Ce titre chez moi est un peu passé inaperçu – ce qui parait peu compréhensible au vu du succès pas croyable de Wax Tailor ces derniers temps – peut-être parce que je n’aime pas beaucoup les rythmes lancinants, mais je suis retombé dessus un peu par hasard et depuis que je vu Charlotte Savary. Ce que j’aime surtout c’est son petit accent français dans le flot anglo-saxon, sa voix limpide et cet air mutin. Charlotte Savary c’est aussi Felipecha, un groupe à mi-chemin entre la folk et la chanson française façon jazz manouche. Artiste de prédilection des projets de Wax Tailor, c’est une des voix les plus claires du moment et un physique qui ne laisse pas indifférent.
Hasards de l'isolement
J’ai installé près de mon canapé une étagère peinte du même gris titane métallisé que le mur. Envie de quelque chose de propre, de net, une étagère sur laquelle il n’y aurait rien que des choses triées, pour que tout soit net. Et hier, j’ai posé un livre de Murakami que je venais d’acheter, la fin des temps et le DVD d’Apocalyse Now version longue. J’ai regardé les deux supports posés l’un à côté de l’autre et j’ai tout de suite compris qu’il n’y avait pas là que l’effet du hasard, comme une communion d’éléments qui se retrouvent au beau milieu de l’univers.
Il a neigé
Notes. Deux moleskine. Est-ce que j’ai vraiment perdu le petit ? Est-ce que je l’ai vraiment commencé ?
Lecture. D’Ormesson et Murakami bientôt.
Regarder quelques films. Coppola. Klapisch. Jarmush.
Photo (spécial Depardon).
Des coupures de journaux qu’il faut que je trie.
Prendre un douche et me raser. Il est 13h50. Empty Quarter. Zone vide.
Monty Python Flyin' Channel
Ils ont vieilli mais ils sont toujours aussi cons bons. Les Monty Python ont leur propre channel sur Youtube et honnêtement, c’est délicieux.
The Fifth Wheel
« Imagine un aveugle qui rêve », dit-elle. Je suis assis près d’elle, sur la plage de Malibu et, malgré l’heure très tardive, nous avons toujours nos Wayfarers sur les yeux, et bien que j’ai été allongé près d’elle au soleil sur la page depuis midi (elle est arrivée sur la plage à huit heures ce matin) j’ai encore un peu la gueule de bois à la suite de cette soirée où nous avons été hier soir. Je ne me souviens plus très bien de la soirée, mais je crois que c’était à Santa Monica, mais peut-être un peu plus bas, peut-être à Venice. Les seules choses que je me rappelle sont trois bonbonnes d’acide nitrique sur une véranda, posées par terre près de la chaîne stéréo, un air de Wang Chung, moi tenant une bouteille de Curevo Gold, une mer de jambes poilues et bronzées, quelqu’un qui répète sans arrêt : « Allons chez Spago, allons chez Spago » d’une voix de fausset.
Photo © imagebysp
J’avais été charmé par le ton cynique et désabusé de Less than zero, cette sorte de distance qui fait de son premier roman un véritable chef-d’œuvre, ainsi que par les lois de l’attraction, un autre livre étonnant, une sorte de bombe stimulante dans le monde parfois trop calme de la littérature. Pourtant, j’ai lu il y a quelques semaines de cela Zombies (The Informers), un livre de nouvelles qui semblent avoir été écrites avant Moins que zéro et qui sont d’une violence folle dans l’intériorité des personnages, et pour la première fois de ma vie, j’ai eu un mouvement de répulsion face à un livre, un réel sentiment de dégoût jusqu’à la nausée. J’ai lâché le livre, je l’ai jeté au loin pour ne le reprendre que quelques jours plus tard et le terminer à contre-cœur.
