To address somebody as "tu"

Chacun des livres que j’ai lu s’associent d’eux-mêmes avec des ambiances, des moments plus ou moins agréables de ma vie et retrouver ces titres dans ma bibliothèque me replonge à chaque fois dans ces souvenirs. Mes vacances à Cabourg chez mes grands-parents sont indissociablement liées à trois auteurs, trois livres, trois personnalités que je me suis amusé à tutoyer et qui désormais font partie de ma vie….

  • Le style contre les idées de Louis-Ferdinand Céline, un brulot magnifique contre les intellectuels de son temps et l’ordre établi… Céline y explique pourquoi c’est son style qui prévaut dans son écriture, pourquoi il ne s’embarrasse pas de grandes idées conçues autour de la littérature, dans un élan vif et fiévreux, et égratigne au passage son grand ennemi, l’agité du bocal (petite merde accrochée aux poils de mon cul).
  • Les contes de la folie ordinaire de Charles Hank Bukowski. Le livre qui m’a fait connaître l’univers de celui qui est pour moi un des plus grands écrivains américains. La nouvelle La machine à baiser a été un révélateur dans cette littérature, et m’a naturellement conduit vers Calaferte, Henry Miller, John Fante et bien d’autres.
  • Le grand sommeil (1939) de Raymond Chandler. Etrangement, j’ai vu le film avec Lauren Bacall et Humphrey Bogart après avoir lu le livre et je dois avouer que j’ai préféré le livre. Je n’avais lu de polar avant celui-ci et après celui-ci, ce fut au tour de Dashiell Hammet et son faucon maltais. Je dois avouer que par la suite, j’ai eu beaucoup de mal à me replonger dans un polar. J’aurais mieux fait de ne jamais le lire…

Shirahime Syo

A tous ceux qui considèrent que le manga est un objet de sous-culture, je conseille vivement la lecture d’un des plus beaux mangas qui soit. Shirahime Syo est l’oeuvre de Clamp (un collectif féminin de mangaka aussi séduisantes que talentueuses). On trouvera ici trois superbes histoires réunies par un seul personnage, le Princesse blanche, déesse de la neige, une histoire de fantôme qu’Akutagawa n’aurait pas renié. On est vite désorienté par le passage du prologue au premier chapitre et par le peu de rapport que les histoires ont entre elles. Ici, pas d’allégories, ni de métaphores, juste une histoire parfaitement scénarisée, des planches magnifiques (on regrettera toutefois le peu de pages couleurs), et toute la beauté d’une écriture maîtrisée.

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La matière du livre

Il fut une époque pas si lointaine où mes livres avaient le caractère du sacré et j’avais l’habitude d’en prendre un soin tout particulier. Quelques règles élémentaires s’appliquaient alors au moindre livre de poche à bas coût comme au livre relié.

  1. Je ne prête pas mes livres.
  2. Une fois lus, je les range par ordre alphabétique.
  3. La poussière accumulée sur la tranche haute est le témoin de l’intérêt que je lui porte.
  4. Je ne plie pas les pages, seuls les marque-pages sont tolérés.
  5. Un bristol y est inséré pour noter les numéros de pages, numéros de paragraphes et de lignes des phrases qui ont retenu mon attention.
  6. Je n’écris pas sur un livre.

Bref, tout ceci fait partie d’un temps révolu. Je lis bien plus de livres de poches qu’autre chose. Le format du livre ne m’importe plus guère et ce que, par snobisme idiot, je lisais autrrefois dans un format régulier, je n’hésite pas aujourd’hui à me le procurer au format de poche, pour une question pratique. Faible encombrement, transportabilité, discrétion…. Ces grands livres à l’écriture démesurée m’énervent, et je n’ai plus envie d’appliquer ce respect au livre d’éditeur, avec couverture fine en carton qui devient trop cher pour ce qu’il est. Aujourd’hui, un livre est pour moi un instrument de savoir, le coeur ouvert d’un écrivain, et le papier n’est qu’un médium, certes charnel et organique, mais seulement un médium. Mes livres de poche, j’aime les triturer, témoigner de mon passage sur des pages qui vivent et renvoit l’image des mots, je n’hésite pas non plus à corner les pages pour marquer les endroits dignes du plus haut intérêt, à souligner au crayon à papier les jolis mots et à indiquer sur la page de garde, le numéro des pages marquées.

J’ai désormais un rapport vivant au livre, quelque chose qui ne l’enferme pas dans sa stricte fonction. Il n’y a plus guère que mes quelques livres de la Pléiade qui ont le droit à une attention excessive….

bibliothèque

Terre en vue

Il me tardait de me trouver un nouveau chez-moi. J’ai finalement mis très peu de temps à reprendre pied ici. L’idée de tout chambouler m’est venue de la lecture d’un blog en particulier, et ça je le garde pour moi. L’envie de prendre en main mon écriture est née d’un certain nombre d’événements plus ou moins désagréables génénés par mes propres mots. Des personnes à l’esprit torturée ne peuvent s’empêcher de voir le mal ou la complaisance dans ce que j’écris, tandis que j’ai vu certains de mes billets se transformer en foire d’empoigne. Tout ceci a fini par me dégoûter d’un des visages de la blogosphère.

