Un panorama de la photographie japonaise de 1945 à aujourd’hui… Troublant de diversité, des clichés surprenants d’une société d’après guerre…
Motherland
Un regard à la fois tendre et cruel sur une Russie décatie, une image froide et désabusée. Motherland par Simon Roberts.
Le spectacle futile
Ici on ne parle pas de devoir de mémoire.
On ne parle pas non plus des problèmes cruciaux pour la société comme «alors, c’est un gamin ou une classe entière qui devra faire un dossier sur un enfant victime de la Shoah ?».
On ne parle pas non plus de mariages princiers entre un Goebbels-like et une mannequin chanteuse croqueuse d’hommes et de diamants.
On parle pas non plus des luttes intestines pour la candidature à la Présidence de la France à la mairie de Neuilly-sur-Seine, plus importante et plus représentative ville de France.
Je n’en parle pas parce que je m’en fous que je me dis que la France doit aller merveilleusement bien pour qu’on s’intéresse à d’aussi futiles sujets.
On se serait cru au théâtre, et la similitude était encore accentuée par les silhouettes fantomatiques de ces hommes et femmes couverts de poussière blanche, groupés sous les orangers, et applaudissant le choix de Saumarez comme s’ils assistaient à un spectacle. Je n’ai jamais rien vu d’aussi peu anglais de ma vie.
Rudyard Kipling, Fausse Aurore in Simples Contes des Montagnes
Ferropolis
Hommage contemporain à une société post-moderne, baignant dans le fer et la manœuvre, d’immenses excavateurs dégingandés exhibés comme autant de vestiges d’une autre époque voués à être au coeur de la fête, en plein coeur d’une île isolée.
Ferropolis via Pruned.
Guerewol en pays Wodaabe
Dans nombre de communautés et ethnies, les parades amoureuses revêtent le caractère sensuel et lourd de signification de l’attrait et de la beauté magnifiés dans la danse, dans une mise en scène théâtrale qui se détache de la quotidienneté. Dans nos sociétés occidentales (si tant est que l’Occident soit encore une aune à laquelle on puisse mesurer quelque chose) la place de l’homme est celle de celui qui doit être séduit par la femme, ses atours, ses rituels, son parfum et ses attitudes. Chez les Wodaabe, une ethnie nomade d’environ 45000 membres que l’on assimile parfois avec les Bororo pour les similitudes que l’on constate dans le maquillage nuptial, c’est l’homme qui doit séduire et parader dans une danse très particulière exaltant la beauté.
Photo © Amanda Jones
Elle a ceci de particulier, entre autre, que ces hommes – des Nigériens – au physique longiligne et particulièrement fin que leurs vêtements, leur maquillage et leur attitude font ressembler à des femmes, qui elles, plus sobres, se contentent des atours simples de cérémonie, dansent en exhibant les parties blanches de leur corps.
Leur bouche est souligné d’un fard à lèvres très foncé et durant toute la danse de la beauté – nommée Guerewol – les jeunes hommes se doivent de montrer à leurs futures prétendantes leur capacité à séduire. Cette qualité passe par un rictus large découvrant leur belle dentition blanche et leurs yeux doivent rester grands ouverts, laissant ainsi voir le blanc. Ce qui est étonnant, c’est cette faculté de les faire rouler, converger, effectuer d’étranges mouvements allant du ciel vers la terre, largement aidés par la bendore, une puissante drogue hallucinogène. Au terme de cette danse, véritable concours de beauté font le jury est composé des femmes nubiles du groupe, les couples se forment.
Vidéos des danses du Gerewol: sur Youtube (National Geographic), sur EVTV1
Fabienne et moi avons décidé de vous emmener dans un tour du monde virtuel. Vous pouvez suivre les étapes de ce voyage sur Google Maps.
Interdit, voire strictement interdit
Ce n’est pas parce que c’est interdit qu’il ne faut pas le faire. Ce n’est pas non plus parce qu’on n’a pas l’autorisation qu’il ne faut pas la prendre. Pas plus qu’on ne doit pas faire quelque chose sous prétexte qu’il n’y a strictement aucun intérêt à le faire. Et que ce soit interdit ou strictement interdit, là n’est pas le problème.
Et c’est ainsi que naissent les révolutions.
