques mecs sur le point de s’endormir, quelque part dans une hutte sur les rives du Fleuve Yang-Tzé.