Désormais isolé, confiné dans un recoin, j’arrive sur une terre vierge, un immense champs fertile et débarrassée au préalable de toutes ses scories. Je reprends goût à la liberté conférée par l’anonymat, simplement entouré des gens que j’aime lire et qui aime venir chez moi. Vous êtes chez moi et j’espère que vous vous y sentirez comme chez vous.

Une dernière chose. Ici, ce n’est plus Lithium qui parle, ce n’est un pseudo qui cache un blogueur. Désormais, vous aurez à faire à Romuald, celui qui jette ses mots comme il joue aux dés…

Vacarme dans le port

Ma tête bouillonne, j’ai l’impression d’être une sorbetière fonctionnant à plein régime au beau milieu de l’été. Tout ce que je porte en moi n’a de cesse de me tarabuster et finit par faire mal aux entournures. De projets en projets, des mots plein la tête, l’envie d’écriture qui me prend par vagues… et puis, et puis, je chancèle.

Le changement est en marche, j’attends la déferlante qui enfin propulsera mon petit navire…

Dernière nouvelle, une de mes photos a été sélectionnée par un cabinet de design allemand pour illustrer le book d’une compagnie française. Tout ceci commence à devenir intéressant.

Chronique des temps 3

Alors que dehors, tout devrait indiquer que l’automne est arrivé, il fait plus de 23°C, le ciel est d’un bleu resplendissant et le soleil est encore bel et bien présent. C’est l’occasion d’aller un peu de ci de là sur la toile pour voir ce qui se dit sur l’automne ailleurs, puisqu’ici ça ne semble pas vouloir arriver… Alors c’est chez David que les couleurs de l’automne resplendissent, mais je vous en avais déjà parlé il y a quelques temps. Mon attention a été également attiré par un superbe billet: Kintai kyo. L’amateur de ponts que je suis n’est pas insensible à cet ouvrage tout droit sorti de l’imagination d’un illuminé (très certainement). Il y a également ce billet, appelé Le voyage de Chihiro. C’est frappant, cette ressemblance entre les paysages que David a photographié et les images du film d’animation de Miyazaki et à mon avis, le hasard n’est pas seul en cause. Etrange coïcidence également, le conseil de lecture: Le cheminot de ASADA Jirô, que je viens de lire. Un livre magnifique, une histoire de fantôme comme seuls les Japonais savent les écritures, un livre sur la culpabilité et l’honneur…

Dans un tout autre style, j’ai découvert ce site très riche en histoire, celle d’un pays qui montre des visages parfois bien tristes, mais qui renferme finalement parfois un peu d’humanité. National Museum of American History.

Romu m’a fait découvrir deux sites très intéressants: NJOYE, très pur, très stylé et Eiga gogo! que je vous laisse découvrir…

Dans la catégorie beaux blogs, on pourra également ajouter Substraction 7.0, à la présentation déroutante.

Des photos de Tohuku en automne….

njoye© NJOYE

Et si ?

E

n regardant derrière moi (ou plutôt dans la petite pièce du rez-de-chaussée), je vois des cahiers rangés sur l’étagère, des cahiers de toutes les tailles et de toutes les couleurs, des milliers de pages sur lesquelles je me suis épanché entre 1995 et 2002, des milliers de pages dans lesquelles j’ai consigné ma vie, mes sujets d’études, ma vision de Paris, mes projets d’écriture, des petites notes, des citations. Si je me souviens bien j’avais compté quelque chose comme 2000 pages écrites tout petit, dans tous les sens….

underwood Lorsque je regarde tout ça, j’ai une certaine nostalgie de ces journées où je pouvais passer tout mon temps à écrire, à écrire tout et n’importe quoi, des choses qui n’intéressaient que moi et qu’un jour quelqu’un lira, ou s’endormira dessus.

Et si je recommençais ?

Et si tous les jours je produisais un petit morceau d’écriture, un fragment ? Mis bout à bout, je réussirais peut-être à mettre quelque chose en forme. Ça me trotte dans la tête depuis un bout de temps, et je me rends compte que dans les billets que j’écris, je fais quelque chose de complètement différent de ce qui me plait tant dans l’écriture.

Cette fois-ci, plus de feuilles volantes impossibles à classer, plus de stylo capricieux et de disette d’encre, plus de cahiers que l’on perd… Uniquement un blog…

Et déjà si tout ceci n’était qu’un rêve ?