Ununnullium

J’étais là en train d’écrire et mon oreille trainait je ne sais pas où, certainement dans un endroit peu recommandable, lorsque qu’une phrase m’y a mis la puce ; à l’oreille justement – forcément.
Il y était question du fait que les métaux lourds étaient très polluants pour l’environnement, surtout si on les déversait dans la nature, des métaux lourds comme le mercure, le plomb, etc. blablabla oui on sait.
Et puis je me suis dit qu’il y avait quand même une limite à ce discours. Car d’où viennent ces matières, hein ? C’est quand même pas tombé du ciel dans de grandes coupelles, non ? Certes le raisonnement est un peu simpliste, mais j’imagine que les quelques rares nappes souterraines dans lesquelles il reste du pétrole sont tout de même loin d’être complètement saines… Donc où commence la réelle pollution ?
Plus sérieusement, je viens de me rendre compte que le tableau périodique des éléments, dit de Mendeleïev s’était enrichi d’une tripotée d’éléments artificiels qui n’existaient pas encore quand j’étais au lycée. Ainsi, j’ai découvert l’ununnillium (Uun, 110), l’unununium (Uuu, 111), et plein d’autres descendus sous les actinides… Fascinant.

unununium

Pour m'endormir

Depuis que je suis arrivé dans cet appartement il y a maintenant six mois je regarde tous les soirs vers le sud à peu près à vingt kilomètres au sud, au-delà de la colline de Sannois derrière la frange des arbres, depuis ce tout premier soir dans la chaleur approximative de septembre debout sur mon balcon à regarder au loin et c’est à partir de ce moment précis où j’ai eu l’impression d’avoir été flashé par le faisceau d’un phare — un phare ici à un minimum de deux cents cinquante kilomètres de la première étendue océanique et du premier grain de sable iodé — et quinze secondes plus tard — une réminiscence, deux éclats blancs toutes les dix secondes — le même faisceau, j’ai réussi à l’isoler dans mon champs visuel, une lumière vive qui au cœur de la nuit illuminait les murs et les vitres derrière moi ; je me suis rendu compte que j’étais face à la plus belle tour du monde qui répandait sa lumière jusque chez moi ; le soir lorsque je pose la tête sur mon oreiller et que je regarde par la fenêtre dont je n’ai pas complètement fermé le store pour me permettre de profiter de cette candide lueur, seulement trois fois de suite, je finis par fermer les yeux et m’endormir immédiatement dans le calme de l’obscurité étincelante…

La Grande Dame

Χ(Ω)

Sur ma gauche, dans la grande salle de réunion, un type que je n’ai jamais rencontré parle avec l’assurance des grands experts, ceux qui ont l’humilité suffisante pour parler de grandes idées, de grandes modélisations avec un détachement et une pédagogie nécessaires à une compréhension exempte de toute pédanterie. Il est chauve et petit, porte des lunettes rondes et un sourire rigolard de bon vivant. Son regard est vif comme un saumon remontant le courant jusqu’à sa rivière natale et son humour décalé aussi fin qu’un filet de sole. Il dit que ce modèle de probabilisation a été tellement complexe à mettre en place qu’il s’en est arraché les cheveux… Si je puis dire… Et de décrocher des rires de la part de son assemblée. Il s’appelle Gilles.

Photo © Jean-François Chénier

Pourtant, tandis que jusqu’à segmentation et probabilisation, j’étais à peu près en phase avec mon interlocuteur, j’ai commencé à décrocher lorsqu’il a été question de loi de Poisson, de Gamma Poisson en cohérence avec la loi de distribution bêta binomiale, de diGamma non-linéaire, de loi de Polya, d’inégalité de Bienaymé-Tchebychev, je me suis laissé bercer par le doux son de sa voix, le soleil me chauffant le dos, je me suis pris à rêver d’un monde dans lequel la formule pouvait être réduite à un simple affect.
Et δanς λequεl j’étαiς en τρaiν de m’ενδωrμir… Le Σ est notre ennemi.

Replay

Je crois que j’en ai marre de me dire que je n’ai pas le droit de profiter de mes soirées, ni des jours de congés que je peux planifier pour prendre un peu le large avec mon travail, je n’ai pas le droit d’avoir un peu de disponibilité d’esprit pour faire autre chose que travailler ou même penser au travail, essayer de formaliser ce que j’ai fait, l’écrire, penser à renseigner tel fichier, à faire telle modification, valider telle donnée ou supprimer telle… Merde, j’en ai marre. Je veux pouvoir rêver dans ma vie et passer un week-end sans être bloqué du dos lorsque je me réveille le samedi matin parce que je me pourris la vie avec des trucs qui n’en valent vraiment, mais alors vraiment pas la peine.
Alors je vais aller me coucher, prendre un bouquin et tenter d’avoir plein d’idées comme j’avais l’habitude d’en avoir, en quelque sorte une habitude plaisante, en attendant d’appuyer sur la touche replay et que tout recommence, dès demain matin…

