Peau orange et purée de carottes

Je voulais mettre une photo de moi, ma trombine mal rasée, avec mon ticheurte orange, mais finalement, j’ai préféré mettre une photo de la pâtisserie que je me suis payé avec un plaisir immense. Malheureusement, malgré le prestige mondial dont jouit (hmmm) Sadaharu Aoki, ses créations sont plus jolies qu’elles ne sont bonnes.
C’est tout ? Oui. C’est tout, il faudra bien vous en satisfaire. Ah j’oubliais ! Ceci n’est pas un billet sans musique. Oui, ça surprend. J’ai pas tout le temps des trucs intéressants à dire.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Freeformfive.mp3]

Sadaharu Aoki
Pour ceux que ça intéresse, cette voix sublime est celle de Tamara Barnett-Herrin.

Courrier de nulle part…

Mine de rien, il y a plus d’une semaine que je n’ai rien écrit alors que je ne suis même pas en vacances.
En fait, si.
J’ai écrit plein de choses, je me suis presque brûlé les doigts sur le clavier comme pour exorciser une douleur dont je ne connaissais pas l’intensité, je me suis vengé par les mots, vengé de quoi ? Je ne sais pas, je n’en veux à personne en particulier, si ce n’est à moi-même; tendre vers la disparition comme une solution au mal-être. Alors j’ai tout effacé.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/DeadAlready.mp3]

Bon.
Voilà.
Je vois mes billets qui s’espacent, le temps qui défile, la passion qui se délite, la curiosité en faillite, l’impression que tout ceci n’a pas de cohérence, le regard perdu sur des cartes desquelles les îles auraient disparu… Un rêve qui s’enfuit.

Et puis l’ellipse qui ne me va pas…
La vision d’un monde rempli par le chaos…
Des jours harassants derrière moi… La vie devant… Soudain le calme…

La suite ? Je ne sais pas, je verrai au coup par coup. Je ne sais même pas s’il y en aura une. Et puis là, de toute façon, ça m’est complètement égal. Désolé.

oleron-036

Node™ n°1

Forcément, comme souvent en ce moment il pleut, il pleut beaucoup, tout le temps, fort, peu, averses ou pas du tout quelques instants et puis ça repart doucement ou pas, ou fort et beaucoup, ça s’enchaîne, alors ce matin, quand je me suis levé, la première chose que j’ai faite c’est de regarder s’il pleuvait et oui, il pleuvait, comme un peu tous les jours depuis que Sarkozy est président, ce n’est pas de sa faute, mais ça joue certainement, on pourrait presque y croire mais je ne me suis pas laissé démonter, j’ai piqué le parapluie de mon fils, mais je suis quand même arrivé à la gare les pieds trempés, le bas du pantalon, c’est du ramie ça sèche vite, un coup de vitamines avec le café, histoire d’émerger un peu plus vite que ça s’il vous plait merci j’ai un train à prendre et puis j’ai passé une partie de ma nuit à bouquiner jusqu’à temps que le sommeil m’emporte le bougre, même pas le temps d’éteindre la lumière, espèce de criminel de la lecture qui lit jusqu’à plus soif tous les jours de la semaine, même ceux qui n’existent pas, voire même plus, alors nécessairement, pour se réveiller, c’est pas du Pink Martini qu’il faut se fourrer dans les oreilles, mais plutôt David Guetta, Love don’t let me go, voilà tout, faut écouter ça parce qu’on a beau penser ce qu’on veut du blondinet électrique, sa musique, elle est construite et c’est pas du beat sans raison, il y a du travail là dedans et c’est bon, surtout pour se réveiller, surtout pour passer devant les contrôleurs du matin, on est le 3, faut contrôler, et j’ai mon ticket, c’est suffisamment rare pour être remarqué, alors je passe tête haute, bêcheur, y’a pas de raison, et puis merde hein, je n’ai dormi que trois heures, certainement moins, criminel va !

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juergen teller

Bon et puisqu’on est là, il est temps de parler un peu de Juergen Teller, un photographe hors norme et un peu branque, qui se plait à prendre en photo des célébrités dans des positions pas possibles – Björk s’est pliée à l’exercice, je ne vous dis que ça – , mais qui a aussi travaillé pour la publicité d'Yves Saint-Laurent mais qu’on croirait tout droit sorti d’une nouvelle de Bukowski, un travail désaxé autour de la lumière crue.

