Retour à la (télé)réalité

Lorsque mon fils m’a réveillé, j’ai ouvert des yeux ronds comme des soucoupes en ne croyant pas tout à fait que les chiffres qu’affichait le réveil était deux fois 1. Je me suis levé en catastrophe parce que je devais aller à la banque et c’est précisément derrière ce guichet que j’ai rencontré Thomas du loft. Oui oui. Le Thomas du loft n°2. Je savais qu’il travaillait ici depuis pas mal de temps ; comme quoi la célébrité a du bon, elle mène à tout, même à travailler comme “agent d’accueil” dans une banque de banlieue. Je suis admiratif.
Comme ma librairie se trouve juste à côté, je suis allé y faire un tour, juste pour voir. J’ai acheté une carte postale qui ne manquait pas de charme, et c’est là que Christelle m’a appelé. Comme souvent, elle m’appelle le lundi et comme souvent le lundi, j’ai ma voix du petit matin et comme souvent, j’ai la tête dans le pâté lorsqu’elle m’appelle. Elle va finir par croire qu’elle m’emmerde. Au retour, j’ai découvert un bleu que je ne connaissais pas et j’ai soudain été rattrapé par l’impression que les jours passent trop vite.
Dans son désir de ne me voir manquer de rien, Kenya m’a ce jour apporté quatre feuilles de tilleul toutes aussi jaunes que celles du peuplier et duveteuses à leur surface, agréables à caresser, quatre feuilles que je me suis empressé de glisser entre les feuilles des Marginalia de Poe.
Dans le ciel de l’après-midi s’étalaient de gros nuages blancs sur un fond bleu de Prusse, et un peu plus loin, une chappe d’un gris bleuté foncé s’est étendue au-dessus de nos têtes, dans une sorte de peau squameuse de reptile, ondulante et surréelle.
En regardant les minutes passer, je reste seul avec mon fils en me demandant ce que j’attends réellement, si je n’attends pas tout simplement un éventuel retour à la réalité.

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Oui oui, c’est bien ma voiture à gauche.

Peau orange et purée de carottes

Je voulais mettre une photo de moi, ma trombine mal rasée, avec mon ticheurte orange, mais finalement, j’ai préféré mettre une photo de la pâtisserie que je me suis payé avec un plaisir immense. Malheureusement, malgré le prestige mondial dont jouit (hmmm) Sadaharu Aoki, ses créations sont plus jolies qu’elles ne sont bonnes.
C’est tout ? Oui. C’est tout, il faudra bien vous en satisfaire. Ah j’oubliais ! Ceci n’est pas un billet sans musique. Oui, ça surprend. J’ai pas tout le temps des trucs intéressants à dire.

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Sadaharu Aoki
Pour ceux que ça intéresse, cette voix sublime est celle de Tamara Barnett-Herrin.

Node™ n°1

Forcément, comme souvent en ce moment il pleut, il pleut beaucoup, tout le temps, fort, peu, averses ou pas du tout quelques instants et puis ça repart doucement ou pas, ou fort et beaucoup, ça s’enchaîne, alors ce matin, quand je me suis levé, la première chose que j’ai faite c’est de regarder s’il pleuvait et oui, il pleuvait, comme un peu tous les jours depuis que Sarkozy est président, ce n’est pas de sa faute, mais ça joue certainement, on pourrait presque y croire mais je ne me suis pas laissé démonter, j’ai piqué le parapluie de mon fils, mais je suis quand même arrivé à la gare les pieds trempés, le bas du pantalon, c’est du ramie ça sèche vite, un coup de vitamines avec le café, histoire d’émerger un peu plus vite que ça s’il vous plait merci j’ai un train à prendre et puis j’ai passé une partie de ma nuit à bouquiner jusqu’à temps que le sommeil m’emporte le bougre, même pas le temps d’éteindre la lumière, espèce de criminel de la lecture qui lit jusqu’à plus soif tous les jours de la semaine, même ceux qui n’existent pas, voire même plus, alors nécessairement, pour se réveiller, c’est pas du Pink Martini qu’il faut se fourrer dans les oreilles, mais plutôt David Guetta, Love don’t let me go, voilà tout, faut écouter ça parce qu’on a beau penser ce qu’on veut du blondinet électrique, sa musique, elle est construite et c’est pas du beat sans raison, il y a du travail là dedans et c’est bon, surtout pour se réveiller, surtout pour passer devant les contrôleurs du matin, on est le 3, faut contrôler, et j’ai mon ticket, c’est suffisamment rare pour être remarqué, alors je passe tête haute, bêcheur, y’a pas de raison, et puis merde hein, je n’ai dormi que trois heures, certainement moins, criminel va !

