Fabienne en avait parlé rapidement dans un de ses billets, mais je me dis que rien ne vaut la preuve par l’exemple pour inciter à se rendre vite fait en Nouvelle Guinée Papouasie voir ces fiers guerriers au visage peint, ces couleurs superbes.
Namibie
Lieux déserts (Doug Hall et quelques autres)
Dans les photos très américaines de Stephen Shore, dans les ténèbres contrastées de Uwe Niggemeier ou dans les innombrables clichés des époux Becher, il se passe quelque chose, ou plutôt ce qui se passe est de l’ordre du rien. On est immédiatement assailli par quelque chose qui devrait passer inaperçu et qui pourtant, comme le silence dans certaines compositions musicales d'Olivier Messiaen est tellement prégnant que ça en devient assourdissant.
Je viens de découvrir les photos de Doug Hall (grâce à MoonRiver), ses paysages routiers, le GDR project et ses non-places. Ce dernier mot résume bien l’histoire de ces photos; ce sont des non lieux, des lieux qui n’existent pas car ils leur manquent quelque chose de fondamental… Une histoire. Dénué de toute présence, ils perdent leur sens et deviennent criants de néant. En fait, ce sont plutôt des photos qui ne racontent pas d’histoires et je trouve toujours aussi surprenant de voir que des artistes poussent leur démarche jusqu’à vider leur oeuvre de signifiant.
C’est l’occasion rêvée de soumettre ce lien que m’a transmis Fabienne (c’est génial de bloguer dans ces conditions, on lance des sujets et des gens réceptifs apportent leur pierre à l’édifice). German Industrial Buildings 1910-1925, une série de photographies collectées par Andy Bleck et qui donne une idée du panorama d’inventivité de ces architectes de l’ère industrielle. Le site contient beaucoup d’autres choses qui n’ont pas grand chose à voir entre elles (et une mise en page digne des premières années du web) mais ça vaut le coup d’oeil.
De Fabienne, il faut lire également le billet qu’elle a écrit sur les Flugabwehrkanone (FLAK) Türme.
Merci également à Helge Fahrnberger de m’avoir aiguillé vers le blog de Haiko Hebig et sa catégorie dédiée à l’héritage industriel par la photographie.
Visages de la côte
Parce qu’en ce moment j’aurais besoin de m’aérer, je replonge dans mes photos de ce bout de côte qui me fait du bien, parce que je rêve de vents marins, d’embruns iodés et de la houle parfumée, je ressors de mes cartons ces images d’un monde qui vit en moi.
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Skipjack Rebecca T. Ruark
Le skipjack est une embarcation légère utilisée au 19è siècle pour le dragage des huîtres en hiver, qui tire son nom d’un nom générique de poisson (skipjack herring, skipjack mackeral, skipjack tuna). Ses particularités résident dans le fait de ne comporter qu’une seule grande voile bermudienne et un petit foc sur le même mat, ainsi qu’une quille en V.
Le skipjack Rebecca T. Ruark, comme tous les autres, évoluait dans les eaux peu profondes de la baie de Cheasapeake et aux alentours de Tilghman Island, et a été récemment sauvé de l’abandon grâce à une restauration minutieuse.
- Le site du skipjack
- Un très bon site sur le Maryland
- Les chefs d’oeuvre en péril 2002 – USA
Réédition du billet du 7 février 2006
Meditatio ab nihilo
Première méditation
Deux quais de métro, les gens se font face. On dirait deux armées prêtes à se jeter l’une sur l’autre. Des visages haineux, des peaux de bêtes sur le corps, d’étranges armes et boucliers à leur côté. Ils se toisent.
Dehors, il fait froid, un vent pas possible, le soleil à l’est, tout est normal, engoncé dans mon caban, j’ai les yeux dans le vague et je me surprends à ne penser à rien.
– Bonjour Romuald, tu as l’air bien pensif…
– …
Seconde méditation
En lisant tous les mots qui passent à proximité, je me rends compte que j’ai cette prodigieuse capacité de tout absorber, tandis que parfois je ne comprends même pas ce que je lis. J’arrive même souvent à comprendre l’exact contraire. Ma perception est faussée, je le sais, depuis longtemps. Vie en décalé.
– Romuald ? Tu comprends ce que je te dis ?
– …
Troisième méditation
Y a-t-il quelqu’un ? Je me sens seul, impression de soliloque. Les mots se perdent dans le vent et je ne garde entre les doigts que des grains de sable… des morceaux de présent et d’avenir sans vie me filent entre les doigts. Comme la marée qui recouvre le sable et ne laisse plus rien des traces qu’on y a laissé.
– Romuald, je te sens bien solitaire…
– …
Quatrième méditation
Le silence est affaire de mesure. Lorsque le bruit devient trop présent, on n’aspire qu’au calme, mais lorsque le silence prend le pas, ça devient tout de suite assourdissant. La calme absolu est désespérant. Je n’arrive jamais au juste équilibre.
– Romuald, dis quelque chose, je t’en prie…
– …
Cinquième méditation
Il fait noir ici. Nuit noire terrifiante et asphyxiante. Plein de ténèbres lourdes et moites. La moindre petite lumière ne pénètre pas. Il n’y a pas d’interstice. Pourtant, c’est un peu mon élément, un environnement familier, un berceau nourricier. Je m’y sens bien uniquement parce que j’y suis habitué.
– Romuald, allume la lumière…
– …
Sixième méditation
Une chose m’a été apprise par la vie. On n’obtient que très rarement ce qu’on veut, même en sacrifiant beaucoup de choses. C’est certainement une loi universelle et je ne sais pas si j’y échapperais.
– Romuald, tu as l’air triste…
– …
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/04-04-After%20the%20rain.mp3]
Un 4 avril
Ma journée n’a pas été particulièrement bonne – même si elle n’a pas été foncièrement mauvaise – disons simplement que si je fais le compte de tout de ce qui a été bon – je ne trouve rien – en revanche si je fais le compte de tout ce qui me pèse – la balance commence à pencher du mauvais côté – un adjectif me vient à l’esprit – géostationnaire – c’est ça – nulle part – en suspens – comme entre parenthèses – avec une capacité incroyable à m’imprégner du malheur des autres comme une éponge – il faut que je sorte – que je m’aère – je m’ennuie – besoin de mer – voyages – soleil – les gens autour – la foule qui danse – je tourne en rond – je préfère me taire.
Adobe® Moleskine set
Lorsqu’une grande marque de logiciel s’allie avec un fabricant (ex-) artisanal de carnets*, on se demande a priori quel est le rapport. A posteriori aussi d’ailleurs, d’autant plus que d’après ce qu’on en sait, ces carnets ont été distribués à une poignée de VIP pour le lancement d’Adode CS3 et qu’ils ne seront pas commercialisés.
Dommage, ils avaient de la gueule…
Via Moleskinerie.
* Moleskine est aujourd’hui une marque du groupe Société Générale.