Il y a quelques temps, peu de temps après la sortie de Netizen et l’interview que j’y avais consacré, j’avais été contacté par un Monsieur très bien d’une agence de com’ pour devenir blogueur de marque (c’est à dire en gros être payé pour administrer un blog destiné à vendre, pour glorifier les bienfaits d’une crème de jour ou de produits toxiques pour désinfecter les toilettes) et il m’avait demandé si ça ne me dérangeait pas de me vendre au profit d’une marque, de mettre mes talents de rédacteur au profit d’un grand groupe, pour 300 euros par mois. Regard presque bovin – je ne m’attendais pas à ce genre de question. Bien sûr que ça me dérange ! Mais au même titre que ça me dérange de travailler, de vendre mon temps pour des choses que je ne connais que de loin dans la chaîne de production, et au même titre que ça me dérange d’acheter des produits de grandes consommations dont je ne connais pas les méthodes de fabrication, ni l’impact de cette production sur l’environnement ! Mais voilà, il faut bien croûter ! Il faut ramener des thunes dans le foyer pour faire bouillir la marmite, alors je lui ai dit de me filer mon cachet et que j’allais le tenir son blog ! Et puis de toute façon, il y a bien longtemps que je me suis résigné et je sais à présent que pour vivre, il faut parfois savoir vendre son cul. Bon, en fait, ça ne s’est pas fait, pour diverses raisons.
Hier soir, j’ai reçu un mail d’une gentille dame représentant une marque célèbre, en l’occurrence Moleskine (détenue par la Société Générale), louant mon travail sur les carnets de note du même nom et insistant sur le fait qu’ils représentent parfaitement l’esprit de la marque et elle me demande de lui envoyer un de mes carnets pour l’exposer au Frankfurt Book Fair en octobre et au London Book Fair en avril (l’équivalent du Salon du Livre de Paris, regroupant 23000 membres, des professionnels de l’édition). Comme je ne suis pas super chaud pour envoyer un de mes Moleskine, surtout parce que je n’en ai fini qu’un seul et que celui-ci se trouve à présent à Chêne-Bourg, la gentille dame me propose de m’envoyer gratuitement par DHL un Moleskine de mon choix afin que je le remplisse et que je le retourne. Bonne idée ça, ouais. Du coup, j’ai commandé un cahier extra-large ruled, couverture noire, de 120 pages que je dois remplir en moins d’un mois. Un beau challenge et des heures de boulot, de collage, de mise en forme, d’écriture…
La récompense ? Cinq Moleskine à la clé, le format et le layout que je désire. Et puis une gloire éphémère, représenter une marque pour un travail jugé de qualité.
Le risque ? Des milliers de visiteurs du Salon pourront manipuler mon carnet, la petite dame ne me garantit donc pas l’état dans lequel je vais le retrouver. Du coup je me dis que je réserverais bien une petite surprise aux gens qui seront susceptibles de voir mes pages.
Quoi d’autre ? La satisfaction d’accomplir un travail qui intéresse des gens et partager ça. Rien de plus, mais ça me suffit.
Ce sera amplement mérité, Monsieur, qui m’a donné envie d’un Moleskine et qui depuis ne me quitte jamais (en compagnie d’un vieux stylo bille Mont-Blanc et de mon APN, au point que j’achète mes manteaux et blousons en fonction de la place disponible pour y ranger ses trois objets) !
J’espère que tu prendras au moins le temps de photographier chaque page de l’ouvrage avant qu’il ne parte dans des mains étrangères et curieuses.
Comme dit plus haut, c’est franchement mérité. Tes moleskines sont tout simplement magnifiques, j’ai découvert la marque par l’intermédiaire de Franck Paul et de ton site, et ça m’avait tout de suite donné envie d’en acheter même si je savais très bien que je n’attendrai jamais ce niveau.
L’image pour illustrer ton article est surprenante, quel boulot, bravo.
Ouai d’abord, c’est de la faute de Fabienne et de toi si je m’en suis acheté un aussi !
Par contre je trouve géniale l’idée que ton Moleskine passera entre les mains d’autres gens avant de te revenir. Un co-projet poulpe/moleskine en vue pour t’assurer de son retour dans un état second ? 😉
Tu sais Franck, c’est marrant, parce que moi j’achète des pantalons avec des grandes poches pour le même usage 🙂 Bien sûr que le carnet sera immortalisé…
Kinoute, tu sais, tu parles de niveau, mais c’est avant tout du temps et de l’envie. Pose-toi devant ton carnet avec des ciseaux, de la colle, un stylo et des magazines et tu verras, je trouve ça excitant et c’est ce que je fais le soir plutôt que de regarder la télé 😉
Kow, il aura peut-être une autre valeur, symbolique, une méta-existence…
Et puis je tiens à dire que généralement j’ai plutôt des commentaires de filles et là, que des mecs. Le Moleskine serait-il un accessoire… plutôt masculin ? En tout cas, merci pour vos mots gentils, ça va me droit au coeur…
c’est vrai que tu as du talent et que ton travail sur les carnets Moleskine est magnifique . j’ai toujours aimé les carnets de notes mais grâce à toi ils ont pris une autre “dimension”,j’envie les petits veinards qui vont pouvoir consulter ton carnet !
ce qui est sûr, c’est que celui que j’ai, je le prête pô ! non non non 🙂
pour diverses raisons on ne se prostitue pas, finalement c’est peut-être mieux comme ça…
une fille
les garçons, mais comment vous suffit-il d’une poche ou d’un blouson pour transporter votre bordel perso ? je n’arrive pas à me défaire de mon sac de fille, ça m’énerve…
Je crois bien que c’est en tapant “Moleskin” chez Google que je suis tombé sur ce blog la première fois. Et quelle bonne surprise!