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juergen teller

Bon et puisqu’on est là, il est temps de parler un peu de Juergen Teller, un photographe hors norme et un peu branque, qui se plait à prendre en photo des célébrités dans des positions pas possibles – Björk s’est pliée à l’exercice, je ne vous dis que ça – , mais qui a aussi travaillé pour la publicité d'Yves Saint-Laurent mais qu’on croirait tout droit sorti d’une nouvelle de Bukowski, un travail désaxé autour de la lumière crue.

Dans la rue Anatole France, il y a un camion violet qui est là pour nettoyer la cuve à graisse du tabac d’en face, le nettoyage de la cuve à graisse, c’est quelque chose, il faut avoir vécu ça de près pour savoir à quel point ça schlingue la graisse, ça pue pire que la mort, la graisse, peut-être même pire que la merde, parce qu’au moins, la merde, on sait ce qu’il y a dedans, et là pour la coup, dans la rue humide, ça sent mille fois la graisse transvasée, c’est littéralement infâme, et comme aujourd’hui j’ai une grosse forme de type qui n’a dormi que trois heures, je vais m’attaquer aux bases de données, je suis à bloc là. (03 juillet)

Depuis que j’ai écrit ces mots, il s’est passé beaucoup de choses, des choses pas gaies du tout, des renoncements, des hésitations, des fractures, des pas en avant, des pas en arrière, j’ai complètement lâché l’écriture, je me suis retiré du monde, j’ai tenté de sourire, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de bloguer au vu du nombre considérable de commentaires que je n’arrive plus à gérer, je me suis pris pour John Cage, j’ai eu envie de mourir, mais pas longtemps, j’ai eu une réunion de service, je me suis battu contre le département Communication pour exprimer mon point de vue (oui, je sais, on s’en fout), j’ai pris une photo de mon chat, j’ai enfin parlé à Laurent, je me suis surpris à rire avec des gens que je détestais, j’ai été dans une colère dingue, je me suis calmé, je me suis senti rejeté, alors j’ai rejeté, je me suis dit que j’allais effacer mon blog, j’ai dit merde à mon père, j’ai vu mon téléphone sonner et je n’ai pas pu répondre parce que j’étais déjà en ligne, j’ai enragé, j’ai fulminé, j’ai mal dormi, très mal dormi, je me suis senti à deux doigts de péter un câble, je me suis calmé, j’ai eu envie d’appeler une vieille amie, et mon amie m’a appelé parce que je l’avais appelée sans m’en rendre compte, une voix chaleureuse et tendre, j’ai fait de l’aérophagie, j’ai sauté un repas, je n’ai pas sniffé de colle parce que je ne me drogue pas (le café ça compte pas), j’ai été contacté par un extra-terrestre chinois, j’ai terminé de publier mes derniers moleskines, lesquels ont toujours autant de succès (suffisamment rare pour être signalé), j’ai mangé une pizza, j’ai vécu la guerre grève, les bagarres dans le RER, les flics qui déboulent, les tickets de métro qui ne passent pas dans les tourniquets, je me suis noyé dans un ruisseau, enfin je crois, je ne passerai pas à la télévision, je ne suis pas allé à Paris-Carnet, j’ai eu un cadeau, la saison 1 de Magnum en DVD, j’ai vu le Lauréat, j’ai fait une machine de couleur, j’ai passé l’aspirateur dans la chambre, je suis allé faire des courses, j’ai rendu mes livres à la bibliothèque, j’ai rêvé d’Adolfo Bioy Casares, je me suis rendu compte que j’étais pétri de ténèbres, j’ai beaucoup pensé, mais j’ai eu aussi beaucoup la tête complètement vide, je me suis demandé si je n’allais pas m’acheter un nouveau nom de domaine, laisser tomber mon blog, repartir de zéro, j’ai étrangement passé une très bonne semaine au boulot, et comme pour faire bonne mesure, j’ai essayé de chialer un bon coup comme pour faire sortir toutes les scories qui me polluent l’existence mais rien ne sort, complètement à sec, alors je me suis imaginé allongé dans un lit aux draps couleurs expresso et les yeux fermés, j’écoutais le bruit de l’océan.

