Presque rien sur presque tout

un roman

Il n’y a pas si longtemps que ça j’ai repris quelques notes que j’avais prises dans un carnet et quelques autres textes que j’avais écrit sur mon blog et puis ailleurs également il y avait des mots et des phrases harmonieux une sorte de courant fluide qui passe et file entre les doigts avec la douceur d’un savon et rien d’autre et bien suffisant. J’ai tout relu et j’ai aimé ce que j’avais écrit et lorsque je relis ces longues phrases je ne peux faire autrement que de repenser aux circonstances qui ont projeté ces mots à l’extérieur de moi à tout ce fatras qui a jalonné les différentes étapes de ma vie alors…
J’ai repris mes petits carnets sans rien écrire dedans parce qu’écrire en ce moment fait partie du domaine de l’insupportable comme la douleur sourde qui émane d’un objet vibrant sur l’émail des dents. C’est comme ça et ça fait un mal de chien. Deux lignes et ça saigne encore plus fort. C’est comme ça et ce n’est pas vraiment grave. Hier soir j’ai terminé un des livres que j’avais sur le feu, un livre écrit à l’origine en suomi la langue qui chante depuis les profondeurs de la taïga enneigée. Ce matin j’ai repris les œuvres complètes de Nicolas Bouvier et c’est comme ça c’est de la lecture et rien ne fait partie en ce moment ne fait partie du domaine de l’écriture je n’écris rien c’est tout et c’est comme ça.
J’ai bien conscience que ça ne peut pas durer comme ça éternellement ça fait déjà trois mois que c’est comme ça c’est tout simplement impossible parce que je risque de m’effondrer. J’ai donc repris mes petits carnets et je vais bien finir par tout accoucher tout coucher tout transcrire j’ai repris toutes mes notes que j’ai pris le temps de consigner pour raconter des événements sans importance juste pour retrouver le goût de l’écriture le goût de ce qui finalement me fait espérer un peu que ma vie peut consister en autre chose que ma simple présence au monde. Je ne suis pas fait pour rester les bras croisés assis sur un rocher en regardant l’océan son flot et son jusant.
Il y a autre chose.

J. Luker

Tout n’y est pas forcément d’une grande qualité, mais au moins, ça a l’intérêt d’être parfois très bon. On ne peut pas être parfait tout le temps.
J. Luker.

Les terres blanches

Hier, nous étions jeudi, j’avais pris cette journée pour passer du temps avec mes grands-parents, le matin aller à Paris avec mon grand-père – je crois que je n’ai jamais passé autant de temps seul avec lui. Nous avons fait un long trajet, en bus d’abord, puis en train, avec une correspondance à Châtelet, et nous avons marché longtemps dans les souterrains de Gare du Nord, rebroussé chemin et enfin nous sommes arrivés. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, et nous avons parlé de tout et de rien, je lui ai posé des questions, j’étais assis à côté de lui, un peu angoissé tout de même et tout s’est très bien passé. Mon pépé. Nous avons plaisanté parce qu’il avait oublié quelques poils avec son rasoir – et je me suis bien marré lorsque rentré chez moi le soir, je me suis regardé dans le miroir de l’ascenseur pour découvrir que j’en avais moi-même oublié deux juste sous le nez… Et puis nous avons fait le même chemin en sens inverse, un long chemin fatigant, et je me suis inquiété pour lui parce que mine de rien, oui c’était long, même moi j’en avais plein les bottes. Dans le bus au retour, contents de nous asseoir et de nous laisser porter, nous avons fait des détours par Chatou, dans le quartier des Terres Blanches.

