Écrire nécessite a priori deux choses.
De l’énergie au sens d’une énergie tellurique, quelque chose de primitif qu’on ne fait que ressentir, subir, et qui se niche dans des confins qu’il ne vaut mieux pas connaître.
Et du temps aussi. Du temps au sens d’un instant, quelque chose qui s’inscrit dans le temps.
Écrire n’est pas quelque chose d’anodin qu’on peut faire en dilettante, cela nécessite un minimum d’investissement. Parce que précisément c’est de l’énergie et de l’instant, alors oui, la question qu’on peut se poser, c’est si cette conjonction peut mener à autre chose que l’écriture de quelques pages jetées comme ça à la face du monde, de simples petits textes, parce que justement, on ne peut pas a priori mener un projet d’envergure si on s’inscrit dans une dynamique meurtrière qui consiste à libérer son énergie dans un laps de temps relativement court. Quand je dis ça, je ne sais pas vraiment pourquoi mais ça me fait immédiatement penser à l’orgasme et je continue de croire que les deux choses sont intimement liées. Non qu’écrire et faire l’amour fassent partie du même domaine de compétence ou de connaissance, mais je pense plutôt que l’écriture est une tension érotique destinée à libérer une énergie qu’on n’arrive pas à contenir autrement. Comme le sexe.
Photo © Caitlin
Et somme toute, les deux choses sont aussi vaines l’une que l’autre. Rien ne vient contenter ces envies à part leur passage à l’acte, qui demande toujours cependant un renouvellement.
Rien n’est plus éphémère qu’un orgasme ou qu’une page d’écriture. Et rien ne demande plus qu’on y revienne, il n’y a jamais de satiété.
Se positionner en tant qu’écrivain d’une page est peut-être voué à l’échec. Écrivain de pages… Noble fonction mais tellement vaine. Seuls les romans ont droit au chapitre non ?
Alors comment faire lorsqu’on vide son énergie dans un laps de temps limité, qu’on « orgasmifie » son écriture si l’on veut s’inscrire dans un projet qui demande de la langueur longueur et de la perspective ?
Très sincèrement, je ne sais pas. Je n’ai pas de réponse.