Un 24 mars

En remontant le boulevard Saint-Germain dans l’air froid et le chaos bruyant des voitures et des passants, il m’est apparu comme surgi de nulle part du haut de son mètre quatre-vingt dix. Un colosse tout habillé de blanc avec une peau très mate, de très beaux cheveux blancs impeccables qui flottaient à chacun de ses pas et une barbe courte toute aussi blanche. Il se dégageait de lui une impression de calme marmoréen, de sérénité dérangeante et son regard d’Indien me transperça comme un javelot ; je suis resté là à l’admirer tandis qu’il passait à côté de moi. Ses pas amples martelaient le bitume et c’est comme s’il déplaçait dans sa démarche des pans entiers du paysage. Un homme magnifique comme un coup de vent. J’ai été secoué. Et puis en marchant, un peu plus loin, je me suis arrêté un instant pour regarder des dessins accrochés là, sur les grilles de l’église Saint-Germain, sans personne pour les surveiller et tandis que je les regardais distraitement, je me suis aperçu que l’un d’entre eux représentait ce fantôme qui avait déjà disparu dans la foule. Un jour, vous aussi, vous le verrez.

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