Mein Fuehrer

Ou comment j’ai passé une soirée plutôt sympa avec Hitler…

Une soirée comme une autre, gonflée de fatigue et entartrée comme une dent creuse. La tête pas très fraîche, je m’endors à moitié sur le canapé.
Ce soir, contre toute attente, alors qu’avec mon fils je regardais paresseusement Arte, un documentaire sur un train faisant la navette entre Beijing et Lhassa, j’ai laissé dérouler la bande et je me suis trouvé face à un film qui avait toutes les raisons de ne pas me retenir, puisqu’il évoquait Adolf Hitler, mais un simple extrait m’a donné envie de le voir.

Nommé Mein Führer, il a été réalisé par le cinéaste Suisse Dani Levy et est sorti en salles en 2007.
On y trouve tous les ingrédients d’une très bonne comédie satirique. L’entourage d’Hitler sur le déclin ne sait plus comment relever la tête de son chef tout puissant déprimant dans son palais berlinois. Goebbels qui n’est jamais en manque de bonnes idées pense que la seule chose qui pourra réveiller Hitler, c’est de susciter sa haine, et ce qu’il hait le plus, ce sont les juifs. Aussi, pour le coacher, on va lui trouver un acteur juif, prisonnier d’un camp de concentration pour en faire un professeur d’art dramatique qui aidera le Führer à préparer ses discours et surtout à les faire vivre. Malgré la réprobation de son épouse, le professeur Adolf Israel Grünbaum – le dernier rôle d’Ulrich Mühe – va se plier au jeu et découvrir un personnage parfaitement à contre-pied de ce que l’on sait de la personnalité d’Hitler. On découvre un maniaco-dépressif qui ne sait plus rien de ce qui se passe au-dehors et vit à l’écart de tous. Son éloquence s’en ressent et désormais il se morfond. Grünbaum, son double – même prénom – , va lui apprendre le feu, l’humanité, la sensibilité et va découvrir les secrets les plus intimes du dictateur.

Ce qui je crois est assez déroutant c’est qu’Hitler apparait plus humain que tous les conspirateurs lui tournant autour. On comprend d’ailleurs que Goebbels fomente un sale coup, en se servant du “juif” d’Hitler pour le détruire. On le verra même venir partager la couche de Grünbaum et de son épouse parce qu’il se sent seul et frigorifié.

Le réalisateur n’hésite à braver tous les interdits, montrant Goebbels sortant de sous le bureau de sa secrétaire en catastrophe et retirant de sa bouche un poil pubien.

Un très bon film, noir et satirique, moqueur et insolent, parfaitement inattendu et foncièrement incorrect.

Mein Fuehrer

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