Et Bob se retourna et se demanda avec une lueur d'effroi "mais qui a mangé ma maison ?".

Si on se demandait, si tant est que ça intéresse encore quelqu’un d’autre que Cauet, si Ève Angeli est vraiment conne ou si c’est un genre qu’elle se donne, je crois qu’il faut arrêter les investigations sur le champ. Voici la preuve par l’image. Ce n’est même plus un moment d’anthologie, c’est une page d’histoire qui s’écrit sous nos yeux.
Alors ouais, c’est drôle mouwahhhhaaaaaa on rigole on rigole c’est génial, mais bon dieu que tout ceci est triste. OK elle assume très bien son incommensurable connerie – on frise tout de même la stratosphère à un tel niveau – et elle fait parfaitement office de bouffonne dans des émissions présentées par des bouffons (pour des bouffons, oserais-je ?), mais personnellement, ces histoires me sortent par tous les pores de la peau.
C’est un bon fond de commerce pour elle, très certainement, ça lui permet d’avoir son petit cadre de célébrité (ouais je suis conne et alors ? – c’est une locution qui tourne en boucle), pour les idiots qui se servent d’elle pour faire rigoler la galerie, mais là où je trouve ça triste, c’est qu’on exploite la connerie de ceux à qui on sert cette soupe glacée (même pas façon gaspacho). Dans le miroir, c’est de notre propre connerie dont on se fout.
Aujourd’hui, ça ne me fait plus rire, je trouve tout ça profondément triste et pathétique et j’essaie encore d’espérer qu’on puisse un jour nous donner un peu mieux à manger.

caterpillarPhoto © Bruno Rodriguez

Pfff, qu’est-ce que je pouvais bien mettre comme photo pertinente sur un billet pareil à part quelque chose qui parle de machines monstrueuses ? Une photo de Stetson ? Un plat de nouilles ? Ça devient compliqué de bloguer.
Alors on dira ce qu’on veut, mais je préfère encore regarder Bob l’Eponge (carrée) avec mon fils. Et du coup, comme je n’ai pas vu la fin, je ne sais toujours pas qui a mangé la maison de Bob. Si c’est pas malheureux tout ça.

Hmmm

Passer de la lumière à l’obscurité comme pour un peu de recueillement, de solitude forcée et de silence. Passer à l’introspection suave et distanciée dans les ténèbres. Passer à la réalité augmentée de mon écriture. Passer les phrases comme des plats et faire la différence entre ce qui est tout autre, entre ce qui étranger à l’intérieur et ce qui doit rester au dedans. Il y a des multitudes de mondes que je n’ai pas encore explorés. Je rêve des poésies urbaines adossé à un réverbère un soir de grêle au vent irradiant. Et de calme, encore une fois.

Anthony, les Ratz et Sarah

Ah ben oui, enfin non, je ne regarde pas beaucoup la télévision, pas vraiment envie. J’ai toutefois un peu de mal à décrocher des Experts Las Vegas, parce que tout simplement, je pense que c’est une bonne série, rien à voir avec ce qu’on fait ici, pas une ces merdes où on a l’impression que ça été tourné dans une cave avec une super 8. Des séries comme ça, il y en plein et en même temps, peu. Il y a une que je regarde aussi de temps sans pour autant pleurnicher ou casser un vase quand je rate un épisode, c’est FBI portés disparus. En fait, les histoires sont souvent les mêmes et je regarde toujours d’un oeil distrait, genre je continue mon tricot en même temps, une maille à l’envers une maille à l’endroit, mais je m’arrête à chaque fois que je vois la bouille patibulaire d’Anthony LaPaglia.

Ce type n’est pas vraiment beau mais c’est ce qu’on appelle une tronche – un visage expressif et particulier – à mi-chemin entre un Andy Garcia qui aurait mal vieilli, d’ailleurs Garcia a mal vieilli et un Robert de Niro qui… serait Robert de Niro, assertion qui se suffit à elle-même. Les autres acteurs me laissent froid mais lui je sais pas, c’est un peu une brute au grand coeur, un type bien qui n’hésite pas à cogner, un bonhomme rempli d’ambivalences qui le rendent incroyablement sympathique, et même s’il est sympathique on a parfois envie de lui cogner la gueule.