Les Terres Blanches, je m’en souviens à présent, j’y allais parfois à vélo quand j’étais gamin avec mon copain Thierry, et Pierre aussi, ce n’était que des champs à perte de vue, comme les Sablons et les Petits Chênes aussi et aujourd’hui, tout ceci est dessiné de maisons neuves, d’immeubles en arc-de-cercle, de pavillons placés dans des impasses aux noms saugrenus et dans lesquelles il n’y a qu’une seule maison, des petites boîtes et des grosses boîtes, toutes identiques, toutes pareilles, plantées là au milieu des champs.
Je suis allé chercher deux baguettes et des éclairs au café pour ma mémé et moi, et puis nous sommes revenus au bercail où nous attendait une cuisse de dinde avec une pleine marmite de ratatouille comme je l’aime, et une fabuleuse pomme au four tapissée de confiture de groseille.
Comme quand j’étais gamin, un moment privilégié empli de nostalgie de ce temps où je n’avais à me soucier de rien et où la vie revêtait cette simplicité dans laquelle se drapent les mioches avec un certain goût du confort. Une journée mémorable parce que pleine de tendresse et d’amour.

Les terres blanchesPhoto © Raymond Depardon in Voyages

Exactitudes

Un travail de collection, quasi-ethnographique autour des codes vestimentaires dans les différents groupes sociaux. Un multitude qui pose la question de la mêmeté/altérité.
Exactitudes = contraction d’exact et attitude.

Penwork

Il arrive parfois qu’on trouve des petits trésors, des ouvrages numérisés qu’on imaginait tout simplement impossible, comme le Codex Argenteus par exemple. Celui que je viens de trouver date de 1914 et a été écrit et illustré par un certain William E Dennis et traite de l’art du dessin à la plume. Une œuvre d’art sur la toile.
Via Drawn.

Jour 7

Toujours les mêmes qui bossent… Cela dit, la faible concentration au centimètre carré de matière grise permet une meilleure concentration, donc une meilleure productivité. Les autres devraient faire le pont plus souvent.

10 novembre

Depuis le vendredi soir

J’ai trois choses à dire.

  1. Je respecte énormément les commerçants qui lorsqu’ils rendent la monnaie compte à l’envers à partir de la somme qu’ils ont en mains. Dix centimes et un qui font dix, merci Monsieur. Ça, je trouve ça merveilleux et je me dis parfois que j’aimerais bien être commercial commerçant pour avoir ce don du calcul. Surtout celui de celle à qui j’ai tendu un billet de dix et qui m’a rendu la monnaie sur vingt.
  2. J’adore lorsque le vendredi soir on me dit Ah ouais tu as quand même fait tout ça cette semaine et à quoi je réponds que c’est pas parce que je suis au bout du plateau un peu isolé, tout au fond et que je ne rigole pas à leurs blagues pourries que je suis en train de me les toucher. Ben ouais, je bosse moi et quand je bosse ben ça finit toujours pas se voir.
  3. Se trimballer dans la rue avec Le Monde sous le bras, c’est vrai que ça fait intello, ou tout au moins mec respectable. Alors en plus quand tu portes des lunettes design, des chaussures à bout pointu et une chemise italienne à motif et à col blanc, tout de suite, ça pose le personnage, même si on ne sait pas forcément ce qu’il y a derrière.
  4. Ça faisait longtemps que je n’avais pas mis de photo de femmes nues sur mon blog alors voilà.
  5. Ouais, je sais, je n’ai pas envie d’être trop sérieux en ce moment.
  6. Ça fait pas trois mais cinq, enfin six maintenant.

Moi aussi je veux en être

Un commercial, c’est un animal qui se casse sans arrêt la gueule.
C’est ce qui arrive quand on ne fait que courir avec le pantalon baissé.

En ce moment j’ai une petite dent contre le commercial. Le commercial me rebute, il me hérisse le poil, il est un peu le morpion sur la couille, inopportun et dérangeant, vaniteux comme un milliardaire qui signe un chèque pour payer son assurance-vie et ambitieux au point de servir son intérêt personnel avant toute chose.
Rien ne vaut un bon chargé d’études, moi je dis. Le chargé d’études est fiable et rigoureux, chiant parfois dans son travail, mais toujours au service d’une cause louable.
Ou alors…

Un commercial c’est celui dont la chaise ne sèche jamais, à force de faire sous lui.

Oh bon Dieu, ça me démangeait.