Perles du désert

Deserts

Riche idée de la part des éditions Mercure de France de publier dans la collection Petit Mercure ces recueils de textes thématiques.

Errant dans le rayon littérature de voyage, coincé entre un livre de Nicolas Bouvier et un autre d’Ella Maillart, j’ai découvert ce petit recueil, le goût des déserts. Persuadé que j’y trouverai des ambiances dont je suis friand, je me suis trouvé face à des auteurs que je ne connaissais pas, des personnages dont je ne soupçonnais pas l’existence et des destins hors du commun.

J’y ai découvert Ibn Baṭūṭa, amateur de melons, mais aussi le Vicomte Charles de Foucauld, un noble périgourdin qui finira sa vie assassiné dans un ermitage du Sahara, et le très énigmatique Michel Vieuchange qui déguisé en femme visitera la ville interdite de Smara.

On y découvre aussi des trésors de poésie comme ce texte rapporté par Anne-Marie Tolba dans Villes de sable, les cités bibliothèques du désert mauritanien.

Mon pays est une perle discrète
Telles des traces dans le sable
Mon pays est une perle discrète
Tels des murmures des vagues
Sous un bruissement vespéral
Mon pays est un palimpseste
Où s’usent mes yeux insomniaques
Pour traquer la mémoire

Ousmane Moussa Diagana, Notules de rêve pour une symphonie amoureuse.

Un peu hors propos, mais d’une beauté rare, ces mots de Lyautey à propos d’Isabelle Eberhardt :

“… Elle était ce qui m’attirait le plus au monde “une réfractaire” et trouver quelqu’un qui est vraiment soi, qui est hors de tout préjugé, hors de toute inféodation, de tout cliché, et qui passe à travers la vie aussi libérée qu’un oiseau dans l’espace, quel régal !”

L’horizon s’ouvre de multiples possibles avec ce petit livre, comme avec ce superbe poème d’Amr Ibn Kalthoum :

Elle te laisse voir quand seul à seul tu l’approches…
deux bras pareils au col d’une chamelonne toute blanche
jouvencelle racée qui n’a jamais conçu
un sein plus moëlleux que bure d’ivoire préservée des mains des toucheurs
et ces reins tendres et longs et vivaces et ces rondeurs que leur voisinage alourdit
et ces hauts de cuisse à resserrer la porte et cette taille qui affole ma folie
et ces deux piliers d’ivoire et de marbre sonnant du cliquetis des bijoux […]

Pour finir, ces quelques mots de Dino Buzzati, celui des Tartares :

Selon moi, ce qui fait surtout impression dans le désert, c’est le sentiment de l’attente. On a la sensation que quelque chose doit arriver, d’un moment à l’autre. Vraiment. Là, jaillit des choses que l’on voit.

 

Le fil de l'horizon, Antonio Tabucchi

Antonio Tabucchi, c’est un peu l’auteur providentiel qu’il faut lire pour voyager et rêver, c’est un auteur splendide et sensuel, malgré l’image froide qu’il donne au premier abord. Lire un livre de Tabucchi est un moment précieux, c’est pour cela que j’ai mis du temps à me décider pour écrire ce billet. Le fil de l’horizon est un petit livre d’une centaine de pages et si le rythme des premières lignes peut laisser un peu sceptique, le peu d’entraînement donner envie de laisser tomber, on se laisse bercer par son écriture poétique et douce, savante et organique. A la lecture de la note s’inscrivant comme une postface[1], on comprend un peu mieux l’ambiance puisque l’auteur avoue lui-même n’avoir pas pris beaucoup de plaisir à écrire ce livre.

GenovaPhoto © Marco Vissani

Nous sommes dans un port, ce n’est pas par hasard. Spino est employé dans une morgue et la présence d’un cadavre anonyme dans ses murs l’intrigue. Comme pour tromper l’ennui, il va décider de découvrir qui est cet homme dont l’identité semble échapper dès qu’on s’en approche. Le fil de l’horizon ce sont ces détails insignifiants auxquels il s’attache pour résoudre cette énigme obsédante.

Il les a regardé dans les yeux avec insistance, comme le font parfois les prêtres. “Pourquoi vous intéressez-vous à lui ?, ” a-t-il demandé.
“Parce qu’il est mort et que je suis vivant”, a répondu Spino.
Il ne sait pas très bien pourquoi il a dit cela, il lui a semblé que c’était la seule réponse plausible, parce qu’en réalité il n’avait aucune réponse.

L’enquête progresse tout doucement, les scènes se succèdent à un rythme auquel Tabucchi m’a habitué, Spino se rapproche certainement de la réalité, mais au bout du compte, tout lui échappe, plus rien n’a de sens, l’enquête policière patine et se transforme en poème. Le fil de l’horizon, ce sont toutes ces vérités futiles ou subtiles que l’on s’évertue à approfondir, mais qui finalement s’envolent dès qu’on les touche du doigt.

