Notes. Deux moleskine. Est-ce que j’ai vraiment perdu le petit ? Est-ce que je l’ai vraiment commencé ?
Lecture. D’Ormesson et Murakami bientôt.
Regarder quelques films. Coppola. Klapisch. Jarmush.
Photo (spécial Depardon).
Des coupures de journaux qu’il faut que je trie.
Prendre un douche et me raser. Il est 13h50. Empty Quarter. Zone vide.
Presque rien sur presque tout
Il n’y a pas si longtemps que ça j’ai repris quelques notes que j’avais prises dans un carnet et quelques autres textes que j’avais écrit sur mon blog et puis ailleurs également il y avait des mots et des phrases harmonieux une sorte de courant fluide qui passe et file entre les doigts avec la douceur d’un savon et rien d’autre et bien suffisant. J’ai tout relu et j’ai aimé ce que j’avais écrit et lorsque je relis ces longues phrases je ne peux faire autrement que de repenser aux circonstances qui ont projeté ces mots à l’extérieur de moi à tout ce fatras qui a jalonné les différentes étapes de ma vie alors…
J’ai repris mes petits carnets sans rien écrire dedans parce qu’écrire en ce moment fait partie du domaine de l’insupportable comme la douleur sourde qui émane d’un objet vibrant sur l’émail des dents. C’est comme ça et ça fait un mal de chien. Deux lignes et ça saigne encore plus fort. C’est comme ça et ce n’est pas vraiment grave. Hier soir j’ai terminé un des livres que j’avais sur le feu, un livre écrit à l’origine en suomi la langue qui chante depuis les profondeurs de la taïga enneigée. Ce matin j’ai repris les œuvres complètes de Nicolas Bouvier et c’est comme ça c’est de la lecture et rien ne fait partie en ce moment ne fait partie du domaine de l’écriture je n’écris rien c’est tout et c’est comme ça.
J’ai bien conscience que ça ne peut pas durer comme ça éternellement ça fait déjà trois mois que c’est comme ça c’est tout simplement impossible parce que je risque de m’effondrer. J’ai donc repris mes petits carnets et je vais bien finir par tout accoucher tout coucher tout transcrire j’ai repris toutes mes notes que j’ai pris le temps de consigner pour raconter des événements sans importance juste pour retrouver le goût de l’écriture le goût de ce qui finalement me fait espérer un peu que ma vie peut consister en autre chose que ma simple présence au monde. Je ne suis pas fait pour rester les bras croisés assis sur un rocher en regardant l’océan son flot et son jusant.
Il y a autre chose.
Takumi Ota
Un très beau travail autour de la perspective dans la nature comme dans la ville, des lumières irréelles. Un manifeste pour la pose longue. Un travail de précision.
Takumi Ota.
Monty Python Flyin' Channel
Ils ont vieilli mais ils sont toujours aussi cons bons. Les Monty Python ont leur propre channel sur Youtube et honnêtement, c’est délicieux.
J. Luker
Tout n’y est pas forcément d’une grande qualité, mais au moins, ça a l’intérêt d’être parfois très bon. On ne peut pas être parfait tout le temps.
J. Luker.
Noah Sheldon
Il fait partie de ces photographes dont la lumière prend des teintes sublimées sur la pellicule. Aussi bien inspiré par les lieux dont inévitablement on ressent le calme que par la beauté froide des femmes, il fait de ses photos plein écran de superbes sources lumineuses.
Noah Sheldon. Egalement son blog.
You see what I mean – Abus de confiance
Abus de confiance, comme une tromperie. Ce délit est constitué par trois éléments constitutifs : un détournement, un préjudice et une intention, et suppose au préalable la réunion de deux conditions. (Source Wikipédia). Je ne peux pas m’empêcher de voir la philosophie toute entière comme un abus de confiance, comme ce qui, étant par définition abscons, ne mène jamais vers une voie claire et finit par apparaître comme une tromperie aux yeux de celui qui s’y lance. Le questionnement nécessite de la maîtrise, la maîtrise de l’expérience, et l’expérience, de la concision. Sans cela, c’est le gouffre, le néant, l’angoisse terrible de la question qui ne trouve jamais l’objet sur lequel elle porte.
n° 2 Abus de confiance
« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.
Japon de la nuit
Deux photographes qui s’enferment dans le discours de la nuit, dans le silence des nuits sans personne, une pure objectivité teintées de couleurs qu’on voit peu, lorsque les douces âmes de l’empire du soleil levant sont tranquillement en train de rêver d’autres sillonnent les rues pour fixer sur la pellicule le sang de la vie nocturne.
Des lieux et des lumières qui n’échapperont pas aux admirateurs de Murakami Haruki.
Tomoyuki Sakaguchi et Nobuhiro Fukui.
Via Hippolyte Bayard.
The Fifth Wheel
« Imagine un aveugle qui rêve », dit-elle. Je suis assis près d’elle, sur la plage de Malibu et, malgré l’heure très tardive, nous avons toujours nos Wayfarers sur les yeux, et bien que j’ai été allongé près d’elle au soleil sur la page depuis midi (elle est arrivée sur la plage à huit heures ce matin) j’ai encore un peu la gueule de bois à la suite de cette soirée où nous avons été hier soir. Je ne me souviens plus très bien de la soirée, mais je crois que c’était à Santa Monica, mais peut-être un peu plus bas, peut-être à Venice. Les seules choses que je me rappelle sont trois bonbonnes d’acide nitrique sur une véranda, posées par terre près de la chaîne stéréo, un air de Wang Chung, moi tenant une bouteille de Curevo Gold, une mer de jambes poilues et bronzées, quelqu’un qui répète sans arrêt : « Allons chez Spago, allons chez Spago » d’une voix de fausset.
Photo © imagebysp
J’avais été charmé par le ton cynique et désabusé de Less than zero, cette sorte de distance qui fait de son premier roman un véritable chef-d’œuvre, ainsi que par les lois de l’attraction, un autre livre étonnant, une sorte de bombe stimulante dans le monde parfois trop calme de la littérature. Pourtant, j’ai lu il y a quelques semaines de cela Zombies (The Informers), un livre de nouvelles qui semblent avoir été écrites avant Moins que zéro et qui sont d’une violence folle dans l’intériorité des personnages, et pour la première fois de ma vie, j’ai eu un mouvement de répulsion face à un livre, un réel sentiment de dégoût jusqu’à la nausée. J’ai lâché le livre, je l’ai jeté au loin pour ne le reprendre que quelques jours plus tard et le terminer à contre-cœur.
Cette fois-ci, l’écrivain, l’artiste, le génial Bret Easton Ellis a dépassé toutes les bornes avec un texte dont je n’arrive pas à justifier l’horreur, mais c’est précisément là que ça me pose problème. N’est-ce pas le propre d’un génie de susciter autant d’émotion, que ce soit dans la joie, dans la beauté ou dans l’horreur ? J’y perds mes repères, mais je suis dégouté par ce 11ème chapitre de Zombies. Je ne pourrais pas oublier ce que j’ai lu.
Josef Hoflehner
Il y a quelque chose de fantomatique par ici, quelque chose qui fait penser à ce qu’on trouve également chez Mickael Kenna, un dépouillement absolu, une lumière crue, l’espace à perte de vue, des impressions sorties d’un livre d’images aux pages blanchies par le vent.
Josef Hoflehner a quelque chose du magicien globe-trotter.