La fin des brindilles

Voilà, c’est fini. Je vais essayer de ne pas faire grandiloquent, mais je vais juste clôturer l’histoire. Oui, Empty Quarter, ou Lost in Anywhere, ou quelque soit le nom qu’il ait pu prendre au cours de ces six dernières années, c’est terminé.
J’ai pris le parti de ne pas renouveler cette année la cotisation pour l’hébergement de mon site et donc de le faire péricliter tout doucement, sans espoir de rémission. Il est temps pour moi, de passer à autre chose. La raison en est principalement l’essoufflement dont il a été victime, par manque de temps, mais aussi par manque de motivation, parce que m’entêter à remplir ses lignes alors que l’esprit d’origine est depuis longtemps éteint ne mène à rien d’autre qu’à l’enlisement.
Pour autant, cette aventure ne s’arrête pas là. Même si brindilles.net aura disparu d’ici la fin du mois de septembre, je compte bien aller m’installer ailleurs, et le choix de ne rien dévoiler pour l’instant n’est qu’une manière de me mettre un peu à l’abri. Le 19 septembre, je bloquerai tous les commentaires pour procéder au back-up de la base.

Donc si vous voulez en savoir un peu plus, savoir ce que je prépare, pour quand et surtout où, n’hésitez pas à m’écrire sur romuald@brindilles.net dans les tous prochains jours, je vous répondrai, bien évidemment.

Je crois que c’est bien la première fois que je salue mon blog de la sorte, en abandonnant derrière moi son nom, son contenu et son esprit. Mais je ne suis pas triste, vraiment pas. Juste un peu nostalgique d’une certaine époque.

Au revoir.

sale

Tango avec Esmeralda

Hier soir, jeudi.
Je ferme ma messagerie instantanée.
Je ferme ma boîte mail. Mets mon téléphone sur messagerie vocale. Mieux comme ça.
Je ferme les écoutilles. Je suis parti. Ereinté, usé, vieilli en peu de temps.
Sorti mon livre posé sur les genoux, un pied sur la banquette d’en face, je m’en fous. Je dois avoir l’air ridicule, pantelant, mon livre pendant dans le vide.
Je m’endors au soleil derrière la vitre. Je tombe de soleil, pas une seule bonne nuit complète depuis un bon mois. Je ne sais pas ce qui se passe. Peut-être un pur hasard.

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J’ai suivi en sortant du train cette femme aux épaules découvertes, les fines bretelles de son soutien-gorge noir sur une peau bronzée, couverte d’un fin duvet presque transparent. Des cheveux châtains bien coupés, un nez légèrement retroussé, je l’ai suivie pour m’enivrer de son parfum sucré.
A l’arrêt du bus, un couple d’Indiens avec leur petite fille. Lui porte les cheveux mi-longs, ondulés. Pas très grand, il a un charme fou, un air de Khadafi dans ses jeunes années. Elle porte un sari jaune canari sur un saroual assorti, des sandales laissant voir des bagues aux orteils, sa peau est presque noire ; un cou annelé superbe, sa petite fille lui ressemble terriblement, porte les cheveux courts, retenus sur le haut du crâne par une petite barrette ; elle rit de toute ses dents en tendant à son père les quatre portraits du photomaton qu’elle vient certainement de faire. Ils sont beaux tous les trois et arrivent à m’arracher un sourire.
J’arrive chez moi, il n’y a personne.
Il fait calme. Toutes les fenêtres sont fermées.
Il fait une chaleur sourde et trompeuse.

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J’ouvre les fenêtres, ferme les yeux, éteins mon portable, exècre mon ordinateur.
Je nourris la race féline, à grand renfort de croquettes dont la fine poussière odorante s’infiltre sous les ongles. J’attrape la boîte de Pims et je file aux toilettes, m’assois sur le trône en dévorant les quelques biscuits restant dans le paquet en dépliant les pages de la Rubrique à brac de Gotlib ; un cliché. Lire Gotlib aux toilettes.
Parfois je dis merde au monde. Parfois, je ne suis plus là, je me cache, je pratique la soustraction.

