Voici de quoi m’émoustiller – parler de moi – des choses qui me sont proches – des objets qui font partie de mon existence selon un petit exercice de style de ces trois choses ces trois objets qui ont une histoire et qui comptent pour moi ou qui ont compté à un moment donné. Venu de chez Fabienne, l’exercice est intimiste.
Premier objet: Le HighTech point Pilot V7Grip.
Non, ceci n’est pas un véhicule de course, mais le nom de code de mon stylo habituel. J’ai plusieurs beaux stylos (plume, bille, etc.) dont un Mont-Blanc que ma mère m’a offert pour mes 18 ans et auquel je n’ai jamais réussi à me faire, ainsi qu’une parure Cross que Fabienne m’a offert à mon anniversaire et dont je me sers (surtout du criterium) pour noter mes livres, et aussi un Oberthur en ébène à pointe de carbure un peu gros à mon goût, un stylo doit à mon sens garder des proportions raisonnables, mais il est très beau et je m’en sers surtout pour écrire dans mes Moleskine. Mais voilà, mon stylo de tous les jours, c’est le Pilot, un stylo qu’on trouve dans le commerce pour la modique somme de 2,50€ dans tous les points de vente que j’ai l’habitude de fréquenter, et c’est devenu mon style de référence à tel point que je l’ai exporté sur mon lieu de travail pour m’en servir au quotidien. Ce n’est pas un feutre, ni un stylo à bille à proprement parler mais une pointe ronde à encre comme j’avais l’habitude de m’en servir dans les années 90 au lycée. C’est un stylo dont la mine glisse sur le papier et qui ne se trouve jamais bien loin de moi. J’en ai une dizaine par-devers moi et lorsqu’un d’entre eux vient à être vide, c’est toujours avec un pincement au cœur que je me résous à le jeter.
Second objet: L’album Dark side of the moon de Pink Floyd.
Album mythique parmi tous, c’est un vieux LP 33 tours que je garde bien précieusement dans sa pochette. Il est tout abîmé aux coins, la colle qui sert à retenir les deux parties en carton ne colle plus depuis belle-lurette. Je l’ai encore écouté le week-end dernier (après avoir rebranché ma platine sur ma petite chaine Technics que j’ai eu pour mes 18 ans et qui fonctionne toujours) et je dois dire que je suis admiratif devant la qualité du sillon qui a résisté à des centaines et des centaines d’écoutes. Quelques sauts apparaissent ça et là mais rien de bien sérieux. La particularité de cet album c’est qu’il a été acheté l’année de sa sortie en 1973 par ma mère, un an avant ma naissance et qu’il est toujours dans un état impeccable comme si c’était une relique incomparable. A l’intérieur de la pochette, et je m’en étonne toujours à chaque fois que je regarde dedans, deux posters, un rouge avec les cinq musiciens, un bleu représentant les pyramides de Gizah, et enfin une carte postale autocollante représentant également les pyramides, des palmiers… Un objet d’une valeur incroyable pour moi. C’est le seul qui est capable de me rappeler les jours d’enfance où je vivais avec mes parents, je me souviens que je m’affalais sur le grand canapé vert en velours qui m’a suivi jusqu’en 2005 et que j’écoutais ces sons planants…
Photo © Brian B
Troisième objet: La Maison de Bouddha.
C’est un objet venu du fin-fond de mon enfance. C’est une petite pagode en métal peint qui, je me le suis fait confirmer par mon grand-père, appartenait à son frère, origine inconnue… Il a longtemps traîné sur les étagères du salon de ma mère jusqu’à ce que celle-ci, sur le point de vendre sa maison m’a dit “Prends tout ce que tu veux.” Alors j’ai pris cette pagode, ainsi qu’un autre objet, un bouddha tenant sur une jambe, certainement en bronze, un objet relativement grossier mais dont on sent que ça sent l’objet chargé d’histoire. Celui-ci, je le sais, vient de Syrie. La pagode a ceci de particulier qu’elle renferme un petit bloc dont on m’a toujours dit que c’était l’âme de la maison. Un petit objet qui m’évoque le passé, la transmission, le mystère des origines, la préciosité, et surtout, ma famille.