En parlant de ça, comme j’ai un zouzou à la maison, il n’est pas rare que je m’arrête souvent devant Oggy et les cafards, la superbe création franco-québécoise drolissime et complètement déjantée de Jean-Yves Raimbaud et Olivier Jean-Marie. Je reste complètement gaga et je me bidonne souvent autant que mon fils à regarder cet excellent avatar de Tom & jerry. Très récemment, j’ai découvert que le producteur, Marc du Pontavice avait également commis une autre série, Ratz. Ratz, dont les voix sont assurées par Eric & Ramzy (ça donne le ton), ce sont deux rats qui se déplacent en rat-board et nécessairement, ils sont complètement barrés et comme tout bon rat qui se respecte, une seule chose les intéresse, le fromage (je pensais que c’était plutôt les souris mais bon). Vraiment un bon divertissement, de qualité et propre à développer l’imagination et la dilation des muscles faciaux.

Et enfin Sarah, Sarah McNeilly est un modèle que j’ai découvert dans le numéro d’Above qui vient de sortir (oui celui avec Elle McPherson en couverture, superbe), très jolie femme et quelque chose de pas commun. Mais ceci n’a rien à voir avec la télévision.

Crisis ? What crisis ?

Photo © Lost America

« On vit une période inversement proportionnelle à la confiance exubérante » qui a poussé les bulles à gonfler et le marché à enfler démesurément. « Là, on assiste à un mimétisme de psychologie baissière qui rien ne semble enrayer. C’est une crise systémique d’une gravité extrême, où il est difficile de localiser où et comment intervenir. » Car l’économie a deux ennemis, dit l’économiste Alexandre Delaigue : l’avidité et la peur. Après avoir fricoté avec le premier, la voilà qui plonge dans les bras de la seconde. Et les politiques nagent en plein brouillard. « On a une visibilité de cinq à six heures, » confiait-on hier à l’Élysée. Rassurant…

Libération, Christian Losson,
édition du 9 octobre 2008

Si j’étais vraiment saisi par la parano, je pense que j’arriverai à me dire que les choses vont mal. Mais que la crise vienne, qu’elle vienne ! Même pas peur. Mais en fait, je ne vois pas comment l’organisation de l’information arrive encore à nous faire peur, à nous imaginer les pires scénarios. En fait, comme à l’aube du 11 septembre 2001, un vaste mouvement s’est emparé des faits pour raconter des histoires (pas au sens de mentir, mais au sens narratif). Aujourd’hui, j’ai l’impression que le scénario recommence. L’économie va mal ? Très bien, passez-lui le bonjour de ma part et comme disait le type hier dans le train à côté de moi “Tu as mangé quoi ce midi ? … OK… Et ce soir tu manges quoi ?… Très bien… Tant que tu peux manger le midi et le soir, c’est que tout va bien.”

Une question de confiance

Photo © Chris Seufert

Pas besoin de diplôme pour prouver ce qu’on vaut. D’ailleurs, mon diplôme, je ne suis même pas allé chercher le jour de la remise. Le seul curriculum vitæ qui ait une valeur, c’est la taille de la bite.
Plus grosse est la bite, plus grande est la confiance en soi.

Dr Christian Troy, Nip/Tuck
(transcription de mémoire)

Ça me fait penser que ça fait deux jours que je n’ai pas fait ma vaisselle et que le filet mignon commence à sentir fort et à coller dans la cocotte.

L’ordinateur rend-il stupide ?

Vers 1882, Friedrich Nietzsche acheta une machine à écrire – une Mailing-Hansen Writing Ball, pour être précis. Sa vue baissait, et il lui était de plus en plus pénible et douloureux de fixer son regard sur un page, sans compter les maux de tête que cela provoquait. Il avait été contraint de réduire les moments consacrés à l’écriture et craignait même d’avoir à y renoncer. La machine à écrire le sauva, au moins pour un temps. Une fois qu’il eut maîtrisé l’emploi des touches, il fut capable d’écrire les yeux fermés, utilisant seulement le bout des doigts. Les mots purent à nouveau couler de son esprit vers la page. Mais la machine eut un effet subtil sur son travail. L’un des amis de Nietzsche, un compositeur, remarqua un changement de style. Sa prose déjà laconique devint encore plus serrée, plus télégraphique. « Peut-être parviendrez-vous avec ce nouvel instrument à un nouvel idiome ? » lui écrivit son ami qui notait au passage que pour sa part, ses « pensées » musicales dépendaient beaucoup de la qualité de l’encre et de la plume. « Sous l’influence de la machine, écrit le spécialiste de Friedrich Nietzsche, A. Kittler, sa prose est passée des arguments aux aphorismes, des pensées aux jeux de mots, de la rhétorique au style télégraphique […]. » Tandis que nous nous reposons sur les ordinateurs pour être nos intermédiaires dans notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui devient artificielle. »

Cet article, je l’ai trouvé dans Philosophie Magazine du mois d’octobre. L’auteur en est Nicholas Carr qui se prétend écrivain, dans Atlantic Monthly d’août 2008. C’est un texte que je n’aime pas, au-delà de son aspect anecdotique. Premièrement, je le trouve complètement anti-significatif. Nietzsche n’est pas spécialement le genre d’auteur qui peut servir d’exemple à quoi que ce soit. Ensuite, c’est un texte plein de virgules et vraiment les virgules ont tendance à m’emmerder. Et pour finir, je suis quasiment certain que je ne lirais jamais aucun livre de ce Monsieur Kittler car je trouve son postulat complètement ridicule – et accessoirement je me demande également pourquoi Nietzsche n’avait pas les moyens de se payer un secrétaire ?

