Photographier les rivières

Certaines personnes ont des marottes pour le moins étranges. Les trois projets dont il est question ici ont tous un point commun ; la rivière est leur élément.

Stephan Kaluza

Stephan Kaluza

Kaluza est un drôle de bonhomme, il s’amuse à photographier les berges des rivières et les colle bout à bout.
En ressort une série d’animations divertissante.

Rheinkilometer-Projekt

Rheinkilometer-Projekt

Le Rheinkilometer-Projekt est encore plus fou. Les berges sont toujours prises en photo depuis la rivière, mais avec un sujet en particulier, la borne kilométrique fluviale placée très exactement au coeur de l’image. Il y a possibilité de faire défiler les deux séries d’images, dans lesquelles on se rend compte que seul le paysage change, le point de vue central restant parfaitement présent.

Danube Panorama Project

Danube Panorama Project

Tout est dans le titre… Un peu lent à mon avis, mais intéressant.

Le tout, conduit par Hebig. Danke schön.

La lune dans la rivière

Que certains blogs s’arrêtent et se perdent dans la nature, qu’ils soient francophones ou non, ça ne me fait ni chaud ni froid parce que c’est comme ça, ça ne manque pas. Par contre, quand je vois que la belle Israélienne MoonRiver n’a rien posté depuis le 28 août dernier, je commence à m’inquiéter. Elle a bien dit qu’elle faisait un break, mais j’imagine parfois le pire, surtout que la fin du mois d’octobre est pratiquement là. Continue reading “La lune dans la rivière”

Punta del Este, Cabo de Santa María

C’est en 1516 que l’on parle pour la première fois de cette petite ville de la côte uruguayenne. Le navigateur Juan Díaz de Solís l’appelle alors Cabo de Santa María et ce n’est qu’au XVIIIème siècle qu’elle prendra le nom de Pointe de l’est. Capitale touristique de l'Uruguay, située à quelques encablures de la capitale, Montevideo, Punta del Este possède une position stratégique unique, à l’entrée de l’embouchure vaste et sableuse du Río de la Plata (rivière d’argent) et pour cette raison, elle fut pendant longtemps armée de canons qui défendait cet étrange delta. En fait, le Río de la Plata n’est pas réellement une rivière puisque c’est un estuaire créé par le río Paraná et le río Uruguay, mais alors que Solis cherchait un passage permettant de relier l’Atlantique au Pacifique, il remonta cet estuaire jusqu’à la confluence des deux rivières et l’histoire veut qu’il soit tombé entre les mains des Charrua ou des Guarani et qu’il fût dévoré avec ces troupes. Seul un mousse de 14 ans en réchappa et fut en mesure de rapporter l’histoire.

Photo © Carolzina

Aujourd’hui Punta del Este, autrefois petite ville côtière à l’horizon fleuri d’églises espagnoles et de longues plages de sables, est devenue laide et fait partie de ces paradis bétonnés pour touristes et noceurs en goguette. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle la Saint-Tropez urugayenne. C’est également dans cette ville de l’auteur argentin Jorge Luis Borges vint vivre les derniers jours de sa vie.

On retrouve en partie de cette histoire dans les écrits d'Alexander von Humboldt, notamment dans le volume 18 de ses oeuvres (Examen critique de l’histoire de la géographie du Nouveau Continent, et des progrès de l’astronomie nautique aux XVe et XVIe siècles. Paris, Gide, 1814-34. Fol. gr. Col. vél. (Analyse de l’Atlas géographique et physique.))

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Candirú

candiru

Non, ce qui hantait obstinément les rêves de mes nuits agitées, c’était le poisson cure-dent, ou candirou, minuscule silure vivant en parasite dans les branchies et l’intestin terminal des gros poissons.
A Borneo, lors de mes séjours dans les longues maisons, j’avais appris que la bienséance commande d’aller à la rivière au petit matin. Là, quand les poissons viennent vous renifler la pantalon pour vous inviter à le baisser et à leur prodiguer leur petit déjeuner, vous savez que vous barbotez bien dans le périmètre d’eau boueuse assigné par convention tacite aux exigences du corps. Tandis qu’en Amazonie, à supposer que vous ayez de quoi boire à gogo et que par inadvertance vous uriniez en nageant, le premier candirou en mal de logis, attiré par l’odeur, vous prendra pour un gros poisson et remontera dare-dare le courant d’acide urique que vous laissez derrière vous pour se faufiler dans votre urètre comme un ver en sa galerie, et là, déployant les opercules de ses branchies, il vous sortira toute une batterie de dards recourbés. Plus rien à faire. La douleur, paraît-il, est inimaginable. Il faut vous faire hospitaliser avant que votre vessie n’éclate… et vous résigner à vous faire couper le pénis par un chirurgien.