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Excuse-moi, je dois raccrocher. Il faut que je ferme le rideau. Je m’endors, j’ai envie de vomir. Mes doigts sentent la nectarine, ou bien alors la fraise. Je pense à l’ailleurs, à l’autre lieu, à ceux et celles qui sont autres, là-bas, qui m’attendent ou pas. Le plus étonnant est cette constante répétition des affects et des situations.
Le temps me pèse, l’automne succèdera à l’été et alors, alors on verra.

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Il y a toujours une belle femme qui habite dans ce coin-là. Je biffe mes textes, j’arrache des pages et des pages, je ne retiens plus rien que l’essentiel. Il est temps que je lâche prise, regarde ma peau, regarde mes yeux qui n’arrivent plus à pleurer. Je ne dis rien, je n’ai aucune animosité, je ne fais que continuer mon bonhomme de chemin à l’abri des autres.
Parfois même je me prends les pieds dans le tapis.
Il est temps pour moi de prendre le large. Demain, je pars. Dans une autre époque, on m’aurait dit « Bon vent, voyageur » même si ces mots sont ceux de la rupture. Tu te souviens ? On s’est retrouvés depuis ce temps, pas complètement, mais on s’est retrouvés.

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Je ne prendrai pas encore la mer, mais je prendrai les voies de terre. J’emporte dans ma besace Cent vues du mont Fuji de Dazai Osamu, Les belles endormies de Kawabata Yasunari que je n’ai pas encore terminé, L’apprenti sorcier de Tahir Shah, Le cap, de Nakagami, L’inde sans les Anglais de Pierre Loti, Le vide et le plein et également Le poisson-scorpion de Nicolas Bouvier, à ne lire que s’il fait très chaud. On ne sait jamais, il ne faut pas être à cours.

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Si tu savais — je passe mes messages en filigrane — comme je suis épuisé, je ne peux même plus réfléchir sereinement. A l’heure qu’il est, j’ai les yeux injectés de sang, ils me brûlent, les nerfs à fleur de peau, prêt à partir dans tous les sens (du terme). Mes affaires sont prêtes, je suis sur le qui-vive et à présent, je risque d’aller me coucher grelotant, des frissons dus à la touffeur, passablement serein, même si un tas de choses s’entrechoquent comme des électrons, des pollutions idiotes.
Demain, je serai encore un peu présent, mais après il ne faudra plus compter sur moi.
D’ici la fin du mois, je ne serais peut-être plus là, ou alors d’ici septembre, je ne paierais peut-être pas mon droit d’être là. Pour ce que j’y fais, de toute façon… En tout cas, j’y réfléchirais à deux fois, je ne compte plus m’embarrasser de l’inutile et je me dis que beaucoup de choses peuvent se trouver ailleurs que là où on les cherche.

J’oublie parfois de dire “je t’aime”. Parfois, j’aimerais plus aimer. Parfois j’aimerais aimer tout simplement, mais j’ai encore du chemin à faire. Des efforts aussi. Et puis il faudra que je songe aussi un jour à être un peu plus humain.
Je te laisse et je ne me retournerai pas pour agiter la main, je déteste les adieux, et même les au-revoir, on finira toujours par se revoir, ou alors je pleurerai bêtement ta perte en me morfondant. Une fois de plus. Et puis je ne suis jamais vraiment seul, à défaut d’aimer être un solitaire.
La vie ressemble à tant d’autres vies déjà vécues.

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You see what I mean – Notes

J’ai pris quelques notes en marchant, comme selon la légende, un stylo et une petite feuille dont les bords se sont cornés dans le sac, un air d’une musique joyeuse comme celle sortant du fifrelin du joueur de flûte de Hamelin,de la gaité dans l’air, quelque chose de léger, primesautier dans lequel se reconnaisse les âmes joyeuses. Il y avait du vent dans les grands saules sur le bord du chemin, les cheveux dans tous les sens et l’odeur de l’air sur la peau. Quelques notes montant au loin, comme d’un bal champêtre ou d’une fête paillarde, païenne peut-être, une bourrée ou une sarabande, à moins que ce soit une gigue…

