Where We Live, Berman Collection

Where We Live: Photographs of America from the Berman Collection est une exposition (ses portes ont fermé en février dernier) regroupant des photos collectées par les époux Berman. On y retrouve des artistes comme Stephen Shore, Robert Adams ou Joel Sternfeld, tous témoins d’une Amérique en perdition, chasseurs d’images à caractère ethnographique de lieux abandonnés. Un panorama assez large de ce courant réaliste destiné à faire comprendre au reste du monde, où vivent les Américains.

Hasard des choses, en revenant sur d’anciens billets collectés, je me suis rendu compte que le très beau Rouge Blog avait publié un article sur Joel Sternfeld le 17 mai dernier.

Joel Sternfeld

Neutelings Riedijk Architects

Le cabinet d’architecte Neutelings Riedijk établi a Rotterdam est certainement un des plus prolifiques des Pays-Bas, en charge de projets tous plus étonnants et créatifs les uns que les autres comme par exemple le Netherlands Institute For Sound And Vision. Dirigé par Willem Jan Neutelings et Michiel Riedijk, le cabinet accumule les récompenses internationales comme notamment le Mies van der Rohe Award. Un superbe aperçu de leur oeuvre est disponible sur leur portfolio.

Lake House

Point de non-retour

Douce pluie d’automne
coeur au chaud sous la laine
au Nord
un fabuleux champignon d’orage
montait sur la Crimée
et s’étendait jusqu’à la Chine
Ce midi-là
la vie était si égarante et bonne
que tu lui as dit ou plutôt murmuré
“va-t’en me perdre où tu voudras”
Les vagues ont répondu
“tu n’en reviendras pas”

Nicolas Bouvier, Trébizonde, 1953

Work Space

Quand on voit certains lieux de travail, on se dit que… Je ne sais pas. Mais je suis certain qu’il y a matière à réflexion. Plein d’autres sur TutorialBlog.

Work Space

Nihil vacuum sive sine signo apud Deum

Rien n’est vide ou dénué du sens de Dieu…

Disons les choses simplement. J’ai fait n’importe quoi, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais ma mise à jour de WordPress a complètement dégénéré. Problème de conversion de charset à cause d’un fichier effacé, mal reconfiguré, etc. J’ai pris le temps de corriger les caractères viciés à la volée, tenté de réimporter au coup par coup, avec un succès mitigé. Je vais devoir tout refaire petit à petit, doucement, en prenant mon temps, mais rien ne presse, j’ai appris que le temps était une donnée volatile. Je n’ai qu’un seul regret, c’est que je ne pourrais pas remettre les commentaires passés, ce qui fait un peu la vie de ce blog.

Une version allégée donc, avec moins de choses, moins de fioritures, moins de moi, moins de pathos aussi. Plus d’autres choses, il faut bien compenser.

Parce qu’écrire est quelque chose d’ancré en moi, que je ne peux me dévoiler comme je l’aimerais et que j’ai des milliards de choses à accoucher sous peine de m’empoisonner le sang, j’ai décidé de déplacer mes écrits intimes ailleurs, dans un autre lieu, à l’abri des regards, dans une niche sombre, exempte de toute présence. La chaleur les prendra peut-être un jour.

Josef Hoflehner

Josef Hoflehner

Josef Hoflehner fait partie de ces photographes qui transcrivent des ambiances particulières, comme des songes, tout en les magnifiant. Les sujets sont parfaitement mis en scène, et même lorsqu’il photographie Paris, il lui donne des reflets qu’on ne lui connaissait pas.
Un photographe transcendantal.
Via MoonRiver.

Courir avec des ciseaux, Augusten Burroughs

ScissorsPhoto © aga2957

Amherst, Massachusetts, en plein coeur des années 70. Augusten est un jeune adolescent évoluant dans un milieu déjanté, entre une mère folle qui déclame des poèmes, la tête de la femme du pasteur entre les cuisses, et un père alcoolique, totalement absent sauf lorsque ses instincts de tueur prennent le dessus et qui semble ne même pas se souvenir qu’il a deux enfants.

Elle n’a répondu à aucune de mes questions. Elle s’est contentée de garder les yeux fixes droit devant elle, quoique sans vraiment regarder la route, ni regarder dans son rétroviseur, et sans allumer une seule More.
Elle était revenue me chercher, exactement comme elle l’avait promis.
Mais seulement… où était-elle ?

