La vie dans une goutte d'eau

C’était pour lui le dernier de tous, le dernier des jours. Ce soir, c’est terminé. Il lui a fait un dessin hier, avec amour, et une fois emballé, il lui a porté au matin et après, je ne sais pas, je n’y étais plus, c’est son histoire à lui et je n’en saurais certainement pas plus. Il gardera ça avec lui une partie de sa vie je l’espère.

Dernier jour de petite école, je lui demande s’il n’est pas trop triste.

Ben de quoi ?
Tu n’iras plus jamais de ta vie à la maternelle. L’année prochaine, c’est la grande école.
Mais si Papa, j’y retournerai, quand je serai à la retraite…
Ah bon ?
Oui, quand je serai à la retraite, j’irai visiter toutes les écoles dans lesquelles je suis allé.
(…)

J’essaie de me raconter des histoires dans le train. J’essaie de terminer L’homme sans talent d’Yoshiharu Tuge ; un japonais s’assied en face de moi. Je le range et n’arrive pas plus à lire mon Kawakami ; mon esprit se dissout. Je me sens bien mais à bout de forces et je n’arrive plus à rassembler ce que je suis. Besoin de temps pour moi, besoin de me concentrer.

« Quand tu auras enfin visité
Tous les sanctuaires de la terre
Tu reviendras chez toi regarder
La vie dans une goutte d’eau
Déposée par la pluie d’automne
Sur une feuille de bananier »

Ôe Tômatsu

2 Replies to “La vie dans une goutte d'eau”

  1. ah les tendres souvenirs d’enfance… ils n’appartiennent qu’à soi, on les garde comme une collection de petits cailloux blancs… c’est vain et précieux tout à la fois

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