Strictly no Photography recense toutes ces images volées qu’on n’est pas censé voir, tout ce qui est sans intérêt, voire strictement sans intérêt, mais toutes ces images sont uniquement animées par le désir de subvertir et de ne pas respecter les avertissements.
Van Brussel naar Brugge
Ville étrange tiraillée entre deux communautés qui ne peuvent pas s’entendre. Ce qui m’a frappé en allant dans la capitale belge, c’est l’entente cordiale entre les deux communautés qui vivent ensemble sans se marcher dessus tandis que les médias font tout pour donner l’image d’un pays chaotique exacerbée par l’attitude néfaste d’hommes politiques campés sur leurs positions. La Wallonie a longtemps été beaucoup plus riche que les Flandres belges mais à présent la partie nord de la Belgique affiche un taux de chômage faible et un PIB deux fois plus important que leurs cousins du sud, du coup la Wallonie n’est plus désirable et la sécession menace car on veut se débarrasser des importuns appauvris; une attitude peu digne. C’est sans compter sur le fait qu’Anvers a supplanté Bruges à une certaine époque et qu’elle était la capitale du Royaume. Ce qui m’a frappé également, c’est un racisme ambiant très fort dès lors qu’on s’enfonce dans les terres flamandes. Y parler français est presque insultant car on est d’emblée un Wallon, mais il suffit qu’on sorte une carte d’identité française pour que le sourire revienne et que l’animosité disparaisse. Très sincèrement, j’aime beaucoup les Flandres, pour l’ambiance douce et heureuse qui y règne, pour l’ordre et l’architecture hautement réfléchie et sobre, pour la propreté et le bon goût, mais je hais cette attitude méfiante et suspicieuse envers tout ce qui parle français, à la limite de la correction la plus élémentaire et parfois franchement haineuse.
Cliquez sur l’image pour voir les 24 photos de Bruxelles.
Du bon usage des notions de géométrie dans l'espace en milieu urbain
Devant ma tasse de café bien noir bien chaud bien sucré j’écoute d’un œil distrait la radio qui blablate et me donne le cafard – je ne demande jamais à écouter les actualités qui me semblent d’un autre temps – remémoration des années 30 – et je tombe ou plutôt me tombe dessus un communiqué du Ministère du Travail dans lequel on entend un homme, apparemment très content de son sort qui dit haut et fort “Moi, ce mois-ci, j’ai travaillé 4 heures de plus par semaine parce que mon patron avait des commandes urgentes à honorer et grâce à cette aubaine tombé des cieux, j’ai touché 183 euros net en plus“. Rendez-vous sur le site blablabla.com pour en savoir plus blablabla.
Regard de bovin, mais c’est quoi cette histoire. J’entends en fait tout autre chose. Quelque chose dans le style “Moi, ce mois-ci, j’ai travaillé 4 heures de plus par semaine parce que mon patron avait des commandes urgentes à honorer et qu’il commençait à faire dans son caleçon parce que les pénalités de retard vont gréver son budget vacances et cette année encore il ne pourra pas partir en République Dominicaine comme il y a trois ans et qu’il doit faire réparer son 4×4 et grâce à cette aubaine tombé des cieux, j’ai touché 183 euros net en plus, mais je n’ai pas beaucoup vu mes enfants, je tombais de fatigue devant le journal de Claire Chazal et du coup j’ai même pas pu regarder la Méthode Cauet. En plus de ça, je n’ai toujours pas été augmenté et mon patron a dit à son client que c’était mon manager qui avait tout fait, mais à part ça je suis heureux parce que j’ai touché 183 euros net en plus ce mois-ci“. Travaillez plus pour gagner plus, le rêve de toute une génération devient enfin possible, moi qui pensais que l’avenir était plutôt à l’augmentation des salaires, je tombe de haut.
