énormément de choses en retard ou qui restent en suspens comme empêtrées dans un marigot de la Louisiane rien n’avance et moi je mange mon bol de céréales dans le noir d’une nuit qui n’en finit pas alors que le vent souffle remue les arbres les fait plier et la pluie tombe de temps à autre frappant le sol avec une sorte de cliquetis métallique – oui je suis encore malade mais je fais tout pour ne pas me plaindre – engoncé dans un monde de silence qui fuit dans la nuit qui n’en finit pas encore qui traîne des pieds et je monte dans le train qui lui non plus n’en finit pas de s’arrêter je prends une place j’aime bien être assis surtout en ce moment le calme pour lire personne qui parle ce monsieur en face de moi l’air vénérable il lit un bouquin qui a défrayé la chronique avec sa belle barbe poivre et sel parfaitement taillée – sa peau brune et ses beaux yeux sombres l’élégance à l’état pur avec son écharpe en poils de chameaux et sa veste en tweed – et l’autre elle est toute fine de tous petites pieds de jambes toutes fines sous son pantalon elle me tourne le dos – je déteste qu’elles me tournent le dos – une femme sans visage n’existe pas pour moi – et le silence est rompu toujours les deux mêmes pies qui ne cessent de se raconter leur vie monotone et comment tu as fait pour avoir ton prêt et mon mari a voulu une nouvelle voiture elles doivent tout connaitre l’une sur l’autre c’est horrible – ça me fait peur et je descends dans le métro il fait bon il a de l’air qui circule et ça ne pue pas le bruit des freins et des rails est assourdissant mais je suis dans malade dans mon monde et sans rien autour dans la pharmacie aussi il fait bon et je demande un tube de vitamines pour me donner ce coup de fouet dont j’ai besoin – un café un verre d’eau et j’émerge tout doucement – le vent s’est calmé je ne l’entends plus déjà parti certainement vers d’autres horizons frapper d’autres côtes le vent mon élément- sur l’océan – je retourne dans ma prison
Mallard
Plus connue sous le nom de Mallard, la locomotive LNER Class A4 4468 Mallard détient un record particulier, puisque c’est elle qui a battu le record de vitesse absolu pour une locomotive à vapeur. Les Etats-Unis pourtant pionner en matière de chemins de fer et de véhicules de transport ne sont pour rien dans cette histoire puisque la Mallard est une machine 100% Britannique.
Le 3 juillet 1938, ce monstre métallique de 165 tonnes, tender compris a atteint les 126mph soit 203 Km/h entre les villes de Little Bytham et Essendine, pulvérisant ainsi le record allemand de 1936. Destinée au transport de charbon, elle nécessitait une grande puissance, mais sa vitesse de croisière était tout de même de 160 Km/h. A part ces caractéristiques techniques, la Mallard est également reconnue pour son aérodynamisme et son design tout à fait novateur, réalisé par Sir Nigel Gresley. De plus, sa couleur bleue en fait une des plus belles locomotives de l’histoire du chemin de fer. Un monument encore visible au National Railway Museum de York, UK.
Pour mémoire, la locomotive la plus lourde est américaine, c’est une C&O Allegheny (Chesapeake & Ohio Railway) de 1941, pesant plus de 548 tonnes.
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Pantelant
Je n’arrive même pas à aligner un mot devant l’autre sur le clavier. Dès que je me suis mis au lit hier soir, j’ai su que ça allait mal se passer, j’ai passé ma nuit à greloter, recroquevillé sur moi-même en position de survie – je me souviens, la dernière fois c’était à un Noël passé en Auvergne, où il faisait moins de 10°C dans la chambre – à poil sous la couette et bien incapable de descendre du lit pour aller enfiler un pyjama.
J’ai traversé la ville dans une sorte de coton épais, tout juste capable de mettre un pied devant l’autre, jusqu’à la gare plongée dans le noir. Un écriteau sur la poste disait qu’exceptionnellement, la gare n’ouvrirait ses portes qu’à 10 heures, mais ne pouvant attendre que ces fonctionnaires ne se décident à se sortir les doigts du cul, je décidais de frauder. En même temps, j’aurais voulu ne pas frauder que je n’aurais pas pu, car sans menue monnaie sur moi, je n’aurais même pas pu prendre un ticket au distributeur. C’est typiquement Français ça. Tu n’as pas le droit de frauder, et si tu veux monter dans le train, tu prends un ticket (et Dieu sait que le Français est discipliné)… Comment ça le guichet est fermé ? Mais tu dois avoir un titre de transport… Même si tu dois le chier sur place, c’est comme ça.