Thymann

Klaus Thymann est un touche à tout. Photographie, musique, cinéma, tout y passe dans un joyeux bordel désorganisé à la mode viking.

Klaus Thyman

Thymann | 2007

Maâlems Gnaoua d'Essaouira

Le festival Gnaoua d’Essaouira aura lieu cette année pour la 10ème fois du 19 au 23 juin 2007. Un rendez-vous incontournable des amoureux du jazz et des musiques du monde puisque c’est l’occasion pour les musiciens du monde entier de se retrouver autour de ces maîtres de musique que sont les Maâlems Gnaoua, des descendants d’anciens esclaves originaires d’Afrique Noire, constitués en confrérie à travers le Maroc, à l’origine joueurs de crotales, voyantes ou médiums. Les instruments utilisés sont : le luth-tambour à trois cordes (guembri), les crotales (qraqeb) et les tambours (ganga).
Le rituel du Lila est comparable au vaudou d’Haïti et à la macumba du Brésil et sa fonction est principalement thérapeutique.

GnaouaPhoto © ayyur

Son of Dave

Son of Dave

Son of Dave, c’est un phénomène. Né Benjamin Darvil, c’est un ancien musicien des Crash Test Dummies vêtu d’un costume croisé gris et d’un Stetson made in Chicago, un grand escogriffe dégingandé tout droit sorti des années 50. C’est une voix rauque, une human beatbox, un rack d’effets, un sampler, un harmonica et un sacré coup de jeune pour un blues gai et rythmé. Il en ressort une musique endiablée, habitée par un dieu antique du bayou, à la fois vieux comme le monde et modernisé à l’extrême. Seul sur scène, il enregistre en temps réel sa prestation pour créer une ligne rythmique modifiable à volonté, enchaine les boucles, crache dans le micro, ahane comme une bête de somme. Gros coup de coeur pour cette musique renouvelée, mariage profond entre une musique rustique et une technologie parfaitement maîtrisée, attention à ne pas vous laisser entraîner par vos pieds. En images ou sur MyspaceContinue reading “Son of Dave”

The Gumbo Variations

En 1991, j’ai découvert Franck Zappa. Quatre ans plus tard, il décédait d’un cancer de la prostate. Un choc pour moi qui espérait pouvoir le voir un jour sur scène. A la place, je me suis fait berner en allant voir un tribute à la Cigale peu de temps après sa mort. Ses premiers musiciens avaient mis en scène une sorte de parodie monstrueuse en se moquant ouvertement de l’homme qui les avait viré dans les années 70. Ils ont fini par se recevoir des canettes de bière à la tronche.

Le premier album que j’ai découvert de lui était Hot Rats, sur lequel on trouve hormis Willie the Pimp, un morceau de jazz-rock instrumental d’une force étonnante. Dans The Gumbo Variations, on entend toute une panoplie d’instruments, tous très indépendants et qui pourtant parlent d’une seule voix pour produire un tableau de plus de 16 minutes sur lequel j’adore me trémousser. Trois partie; saxo, violon et la virtuosité de Zappa à la guitare à la fin. Une batterie survoltée et une basse qui ne fait pas de la figuration. On entend également les claviers, loin d’être inutiles.

Quand on pense que ça date de 1969 et que rien de tel n’a plus jamais été produit à ce jour, on voit à quel point Zappa a su marier la musique sérielle et dodécaphonique avec le rock et le jazz. Je m’en étonne encore à chaque écoute. Attention, musique à haute teneur en folie douce et flexions des genoux (pas la peine d’attendre que ça chante, c’est juste instrumental).

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/The%20Gumbo%20Variations.mp3]

(La première fois que j’ai écouté ça, j’avais les cheveux longs, des bottes en daim et une chemise péruvienne, des merguez étaient en train de flamber dans la cheminée…)

Le vieil amant

Je l’ai découverte samedi soir lors des victoires de la musique, et je ne sais absolument pas comment elle a pu passer au travers des mailles du filet. A présent Emilie Simon fait partie des incontournables qui me traînent dans les oreilles à tout moment de la journée. J’ai adoré l’écouter chanter, regarder ses musiciens se servir de tous ces instruments étranges, j’ai aimé cette mélodie suave, les paroles douces, cette voix d’enfant qui fait penser à Camille. Le reste, c’est de la littérature. Un extrait de son album, Végétal, Le Vieil Amant

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Le%20vieil%20amant.mp3]