Eric m’a surpris ce matin. Il m’a demandé si j’allais bien, parce que j’avais l’air un peu déprimé. Déprimé ? Moi ? Bon Dieu non, je ne me suis jamais senti aussi bien ! Ce n’est pas parce que je parle beaucoup et que j’endosse mes habits de samouraï que je suis déprimé, bien au contraire. Si je suis si volubile et bavard, aussi cynique et sans états d’âme, c’est parce que j’écris beaucoup, et quand j’écris beaucoup, j’ai les yeux qui brillent de la couleur de l’acier trempé, et quand j’écris beaucoup, ça signifie que je suis heureux, et si je suis heureux, c’est parce qu’il y a des étoiles dans mes yeux.
Etre cynique est une arme qui permet de ne s’identifier à rien et d’éviter de se complaire dans le quotidien sans fin. Le cynisme (du grec kuon, kunos, du latin canis, le chien) se porte haut, la poitrine gonflée et le regard hautain, et comme tout bon chien qui se respecte, je sais planter mes crocs juste assez profondément pour faire saigner, mais je relâche aussitôt…
Et puis d’abord, je ne suis jamais déprimé. Je porte sur ma peau la cuirasse des guerriers du petit matin…