En même temps, ça ne m’a pas tellement angoissé pour autant, et la perspective d’économiser un fois de plus trois dollars quarante cinq me laissa un moment souriant. Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde semblait ce matin encore plus endormi que moi. Et dans le métro, il n’y avait que des petites brunes au cul serré. C’est pareil, les femmes dans le métro, c’est différent tous les jours, un trait commun chaque jour.
A Pereire, une femme noire est assise sur ces bancs étudiés spécialement pour être assis-debout, en fait surtout étudiés pour que les clochards ne s’y reposent pas. Je laisse passer le métro dont la sonnerie annonçant la fermeture des portes retentit. Pas grave, pas pressé, je prendrais le prochain. Mais elle, elle reste là, assise et lorsque je monte dans la rame suivante qui arrive à peine deux minutes pus tard, elle est toujours assise. C’est un truc que je n’ai jamais compris, ça. Des gens semblent attendre quelque chose dans les stations de métro. S’ils sont en avance, pourquoi ne prennent-ils quand même pas le métro et ne vont-ils pas faire un tour au grand air au lieu de rester confiné sous terre ? Certes, certaines lignes comme la 13 ont des bifurcations, ce qui peut parfois expliquer qu’on attende celui d’après pour monter dans celui qui va dans la bonne direction… Mais là… Finalement, je m’en fous, je me pose beaucoup trop de questions, et j’ouvre des yeux effarés lorsque je m’aperçois qu’il ne me reste qu’une dizaine de pages à lire.
Comme si cela pouvait me soulager, je m’extasie sur les fesses remplissant bien le jean d’une brunette aux cheveux longs. Ma journée commence.
Encore une rousse
Pour une fois que je trouvais de la place dans le train sur le chemin du retour, il a fallu que je tombe sur la personne qui allait me mettre mal à l’aise. Avec l’intention ferme de poursuivre la lecture de mon bouquin, j’ai été dérangé par la personne qui était assise en face de moi. Je ne l’ai pas regardé tout de suite, mais j’ai vu qu’elle était toute de noir vêtue. Je sentais son regard posé sur moi. J’ai relevé les yeux, et j’ai senti non pas un regard perçant, mais bien plutôt quelque chose de bovin dans ces deux yeux globuleux. Ses cheveux roux, légèrement crépus étaient attachés en queue de cheval, ses yeux avaient cette étrange expression vide et désagréable qu’ont les poissons rouges et tout en elle semblait épais, son nez rond, ses lèvres énormes. Cela détonnait d’autant plus qu’elle était toute fine, toute maigre. Plusieurs fois, j’ai quitté les pages du livre pour voir où on en était, mais rien à faire, elle me fixait bizarrement. J’ai alors remarqué que ses yeux étaient légèrement rougis, et je me suis demandé un instant si elle n’était pas shootée. J’avais rarement vu autant de défauts physiques dans le même visage. Ce regard avait vraiment quelque chose de dérangeant et à tout moment, je m’attendais à voir dépasser un filet de bave d’entre ses lèvres… Flippante à souhait.
Heureusement, elle a fini par s’endormir, me laissant un instant tranquille, jusqu’à ce qu’elle ce qu’elle se lève pour descendre.
Je ne veux pas qu’on me regarde comme ça…
3 pour voir le roi – Magnus Mills
Il est certains romans qui vous laissent pantois. Une couverture, quelques mots volés à la sauvette lors de l’achat, ou de l’emprunt, le nom d’un auteur ou un titre enjôleur et quelque chose se passe. Pourtant, celui-ci, ce n’est même pas moi qui l’ai dégoté. En fait, le livre trainait sur la table de nuit, et puis je me suis dis et merde !
Je n’aime pas les livres abandonnés… Celui-ci devait être lu. Je pense que jamais je ne trouverais de livre dont la couverture correspond autant au texte, ceci grâce à une superbe photo de Joshua Sheldon.