Les grèves sont terminées et tout semble se passer comme s’il ne s’était rien passé, j’entends une fanfaronne rire sur le fait qu’elle n’était plus habituée à prendre le train et que finalement ce n’était pas si mal de prendre la voiture – ben va-y cocotte personne ne t’oblige et je me dis que le type qui conduit ce train est peut-être aigri de n’avoir pas eu gain de cause et d’avoir perdu 183 euros net a minima et qu’il va peut-être mener son train directement dans la Seine par un malencontreux coup de volant, et je me vois mal finir ma vie de cette manière parce que moi bordel ! Je suis avec vous, les gars… !! Du coup, je ne peux m’empêcher de m’adresser à mon voisin qui lit un étrange petit livre bleu sur lequel est inscrit “Comment lire un bilan” et je me dis que ce type ne doit pas savoir lire un bilan, mais en même temps un bilan, ce ne sont que des chiffres non ? et je lui dis Pensez-vous ainsi que le disait Slavoj Žižek que le bouton qui accélère la fermeture des portes de l’ascenseur est un placebo destiné à donner l’illusion à celui qui appuie dessus qu’il participe du mouvement de l’appareil ? Nan parce que dans ce cas là, je me demande si vous et moi ne serions pas des placebo donnant l’impression à la société cette fourbe que nous sommes ces instruments participatifs ? Pas de réponse et beau regard d’ange de bovin (bis)
Je me console tout seul le nez replongé dans mon livre et en apprenant qu’avant de se jeter à corps perdu dans la philosophie et dans la géométrie, Pythagore avait raflé tous les prix de pugilat aux Jeux Olympiques – et dire que j’ai passé toutes ces années de collège à tenter de comprendre un théorème proféré par une brute de catcheur dont il ne reste que des carrés et des sommes de carré de côtés !!!
Enfin bref, comme disait Mr Nicolas au café de l’Etrier, le carré de l’hypoténuse que si l’on Sancerre !! Rire gras.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi les copines, mais j'adore me maquiller les yeux
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Very%20stylish%20girl.mp3]
Ce dimanche, je me suis acheté un livre rose, un livre qui, comme ça, vu de l’extérieur n’est rien d’autre qu’un livre dans une pochette rose recouverte d’une sorte de velours comme on en trouve sur ces vieilles brosses à vêtements enfin je dis vieilles pas tant que ça c’est surtout le genre de choses qu’on trouvait dans les années 70, enfin que je trouvais dans les placards de ma mère quand je n’étais encore qu’un petit morveux – c’est pas vrai d’abord je n’ai jamais eu de chandelles qui descendaient des narines – je suis tombé sur ce livre avant d’avoir hésité longuement à prendre une édition brochée des Particules Elémentaires de Michel Houellebecq qu’il faut certainement avoir lu mais lorsque j’ai eu entre les mains ce livre recouvert de moumoute rose, je me suis dit voilà le livre qu’il me faut, le vrai livre qui de l’extérieur ressemble à un livre de fille, je dirais même de pétasse et qui est en fait un des plus grands romans du XXè siècle paraît-il et que je n’ai toujours pas lu et pour le coup je me suis dit qu’en avoir une édition en moumoute rose était l’occasion de le lire. Non ? Ça ne tient pas ? C’est justement pour ça que c’est important.
Alors c’est quoi ? Ce sont les mémoires de Dom Juan ? Non. Ni plus ni moins que le chef d’œuvre de Nabokov, Lolita. Une telle couverture s’imposait-elle ? Certes, il ne pouvait en être autrement, et puis j’ai flâné longuement entre les tubes de peinture les pastels gras les pastels aquarellables, et autres pastels de toutes sortes et aussi les crayons les mines les stylos les feuilles et les carnets enfin bref tout ce qui sert à écrire et à dessiner et je n’ai qua-si-ment rien acheté… je dis bien qua-si-ment parce que je n’étais pas là pour moi mais pour mon fils le coquin qui a lui de son côté flâné longtemps entre les livres de coloriages de Noël les livres sur les dragons et les atlas de tout acabit et a réussi avec son sourire d’ange à se faire offrir plein de choses par les vendeurs, il est comme ça – il s’avance vers les gens en souriant et tout lui tombe entre les mains, d’ailleurs faudrait voir à ce que ça n’arrive pas trop souvent qu’il ne s’imagine pas que tout est toujours aussi simple – et puis j’ai vu énormément de livres intéressants comme ce tout petit livre très cher sur les photos de Anja Hyytiäinen qui s’appelle Distance Now avec de très beaux clichés très crus et très froids comme savent en faire les gens du Nord (le premier qui siffle la chanson d’Enrico Macias c’est deux gifles), mais aussi Sensationnal Billboard aux éditions Teclum sur les panneaux publicitaires, Do not disturb de Chas Ray Kinder, très porno chic ou porno tout court et aussi un livre dont je ne soupçonnais même pas l’existence, un livre de leçons de photo écrit par le très célèbre Stephen Shore.
