Vallées sèches

En faisant un tour du côté de Dark Roasted Blend (qui n’est jamais avare de photos époustouflantes), j’ai découvert des paysages étonnants : les vallées sèches de l’Antarctique. Dans tous les liens proposés par cet article, on découvre des paysages grandioses et des curiosités.

  1. Антарктика, Путешествие в Сухую долину
  2. The Dry Valleys of Antarctica
  3. Landforms
  4. Et une superbe présentation sur le site du Washington Post.

The Dry Valleys of Antarctica

Lieux déserts (Doug Hall et quelques autres)

Dans les photos très américaines de Stephen Shore, dans les ténèbres contrastées de Uwe Niggemeier ou dans les innombrables clichés des époux Becher, il se passe quelque chose, ou plutôt ce qui se passe est de l’ordre du rien. On est immédiatement assailli par quelque chose qui devrait passer inaperçu et qui pourtant, comme le silence dans certaines compositions musicales d'Olivier Messiaen est tellement prégnant que ça en devient assourdissant.

Je viens de découvrir les photos de Doug Hall (grâce à MoonRiver), ses paysages routiers, le GDR project et ses non-places. Ce dernier mot résume bien l’histoire de ces photos; ce sont des non lieux, des lieux qui n’existent pas car ils leur manquent quelque chose de fondamental… Une histoire. Dénué de toute présence, ils perdent leur sens et deviennent criants de néant. En fait, ce sont plutôt des photos qui ne racontent pas d’histoires et je trouve toujours aussi surprenant de voir que des artistes poussent leur démarche jusqu’à vider leur oeuvre de signifiant.

Doug Hall

C’est l’occasion rêvée de soumettre ce lien que m’a transmis Fabienne (c’est génial de bloguer dans ces conditions, on lance des sujets et des gens réceptifs apportent leur pierre à l’édifice). German Industrial Buildings 1910-1925, une série de photographies collectées par Andy Bleck et qui donne une idée du panorama d’inventivité de ces architectes de l’ère industrielle. Le site contient beaucoup d’autres choses qui n’ont pas grand chose à voir entre elles (et une mise en page digne des premières années du web) mais ça vaut le coup d’oeil.

De Fabienne, il faut lire également le billet qu’elle a écrit sur les Flugabwehrkanone (FLAK) Türme.

Merci également à Helge Fahrnberger de m’avoir aiguillé vers le blog de Haiko Hebig et sa catégorie dédiée à l’héritage industriel par la photographie.

A la faveur de l'été

Pas encore publiées, oubliées dans un coin, voici quelques photos de l’été dernier d’un bout de la Bretagne rurale que je côtoie et comme je ne l’avais pas encore montrée. Paysages rudes entre terre et mer dans ce petit coin de Trégor, coincé entre l’Armor (la côte) et l’Argoat (les bois), terre de légendes et de croyances ancestrales… Continue reading “A la faveur de l'été”

Un 24 mars

En remontant le boulevard Saint-Germain dans l’air froid et le chaos bruyant des voitures et des passants, il m’est apparu comme surgi de nulle part du haut de son mètre quatre-vingt dix. Un colosse tout habillé de blanc avec une peau très mate, de très beaux cheveux blancs impeccables qui flottaient à chacun de ses pas et une barbe courte toute aussi blanche. Il se dégageait de lui une impression de calme marmoréen, de sérénité dérangeante et son regard d’Indien me transperça comme un javelot ; je suis resté là à l’admirer tandis qu’il passait à côté de moi. Ses pas amples martelaient le bitume et c’est comme s’il déplaçait dans sa démarche des pans entiers du paysage. Un homme magnifique comme un coup de vent. J’ai été secoué. Et puis en marchant, un peu plus loin, je me suis arrêté un instant pour regarder des dessins accrochés là, sur les grilles de l’église Saint-Germain, sans personne pour les surveiller et tandis que je les regardais distraitement, je me suis aperçu que l’un d’entre eux représentait ce fantôme qui avait déjà disparu dans la foule. Un jour, vous aussi, vous le verrez.

Helvetica

La nouvelle tourne depuis quelques jours sur les blogs dédiés à la typographie. Voici l’annonce d’un film documentaire réalisé par Gary Hustwit autour de la police Helvetica qui fête cette année ses 50 ans. Plus qu’un documentaire réservés aux spécialistes, c’est un véritable document ethnographique sur l’importance de la typographie dans notre paysage visuel urbain. On ne les voit souvent pas, mais les polices sont partout autour de nous*… Des trailers à visionner ici pour se mettre l’eau à la bouche. Ici les photos du pool TypeCon sur Flickr.

Helvetica

* Non, ceci n’est pas un message politique.

Californie mystique

Michael Rauner est parti faire le tour des lieux mystiques de la Californie dans une sorte de voyage ésotérique, révélant ainsi l’âme d’un des Etats d’Amérique les plus fantasmatiques qui soit dans une démarche quasi ethnographique. Un travail surprenant, haut en couleurs et une vision éclairée sur le sujet qui a donné naissance à un livre écrit par Erik Davis: The Visionary State: A journey through California’s spiritual landscape.