En pleine adolescence tranquille, on suit l’évolution d’Augusten dans un monde qu’il n’a pas souhaité rencontrer, celui des adultes. D’abord soustrait à l’autorité (nulle) de son père, il sera ensuite abandonné par sa mère à son psy, lequel devient son tuteur légal. C’est alors qu’il arrive dans un monde étrange et bigarré dans lequel la figure paternelle et bienveillante du Docteur Finch est celle d”un grand illuminé qui a adopté tous les cas sociaux rencontrés sur son chemin et qui lit l’avenir dans ses étrons qu’il fait sécher sur la table du jardin. Augusten, désabusé, rencontrera dans cette famille hors-norme l’amitié avec Natalie, ses premiers rapports sexuels (assez violents) avec Neil, fils adoptif du psychiatre, et surtout la solitude dans un monde dans lequel il a du mal à trouver sa place.

Je me suis assis sur la canapé-lit, dans le noir, puis je me suis relevé pour aller chercher mes cigarettes dans la cuisine, et je suis revenu m’asseoir. J’en ai allumé une et j’ai fixé les ombres des masques africains sur les murs, les dessins à la plume de ma mère, dans leurs cadres, et toutes ces étagères de livres. Le problème, quand on a personne pour vous dire ce qu’il faut faire, c’est qu’il n’y a personne pour vous dire ce qu’il ne faut pas faire. Je venais de le comprendre.

L’impression que donne Augusten c’est d’avoir incompréhensiblement les pieds sur terre, même si l’on assiste à la métamorphose d’un adolescent en adulte dans un univers foutraque. Sous l’humour, la fausse naïveté, le regard acéré, se cachent en fait la détresse d’un homme qui a souffert, mais il nous montre que c’est aussi comme ça qu’on avance…

Courir avec des ciseaux a été adapté au cinéma en 2005 par Ryan Murphy, un film avec Annette Benning, Brian Cox, Joseph Fiennes, Alec Baldwin et Gwyneth Paltrow.

Carrelets sur ponton

Ce n’est pas forcément évident, mais tous les poissons ne se pèchent pas de la même manière. En l’occurrence, le carrelet, ou plie (cet étrange poisson plat aux yeux décalés ressemblant fort au turbot) ne se pêche pas en pleine mer, mais le long des côtes ou dans les estuaires, et au moyen d’un… carrelet.

Icône des côtes girondines et de la Charente Maritime (ce lien est vraiment très intéressant à tous points de vue), la carrelet est une cabane en bois construite sur pilotis, dans laquelle se trouve une machinerie permettant de relever un immense filet carré (carrelet) dit soulevé, retenu par des filins.
Le carrelet est aussi pour de nombreux photographes un sujet inépuisable, mais aussi un lieu rêvé pour les amoureux des pilotis et de ces étranges cabanes accrochées aux falaises, ou élevées sur les longues plages royannaises.

Carrelets sur pontonPhoto © AypeeFoto

Léonie d'Aunet

En 1839, Léonie a 19 ans. Il est à peu près certain qu’elle est la première Européenne à aborder la Laponie. Quelques années plus tard, elle affrontera des péripéties autrement périlleuses pour une femme. Elle sera surprise en flagrant délit d’adultère avec Victor Hugo. Vilipendée dans la presse, elle sera même incarcérée à Saint-Lazare, avant d’être bouclée dans un couvent pour trois mois. La mésaventure du pair de France mis fort en émoi son collègue Lamartine : “L’aventure de mon pauvre ami Hugo me désole… Ce qui doit être navrant pour lui, c’est de sentir cette pauvre femme en prison, pendant qu’il est libre.” Pas un mot sur les affres de Léonie qui n’est pas femme à baisser les bras en pareille adversité. Tout le monde lui tourne le dos. Elle est sans le sou. Qu’à cela ne tienne, elle gagnera sa vie en publiant en 1854, Voyage d’une femme au Spitzberg. Le succès est au rendez-vous. Elle est devenue une femme libre qui va continuer de publier avec un talent certain. Les méchantes langues diront, à tort, que c’est Victor Hugo qui tient la plume… Il faut dire que Léonie, de grande beauté, audacieuse à l’extrëme, pas gênée de cocufier son mari, portraitiste à la cour de Louis-Philippe, avec une gloire nationale, prêtait son admirable flanc à la critique bigote de ces temps-là. Et si ces beaux hypocrites avaient pu lire ce qui lui écrivit l’ardent Victor, ils auraient avalé de travers leur digne salive : “Vois-tu dans les moments où je pénètre dans toi, où nous sommes moralement et physiquement, tellement mêlés… nous ne sommes plus en réalité… qu’un seul corps, qu’une seule âme, dans ces moments-là, je voudrais mourir.”

Françoise Benassis, in Le goût du désert, Petit Mercure