J'ai pris le train de dix-huit heures vingt-six ou un autre

A 5h30, je me réveille, vraiment mal dans ma peau, accablé de sommeil.
A 6h60, sans avoir pu me rendormir, après avoir tourné une heure, entourbillonné dans la couette un peu lâche et frippée, je me lève sans attendre que le réveil crache sa musique.
A 7h71 je suis sous la douche. Frotte partout, dans les coins.
A 8h01 en train de commencer à me préparer pour partir. Je traîne, je désagrège mes flux, je regarde par la fenêtre pendant que mon expresso coule.
Mon fils ne se presse pas, comme tous les matins, ça m’énerve et je commence à fulminer doucement.
A 8h20, je suis devant l’école pour le déposer. Nous nous embrassons. Tous les jours, c’est un déchirement.
A 9h30, j’arrive au boulot déjà exténué, les yeux qui brulent, la migraine qui me cajole. Je ne me lève que pour aller faire chauffer l’eau pour le thé.
A 13h00, ou un peu avant, je lève le camp pour aller me chercher de quoi déjeuner, j’ai mis mon nez dehors cinq minutes, le temps de souffler un peu.
A 13h87, je reviens devant mon PC et je mange mes pâtes au curry en surfant distraitement quelques minutes, et déjà je recommence à bosser, je n’aime pas perdre mon temps.
Parfois je discute sur MSN avec des inconnu(te)s.
L’après-midi, c’est le marathon. Je fonce jusqu’à 16h30 sans relever la tête, une pause de cinq minutes et je repars.
Ce soir je pars tôt, 17h50, ça fait pâle comparé aux 20h00 réguliers. Mais je vais chercher mon fils à l’école. Je vois toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes inconnus.
A 18h96, je passe l’aspirateur, je lave le sol, fais la vaisselle, étends le linge, change la litière qui pue l’enfer, désodorise avec un flacon de mûre sauvage.
A 21h74, je me mets à table. A 21h30 je couche mon fils, lui donne son lait du soir et je sors mon portable pour commencer à bosser.
Ce soir je fais des tableaux croisés dynamiques pour visualiser les fichiers agrégés par niveau.
Il faut que je rende tout ça demain pour respecter le planning que je m’impose tout seul comme un grand. Barré je suis.
Je referme mon portable à minuit, j’ai les yeux effondrés.
Qui me demandait l’autre jour si mes journées n’avaient pas plus de vingt-quatre heures ? Parfois non, parfois, je m’endors à 21h00 devant la télé comme une immense bouse, en sueur, exsudant mes douleurs de la journée avant de tituber vers mon lit.

J’adore ma vie
autant que la maudis

3 Replies to “J'ai pris le train de dix-huit heures vingt-six ou un autre”

  1. C’est moi qui avait posé cette question sournoise sur les 24 heures de tes journées, quand les posts s’enchainaient à la vitesse de la lumière. 😉

    Très souvent je me fais un planning du genre :

    Lundi – Découvrir de la musique
    Mardi – Lire des livres
    Mercredi – Poster sur mon blog
    Jeudi – Surfer à tout va
    Vendredi – Faire de la paperasse pour le boulot
    Samedi – Cinéma / télé / DVD
    Dimanche – Repos tôt.

    Et puis non, c’est juste pour me rassurer, m’imaginer une autre vie, et je fais un peu comme toi, on cumule 3 vies, on se couche tous trop tard.

    Bref: Courage, les vacances approchent, non ?

  2. Oui Hélène, comme tu dis 🙂
    Rasbaille, je me souviens que c’est toi (en même temps tu sais, y’a tellement de lecteurs sur mon blog que je m’y perds (pffff)) A une époque, j’avais fait ce genre de planning pour mon blog, au bout d’une semaine déjà c’était n’importe quoi et puis tu commences à accumuler la fatigue et là tu dis “feuque ze oueurlde”
    Pour mes dates de vacances, please consult my artistic agent 🙂

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