Photo © Tyler Westcott
Il est près de minuit et je me remets imbécilement devant mon ordinateur sans savoir quoi faire – juste envie de ne pas rester inactif ce qui me tue à petit feu – l’oisiveté dégueulasse le teint de certains – j’ouvre mon traitement de texte et j’enfile un DVD dans le lecteur, quelques chansons que j’ai sauvé du désastre, des vieux trucs pour la plupart et je retombe sur un album que j’ai beaucoup écouté du temps où j’étais au lycée et à la fac, un petit bijou – pièce d’orfèvre musicale, Friday Night in San Francisco, rien que le titre est à lui tout seul un poème qui pourtant ne donne pas le ton de ce qu’il y a écouter. Imaginons un vendredi soir à San Francisco – dans ses rues escarpées à bord d’une voiture avec Karl Malden et Michael Douglas ? Accoudé à la rambarde du Golden Gate ? – je n’arrive pas à trop à m’y faire et je lance le premier titre Mediterranean Sundance, Rio Ancho, oui voilà on y est, ça colle beaucoup mieux, c’est plutôt dans l’Espagne andalouse ou sur les hauteurs de Grenade qu’on se trouve, dans un jardin ombragé, sous les frondaisons d’une immense bougainvillée rose et orange – et moi jusqu’à Guardian Angel je garde le sourire aux lèvres parce que cet album, c’était avec Manu que je l’écoutais, uniquement avec lui dans sa petite maison de Bezons – pas très loin de l’ancien fief de Louis-Ferdinand Céline, une bière à la main nous écoutions les arpèges et les longues prouesses de ces trois anges aux doigts de fée, John McLaughlin, Al di Meola et Paco de Lucia dont on peut entendre sur la bande le souffle et les grimaces, les doigts pleins de sueur grincer contre les cordes et le râle de l’effort. Cinq pièces de maître aux harmoniques venues d’une autre planète dans une ambiance très flamenca aux échos profonds.
[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Ga.xol]