Redmond O’Hanlon, Help

Un petit théâtre de marionnettes

Samedi, c’était jour de fête. Pour mon fils, première kermesse, première invitation pour un anniversaire – chez une fille !! -, premières fois tendres et joyeuses, toute une semaine ressassées en demandant à l’envi combien de dodos il reste… A l’école le matin, pas de coup de main, l’effervescence, la joie et les rires, des enfants surexcités qui courent dans tous les sens et comme rarement, les parents, les mères et les pères, grand-pères et grand-mères, amis, oncles et tantes et toute la famille si possible, ou alors en comité restreint, appareils photos et caméscopes de prix en bandoulière, la bonne occasion pour faire étalage de ses richesses ou de son expertise en matière d’image, c’est selon si l’on a encore quelque chose à prouver. Continue reading “Un petit théâtre de marionnettes”

The Los Angeles River

Un documentaire sur un lieu mythique et souvent filmé, mais au final un peu marginalisé. La rivière de Los Angeles parcourt 82 km, de Canoga Park à Long Beach et traverse le comté de Los Angeles. Presque entièrement bétonnée et ne servant principalement qu’à canaliser l’eau des orages, elle est aujourd’hui au centre d’une polémique puisque certaines personnes souhaitent son retour à l’état naturel.

Via Coudal. Plus d’infos sur Plasmatic Concepts.

The Los Angeles RiverPhoto © lynda walldez

A la faveur de l'été

Pas encore publiées, oubliées dans un coin, voici quelques photos de l’été dernier d’un bout de la Bretagne rurale que je côtoie et comme je ne l’avais pas encore montrée. Paysages rudes entre terre et mer dans ce petit coin de Trégor, coincé entre l’Armor (la côte) et l’Argoat (les bois), terre de légendes et de croyances ancestrales… Continue reading “A la faveur de l'été”

Le bibliomane, Charles Nodier

Vous avez tous connu ce bon Théodore, sur la tombe duquel je viens jeter des fleurs, en priant le ciel que la terre lui soit légère. Ces deux lambeaux de phrase, qui sont aussi de votre connaissance, vous annoncent assez que je me propose de lui consacrer quelques pages de notice nécrologique ou d’oraison funèbre. Il y a vingt ans que Théodore s’était retiré du monde pour travailler ou pour ne rien faire : lequel des deux, c’était un grand secret. Il songeait, et l’on ne savait à quoi il songeait. Il passait sa vie au milieu des livres, et ne s’occupait que de livres, ce qui avait donné lieu à quelques-uns de penser qu’il composait un livre qui rendrait tous les livres inutiles ; mais ils se trompaient évidemment. Théodore avait tiré trop bon parti de ses études pour ignorer que ce livre est fait il y a trois cents ans. C’est le treizième chapitre du livre premier de Rabelais. Théodore ne parlait plus, ne riait plus, ne jouait plus, ne mangeait plus, n’allait plus ni au bal, ni à la comédie. Les femmes qu’il avait aimées dans sa jeunesse n’attiraient plus ses regards, ou tout au plus il ne les regardait qu’au pied ; et quand une chaussure élégante de quelque brillante couleur avait frappé son attention : « Hélas ! disait-il en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu ! » Il avait autrefois sacrifié à la mode : les mémoires du temps nous apprennent qu’il est le premier qui ait noué la cravate à gauche, malgré l’autorité de Garat qui la nouait à droite, et en dépit du vulgaire qui s’obstine encore aujourd’hui à la nouer au milieu. Théodore ne se souciait plus de la mode. Il n’a eu pendant vingt ans qu’une dispute avec son tailleur : Continue reading “Le bibliomane, Charles Nodier”

Ecrire une histoire autour de photos

Couleurs d'automne

Nous sommes au mois de novembre, le soleil n’est pas très loin mais déjà il fait froid et la pluie, hier, a recouvert le sol de milliers d’étincelles dans lesquelles on voit se refléter les lumières de la ville. Les vacances d’été paraissent déjà lointaines et tout ce qui en reste, ce sont quelques photos prise ça et là, d’endroits que je connais et où j’aime retourner à cause de leur familiarité. Ils me procurent la sensation d’être chez moi ailleurs que chez moi, de me sentir bien ailleurs que là où je vis. C’est comme ça, je n’y peux rien. Je suis comme la bernique, je m’attache au premier rocher que je trouve.

Les feuilles ne se ramassent plus à la pelle, mais au souffleur à essence. C’est une ritournelle que j’aime écouter.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/feuilles.mp3] Continue reading “Ecrire une histoire autour de photos”