PPhoto &copy ThatGirl
Kittler considère apparemment au travers de la mutation de l’écriture de Nietzsche que celle-ci se dégrade précisément parce que son énumération cache la gradation. Il est tout à fait possible – je ne suis spécialiste d’aucun écrivain et surtout pas de Nietzsche qui est un être hautement complexe autant que le sont ses œuvres – que l’auteur de la Naissance de la tragédie ait vu son écriture se transformer avec le passage à la machine comme on peut être presque certain que certains écrivains n’écriraient aujourd’hui pas sans ordinateur. Toutefois, je ne vois pas quoi il se permet de juger la qualité de l’écriture. L’aphorisme, le jeu de mots ou l’écriture lapidaire sont ils à contre-emploi de la littérature ? M’est avis que Kittler n’a jamais dû lire Céline ou Georges Perec, ni Kerouac très certainement (Kittler est-il seulement un contemporain ?). Je n’arrive pas à comprendre pourquoi il considère la transformation comme un déclin.
En dernier, je dirais que l’ordinateur développe au contraire l’intuitivité, une certaine vision du monde qui se développe en réseau, en grille, selon des formats que l’immanence du monde ne permet pas toujours de percevoir de manière naturelle. Je sais que personnellement travailler sur des tableaux ou des bases de données m’a permis de développer un sens structurel de la donnée que je ne maîtrisais pas du tout auparavant. Ça force à la rigueur, à l’observation, à la problématique qu’il faut résoudre en dehors du champ de ses propres compétences. Et même, j’ai réussi à écrire plus vite qu’avec un stylo. Et tout simplement… écrire.

On est tous des amis d'Orange

C’est assez amusant, je suis justement en train de lire un livre sur le storytelling, cette fabuleuse mode qui s’étend par contagion dans toutes les strates du décisionnel. A ce même moment, je découvre ce site appartement à Orange pour propulser sa solution de réseau social mobile MySocialSpace. La corde sensible, un certain second degré reprenant la campagne de la SPA, c’est le cocktail plus ou moins heureux au travers de cette présentation qui se nomme tout simplement Sauve tes amis.
On appréciera, ou pas.

Conversations de conversations

J’ai lu il y a quelques jours le billet de Karl qui range ses livres. Geste ample des livres qui s’entassent dans les boîtes que l’on va transporter je retrouve des auteurs qui me sont familiers entrer dans l’intimité d’un lecteur comme entrer dans la chambre d’un enfant qui dort et qu’on préserve dans son sommeil je reconnais Barthes et l’Empire des signes Nicolas Bouvier et son Usage du monde Auster et Nabokov. Une mise en perspective née du hasard ou des tailles différentes des volumes que l’on case pour combler un espace resté vacant là juste sur la gauche il reste encore de la place.
A l’inverse moi je déballe mes cartons et je prends un grand plaisir à tout ranger à trouver une place pour chaque chose pour chaque objet et certains mêmes sortent tout juste du carton pour finir dans un sac poubelle comme un cadavre au détour d’un carrefour. Je n’ai pas encore sorti mes livres ils dorment encore je n’en ai sorti qu’un ou deux histoire de marquer le coup reprendre Bret Easton Ellis qui finit par me dégoûter de ses page putrides – j’en parlerai plus tard – pour l’instant je lis avec légèreté en papillonnant tout doit m’être léger en ce moment qu’en surface légère légère.
Du mal à me fixer m’asseoir prendre le temps alors je butine de fleur en fleur et tombe de temps en temps

et j’arrive à découvrir encore comme ce petit espace Inspire Me de Mitternarcht qui a décidé de séparer ses écrits et finalement c’est ce que je devrais faire aussi dès lors que j’aurais retrouvé le rythme l’envie la passion déballé mes livres mes carnets mes secrets trésors cachés là un peu partout au gré de tout ce que j’ai emballé un jour à la hâte. Demain j’arrête et demain je commence même si je ne sais pas vraiment quand sera demain si demain arrive un jour.