Et puis je suis allé à Paris, samedi, dans les grands magasins du boulevard Haussmann, je voulais aller sur le toit du Printemps mais il faisait déjà presque nuit quand je suis arrivé et puis de toute façon, je ne suis pas allé au Printemps mais aux Galeries Lafayette plus connues sous le nom de Galeries de la Fille ou Temple du Superflu et de la séduction clinquante ou encore Naos du petit cul qui se trémousse, c’est une question de point de vue et fichtre qu’il y avait du monde, dans les rues, sur les trottoirs et dans les allées, aux caisses et dans les rayons, jusqu’au plus haut de cet immense vrac de choses brillantes et de choses chères et plus chères qu’ailleurs, et puis toutes ces femmes, que des femmes – faut dire aussi que si on se contente de se promener au 4ème étage – pour celles (et ceux, mais bon) qui connaissent – ben c’est forcé qu’on soit noyé au milieu des femmes shoppingnantes parce qu’on est ici à l’étage Tendances de la femme, c’est un peu le Gotha du brillant de la marque du tendance et du c’est vraiment trop génial pour les femmes. J’adooooooooore…
Dehors les vitrines clignotaient miroitaient reflétaient cliquaient et tous ces gens horribles prêts à se monter dessus pour voir les vitrines animées et qui poussaient leurs enfants pour qu’ils soient les premiers et qu’ils puissent voir absolument en marchant sur les pieds et sur le visage de leurs congénères – leur inculquant dès le plus jeune âge les règles les plus élémentaires de la vie en société soit la traîtrise la couardise et le méchanceté, rien de moins que tout ce qu’on retrouve chez leurs chers parents et lorsque je vois de toutes petites filles vêtues de fourrure blanche, des vraies certainement et les pieds chaussés de souliers vernis de marque, je me dis que le monde n’est pas prêt de tourner rond, alors je change de trottoir, là où l’air est moins vicié et les gens moins puants et je dis à mon fils qu’on viendra un soir de semaine quand tous ces cons seront chez eux et je le laisse sucer son sucre d’orge en lui disant d’essayer absolument de se rappeler qu’on est encore en novembre et que Noël – ce n’est que dans un mois… On l’oublierait presque.
grève, 4ème jour
[audio:http://theswedishparrot.com/xool/cccp.xol]
Non, ceci n’est pas une autre ânerie de ma part. Mettre un blog en grève n’a pas réellement de signification en soi, parce que je n’ennuie personne à le faire. Au contraire, certains en seront peut-être soulagés. Toutefois, je profite de cet événement pour mettre mon blog au repos, tout simplement parce que j’ai besoin d’un peu de repos, que le travail me crève plus que de raison et que j’ai besoin de faire un break.
Par ailleurs, je tiens à signaler que je soutiens entièrement le mouvement de grève actuel et que je l’encourage vivement. Je ne fais pas partie de ces Français qui ont amené le Président actuel au pouvoir, ni de ceux qui pensent que les avantages sociaux sont à niveler par le bas. Je ne fais pas non plus partie des gens qui pensent que parce que l’espérance de vie augmente, nous devons en subir les conséquences et attendre la mort en bleu de travail, tout simplement parce qu’un corps humain est ainsi fait que la fatigue l’engourdit lorsque l’âge l’étreint. Je ne fais pas non plus partie de ces gens qui pensent que les grévistes sont des emmerdeurs et qu’il faudrait les exterminer, et qu’au contraire le secteur privé, aidé des politiques, a tout fait ces dernières années pour comprimer le syndicalisme et la contestation, que se révolter contre des mesures injustes est un droit, voire un devoir lorsque ce sont les générations d’après qui sont impactées.
Partant de ça, je vais me mettre au vert quelques temps, histoire de ne pas m’éparpiller.
EDIT (16 novembre): 3ème jour de grève. Voilà.
EDIT (17 novembre): 4ème jour de grève. Et si après tout, il suffisait d’écouter un superbe morceau d’Henry Mancini et se dire que finalement que la vie est plus simple qu’il n’y paraît…