Un des aspects que j’ai réussi à comprendre juste avant de partir en vacances, c’est qu’il est plus facile de prendre des notes avec un appareil photo qu’avec un carnet et un stylo. En réalité, j’ai fait les deux.
Andreas Angelidakis, lui, est parti en congés en Crète et à Antiparos et en a ramené un portfolio, ou plutôt ses notes visuelles de voyage. Une manière différente de garder une trace de ses vacances.
Kolkata Variations
Juan Rayos est un personnage qui me fascine depuis quelques temps grâce à ses Moleskine, le A et le B, mais il est également l’auteur de deux séries de photographies que personnellement je trouve splendides car elles sortent totalement de l’ordinaire et sont chargées d’une ambiance terriblement sombre tellement réelle et morbide qu’elle reflète à mon sens l’Inde telle qu’elle est et non telle qu’on tente de la représenter.
Kolkata et Varanasi Variations. Les deux séries sont placées sur une carte. Ici et là.
Moi, mais en mieux (pincer/replier)
˙ʇsǝno puɐɹƃ ǝl sɹǝʌ ǝʇnoɹ uǝ àɾép ıɐɹǝs ǝɾ ǝnbsɹol ǝnb ǝssıɐɹɐddɐ,u lı,nb ɹnod ɹǝʇɐp-ʇsod ǝl sıɐʌ ǝɾ ‘sıoɟ ǝun ɹnod ǝnbsınd ǝɹèılnɔıʇɹɐd ɹnǝʌɐs ɐl à ʇǝllıq un ‘sǝɔuɐɔɐʌ uǝ ʇɹɐdép ǝp ʇǝllıq lǝuuoıʇıpɐɹʇ uoɯ ıɔıoʌ
Euh… pardon…
Voici mon traditionnel billet de départ en vacances, un billet à la saveur particulière puisque pour une fois, je vais le post-dater pour qu’il n’apparaisse que lorsque je serai déjà en route vers le grand ouest. Et puisque je ne fais jamais rien comme tout le monde, je me suis dit que c’était le bon moment pour moi, cette mi-année, de faire un petit bilan de mon année sur terre. Tous les ans, en janvier, je fais un peu le point, je me regarde en face, je me demande ce que j’ai fait depuis tout ce temps et j’essaie d’en tirer du positif. Et tous les ans, je me dis que l’année qui vient de s’écouler était décidément la plus merdique de tous les temps infinis, et que l’année qui va arriver sera meilleure, mais je crois qu’en 2007, j’ai touché le fond. Cette année aura été pour moi la pire de mon existence. L’annus horribilis totale (Et merde, pour une fois que j’essayais d’être sérieux).
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Jo_Manji.mp3]
Pourquoi ça ? Parce que je vais de déceptions en déceptions, c’est un peu comme si j’avais la déception chevillée au corps comme quelque chose d’indéfectiblement lié à ma chair, un élément constitutif et inséparable. Un bloc de chair et de déception. Rien d’autre. Je me situe réellement et sans misérabilisme aucun comme un éternel abandonné, incapable de retenir les gens autour de moi…
Merde. Fait chier. J’ai du mal. Bon. Stop. Je n’arrive pas à me remettre de cette histoire, mais il va falloir que je vive avec. Même mal. Il va falloir que je change, que je m’endurcisse et que j’arrête d’être un gentil Romuald avenant et charmant et que sais-je encore. Un être de lumière ? Je me souviens que le roi des enfers portait ce nom là. Lucifer. L’ange déchu, celui qui portait la lumière. Ma vocation est peut-être de porter l’ombre sur mon visage. L’ange déchu… c’est peut-être ça après tout.
– Connard !!!!
– Oui ? C’est moi ! J’ai un survêt’ et un berger allemand…
1, 2, 3, soleil… Bernard Blier.
Bon. Désolé, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Voilà, je suis parti vers l’Océan, le Grand Océan, Mon Océan, maille ocheune. Je ne vous dit pas où je vais, ni combien de temps je pars sinon vous allez retirer le fil de mon blog de votre agrégateur. Mais je reviendrai, c’est certain, ne vous en faites pas pour moi – pourquoi je dis ça, who cares ?
