Rachid au pays des bouffeurs de burgers et des éleveurs de bétail sur les champs pétrolifères, ou ce qu’il en reste, c’est quelque chose. Samedi soir, je n’arrivais pas à dormir. Faut dire que je n’arrivais pas à aller me coucher, trop sur les nerfs, trop sur les dents et trop mal aussi pour avoir envie de subir l’affront de la nuit. Alors j’ai regardé Ruquier sans même suivre parce que ça ne m’intéressait pas, et puis j’ai zappé et je suis tombé sur Rachid. Au début, ça fait un peu bizarre parce que ce Rachid, il a l’air un tantinet décalé, un peu à côté de ses pompes, un peu à l’ouest, mais en fait, il ne l’est pas tant que ça. Rachid, c’est en fait Rachid Djaïdani, écrivain et comédien, réalisateur et boxeur. Je l’ai déjà croisé une fois, mais sans arriver à le remettre.
Parcourant le Texas sur sa mobylette Bonnie, une vieille Motobécane bleu avec un réservoir chromé, il fait franchement décalé. Casque rouge peint d’une étoile blanche, keffieh bleu autour du cou et afro hirsute à la Eagle-Eye Cherry, il n’arrive pas à se fondre dans un paysage dévasté, sur des routes sillonnées par des pick-up monstreux que du propre aveu d’un concessionnaire, plus personne n’arrive à vendre à cause de la flambée du prix de l’essence.
Rachid, c’est un cœur tendre doublé d’un sacré farceur. Il aime se moquer de son prochain lorsque celui-ci a toutes les raisons de passer pour un imbécile. Chez des allumés vivant à la mode quaker pas très loin de chez David Koresh à Waco, il nous montre le visage d’une société qui produit tout ce dont elle a besoin, tout en refusant les progrès et la modernité, d’où les femmes vêtues comme dans la petite maison dans la prairie sont exclues. A table, un type jovial et bon-vivant dit les bénédicités et lorsque Rachid avec ses faux airs de métis black lui dit que c’est important pour lui de communier avec des chrétiens… parce que lui est musulman, l’autre se décompose et lui lâche la main…
Autre moment étonnant à Fort Hood, dans la plus grande base militaire américaine. face à un major, un grand gaillard qui instruit ses nouvelles recrues, il n’hésite pas à vanter les mérites de sa petite Bonnie et la fait essayer au militaire qui, comme un gamin s’amuse en se marrant. Il faut dire qu’ici, personne n’a jamais vu de Motobécane. Rachid promet qu’à la fin de son voyage, il lui donnera sa mobylette. L’autre lui fait la confidence qu’il part bientôt pour l’Irak et que ça ne l’enchante vraiment pas.
Un reportage haut en couleurs au pays des fous, rien de tel pour aller se coucher en paix.
ah ouais, ça passe sur france4. je l’ai regardé plusieurs fois, j’attends toujours le moment où un texan dingo va lui tirer dessus. Mais généralement, il est plutôt bien accueilli partout où il va, un peu comme on accueillerait un gentil extra-terrestre, avec une curiosité bon enfant et un 22 long rifle chargé.
Oui moi aussi, surtout quand il se retrouve sur une grande route, le long de la frontière mexicaine avec un type qui sillonne les barbelés avec son fusil automatique. Il dit bien qu’il quitte le bonhomme en regardant derrière lui des fois qu’on lui tire dans le dos.