n° 33 Notes

Notes

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

Nowhere

Photo © Turkairo

“Pourquoi tu me contactes aussi régulièrement ? Tu t’ennuies tant que ça avec lui ou alors tu penses tout le temps à moi ?”
Elle parut déstabilisée qu’il soit aussi frontal, mais surtout qu’il semble lire aussi facilement en elle.
Au bout d’un moment, il lui a demandé simplement, brusquement, si elle l’aimait toujours.
Pourquoi cette question, lui a-t-elle répondu.
“Pour ne pas que tu me dises non.”
Une fois de plus, elle n’a pas répondu à sa question.
Alors il reprit son livre et attaqua le chapitre suivant.
Il en est toujours au même point. Nulle part.

Motel Orion au creux du velours

Il y a dans le jazz une musique qui fait appel à la danse des étoiles, une musique qui n’existe pas à l’état naturel, une musique cosmique. J’essaie d’apprendre à m’en sortir. J’essaie d’apprendre à trouver les endroits dans lesquels je puisse m’épanouir. Continue d’écrire, continue d’écrire…
Harnaché à des espoirs de dandy défroqué, je courbe l’échine, face à l’océan, face aux remèdes factices avec lesquels je tiens debout, des petits sachets de drogues coincés entre les pages, dans ces replis cachés au sein d’un corps, je me drogue avec le parfum des femmes ou les pages des livres. Au delà de ça, tout n’est que littérature.
A dream about dreaming…
Je pouvais sentir ta peau palpiter sous la paume de mes mains.

1/
Oui, c’est moi
Tu fais quoi ?
Rien et toi ?
Non plus, je t’attends

C’était aussi simple que ça, un rêve de rêve, un rêve dans lequel on n’attend rien, ni personne, ni Godot. On ne cherche plus le temps perdu ou la petite bête.

2/
(tais-toi, je ne veux plus t’entendre)
(…)
(non s’il te plait, tais-toi, je ne veux plus que t’entendre en moi)

Plongée au cœur du pays des choses… Aimer est juste un sortilège qui s’évapore lorsqu’on referme le livre d’histoires. Pulsations et dérisoires envies de corps vite détrônées par le surplus d’égoïsme que l’on porte en soi, dévoré par les songes, harponné par ce qui tire vers le bas.

velvet

[audio:http://theswedishparrot.com/xool/orion.xol]

Orion
Jah Wobble et Bill Laswell

3/
Ce sera peut-être dans cette grande maison faite de planches lasurées, avec toi et avec personne d’autre, ou alors ce ne sera rien, je ne sais pas. Une semaine entière dans cette grande maison aux larges fenêtres donnant sur une plage blanche de l’Oregon. Le grand Pacifique. Couchée sur le dos les yeux au ciel, tes cheveux éparpillés sur le drap, tes lèvres murmurent des mots qu’encore aujourd’hui je peux sentir frôler ma chair.

4/
(tu es partie)
(je t’avoue l’inavouable)
(un petit must)
(et oui, c’est à toi que je pensais)
(personne ne me tuera pour ça)

L'avancée des siècles

Lorsque j’étais à leur pieds, il y a vingt ans de cela, on disait que quelques années auparavant, elles était situés au milieu du désert. Seules quelques habitations étaient construites autour. Aujourd’hui, les villes du Caire et de Gizah se touchent, les constructions ne cessent d’envahir le terrain et la carte postale idyllique des Pyramides sur un fond de coucher de soleil en plein milieu du désert ressemblera plus à un prospectus publicitaire pour une chaîne hôtelière. Aujourd’hui, la civilisation est aux pieds des tombes des Pharaons et bientôt l’encerclera, et la magie disparaitra forcément un peu… Continue reading “L'avancée des siècles”

Traitement de choc

Une chose est certaine, ce blog est en train de péricliter, de s’assécher comme un vieux cactus qui n’aurait pas vu la pluie depuis que l’homme a marché sous la lune. Il lui faut un traitement de choc, quelque chose qui le réveille et mette du piquant dans sa vie, quelque chose qui soit moteur de son élan, quelques mots griffonnés sur du acid-free paper, un symbole cabalistique à placer sur le frontispice… Allez, c’est reparti.