It's nothing, it's nothing…

Ce qui est étrange sur avec les mots, c’est qu’on n’y voit pas ce qu’on est en droit d’attendre. On ne peut voir l’auteur en train d’écrire, on ne voit pas non plus ce qu’il ressent tandis que lui ne met dans ses mots que ce qu’il veut bien y mettre en tentant de tromper son monde. Seulement, en ce moment, j’ai l’impression que ce je cache se voit beaucoup trop. Ma fatigue, cette impression manifeste que rien d’excitant ne se produit dans ma vie, le fait que je me sente tout à coup vieillir, tout ceci ne se voit pas et de toute façon ça n’intéresse ni ne regarde personne.

Normalement, la moindre petite étincelle a pour moi cette potentialité de se transformer en feu de joie. Donc, quelque chose ne va pas en ce moment et le problème c’est que je ne sais pas ce que c’est. Je passe mon temps à me demander pourquoi je ne lis pas ou pourquoi je n’écris pas, ou alors pourquoi je n’arrive à me décider entre l’un ou l’autre et tout ceci se révèle absolument contre-productif.

Et puis je ne comprends pas, j’essaie de sortir de l’état sauvage, d’aller vers le gens, mais je me heurte souvent à des murs. Ce soir, on m’a proposé d’aller boire un coup en sortant du boulot. C’est vrai que je finis tard, mais j’aurais pu dire oui, non ? Voilà que je me mets à regretter. J’aurais vraiment aimé, mais bon, c’est trop tard. Il va falloir que je me décide à sortir un peu. Zarathoustra s’en alla dans la montagne et dit un jour “d’aimer trop les hommes, je périrai”. Il finit par en redescendre.

L’autre soir, je faisais le tour du parking pour trouver une place lorsque je remarquai qu’on me faisait des appels de phares. Je me suis arrêté et puis je suis reparti, me disant que je ne voyais pas qui pouvait me faire des appels de phares à cette heure-ci. Les appels ont repris, alors je me suis arrêté et je suis allé vers la voiture. Deux jeunes se trouvaient à l’intérieur et au départ, je les ai pris pour des policiers en civil.

  • Bonsoir, leur dis-je d’un air contrarié et curieux.
  • Euh Bonsoir M’sieur, excusez-nous, on vous a pris pour un ami à nous.
  • Vous avez fait erreur, je n’ai pas d’ami.

Ils m’ont regardé d’un air étrange, j’ai souri, et finalement je me suis dit que, quand même, pour partie, mon assertion était vraie. Bien sur, j’ai des amis. Peu, mais j’en ai. Mon sourire a vite disparu et je me suis renfrogné.

Je suis comme ces personnages de roman qui sont en proie aux caprices de leur auteur, un pantin irrationnel. Et puis je suis toujours comme ça quand je suis fatigué, je me dis que c’est normal. Ce qui est anormal est normal, c’est comme ça, tout rentre dans le même cycle, une chose et son contraire deviennent égales. La raison perd pied. Mais la question est “who cares ?”… Même moi ça ne m’intéresse pas.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/11-Ta-ta-ta-ta.mp3]

Comme dit Paolo Conte Tom Waits “it’s nothing, it’s nothing…

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