Trois heures du matin devant la machine qui ne répond pas, les yeux injectés de sang en passant devant le miroir et la peau moite la chaleur d’une nuit poisseuse, les circuits se brouillent ; une perte inestimable des trésors gravés dans la machine oubliés parce que confortablement à l’abri le croit-on et tout s’envole et on regrette vivement de s’être laissé entraîné par le temps et par un excès de confiance dans la mémoire artificielle ; l’envie soudaine de s’éloigner de cette maudite machine aliénante. Je perds mes moyens, ma patience déjà en effectif réduit en temps normal, les pages me coulent entre les doigts, les couvertures me glissent des mains et je me tends comme un arc, sans répit. Besoin de m’en détacher, puis tout reconstruire, tout refondre et faire de la garde de cette arme un outil sur mesure parfaitement équilibré.
Ecrire tous les jours, la seule chose qui me maintient, bâton de pèlerin.
Je ne me bats que contre les mots, et je préférerais encore mourir plutôt que de me retirer du ring. Disant cela, je ne sacralise pas la littérature, j’affirme simplement qu’elle se confond avec ma vie.
Charles Bukowski, le capitaine est parti déjeuner etc. 23 juin 1992.
c’est nuit de pleine lune, je reste aussi les yeux grands ouverts, l’esprit en pagaille qui part en vrille…
l’outil doit rester outil – le soigner, le bichonner pour qu’il ne trahisse pas et contribue encore à accomplir la tâche, qui reste le coeur de tout…
Pas de mauvais outils, simplement de mauvais ouvriers… Pour fermer les yeux, vide ton esprit et répète-toi qu’il faut dormir, il n’y a rien d’autre.
Oups. RIP. Parfois, le table rase ou presque, être obligé de repartir à neuf, ça peut avoir du bon… Redécouvrir des choses simples et oubliées.
Je m’en rends compte tous les jours à vrai dire…