Le livre commence dans un paysage étrange, sableux, une plaine, rien de plus, si ce n’est qu’une étrange petite maison en fer blanc. Ici, nous sommes chez un homme, un solitaire vite rejoint par une femme qui va chambouler sa vie et ses habitudes. On le voit alors se plier à des contraintes qu’il ne connaissait pas jusqu’ici et on voit croit apercevoir une métaphore vive sur l’aliénation de l’homme par la femme. Dans un univers où tous les repères sociaux sont complètement inexistants, on voit finalement s’établir quelque chose qui ressemble à la naissance d’une société, ses injustices, ses jeux d’influence, et ses déceptions. Mais avant tout, c’est une histoire qui parle de charisme et de la quête du bonheur, sans pouvoir vous en dire plus. C’est littéralement une histoire qui ne se raconte pas car jusqu’au bout, personne ne peut voir où nous allons être embarqués. Le désert reste notre seul décor, et le fait de vivre dans une maison en fer blanc est érigé en art, voire en science. Un roman absolument étranger…
En lire plus:
- Magnus Mills sur Wikipedia
- Une interview sur The Barcelona Review
Ses autres livres:
Quand tu dormais
Quand tu dormais, je me suis assis sur le bord du lit… Ta peau, dans l’obscurité, prenait une apparence lisse, presque trop et tout d’un coup, je me suis mis à détester le désir que j’avais pour toi. Je n’aurais jamais dû. Nous avions fait l’amour une bonne partie de la nuit et désormais, tu étais comme partie loin de moi, enveloppée des songes. Insouciante, pauvre folle…
Allongée sur le côté, tes seins reposent sur les draps, et même dans cette position, ils n’arrivent pas à être laids. Tu es belle, c’est horrible. Ta peau est lisse et douce, elle glisse sans bruit contre les draps lorsque tu bouges ou que tu te retournes.
Tes fesses rondes étaient relevées et le long de ta peau, dans le creux de la cuisse, coulait encore le coupable sirop blanchâtre en une longue trainée froide et brillante, je me suis alors amusé à tracer des cercles en plongeant l’index dedans, répandant le visqueux liquide qui commençait déjà à sécher.
Tes cuisses, et ton sexe… Quelques petits poils coupés court… J’y étais resté de longues minutes s’étirant comme des heures, coincé là, à tenter de trouver un but à ma quête, comme si ma langue allait trouver un trésor au fond de tes entrailles. J’adore ton odeur, celle qui se répand lorsque tu es excitée, tes fluides que je me plais à prendre à pleine bouche…
Tu dormais, et moi j’étais là, encore plein de tes odeurs que je pouvais sentir partout sur moi, le sexe encore tuméfié, rougi par nos ébats à bâton rompu, repu de toi, vidé de tout désir. Quand tu dormais, je me suis assis sur le bord du lit, et doucement je me suis rhabillé pour ne pas te réveiller.
Je suis parti avant de vomir devant toi…
Brouillardises
Mardi matin, il fait brouillard. Je sors comme endormi, entouré de coton, la nuit est encore dans les parages. Sur la quai, je retrouve la même brune aux cheveux courts que j’ai vu la veille au soir, tard, tandis que je rentrais du boulot en voiture. Elle m’intrigue, je m’approche doucement pour la regarder. Elle porte comme de grandes chaussettes dans ses bottes, un jupe courte et un cardigan. Elle fait partie de ces gens qu’on prend un malin plaisir à dévisager et qui apparemment aiment ça. En plus de ça, elle achète Libé. Tout ce que j’aime chez une femme. Un peu plus loin, une lycéenne, guère plus, fait voler ses bouclettes. Petit visage d’ange, va ! Je rencontre la voisine du dessus, et même elle, dans les ténèbres du quai a l’air désirable, avec ses hanches larges. Tout le monde me semble beau, ce matin, surtout les femmes, des jours comme ça, on se croirait au paradis. Par contre, dans le train, je n’ai à faire qu’à des têtes ahuries, des gens laids. Il y a un type en face de moi qui écoute une cassette dans son walkman (je ne savais même pas que ça existait encore), et cet abruti se cogne la tête lorsqu’il se lève pour sortir. Un “putain” léger et étouffé sort de ses lèvres pincées. Dommage, connard, t’avais l’air d’être un beau gosse. Ça devient trash dans ma tête, ça se bouscule, je suis comme pris par un vertige malfaisant, quelque chose qui me donne envie d’afficher un sourire cynique. Je dirais même sardonique. Pas de lecture ce matin, juste de la musique, bien fort, entre les oreilles. Dans le métro, une femme plus toute jeune, porte des résilles fins, de couleur rouge sur ses mollets musclés. Elle avait pourtant quelque chose de sympathique avec son petit nez en trompette. Et puis un coup de téléphone rompt le charme tandis que j’étais en train d’attendre qu’une petite rouquine se retourne et me montre son visage.
Je me suis retrouvé ensuite sur l’autoroute, en direction d’Amiens. Il faisait encore brouillard, encore plus, une vraie purée de merde en boite de concentré de tomate de merde de brouillard. Un truc à découper au couteau à merde de brouillard.
Au retour, les paysages étaient fantastiques, couleurs chatoyantes mordorées, éclatantes sous le soleil rasant du soir. Plus de brume, juste de beaux paysages vallonnés, des champs à perte de vue, une palette de couleurs inédites… Merde la Picardie, c’est peut-être un pays de bouseux, mais vache que c’est beau. C’est seulement l’automne qui fait ça ? Ce n’est peut-être que moi qui me fait des idées.