Dans la rue Anatole France, il y a un camion violet qui est là pour nettoyer la cuve à graisse du tabac d’en face, le nettoyage de la cuve à graisse, c’est quelque chose, il faut avoir vécu ça de près pour savoir à quel point ça schlingue la graisse, ça pue pire que la mort, la graisse, peut-être même pire que la merde, parce qu’au moins, la merde, on sait ce qu’il y a dedans, et là pour la coup, dans la rue humide, ça sent mille fois la graisse transvasée, c’est littéralement infâme, et comme aujourd’hui j’ai une grosse forme de type qui n’a dormi que trois heures, je vais m’attaquer aux bases de données, je suis à bloc là. (03 juillet)

Depuis que j’ai écrit ces mots, il s’est passé beaucoup de choses, des choses pas gaies du tout, des renoncements, des hésitations, des fractures, des pas en avant, des pas en arrière, j’ai complètement lâché l’écriture, je me suis retiré du monde, j’ai tenté de sourire, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de bloguer au vu du nombre considérable de commentaires que je n’arrive plus à gérer, je me suis pris pour John Cage, j’ai eu envie de mourir, mais pas longtemps, j’ai eu une réunion de service, je me suis battu contre le département Communication pour exprimer mon point de vue (oui, je sais, on s’en fout), j’ai pris une photo de mon chat, j’ai enfin parlé à Laurent, je me suis surpris à rire avec des gens que je détestais, j’ai été dans une colère dingue, je me suis calmé, je me suis senti rejeté, alors j’ai rejeté, je me suis dit que j’allais effacer mon blog, j’ai dit merde à mon père, j’ai vu mon téléphone sonner et je n’ai pas pu répondre parce que j’étais déjà en ligne, j’ai enragé, j’ai fulminé, j’ai mal dormi, très mal dormi, je me suis senti à deux doigts de péter un câble, je me suis calmé, j’ai eu envie d’appeler une vieille amie, et mon amie m’a appelé parce que je l’avais appelée sans m’en rendre compte, une voix chaleureuse et tendre, j’ai fait de l’aérophagie, j’ai sauté un repas, je n’ai pas sniffé de colle parce que je ne me drogue pas (le café ça compte pas), j’ai été contacté par un extra-terrestre chinois, j’ai terminé de publier mes derniers moleskines, lesquels ont toujours autant de succès (suffisamment rare pour être signalé), j’ai mangé une pizza, j’ai vécu la guerre grève, les bagarres dans le RER, les flics qui déboulent, les tickets de métro qui ne passent pas dans les tourniquets, je me suis noyé dans un ruisseau, enfin je crois, je ne passerai pas à la télévision, je ne suis pas allé à Paris-Carnet, j’ai eu un cadeau, la saison 1 de Magnum en DVD, j’ai vu le Lauréat, j’ai fait une machine de couleur, j’ai passé l’aspirateur dans la chambre, je suis allé faire des courses, j’ai rendu mes livres à la bibliothèque, j’ai rêvé d’Adolfo Bioy Casares, je me suis rendu compte que j’étais pétri de ténèbres, j’ai beaucoup pensé, mais j’ai eu aussi beaucoup la tête complètement vide, je me suis demandé si je n’allais pas m’acheter un nouveau nom de domaine, laisser tomber mon blog, repartir de zéro, j’ai étrangement passé une très bonne semaine au boulot, et comme pour faire bonne mesure, j’ai essayé de chialer un bon coup comme pour faire sortir toutes les scories qui me polluent l’existence mais rien ne sort, complètement à sec, alors je me suis imaginé allongé dans un lit aux draps couleurs expresso et les yeux fermés, j’écoutais le bruit de l’océan.

L'homme de vent

Les mots me manquent. L’envie d’écrire aussi.
Alors plutôt que de laisser les choses traîner ou alors m’épancher comme une larve en racontant tous mes petits malheurs, je préfère laisser s’exprimer autre chose que le néant qui m’envahit, parce que ce lieu semble ne souffrir ni l’absence, ni les jérémiades, ni mêmes les stratégies de l’échec, aussi élaborées soient-elles.
Portraits déliquescents d’une ivresse de papier.

(Merci de m’avoir fait remarquer qu’il y avait une faute d’orthographe dans ce billet qui traîne ses guêtres en tête de gondole depuis quatre jours, pffff)

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Meta brindilles XI Ultimate

Pourquoi Ultimate ? Parce que ce sera le dernier.
Il ne faut pas aller chercher plus loin. Je vous l’emballe ou c’est pour manger tout de suite ?

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Vecteezy

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Alexandre Boucher – Levitation

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Lightable

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Brusheezy

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Kanner

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CERN’s Large Hadron Collider

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KOS

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Serra at Moma

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Bruno Bisang

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Brendan Austin

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Deko

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Console Portraits: A 40-Year Pictorial History of Gaming

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Yakov Chernikhov

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Fecal NYC

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Organic Grid

Thymann

Klaus Thymann est un touche à tout. Photographie, musique, cinéma, tout y passe dans un joyeux bordel désorganisé à la mode viking.

Klaus Thyman

Thymann | 2007

Chiloé, terre des baleines et de Coloane

Un jour j’ai voulu revoir la maison où je suis né, au bord de la mer, mais elle avait été emportée par le temps et la dernière colère du Pacifique, lorsque la quasi-totalité de l’archipel de la mer intérieure de Chiloé s’était retrouvée un mètre au-dessous du niveau des eaux. Ce fut l’une des conséquences du tremblement de terre et du raz-de-marée de 1960.
Je n’avais jamais imaginé que ma vie serait à ce point bousculée par autant de voyages et que j’allais devenir avec le temps, et parfois malgré moi,une espèce de globe-trotter. (…) J’avoue que j’aurais bien aimé être un de ces explorateurs qui dressèrent les premières cartes de terres et de mers inconnues. J’ai beaucoup voyagé, trop sans doute, pour découvrir à la fin que les rivages les plus mystérieux restent ceux de mon enfance et de ma jeunesse : Chiloé, la Patagonie, la Terre de Feu, le Cap Horn, l’océan austral.