Je suis donc parti, j’emmène avec moi quelques carnets, pour écrire, dessiner si j’ai le temps, j’emmène aussi quelques livres, Rabelais, Proulx, Maximilien Durand, Bryson, Hornby feront partie du voyage, plus certainement quelques autres, j’aime avoir le choix.
Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire, si ce n’est que professionnellement parlant, je pars en vacances le coeur léger parce que j’ai appris une très bonne nouvelle, même si je suis quand même angoissé de tout laisser à mes petits collègues qui vont devoir gérer à ma place.
Euh… Voilà.
Juste une chose. Ma rentrée sera compliquée. J’imagine qu’il n’y a rien d’autre à en dire.
Et pour finir, je garde à l’esprit ces mots de Laurent:
Tu as raison. C’est vrai qu’elle est magnifique.
Quant à savoir de quoi il parlait, trois points de suspension.
Peau de taupe reloaded
Intégration d’un plug-in alliant la base d’images de Flickr et la fluidité de SimpleViewer sur WordPress, l’effet est saisissant… C’est SimpleFlickr.
Node™ n°1
Forcément, comme souvent en ce moment il pleut, il pleut beaucoup, tout le temps, fort, peu, averses ou pas du tout quelques instants et puis ça repart doucement ou pas, ou fort et beaucoup, ça s’enchaîne, alors ce matin, quand je me suis levé, la première chose que j’ai faite c’est de regarder s’il pleuvait et oui, il pleuvait, comme un peu tous les jours depuis que Sarkozy est président, ce n’est pas de sa faute, mais ça joue certainement, on pourrait presque y croire mais je ne me suis pas laissé démonter, j’ai piqué le parapluie de mon fils, mais je suis quand même arrivé à la gare les pieds trempés, le bas du pantalon, c’est du ramie ça sèche vite, un coup de vitamines avec le café, histoire d’émerger un peu plus vite que ça s’il vous plait merci j’ai un train à prendre et puis j’ai passé une partie de ma nuit à bouquiner jusqu’à temps que le sommeil m’emporte le bougre, même pas le temps d’éteindre la lumière, espèce de criminel de la lecture qui lit jusqu’à plus soif tous les jours de la semaine, même ceux qui n’existent pas, voire même plus, alors nécessairement, pour se réveiller, c’est pas du Pink Martini qu’il faut se fourrer dans les oreilles, mais plutôt David Guetta, Love don’t let me go, voilà tout, faut écouter ça parce qu’on a beau penser ce qu’on veut du blondinet électrique, sa musique, elle est construite et c’est pas du beat sans raison, il y a du travail là dedans et c’est bon, surtout pour se réveiller, surtout pour passer devant les contrôleurs du matin, on est le 3, faut contrôler, et j’ai mon ticket, c’est suffisamment rare pour être remarqué, alors je passe tête haute, bêcheur, y’a pas de raison, et puis merde hein, je n’ai dormi que trois heures, certainement moins, criminel va !
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Lovego.mp3]
Bon et puisqu’on est là, il est temps de parler un peu de Juergen Teller, un photographe hors norme et un peu branque, qui se plait à prendre en photo des célébrités dans des positions pas possibles – Björk s’est pliée à l’exercice, je ne vous dis que ça – , mais qui a aussi travaillé pour la publicité d'Yves Saint-Laurent mais qu’on croirait tout droit sorti d’une nouvelle de Bukowski, un travail désaxé autour de la lumière crue.
