Brautigan Library

Brautigan

Située au dernier étage de la Fletcher Free Library à Burlington, Vermont, la bibliothèque Brautigan est un lieu étrange à plus d’un titre. Tout d’abord, elle emprunte son nom à un écrivain maudit. Richard Brautigan, mort suicidé dans une caravane, isolé du monde, il était une des dernières figures légendaires de la Beat Generation.

D’autre part, Brautigan a écrit un roman, The Abortion, laquelle prend place dans une bibliothèque qui ressemble étrangement à celle-ci. Dans un autre roman, Trout Fishing in America, le dernier mot est le mot mayonnaise. Tout ceci explique le rôle de cette bibliothèque, puisqu’à l’image du roman, ses rayons contiennent des manuscrits de romans non publiés, refusés à la publication ou inachevés.

Unique au monde, c’est un endroit fascinant qui permet de magnifier des oeuvres d’anonymes qui n’ont jamais connu la gloire. D’ailleurs, n’importe quel quidam peut y envoyer ses oeuvres si tant est qu’elles remplissent ces critères. L’autre originalité de ses rayons, c’est que les serres-livres sont des pots de mayonnaise. Inutile de dire que l’idée de cette incongruité a été mise en oeuvre par des inconditionnels du poète.

Liens:

Ambiances sonores

En me promenant ou sur le chemin pour me rendre au travail, mon petit lecteur MP3 dans la poche, je vole des sons, des ambiances, des morceaux de vie passagère révélant la granulosité du quotidien.

Prendre l’ascenseur et sortir du travail.

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Dans le RER.

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Dans le métro, sortir de la bouche, se mêler à la foule dans la rue, le vent qui souffle.

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Prendre le métro dans l’autre sens.

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J’en profite pour signaler qu’il existe depuis peu un site de partage de médias, audio, vidéos, etc. existe désormais. Twango permet ainsi de déposer jusqu’à 250 Mo de fichiers par mois, ce qui est la solution que j’ai adopté pour m’éviter le stockage sur mon serveur et épargner ma bande passante.

Du non dit

Il y aurait beaucoup à dire sur l’oeuvre de Chris Ware, auteur de bandes dessinées, connu pour son Jimmy Corrigan. Un chef d’oeuvre de 380 pages, dont l’édition, la mise en page, le cadrage, le graphisme, la typographie, les disgressions et les détournements publicitaires en disent long sur l’adéquation de la forme et du fond.

L’histoire est un doublon quasi-autobiographique sur la relation au père sur deux générations différentes. La première, au XIXe siècle, est l’histoire de la désaffection entre le père et son fils dont la mère vient de mourir. La seconde, aujourd’hui, les retrouvailles pesantes d’un fils et du père qu’il ne connaît pas.

Jimmy Corrigan (the smartest kid on earth ) est frustré, timide, lâche, gauche, laid, empêtré dans un mutisme généré par une mère trop possessive et écrasé par le poids des tabous familiaux. Il a la poisse aussi.
L’histoire est longue, pathétique, parfois poétique, parfois cynique. Il y a des pages magnifiques sans dialogue qui font éprouver la durée des choses, et le malaise des regards.

Il faut 4 ou 5 heures pour la lire entièrement et arrivé à la postface de l’ouvrage on s’aperçoit que c’est le temps total qu’a pu passer Chris Ware avec son propre père, le volume de cette édition qu’on a tenu entre ses mains pendant tout ce temps correspond au volume de la boîte contenant ses cendres.

Pipo

Il dit brièvement:

Au Japon depuis mars 1996. Kyoto (4 ans), Osaka (3 ans), et maintenant Okayama.

Il croque, sketche, dessine avec sensibilité et décrit la vie japonaise dans une démarche presque ethnographie.
Un blog à voir, à lire, à savourer. Pipo au Japon.

Pipo au Japon

Un peu de tout, vite fait à la va-vite

La perfection des lignes

Il fait doux ce matin.

A mon arrivée au guichet de la gare, je jette un coup d’oeil à la pendule. Depuis deux mois, l’affichage électronique des horaires des trains est toujours momentanément suspendu. Je me retourne vers la vitre et je surprends le visage d’un ange tendu vers moi qui me sourit; elle réussit à m’arracher un moment de satisfaction et de plaisir. Je lui souris également, politesses échangées. Moment tendre.

Dehors, une rangée de culs alignés sur les bancs du quai. Certains plus généreux que d’autres, d’autres plus beaux que certains. Je prends ma place sur le quai, toujours la même, en tête de train. Je n’aime pas la queue. En passant, une fille qui grille un clope me regarde marcher avec l’oeil en coin, l’air de se demander si je la regarde également. Evidemment jeune péronnelle, que je te regarde aussi.

