Photo © ptrob59
Envie de prendre les mots à bras le corps, de me laisser bercer après cette belle journée d’hiver qui a revêtu des habits printaniers, envie de me laisser porter tout simplement. Les choses de la vie n’ont que rarement de l’importance, et c’est ainsi que je les vois. L’air est chargé de petites particules de bonheur et tout à coup, je n’ai pas envie de réfléchir, juste de sentir.
On m’a fait un compliment aujourd’hui, et comme souvent, ça me met mal à l’aise, je ne sais pas quoi répondre ; on m’a dit que j’écrivais bien, que je parlais bien et que ma culture était impressionnante. Je n’ai pas su quoi répondre au risque de passer tout à coup pour quelqu’un qui manque de modestie, ce qui n’est pas faux en soi. Et puis j’ai reçu un mail troublant, des mots qui auraient pu avoir été écrits sur une lettre de papier gaufré, et tout à coup, je me suis senti étrangement bien, en totale confiance, dans la confidence malgré l’étrangeté.
Je me suis regardé longtemps dans le miroir de la salle de bain et j’y ai vu un visage lisse et encore jeune, des yeux doux bien qu’emplis de malice, des sourcils qui n’inspirent peut-être qu’une légère tristesse, mais c’était moi, je me suis reconnu, c’était bel et bien moi. Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti cela face à mon image. La raison ? Je la connais. Je suis en accord avec moi-même, je ne suis rien d’autre que ce que je suis après avoir longtemps pensé que je pouvais jouer avec des apparences qui ne faisaient que m’éloigner de moi-même. J’aurais pu être meilleur, faire de grandes choses, mais me dire que j’aurais pu être pire me conforte dans l’idée que je suis bien comme je suis. Je m’aime bien, je me supporte, je ne me dégoûte jamais, je suis une bonne compagnie pour mes moments d’homme seul. Et par-dessous tout, je garde au fond de moi mes espoirs d’enfant, mes rêves de gamin, et sur le visage ce sourire discret que l’on me connait.
A présent, je peux à nouveau parler de moi sans me faire peur.