Replay

La poubelle jaune

Je suis d’un naturel plutôt débonnaire, mais j’ai cette fâcheuse habitude d’être un peu joueur, un joueur qui je l’espère ne se prive pas d’avoir de l’humour. Aussi, j’aime bien dire ce que je pense et enquiquiner ceux qui me tapent sur les nerfs, et en ce moment, c’est au gardien de ma résidence que j’en veux.
Dans la cave, nous avons à disposition de grands bacs jaunes et gris afin de procéder au tri sélectif, mais depuis quelques jours, les bacs sont fermés et je me retrouve à devoir vider mes déchets dans un petit trou ne dépassant pas 30 centimètres sur 20. Ce qui a le don de m’agacer.
Alors j’ai écrit une lettre anonyme que j’ai collé un peu partout dans l’immeuble.

Photo © Joshua Rothhaas

Serait-il possible d’avoir des poubelles sélectives ouvertes et accessibles autrement que par des chatières à peine plus grandes qu’une bouteille de lait, histoire que deux points soient éclaircis ?
1- Sur les panonceaux visibles au-dessus des poubelles, il est inscrit que peuvent ses recycler les cartonnettes et les cartons, i.e. tout ce qui est en carton.
Un petit carton, un grand carton et un immense carton ont comme dénominateur commun d’être… en carton, donc recyclable.
Il n’y a donc aucune raison de jeter les grands cartons aux encombrants, sinon l’intérêt du tri sélectif est amoindri.
Soit on trie, soit on ne trie pas. Nous ne sommes pas dans une usine de calibrage d’œufs à trier par taille ce qui rentre et ce qui ne rentre pas.
Tous les cartons jetés aux encombrants seront incinérés car personne ne passera derrière vous pour trier à nouveau, tandis que les petits seront recyclés. Je crois que c’est important d’en avoir conscience.
2- Ensuite, j’imagine et je conçois que ça puisse être un passe-temps, voire un sport, de passer un bon ¼ d’heure à passer ses petites bouteilles en plastique et ses cartonnettes une par une par ces trous de souris, ou encore de descendre trois fois par jour au local poubelle pour jeter la moindre petite chose qui se recycle, mais personnellement, je ne fais qu’un voyage par semaine. Aussi, passer tant de temps à jeter ses déchets me parait un tantinet contre-nature.

Mon propos ne va pas plus loin.
Alors à présent, serait-il possible d’avoir à nouveau des poubelles grandes ouvertes ?

Un voisin qui se considère éco-citoyen et qui espère ne pas vivre dans un internat pour jeunes garçons indisciplinés ou une caserne de gendarmes.
(et merci pour les poubelles ouvertes, la nature et ma santé mentale)

J’imagine qu’une âme bien intentionnée aura tôt fait demain matin d’arracher mes petits papiers, parce que ces choses là ne se font pas, comprenez-vous ? Je m’en fiche complètement, comptant uniquement sur le fait de susciter des réactions, et à défaut, des sourires…
La suite au prochain épisode…

Des kyriades

Myriade: Du latin myriades, adapté du grec ancien μυριάδες, mêmes sens, issu de μυρίος « innombrable » dont le pluriel μυρίοι signifie « dix mille ». Nombre de dix mille. (Par extension) (Ordinairement) Quantité indéfinie et innombrable. (source Wiktionnaire)

Kyrielle: Formé au Moyen-Âge en référence à la litanie kyrie eleison (Seigneur, ayez pitié de nous) du culte catholique. Suite interminable de paroles ou de mots. (Par extension) Toute longue série, multitude. (source Wiktionnaire)

Kyriade: Origine incertaine, terme probablement né dans une salle de rédaction d’un magazine télévisé par de frais diplomés d’une école de journalisme. Sens incertain, veut très vraisemblablement dire “des beaucoup, des énormément, voire des myriades ou des kyrielles”… Entendu sur M6, la petite chaîne qui… Creuset culturel.

De la pénétration…

On va devoir s’asseoir sur le redressement…

Il faut qu’on regarde de plus près ce que donne la pénétration de cet acteur…

Ce que j’aime dans le monde des études, c’est qu’on peut passer sa journée à dire des obscénités avec un aplomb énorme, sans risquer de passer pour un pervers et avec l’approbation, et même de vifs encouragements de la part de ses supérieurs.
Il y a une lecture morale de tout ceci.

Précipité d'en haut

Précipité d’en haut…
Je n’écris pas pour me souvenir plus tard.
J’écris pour oublier maintenant…

trace

J’a retrouvé quelque part cette photo de Raymond Depardon dans mes petits papiers parmi un tas d’autres tirées du livre Voyages. D’autres parlent d’une femme dans le désert d’un amour niché au beau milieu des grains de sable, d’autres encore de grands hôtels vénitiens, d’autres encore me rappellent l’inavouable vérité des secrets ; une petite ritournelle me revient alors au loin comme le chant d’une boîte à musique dans les tourments du vent…
Dehors il gèle ce soir la nuit emporte l’odeur des dunes…
Plus que des poèmes.