Quelques objets…

Voici de quoi m’émoustiller – parler de moi – des choses qui me sont proches – des objets qui font partie de mon existence selon un petit exercice de style de ces trois choses ces trois objets qui ont une histoire et qui comptent pour moi ou qui ont compté à un moment donné. Venu de chez Fabienne, l’exercice est intimiste.

Premier objet: Le HighTech point Pilot V7Grip.
Non, ceci n’est pas un véhicule de course, mais le nom de code de mon stylo habituel. J’ai plusieurs beaux stylos (plume, bille, etc.) dont un Mont-Blanc que ma mère m’a offert pour mes 18 ans et auquel je n’ai jamais réussi à me faire, ainsi qu’une parure Cross que Fabienne m’a offert à mon anniversaire et dont je me sers (surtout du criterium) pour noter mes livres, et aussi un Oberthur en ébène à pointe de carbure un peu gros à mon goût, un stylo doit à mon sens garder des proportions raisonnables, mais il est très beau et je m’en sers surtout pour écrire dans mes Moleskine. Mais voilà, mon stylo de tous les jours, c’est le Pilot, un stylo qu’on trouve dans le commerce pour la modique somme de 2,50€ dans tous les points de vente que j’ai l’habitude de fréquenter, et c’est devenu mon style de référence à tel point que je l’ai exporté sur mon lieu de travail pour m’en servir au quotidien. Ce n’est pas un feutre, ni un stylo à bille à proprement parler mais une pointe ronde à encre comme j’avais l’habitude de m’en servir dans les années 90 au lycée. C’est un stylo dont la mine glisse sur le papier et qui ne se trouve jamais bien loin de moi. J’en ai une dizaine par-devers moi et lorsqu’un d’entre eux vient à être vide, c’est toujours avec un pincement au cœur que je me résous à le jeter.

Second objet: L’album Dark side of the moon de Pink Floyd.
Album mythique parmi tous, c’est un vieux LP 33 tours que je garde bien précieusement dans sa pochette. Il est tout abîmé aux coins, la colle qui sert à retenir les deux parties en carton ne colle plus depuis belle-lurette. Je l’ai encore écouté le week-end dernier (après avoir rebranché ma platine sur ma petite chaine Technics que j’ai eu pour mes 18 ans et qui fonctionne toujours) et je dois dire que je suis admiratif devant la qualité du sillon qui a résisté à des centaines et des centaines d’écoutes. Quelques sauts apparaissent ça et là mais rien de bien sérieux. La particularité de cet album c’est qu’il a été acheté l’année de sa sortie en 1973 par ma mère, un an avant ma naissance et qu’il est toujours dans un état impeccable comme si c’était une relique incomparable. A l’intérieur de la pochette, et je m’en étonne toujours à chaque fois que je regarde dedans, deux posters, un rouge avec les cinq musiciens, un bleu représentant les pyramides de Gizah, et enfin une carte postale autocollante représentant également les pyramides, des palmiers… Un objet d’une valeur incroyable pour moi. C’est le seul qui est capable de me rappeler les jours d’enfance où je vivais avec mes parents, je me souviens que je m’affalais sur le grand canapé vert en velours qui m’a suivi jusqu’en 2005 et que j’écoutais ces sons planants…

Photo © Brian B

Troisième objet: La Maison de Bouddha.
C’est un objet venu du fin-fond de mon enfance. C’est une petite pagode en métal peint qui, je me le suis fait confirmer par mon grand-père, appartenait à son frère, origine inconnue… Il a longtemps traîné sur les étagères du salon de ma mère jusqu’à ce que celle-ci, sur le point de vendre sa maison m’a dit “Prends tout ce que tu veux.” Alors j’ai pris cette pagode, ainsi qu’un autre objet, un bouddha tenant sur une jambe, certainement en bronze, un objet relativement grossier mais dont on sent que ça sent l’objet chargé d’histoire. Celui-ci, je le sais, vient de Syrie. La pagode a ceci de particulier qu’elle renferme un petit bloc dont on m’a toujours dit que c’était l’âme de la maison. Un petit objet qui m’évoque le passé, la transmission, le mystère des origines, la préciosité, et surtout, ma famille.

Et…

Puis, je me suis dit,
qu’un jour, peut-être,
il faudrait que je recommence
à écrire…
Parce que ça me ferait du bien
de penser à quelque chose qui
ne soit pas foncièrement…
Je ne sais pas
C’est bien comme ça
Pas triste
Presque heureux
Le vent dehors qui souffle fort
Pas courant
Tiens,
Il fait nuit
Dehors

Peter Gallagher

Photo © Peter Gallagher