L'errance involontaire sur la terre natale

la plaine

Je n’ai pas fait exprès de prendre cette photo. Je me suis arrêté sur le bord de la route là où je n’avais jamais fait que passer sans réellement faire attention à tout ce qui se trouvait autour de moi. Pourtant, cette photo reflète tout ce qu’est ma vie. C’est ma terre natale, ma terre nourricière, c’est Montesson, une petite ville des Yvelines, coincée entre une grande plaine maraîchère et la réputation altière du Vésinet. En prenant cette photo, j’ai honteusement copié – pardon, je rectifie – j’ai scrupuleusement respecté les termes de la photo de l’Errance de Raymond Depardon. Prise de vue verticale, cadrage strictement centré, pas de sujet, une photo qui vit pour elle-même sans rien dire, ne fait que capturer l’essence d’un lieu comme si on y était plongé par hasard… L’essence de l’errance.
Tout se lie, Depardon cite Jacques Rancière, un des professeurs de Paris VIII-Saint-Denis qui m’a le plus marqué[1] dans ma vie d’étudiant: «Une chose est intéressante lorsque la forme naît d’elle même et qu’elle est le produit d’un calcul». La confiance dans le réel comme une forme passive. Cette photo est importante pour moi car elle marque le début de la compréhension de l’image comme un rapport au monde, une mondanité qui prend ses racines dans l’univers connu.

Note:
[1] Rancière est élève d’Althusser, de tradition marxiste.

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