Dans la rue Anatole France, il y a un camion violet qui est là pour nettoyer la cuve à graisse du tabac d’en face, le nettoyage de la cuve à graisse, c’est quelque chose, il faut avoir vécu ça de près pour savoir à quel point ça schlingue la graisse, ça pue pire que la mort, la graisse, peut-être même pire que la merde, parce qu’au moins, la merde, on sait ce qu’il y a dedans, et là pour la coup, dans la rue humide, ça sent mille fois la graisse transvasée, c’est littéralement infâme, et comme aujourd’hui j’ai une grosse forme de type qui n’a dormi que trois heures, je vais m’attaquer aux bases de données, je suis à bloc là. (03 juillet)
Depuis que j’ai écrit ces mots, il s’est passé beaucoup de choses, des choses pas gaies du tout, des renoncements, des hésitations, des fractures, des pas en avant, des pas en arrière, j’ai complètement lâché l’écriture, je me suis retiré du monde, j’ai tenté de sourire, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de bloguer au vu du nombre considérable de commentaires que je n’arrive plus à gérer, je me suis pris pour John Cage, j’ai eu envie de mourir, mais pas longtemps, j’ai eu une réunion de service, je me suis battu contre le département Communication pour exprimer mon point de vue (oui, je sais, on s’en fout), j’ai pris une photo de mon chat, j’ai enfin parlé à Laurent, je me suis surpris à rire avec des gens que je détestais, j’ai été dans une colère dingue, je me suis calmé, je me suis senti rejeté, alors j’ai rejeté, je me suis dit que j’allais effacer mon blog, j’ai dit merde à mon père, j’ai vu mon téléphone sonner et je n’ai pas pu répondre parce que j’étais déjà en ligne, j’ai enragé, j’ai fulminé, j’ai mal dormi, très mal dormi, je me suis senti à deux doigts de péter un câble, je me suis calmé, j’ai eu envie d’appeler une vieille amie, et mon amie m’a appelé parce que je l’avais appelée sans m’en rendre compte, une voix chaleureuse et tendre, j’ai fait de l’aérophagie, j’ai sauté un repas, je n’ai pas sniffé de colle parce que je ne me drogue pas (le café ça compte pas), j’ai été contacté par un extra-terrestre chinois, j’ai terminé de publier mes derniers moleskines, lesquels ont toujours autant de succès (suffisamment rare pour être signalé), j’ai mangé une pizza, j’ai vécu la guerre grève, les bagarres dans le RER, les flics qui déboulent, les tickets de métro qui ne passent pas dans les tourniquets, je me suis noyé dans un ruisseau, enfin je crois, je ne passerai pas à la télévision, je ne suis pas allé à Paris-Carnet, j’ai eu un cadeau, la saison 1 de Magnum en DVD, j’ai vu le Lauréat, j’ai fait une machine de couleur, j’ai passé l’aspirateur dans la chambre, je suis allé faire des courses, j’ai rendu mes livres à la bibliothèque, j’ai rêvé d’Adolfo Bioy Casares, je me suis rendu compte que j’étais pétri de ténèbres, j’ai beaucoup pensé, mais j’ai eu aussi beaucoup la tête complètement vide, je me suis demandé si je n’allais pas m’acheter un nouveau nom de domaine, laisser tomber mon blog, repartir de zéro, j’ai étrangement passé une très bonne semaine au boulot, et comme pour faire bonne mesure, j’ai essayé de chialer un bon coup comme pour faire sortir toutes les scories qui me polluent l’existence mais rien ne sort, complètement à sec, alors je me suis imaginé allongé dans un lit aux draps couleurs expresso et les yeux fermés, j’écoutais le bruit de l’océan.
Moleskine Reloaded
De l’art de modifier son Moleskine en fonction de ses besoins. Martha, de Trumpetvines Travels explique comment elle remplace le papier de ses carnets pour en faire de vrais carnets de croquis.
Expérience de re-socialisation, phase 1 (Paris Carnet XLVIIe)
Un Paris-Carnet et une soirée d’anniversaire en deux semaines, me voici resocialisé pour six mois au moins. J’ai vu plus de monde que je ne pourrais en voir en un an. Mais quel monde !!! Le gratin ! La crême ! Que dis-je, l’élite – tout bonnement – de la société blogosphérique parisienne…
Tout d’abord, je tiens à signaler que si je suis arrivé si tard, c’est que je me suis arrêté devant la passerelle des Arts, passablement intrigué par tout ce monde qui se trouvait assis dessus. Oui, on s’en fout. Et puis je me suis paumé un peu aussi. Ça aussi on s’en fout. Et j’ai pas trouvé de place pour me garer. On s’en tape ? OK. Je continue.