Un peu plus loin, dans le métro, un visage taillé à la serpe en pantalon large de tweed me regarde l’air ensommeillé, distraitement, jette un coup d’oeil au livre que je tiens dans les mains. Elle est jolie, de cette beauté brute et sauvage que cache une épaisse chevelure indomptable.

Plastic House, Kengo Kuma, Tokyo.

Au sortir du métro, je vois Benjamin qui file vers la boulangerie acheter son petit croissant qu’il va encore fourrer dans la poche de son éternel pardessus noir. Tout va bien.

Le monde est toujours là, ses lignes sont parfaites.

Plastic House – Kengo Kuma, Tokyo

Plastic House - Kengo Kuma, Tokyo

Tokyo est, par excellence, une ville où tous les styles cohabitent entre eux, et d’où ne ressort par conséquent aucun vrai style. L’espace, ou plutôt le manque d’espace en fait une ville où des maisons de petite taille commencent à voir le jour.

Nécessité spatiale, gout des belles choses, fonctionnalisme, tout est réuni dans cette petite maison conçue par Kengo Kuma.

La vraie originalité de ce construction réside, entre autre, dans l’utilisation de matériaux révolutionnaires tels que le P.R.F.V. (polyuréthanne renforcé aux fibres de verre), conférant à la fois solidité et résistance, mais aussi un aspect de papier granuleux, qui n’est pas sans rappeler l’aspect des murs de papier traditionnels. La façade avant en est entièrement recouverte.

Lorsque la nuit tombe et que les lumières sont allumées, les parois prennent un aspect opaque et diffus.Le plan de la maison est résolument tourné vers l’optimisation de l’espace. Quatre étages en tout, en comptant une cave et une terrasse. Les deux étages principaux sont des espaces sans cloison et le rez-de-chaussée uniforme sert à la fois de cuisine, salle à manger, salon et accessoirement atelier de photo. Les escaliers sont situés sur le côté et le blanc majoritaire confère une impression d’espace immense. A coup sur, cette oeuvre datant de 2002 préfigure la matérialisation de l’espace pour ces prochaines années.

Pour en savoir plus, lire l’article de Botond Bognar sur Architecture Week.

Marché d'automne

Il y a certains jours comme ça où l’on a envie de prendre son temps, de flâner dans la ville pour sentir l’air du temps, regarder les visages des gens, se sentir vivant, respirer un grand coup.

Je suis allé à la bibliothèque, j’étais complètement perdu, comme si je ne savais pas ce que je faisais là. La tête dans les nuages, souriant béatement, je ne suis pas allé chercher de livres, mais j’ai pris le premier CD qui m’avait l’air agréable. Tablas indiens.

Un tour au marché, sentir l’odeur des saucisses, regarder les couleurs sur les étals des poissonniers, les maraichers, les rondeurs des mandarines sucrées.

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Et enfin, je suis passé par la grande papeterie, histoire d’acheter de la colle blanche et un stylo. C’est calme et feutré. J’adore me glisser dans les petites allées, fouiner pour découvrir plein de secrets et de trésors. C’est mon côté gamin qui ressort.

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De retour, je fais un petit tour sur Internet, je vois des choses surprenantes, des choses de saison.

David qui abreuve nos sillons de photos comme je les aime, des photos de la route, de l’autoroute…

Stéphane, qui m’enchante avec des photos superbement américaines, tel que je me représente la campagne Outre-Atlantique.

Luc, qui présente le Bagger 288, un engin comme on en voit rarement, un monstre mécanique qui dépasse l’entendement.

Ecrire une histoire autour de photos

Couleurs d'automne

Nous sommes au mois de novembre, le soleil n’est pas très loin mais déjà il fait froid et la pluie, hier, a recouvert le sol de milliers d’étincelles dans lesquelles on voit se refléter les lumières de la ville. Les vacances d’été paraissent déjà lointaines et tout ce qui en reste, ce sont quelques photos prise ça et là, d’endroits que je connais et où j’aime retourner à cause de leur familiarité. Ils me procurent la sensation d’être chez moi ailleurs que chez moi, de me sentir bien ailleurs que là où je vis. C’est comme ça, je n’y peux rien. Je suis comme la bernique, je m’attache au premier rocher que je trouve.

Les feuilles ne se ramassent plus à la pelle, mais au souffleur à essence. C’est une ritournelle que j’aime écouter.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/feuilles.mp3] Continue reading “Ecrire une histoire autour de photos”