Photo © oxide_shuriru

Puerto Eden doit probablement son nom à la fabuleuse beauté du site. A l’extrémité du canal de Messier, bordé de hautes murailles grisâtres, le courant enfle comme une veine pressurée et le sombre couloir monumental débouche sur un monde nouveau, primitif, où règne une nature d’une luxuriance grandiose et indomptée. Après l’imposante austérité de la roche, les îles verdoyantes de Puerto Eden offrent le spectacle d’une splendide oasis qui semble récemment surgie des eaux, et où le voyageur s’attend à rencontrer les premiers hommes…
Toutefois, ces îles sont froides, humides, couvertes d’une épaisse et poreuse couche de tourbe millénaire. De ce tapis de mousse et de lichens s’élèvent des forêts de chênes, de canneliers, de cyprès et de lauriers. C’est sur ces rivages, où abondent fruits de mer et poissons, qu’une race ancestrale a trouvé refuge : les Alakaluf.
Nul ne sait d’où vinrent ces hommes. Après avoir traversé les eaux désertes et tourmentées du Pacifique Sud, ils furent probablement les premiers êtres humains qui foulèrent ce paradis protégé par les murailles andines et par la mer. Distincts des autres aborigènes qui peuplent les régions magellanes, ils reçurent des Yaghan de la Terre de Feu l’étrange nom “d’hommes de l’ouest avec des couteaux en coquillage”, ce qui est la signification du mot alakaluf. Puis un jour, l’homme blanc fit son apparition sur ces rivages vierges, introduisant l’alcool et la syphilis, bouleversant l’existence des Alakaluf, qui s’obstinèrent néanmoins à conserver la coutume de trancher le cordon ombilical du nouveau-né avec un coquillage.

Francisco Coloane, Tierra del fuego, 1963

Francisco Coloane

J’ai parcouru de nombreuses mers, et sur toutes sortes d’embarcations, même en canoë avec un Indien yagan depuis l’île Navarino jusqu’à la baie de Yendegaia. Je suis allé aux îles Galapagos, paradis d’importantes espèces animales. J’ai vu quatre cachalots dont les os noirs se détachaient dans la houle qui fendait les flancs du bateau…

Fabienne et moi avons décidé de vous emmener dans un tour du monde virtuel. Vous pouvez suivre les étapes de ce voyage sur Google Maps (c’est magique !)…

Cette réalité que j'ai pourchassée jusqu'ici sur terre et sur mer

Ella Maillart, grande dame de la littérature de voyage, a sillonné le monde par tous les moyens. Les lettres qu’elle envoyait à sa mère ont été collectées dans un recueil, Cette réalité que j’ai pourchassée, en 2003 aux Editions Zoe. Morceaux choisis, en images, et avec le son, s’il vous plait. Un morceau de chemin avec elle.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/ella_maillart.mp3]

Juillet 1925,
A bord du Bonita,
Île de Porquerolles

Vendredi. Il y a un brick goélette en rade sur lequel nous avons été et avons grimpé en haut du grand mât de cacatois (27 m). Nous retrouvons des tas d’amis d’il y a deux ans aussi en relâche et nous sommes en train de montrer à Yvonne et Patchoum ce que c’est qu’une vraie bouillabaisse bien poivrée et au son de notre gramophone. (…) Il y a toujours grosse mer mais fait de nouveau beau. C’est le grand bonheur à bord quoique nous soyons un peu anxieuses de repartir. Je ferme pour que le bateau prenne ce mot. Ne vous en faites pas si je n’écris pas.

PorquerollesPhoto © Robokow

23 juillet 1925,
A bord du Bonita,
Baie d’Aranci, golfe de Terranova, Sardaigne

Le soir, nous avons signalé, avec le drapeau du code international: “Nous manquons de lard”, mais personne ne nous a répondu. Alors le lendemain, nous avons navigué parmi les bateaux de la flotte et fait signe à une grand dreadnought : BKM – GPV ce qui veut dire “Pouvons-nous venir à bord ?” La réponse était “Oui, certainement”. Nous avons alors hissé XOR, ce qui veut dire ‘Merci”. Nous étions malades de rire de voir ce navire de 25000 tonnes répondre promptement à nos signaux.

AranciPhoto © Marsec

3 août 1925,
Palerme

Quatre août. Miette n’est pas partie et Ben nous rejoint dimanche. Cela me gène beaucoup de savoir que mes lettres sont communiquées à Paris etc. car elles sont toujours écrites en grande hâte pendant les minutes où je ne suis ni trop fatiguée ni trop occupée, et conséquemment elles sont toujours gribouillées; mais comme mes lettres font quand même plaisir, j’écris comme je pense.

Photo © orlandojeanjacques