J’ai toujours une petite angoisse quand j’arrive à ce genre de réunion parce que j’ai l’impression que tout le monde me regarde, et en fait, ce n’est pas qu’une impression. Tout le monde en terrasse me regardait l’air de se dire “Mais c’est qui ?” ou alors “Est-ce que je ne l’ai pas déjà vu quelque part ?” ou bien même “Pourvu qu’il ne vienne pas nous les briser ce maudit inconnu…”. En fait, je crois surtout que tout le monde s’en foutait. Alors j’ai avisé les quelques visages que je connaissais, Romu, Kowalsky et pas très loin Goon, sur son 31, beau comme un coeur dans son costume noir. J’étais assis à côté d’un garçon primo-paris-carnettiste, peut-être Brad Pitt, je ne sais pas trop et puis j’ai commandé une Guinness avant de tomber sur Charles Liebert qui ne voyait pas, mais alors pas du tout qui j’étais (l’ingrat qui a utilisé ma plus belle réalisation en terme de design!!). Et puis j’étais super content parce que pour la première fois, j’ai approché de près celui qui m’a fait découvrir le Moleskine, en la personne de Joaquim. Un peu timides tous les deux, mais le courant est bien passé. A ma table, il y avait un garçon bizarre, ou plutôt un garçon avec un ticheurte bizarre sur lequel il était inscrit “in tartiflette we trust“, c’était Ppc avec sa jolie Ppcette et son lomo qui faisait de la lumière rouge.
En me dirigeant vers les toilettes, j’ai vu un monsieur qui essayait son nouvel appareil, un certain Franck-Paul. Tous les deux, on avait l’air de deux beaux timides, on ne savait pas trop quoi se dire, mais ça va finir par venir, la prochaine on s’assiéra autour d’une godet et on papotera comme si ça faisait 20 ans qu’on se connait. Mel est venu nous rejoindre à table, elle non plus ne m’a pas reconnu, mais c’est pas grave, j’encaisse… Et puis y’avait le Capitaine évidemment. Alors j’ai pas trop compris, parce que j’ai l’impression qu’il a passé sa soirée avec plein de monde sur les genoux, certainement dans l’accomplissement d’un certain rituel occulte. En tout cas, il est venu me serrer la pogne avec sa pipe (et non pas le contraire) et il m’a dit qu’il avait enfin compris pourquoi Brindilles ! Parce que je ne suis pas bien épais. A la suite de quoi il a allègrement regardé mon cul. Si si Laurent, ne démens pas.
J’ai vu aussi de loin Hellgy, Anne, Eolas (honnêtement je ne le voyais pas comme ça du tout du tout) et puis il parait qu’il y avait Shaggoo et Labosonic (il paraitrait qu’on a une connaissance en commun) mais je suis infoutu de mettre un nom sur un visage (ou le contraire) et puis y’avait pas d’Ambiome qui fait la tête, Val qui a carrément oublié, Manue et Got absents (ben ?) et Cey en vacances. Non mais je te jure. Pas de Kerlu non plus, dommage, j’aimais bien ses histoires de cloches du Kremlin.
Bon voilà. Je vais cuver ma Guinness et je reviens.
Toutes les photos sont ici sur Flickr.
Paris Carnet
C’est ce soir, et j’y serai. Foi de moi.
Mouvement social

Je n’en reviens pas. Voici près de quatre ans que je blogue, pour votre grand plaisir, pour ne pas dire pour votre subsistance – car je sais que votre vie serait bien morne sans la mienne – et je n’ai jamais eu aussi peu de commentaires sur mes billets qui pourtant, Dieu m’en soit témoin, sont d’un intérêt rarement atteint.
Je me demande alors si je ne devrais pas cesser de poster en réponse à votre manque total de considération pour mes écrits. Pas de commentaires ? Eh ben pas de billet… A moins que vous ne désirassiez quelques billets conceptuels, plus connus sous le nom de billet prout ? Si c’est ça, sachez que je ne céderai pas à la pression populaire, parce que le peuple, c’est la boue.
Je me saigne aux quatre vents veines pour faire de cet endroit un lieu plein de découvertes et voici comment on me remercie. Ben merde alors… Bande d’ingrats !!
Photo © Shorpy
Carnets du Grand Ouest
Je l’avais promis, ils sont là. Ce ne sont que quelques pages, cinquante-neuf en tout, un journal dans un retraite campagnarde et calme, le déroulement d’une histoire au travers d’une semaine de vacances près de l’Océan, l’histoire aussi, d’un renoncement. Profitez-en bien parce que je me suis bien appliqué, autant sur la forme que sur le fond.
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