Cette fois-ci, l’écrivain, l’artiste, le génial Bret Easton Ellis a dépassé toutes les bornes avec un texte dont je n’arrive pas à justifier l’horreur, mais c’est précisément là que ça me pose problème. N’est-ce pas le propre d’un génie de susciter autant d’émotion, que ce soit dans la joie, dans la beauté ou dans l’horreur ? J’y perds mes repères, mais je suis dégouté par ce 11ème chapitre de Zombies. Je ne pourrais pas oublier ce que j’ai lu.
Brevet n° 6281
L’histoire veut que l’épingle à nourrice (safety pin) ait été inventée à New-York par un monsieur qui souhaitait régler une dette de jeu, le 10 avril 1949. Son génial concepteur s’appelait Walter Hunt et il semblerait qu’elle ait été conçue un peu au hasard, et si ce type a également inventé les souliers à clous et le stylo à encre, il n’en était pas moins un génie autant qu’un inventeur raté, incapable de gagner sa vie avec son intelligence. Toutefois, l’homme était certainement un visionnaire humaniste, puisque dès lors qu’il eut inventé la première machine à coudre réellement opérationnelle, il se refusa à en déposer le brevet de peur de causer des pertes d’emplois sur le marché du textile. Le pauvre homme, si seulement il savait…
Jour 7
Rachid au Texas
Rachid au pays des bouffeurs de burgers et des éleveurs de bétail sur les champs pétrolifères, ou ce qu’il en reste, c’est quelque chose. Samedi soir, je n’arrivais pas à dormir. Faut dire que je n’arrivais pas à aller me coucher, trop sur les nerfs, trop sur les dents et trop mal aussi pour avoir envie de subir l’affront de la nuit. Alors j’ai regardé Ruquier sans même suivre parce que ça ne m’intéressait pas, et puis j’ai zappé et je suis tombé sur Rachid. Au début, ça fait un peu bizarre parce que ce Rachid, il a l’air un tantinet décalé, un peu à côté de ses pompes, un peu à l’ouest, mais en fait, il ne l’est pas tant que ça. Rachid, c’est en fait Rachid Djaïdani, écrivain et comédien, réalisateur et boxeur. Je l’ai déjà croisé une fois, mais sans arriver à le remettre.
Parcourant le Texas sur sa mobylette Bonnie, une vieille Motobécane bleu avec un réservoir chromé, il fait franchement décalé. Casque rouge peint d’une étoile blanche, keffieh bleu autour du cou et afro hirsute à la Eagle-Eye Cherry, il n’arrive pas à se fondre dans un paysage dévasté, sur des routes sillonnées par des pick-up monstreux que du propre aveu d’un concessionnaire, plus personne n’arrive à vendre à cause de la flambée du prix de l’essence.
Rachid, c’est un cœur tendre doublé d’un sacré farceur. Il aime se moquer de son prochain lorsque celui-ci a toutes les raisons de passer pour un imbécile. Chez des allumés vivant à la mode quaker pas très loin de chez David Koresh à Waco, il nous montre le visage d’une société qui produit tout ce dont elle a besoin, tout en refusant les progrès et la modernité, d’où les femmes vêtues comme dans la petite maison dans la prairie sont exclues. A table, un type jovial et bon-vivant dit les bénédicités et lorsque Rachid avec ses faux airs de métis black lui dit que c’est important pour lui de communier avec des chrétiens… parce que lui est musulman, l’autre se décompose et lui lâche la main…
Autre moment étonnant à Fort Hood, dans la plus grande base militaire américaine. face à un major, un grand gaillard qui instruit ses nouvelles recrues, il n’hésite pas à vanter les mérites de sa petite Bonnie et la fait essayer au militaire qui, comme un gamin s’amuse en se marrant. Il faut dire qu’ici, personne n’a jamais vu de Motobécane. Rachid promet qu’à la fin de son voyage, il lui donnera sa mobylette. L’autre lui fait la confidence qu’il part bientôt pour l’Irak et que ça ne l’enchante vraiment pas.
Un reportage haut en couleurs au pays des fous, rien de tel pour aller se coucher en paix.