Et le voilà qui erre de nouveau à la recherche de rien, les murs de ces ruelles semblent lui promettre une récompense qu’il ne parvient pas à obtenir, comme si elles dessinaient un parcours de jeu de l’oie fait de cases vides et de pièges dans lequel il déambule en espérant que le dé s’arrête bientôt sur un numéro qui résoudra son énigme. Et pendant ce temps, là-bas, il y a la mer qu’il contemple, les bateaux, les mouettes, les nuages.

Un texte magnifique, indispensable, une rêverie sensuelle à la mode italienne.

Notes:

[1] Je me risque à la reproduire ici, mais ce document est un réel plaisir que je souhaite partager.

Le fil de l'¢horizon, Antonio Tabucchi

Rebekka Guðleifsdóttir

Derrière ce nom imprononçable et impossible à écrire se trouve une artiste virtuelle absolument géniale. Photographe et vidéaste, cette belle islandaise a passé une grande partie de sa vie en Floride. Découverte sur Flickr, manie à merveille l’art de l’autoportrait et cultive une image d’excentrique animée par les forces telluriques d’un imaginaire islandais très fort, emprunt d’icônes vikings dont elle sait aussi extraire des ambiances subtiles lorsqu’elle photographie ne serait-ce qu’une fleur ou un poney. Un univers très fort à découvrir.

Rebekka Guðleifsdóttir

Summertime

L’été est là.
Il paraîtrait même qu’il neige dans certaines régions de France.
Les feuilles commencent à rougeoyer depuis qu’elles sont tombées et se ramassent à l’appel.
Le vent souffle, la marée monte, les crabes tambourinent… et les rochers sont emportés par la houle.
Je lis et relis ces quelques mots de saison finissant par des mots d’amour, dans lesquels je m’enveloppe pour me protéger du froid.

[audio:http://www.maplanete.ch/radio/summertime-janis.mp3]

Lost in Anywhere devient Manufacture d’ambiances et de désirs.

Besoin de mer…

Pors-Hir

Jean Mineur (Balzac 0001)

Amoureux d’une certaine ambiance de la télévision française, La Dernière Séance véhiculait une image tendre et rétro. Jean Mineur et son petit personnage faisaient partie du folklore. Sovenir.

PS: Comme me l’a apprit mon grand-père, Balzac 0001 était en fait un numéro de téléphone qu’on pouvait composer sur les anciens cadrans téléphoniques avec les lettres.

Le retour de Helge

Il a été longtemps absent, mais j’avais gardé l’adresse de son blog dans mon lecteur RSS, au cas où, et bien m’en a pris car il est revenu, ce dont j’avais presque fini par douter. Il y a quelques temps de cela, nous avions eu quelques discussion, notamment autour du Jardin Majorelle de Marrakech. Helge, c’est un blogueur, mais avant tout un photographe qui capture à merveille des ambiances dans lesquelles j’adore me plonger.

Helge Fahrnberger

Helge

Motel Hell

Le titre dit tout: Tacky and trashy Motel postcards of the 1950’s, 60’s and 70’s. Forgotten places lost on the roads that time forgot. Et honnêtement, ça vaut le coup d’oeil. Les lecteurs de Motel Blues de Bill Bryson y retrouveront certainement l’ambiance surannée des motels des bords d’autoroute. Via Coudal.

Motel Hell

Hadouk Trio – Live à FIP

Hadouk Trio - Live à FIP

Une référence notée parmi tant d’autres dans mes carnets, un nom qui donne envie de se plonger dans les ambiances musicales d’un souk de Basse-Egypte ou du Kazakhstan, une rencontre au hasard, un album qui trainait sur le bord d’une table… Et puis j’ai écouté, je me suis laissé entrainé tandis que je tentais d’éviter les regards hagards des gens dans un train de banlieue.

Hadouk Trio, c’est la rencontre de trois musiciens. Didier Malherbe aux instruments à vent, jazzman exotique, Loy Ehrlich auc claviers et au hajouj, compagnon de Peter Gabriel et Youssou N’dour, et Steve Shahan aux percussions forment un ensemble aux accords parfaits. Il y a quelque chose de magique, de presque chamanique dans ces rythmes et dans ces vents. Mais en ce qui concerne la musique, je préfère vous laisser écouter, rien ne vaut un jugement sans a priori.

Loukoumotive…:
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/3%20-%20Loukoumotive.mp3]

Tvbeeboo

Accessoire d’écran et éclairage d’ambiance… pixelisateur, révélateur de couleur, inducteur de rêveries, sécurité visuelle…

L’accessoire Tvbeeboo est un filtre optique, réducteur de définition (pixelisation), appliqué sur un écran de visualisation, il le transforme en luminaire d’ambiance.

Tvbeeboo