Visionary State

A voir aussi sur le site du Center for Land Use Interpretation, l’incroyable base de données sur le paysage des états (The Center for Land Use Interpretation’s Land Use Database) et l’American Land Museum.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, Haruki Murakami

Les saveurs subtiles d’un thé des songes à l’orée du jour d’après me donnent envie de parler de ce livre que j’ai lu récemment. Mon amour pour Murakami reste inébranlable et même si, du fait que Sabah m’avait vivement conseillé de lire celui-ci en particulier et que pour le coup, je me suis comme inexplicablement braqué face à la couverture du livre qu’elle venait de me prêter, je me suis plongé à corps perdu dans cette histoire de solitude et d’amour dans un Japon contemporain.

Japan nightPhoto © tiarescott

Hajime est un jeune enfant complexé. Il est fils unique et conçoit ceci comme une tare. Sa rencontre avec Shimamoto-san, jeune fille tout aussi fille unique et boiteuse de surcroit, va lui faire sentir les choses autrement. La vie, les études, les petits incidents de la vie les font se perdre de vue. Hajime poursuivra sa vie, une petite vie de gratte-papier sans envergure dans laquelle il collectionne les aventures sexuelles, laissant sur le carreau la belle Izumi, qu’il transformera en fantôme, jusqu’à ce qu’il se marie. Sa vie prend alors un nouveau tour puisque son beau-père lui prêtera de quoi ouvrir un club de jazz, puis un autre. La vie rangée prend le dessus et l’enferme, jusqu’à ce que Shimamoto-san surgisse un soir dans son antre.

Elle a beaucoup changé, elle ne boite presque plus et elle est devenue très belle. Leur nouvelle rencontre les bouleversera tous les deux et Hajime se retrouvera malgré lui pris dans une spirale amoureuse qu’il ne voudra pas briser. Pourtant, Shimamoto-san lui demande de faire un choix qui le laissera dans une incroyable solitude.

Quand j’étais fatigué de contempler mes fantasmes, je me mettais debout devant la fenêtre et regardais le paysage. De temps en temps, il me semblait que j’avais été abandonné dans un désert privé de vie. Mes hordes de visions avaient aspiré toutes les couleurs du monde autour de moi, ne laissant que le vide. Tous les objets, tous les paysages, paraissaient plats et vides comme des décors éphémères en carton-pâte, poussiéreux, couleur de sable. Je repensais à cet ancien camarade de lycée qui m’avait un jour donné des nouvelles d’Izumi. Il m’avait dit : “Il y a différentes façons de vivre, et différentes façons de mourir. Mais c’est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c’est le désert”.

Kokkyô no minami, taiyô no nishi…

Fire walks with me

Tous ceux qui comme moi ont bavé devant les 35 épisodes de Twin Peaks (donc les vieux comme moi) , la série télévisée réalisée par David Lynch ont certainement rêvé de visiter cette ville fantômatique située dans le nord des Etats-Unis, dans l’état de Washington. N’ayant pas d’existence réelle, la série a tout de même été tournée dans des décors naturels, pour la plupart restés tels quels, dans les villes de Snoqualmie, North Bend et Roslyn. Et il existe donc un fou qui est parti sur les traces de ces décors, et qui publie sur son blog les photos du films et les paysages dans lesquels ils ont été tournés. In Twin Peaks, WA. Via Romu.

Twin Peaks

Une belle journée

Lorsque vous lirez ce billet, je serai déjà loin. Je passe la journée dans la Somme, à quelques deux cents kilomètres de Paris, si toutefois j’arrive jusque là puisqu’il est prévu de la neige. Comble du raffinement, je me fais conduire dans une voiture confortable accompagné de deux filles, ayant ainsi la possibilité d’admirer à loisir ce paysage de plaines monotones qui pourtant m’attire tant. Les paysages du Nord provoquent toujours des sourires de condescendance, presque de pitié, mais tout dépend de la façon dont on les regarde, car il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir, il faut aussi ressentir le monde. Je conduis souvent et j’ai rarement l’opportunité de faire le touriste ; je me promets à moi-même d’en profiter au maximum. Les voyages en train, je les aime tout autant, mais derrière les vitres sales des wagons, on voit les paysages sous une forme qui ne leur convient guère.

Il fait froid, humide, tandis que les quelques minces flocons tombés ce matin ont déjà fondu, ne laissant rien d’autre sur le bitume qu’une pellicule flasque. Je suis sorti pour m’enquérir de l’état de santé de ma voiture qui se refait une cure de jouvence chez le mécanicien ; rassurez-vous, elle semble aller bien.

Je suis prêt, mon caban est sur la chaise, prêt à être enfilé, ma besace elle aussi est fermée. Je n’ai plus qu’à chausser mes lunettes et à attendre qu’on m’appelle pour partir.

Je n’ai rien d’autre à dire, si ce n’est qu’une étrange paix intérieure m’anime, les yeux tombants et la gorge sèche. Pour l’instant, tout va bien, je suis heureux, je suis bien.