Minimalisme
Je ne sais plus par où commencer. L’impression de redécouvrir Internet et des milliers de choses qui trainent des tous les coins. Tout d’abord, je suis comme tombé en extase devant ces préfabriqués. Inhabitat est un blog spécialisé en architecture, avec une section entière dédiée au préfabriqué.
New Minimalist Houses: Un livre sur les habitations minimalistes par Anja Llorella Oriol chez Collins Design.
Gisue Hariri y Mojgan Hariri: Deux soeurs architectes, Belmont House – Belmont, California
Subtopia: un blog qui se définit lui-même comme A field guide to military urbanism…
Moonriver: Night Traveling, Day Dreaming, while Mapping my Escapisms, Tracing Love
Overshadowed: un traitement de la photo très particulier, des ambiances sombres…
Une parfumeuse
Ouais, je voulais acheter je ne sais plus quoi. Alors j’attendais avec mon truc – mince, je ne sais vraiment plus ce que c’était, mais j’étais chez un parfumeur – à la caisse et puis une jeune fille, petite trentaine, qui était en train de mettre des trucs dans les rayons, s’avance vers moi et me dit:
– On s’occupe de vous ?
L’oeil pétillant, je lui réponds:
– Hmm, pas encore, mais j’aimerais bien.
Elle prend ma chose – ce que je voulais payer – et me demande si je peux un papier cadeau.
– Nan merci, je lui réponds, et pendant qu’elle met tout ça dans un sac, penchée, je plonge le regard de manière odieuse dans son décoletté, ce qui ne semble absolument pas la déranger. J’ai l’impression d’être dedans tellement c’est profond, et j’ai tout loisir d’inspecter le détail de la dentelle de son soutien-gorge, les circonvolutions de son nombril et le motif à la ceinture de son string rose juste en dessous. Elle a l’air d’aimer que je la scrute ainsi.
– Vous avez besoin d’autre chose ?
Je lui aurais bien dit que j’aurais eu besoin de plonger le nez entre ses seins et de lui arracher son soutien-gorge, et de caresser sa peau qui avait l’air douce et fine, de plaquer mes mains sur son ventre et de sentir l’odeur de ses sous-vêtements, mais je me suis rendu couard, et je suis parti comme un voleur après avoir payé mon dû. J’ai encore manqué une occasion de dire ce que je pense tout haut, mais pas trop fort.
Rouquine
A moitié en train de comater, dans mon monde, dans mes petites choses, petit carnet et petit stylo, monde étriqué que le mien, j’ai manqué de sombrer dans le sommeil alors que j’ai été réveillé par un brouhaha de gonzesses en chaleur qui ont déboulé dans le wagon. Les lycéennes, quand on les lâche dans les transports, ça fait un boucan du tonnerre de Dieu, une vraie livraison d’oies sauvages. Et que ça pépie et que ça papote dans tous les coins, mais FERMEZ VOS GUEULES BON DIEU, y’a des gens qui vivent leur vie dans le silence, tous les jours que Dieu fait…
Et puis, c’est au milieu de ce joyeux bordel que j’ai remarqué cette grande rouquine. J’ai immédiatement remarqué ses ballerines argentées (merde, mais qui peut porter des trucs pareil) et son jean serré. Enfin quand je dis qu’elle était grande, elle était plus grande que sa greluche de copine. Moche, la copine. La rousse avait de grands yeux, des cheveux coupés au carré et légèrement ondulés, de cette couleur que l’on appelle “blond vénitien”, les pommettes saillantes donnant l’impression qu’elle avait un visage large. Sous son tee-shirt apparaissaient deux petits seins pointus, l’air accueillant.
Lorsque je regarde les cheveux d’une femme, surtout lorsque se dégage d’elle quelque chose de strictement sexuel, je ne peux m’empêcher d’imaginer à quoi peut ressembler son sexe. J’en imagine les poils de la même couleur, un peu plus raide, ou plus fin, bouclés, frisés, longs, taillés courts, rasés, épilés… Que sais-je encore. Rien qu’à la regarder, j’imaginais mes doigts me promener dans une brousse courte, coupée au millimètre, d’un roux plus clair que ses cheveux, de tout petits poils soyeux dans lesquels on a envie de se perdre des heures durant, à fouiller, à humer… J’ai passé une bonne heure à faire tanguer mon regard des pages de mon livre aux formes qui se dessinaient sous son jean…
Et puis je me suis réveillé. Ou alors pas du tout. C’était un rêve ? Ah merde… Vache, il fait chaud dans ce train…