C’est vrai que ça fait envie ce petit carnet. “Un jour, j’en aurai un!” Je sais pas pour quoi mettre mais je le veux.
En tout cas bonne chance pour ce boulot. Peut-être qu’un visiteur sera bouleversé et voudra acheter l’oeuvre… qui sait.
hélène, ça veut dire qu’il faut que je fasse une expo en live c’est ça ? 🙂
Fabienne, ha ben là, spa pareil, je vais le faire exprès pour !
SoL, ah mais attends, le pantalon à poche c’est pour le petit moleskine, mais comment crois-tu que je transporte les grands, mes bouquins, les lettres de mes admiratrices ? Hein ? Mon sac c’est pas un sac de fille, c’est une besace de facteur !!!
oGhu, t’a dû chercher longtemps, parce que je suis pas dans les premiers 😉 Moi, je ne peux conseiller que de se lancer, il faut absolument !!
Moleskine, Moleskine… Il y a une chanson qui parlait de moleskine… De l’arrière des cuisses d’une fille qui collait sur la Moleskine… De la Moleskine fendue de bas en haut, s’ouvrant légérement sur la mousse jaunie par le temps… De la Moleskine d’une banquette rouge dans un routier perdu sur une nationale où passait quelques camions seulement, soulevant la poussière devenue brume légère sur un ciel bleu éclatant de profondeur et de netteté…
Je le retrouverai cette chanson…
5 Molskines… Ils sont radins quand même…
Mais mais oui !! Il faut que tu retrouves cette chanson !! J’en reviens pas !
alors j’émets une réserve (mode chieuse ON): “se lancer, il faut absolument” – je ne suis pas d’accord, car c’est comme de dire que tout le monde peut être écrivain, photographe, journaliste, peintre, chanteur etc., et ça, on sait bien que c’est faux. (mode chieuse OFF).
On sait que c’est faux, en l’occurrence, on peut être amateur sans jamais avoir d’autre ambition que de faire ce qu’on aime. C’est clair que remplir des carnets et s’y prendre comme un pied a moins de conséquences que de chanter à la Star’Ac, mais on ne sait pas tant qu’on n’a pas essayé, il faut se jeter à l’eau et avoir ensuite l’honnêteté de reconnaître qu’on ferait mieux d’aller planter des artichauts si on a autant de talent qu’un pied de biche…
“on peut être amateur sans jamais avoir d’autre ambition que de faire ce qu’on aime.” – tu as tout à fait raison
“on peut être amateur sans jamais avoir d’autre ambition que de faire ce qu’on aime” il faudrait faire passer le message.
(J’ai eu une sorte d’illumination hier soir: je relisais des documents concernant l’école d’architecture dans laquelle je compte m’inscrire dans deux ans et ils proposent aux candidats de faire un dossier qui montre leur sensibilité aux domaines artistiques. Et là, il y a eu comme un parallèle, une superposition avec ce blog, avec les moleskin, et là, je me suis dis que ça serais bien si je me faisais un moleskin sur les choses que je fais, que j’aime, que je vois… Sauf que je ne sais pas s’il faut utiliser une colle spéciale, des stylos particuliers, etc. Bon, j’ai encore un an pour le faire mais je crois que c’est une bonne idée.)
Est-ce que je pourrais avoir quelques trucs ou recommandations à ce sujet-là? Merci d’avance.
une expo en live ? pourquoi pas ! en tout cas si tu prends des photos mets les en ligne , as-tu déjà des idées ou un thème particulier que tu vas aborder ?
Vous les avez connus ceux qui
Dans un élan de poésie
Mal contrôlé
A cent à l’heure sur les boulevards
Sur les banquettes de Moleskine
Ils s’aimaient à l’arrière des taxis
Tant que les heures passent…
Noir Désir
Noir Désir pas mal sublimé par mes souvenirs lointains de jeune femme enamourée… Aaaaah, le collant de la moleskine sur les cuisses moites d’une jupe trop courte…
oGhu, un colle particulière ? Oui de la décopatch ou du liant Caparol, et comme stylo j’emploie des Pilot v-tech v7, mais le papier Moleskine est tellement bon qu’il permet l’usage de n’importe quel stylo. Evite les stylos bille quand même.
Hélène, oui, mon thème sera très West Coast… J’ai quelques idées déjà et je pense même que je montrerai mon travail en plusieurs étapes.
Sand, je viens d’écouter la chanson et les paroles sont vraiment bien pensées, mais la voix de Cantat, je peux toujours pas, c’est plus fort que moi. En tout cas merci 🙂
merci pour ces précisions