Je ne regrette pas d’avoir écrit ces mémoires. Le lecteur n’en tirera peut-être pas grand-chose, mais l’auteur y a trouvé son compte : j’ai de plus en plus de mal à me prendre au sérieux. […]
Je n’étais pas mal de ma personne, et j’avais le bon âge : les femmes ont un penchant pour les hommes qui approchent de la trentaine, surtout s’ils ont une salle de bain avec bidet et qu’ils aiment les femmes dans tous leurs états.Stephen Vizinczey, Eloge des femmes mûres
Cracher du haut des buildings, les yeux grands ouverts
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- Acte 1 : où il est question de l’obscurité
- Acte 2 : rêves de Bunker Hill
- Acte 3 : des genoux de la danseuse
- Acte 4 : rêves de départ
Photo © santapaul
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Absolument Moleskine
Il y a quelques temps, peu de temps après la sortie de Netizen et l’interview que j’y avais consacré, j’avais été contacté par un Monsieur très bien d’une agence de com’ pour devenir blogueur de marque (c’est à dire en gros être payé pour administrer un blog destiné à vendre, pour glorifier les bienfaits d’une crème de jour ou de produits toxiques pour désinfecter les toilettes) et il m’avait demandé si ça ne me dérangeait pas de me vendre au profit d’une marque, de mettre mes talents de rédacteur au profit d’un grand groupe, pour 300 euros par mois. Regard presque bovin – je ne m’attendais pas à ce genre de question. Bien sûr que ça me dérange ! Mais au même titre que ça me dérange de travailler, de vendre mon temps pour des choses que je ne connais que de loin dans la chaîne de production, et au même titre que ça me dérange d’acheter des produits de grandes consommations dont je ne connais pas les méthodes de fabrication, ni l’impact de cette production sur l’environnement ! Mais voilà, il faut bien croûter ! Il faut ramener des thunes dans le foyer pour faire bouillir la marmite, alors je lui ai dit de me filer mon cachet et que j’allais le tenir son blog ! Et puis de toute façon, il y a bien longtemps que je me suis résigné et je sais à présent que pour vivre, il faut parfois savoir vendre son cul. Bon, en fait, ça ne s’est pas fait, pour diverses raisons.
Hier soir, j’ai reçu un mail d’une gentille dame représentant une marque célèbre, en l’occurrence Moleskine (détenue par la Société Générale), louant mon travail sur les carnets de note du même nom et insistant sur le fait qu’ils représentent parfaitement l’esprit de la marque et elle me demande de lui envoyer un de mes carnets pour l’exposer au Frankfurt Book Fair en octobre et au London Book Fair en avril (l’équivalent du Salon du Livre de Paris, regroupant 23000 membres, des professionnels de l’édition). Comme je ne suis pas super chaud pour envoyer un de mes Moleskine, surtout parce que je n’en ai fini qu’un seul et que celui-ci se trouve à présent à Chêne-Bourg, la gentille dame me propose de m’envoyer gratuitement par DHL un Moleskine de mon choix afin que je le remplisse et que je le retourne. Bonne idée ça, ouais. Du coup, j’ai commandé un cahier extra-large ruled, couverture noire, de 120 pages que je dois remplir en moins d’un mois. Un beau challenge et des heures de boulot, de collage, de mise en forme, d’écriture…
La récompense ? Cinq Moleskine à la clé, le format et le layout que je désire. Et puis une gloire éphémère, représenter une marque pour un travail jugé de qualité.
Le risque ? Des milliers de visiteurs du Salon pourront manipuler mon carnet, la petite dame ne me garantit donc pas l’état dans lequel je vais le retrouver. Du coup je me dis que je réserverais bien une petite surprise aux gens qui seront susceptibles de voir mes pages.
Quoi d’autre ? La satisfaction d’accomplir un travail qui intéresse des gens et partager ça. Rien de plus, mais ça me suffit.
L'ennui total
Bert Monroy, le trompeur
Bert Monroy fait partie de ces artistes fortement inspirés par cette Amérique des années 50, si marginale et si “pittoresque”, mais il a quelque chose en plus. Il n’est pas photographe, pas du tout, mais il est peintre, un peintre hyperréaliste, dont le travail est absolument bluffant et criant de vérité. Via Otomano.
Laranjeiras House – Marcio Kogan
La sublimation de la longueur, de quoi faire rêver…
Sur Modern Residential Design.
Vivitar ultra wide & slim
Un art, une autre façon de voir le monde au travers d’un objectif… Vignettage certifié conforme.
A voir sur Flickr (Vivitar Ultra Wide & Slim Pool) et sur Pinkiestyle.
Photo © slimmer_jimmer
Matt Palmer
Visions décalées d’un monde coloré ou gazéifié ou encore pétillant, visages torturés, la ville acide ou la nature gentiment décrépie… Matt Palmer.
L’exacte mesure du désir
Mes souvenirs, je l’espère, seront une lecture instructive, mais ce n’est pour autant que les femmes auront pour vous plus d’attirance que vous n’en avez pour elles. Si, au fond de vous-même, vous les haïssez, si vous ne rêvez que de les humilier, si vous vous plaisez à leur imposer votre loi, vous aurez toute chance de recevoir la monnaie de votre pièce. Elles ne vous désireront et ne vous aimeront que dans l’exacte mesure où vous les désirez et les aimez vous-même – et louée soit leur générosité.
Stephen Vizinczey, Eloge des femmes mûres
Le haut de la colline
Photo © Kolby Kirk
Los Angeles, give me some of you ! Los Angeles, come to me the way I came to you, my feet over your streets, you pretty town I loved you so much, you sad flower in the sand, you pretty town.
John Fante
Quelques mots – dans le brouillard du soir – pour dire qu’il faut aller à l’économie de paroles.
Je me suis laissé aller à quelque chose de complètement fou aujourd’hui, quelque chose qui a répondu à une impulsion primitive et sauvage qui devait être rassasiée. Pour la seconde fois dans ma vie, j’ai acheté Demande à la poussière… Il le fallait, il me fallait ce livre indispensable, l’avoir près de moi, le caresser et le chérir, me plonger dedans pendant qu’il en est encore temps.
Et puis, je me suis remis à écrire, pauvre larve de feignasse, oui je me suis remis à écrire, j’ai repris les armes et puis tout ça, toute cette gangue, c’est ici que ça va se voir, c’est dans ces pages, alors si vous voulez lire, il faudra me demander le mot de passe, un petit mail et puis ce sera parfait, parce que ce seront des mots qui nécessiteront une clef, pour la lecture, la compréhension, ça ne se lit pas comme ça ces choses là, ça ne se jette pas à la face du public sans rien dire, sans énoncer un léger avertissement – attention lecture dangereuse pour la moralité et la pudeur, un peu comme un concours de ticheurtes mouillés sur la plage de Cancún ou un combat de catch féminin dans la boue – ce serait insultant, provocateur, je ne vais pas vous balancer mon linge sale à la figure…
Ah, et puis une autre chose. Je ne vais pas beaucoup être là ces prochains jours. Mais on s’en fiche un peu, non ?