Jones & Laughlin

Bibliothèque François Miterrand

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/Kraftwerk-The_Robots.mp3]

[…] Puis on nous initia aux secrets de l’élément en fusion. Le spectacle était à couper le souffle : malgré une technique parfaite et bien rodée, nous avions l’impression que les choses se passaient de façon aussi primitives que dans les forges de Wieland. Coke, pierre à chaux et fonte brute cuisent dans des fours ouverts, on nettoie ce mélange avec de grands jets d’air comprimé qui répandent de formidables gerbes d’étincelles dans tout l’atelier. Puis le four bascule et l’acier liquide coule en un flot aussi clair que de l’eau dans un énorme chaudron. Derrière un parapet, nous observions les hommes près de nous : vêtus de combinaisons d’amiante, les yeux protégés par des verres bleutés, ils se précipitaient vers l’avant et jetaient des pelletés de minerai de manganèse dans ce mélange incroyablement bouillonnant. Une grue approcha, souleva le chaudron vers les moules et les remplit de ce métal en fusion qui, comprimé en lingots, fut plongé encore tout incandescent dans des bains puis lancé dans une rigole. Un lingot rougeâtre fut catapulté à travers d’immenses ateliers, sais par d’énormes pinces, laminé, relancé, tel un serpent incandescent, et quand il arriva au bout de la rigole les ouvriers l’attrapèrent et le découpèrent en rubans d’acier plus facile à manipuler.
La visite de l’usine dura quatre heures. A la fournaise succédait le vent glacial de janvier qui pénétrait dans les ateliers grands ouverts, la blancheur aveuglante des fours alternait avec la lumière violette de l’atelier de l’étain, le sifflement assourdissant des flammes avec le bruit régulier et agaçant des machines spécialisées, l’odeur du charbon et de souffre avec celle des bains chimiques où l’acier est nettoyé et amalgamé.
Au crépuscule, une foule d’ouvriers quittèrent l’usine en même temps que nous, d’autres arrivaient en masse pour l’équipe de nuit. Les policiers armés contrôlaient leurs papiers.

Anne-Marie Schwarzenbach
Loin de New-York

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Une application en ligne permettant de créer soi-même sa police bitmap personnalisée. Très intuitive, l’interface permet de sauvegarder son travail, de le partager et de profiter des créations des autres. Bit Font Maker.

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Dénoncer, détruire, reproduire et la relique barbare

Bien. Je vais écrire quelques mots. Ces quelques semaines se sont égrenées ici sans établir de dialogue, par la simple démonstration d’images, souvent sans légende à la manière d’un de ces croquis légers que l’on trouve dans les quotidiens. Je me sens absent, ce qui n’est pas sans vouloir dire qu’une énorme mutation semble me secouer. Cette absence manifeste se traduit également par une sensation de liberté et de retour au calme. Je ne me sens plus tellement secoué par ce flux continuel contrariant auquel j’étais soumis autrefois. Aujourd’hui, tout est différent, un peu comme si j’avais changé d’environnement du jour au lendemain et que j’avais de plus en plus de mal à reconnaître les murs entre lesquels je me trouve. Je me sens comme animé d’une nouvelle force…
J’ai l’impression de parler dans le vide, et d’ailleurs, je le fais comme s’il n’y avait personne pour lire ces mots. Étrange. Dans la même veine, je me suis surpris à rassembler tous mes carnets et à recommencer à écrire, sous forme de journal, un exercice auquel je me plie de façon compulsive en corrélation avec d’autres choses qui traversent ma vie actuellement.

Je reprends plaisir à tout, à manger, à boire, à respirer l’air pollué du dehors ou celui du matin lorsque je pointe le bout de mon nez dans le brouillard à des heures indues. J’imagine alors que je suis en train de trouver les réponses aux questions que je me pose depuis quelques années, que je pointe du doigt les angles qui nécessitent une réflexion et que je laisse de côté les points de souffrance qui ne méritent finalement pas que je m’y attarde, comme si je pratiquais avec une rigueur consciencieuse à une sorte d’ataraxie surgie de nulle part. J’imagine aussi que j’arrive à la fin de la lutte qui se jouait en moi, que j’en reviens à des convictions politiques saines et fondées, bien que totalement à contre-courant de ce qui se pratique dans les grands fonds des rangs militants bêlant de plaisir à la moindre bassesse. Je redeviens discret comme si je prenais la place qui était la mienne. J’en ai désormais fini avec les idéologies sociales avec lesquelles je n’ai décidément rien à voir, parce que c’est comme ça, je ne peux pas. L’idée de propriété, la notion de contrat social, l’opinion… tout ceci va à l’encontre de ce que je suis et de ce que je pense. Mais je ne suis pas non plus un rebelle parce que je n’emmerde personne avec mon point de vue.

J’entendais à la radio ce matin (oui, ce matin, j’ai écouté la radio) que les investisseurs se tournaient à nouveau vers l’or sous sa forme la plus manufacturé, le lingot. Cette matière première que Keynes appelait la relique barbare est à nouveau en vogue et sa demande devient de plus en forte. La raison se devine aisément ; l’Inde et la Chine, les deux super-puissances qui font tant peur, sont très demandeuses de cette matière première pour satisfaire les goûts particulièrement mauvais des classes émergentes de ces économies émergentes. La revalorisation de cette valeur refuge est pourtant un mauvais indicateur de la vie économique, car les investisseurs ont peur de l’investissement dans les valeurs traditionnelles et cela annonce une période inflationniste, ce qui n’est pas fait pour rassurer.
Tout ceci me rappelle l’époque amusante, dans les années 80, où l’on voyait René Tendron ou ses petits collègues donner les tendances de la Bourse avec les agités du bocal de la Corbeille en toile de fond et réciter sur un ton monocorde les cours du lingot et du Napoléon. Lointaine époque… J’imagine en fait qu’il n’y a pas besoin de commenter cette actualité.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui, et moi, je me sens bien.

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Cole Rise

Tout un monde éthéré dans une navigation simple, des couleurs chaudes, des photos splendides et léchées, laissant voir parfois un corps en lévitation. Un rêve éveillé.

Cole Rise

Les enfants face aux artistes

Lorsqu’un artiste décide de se pencher sur les dessins d’enfants et d’en tirer un autre imaginaire à partir de ce qu’il sait faire lui, ça prend une tournure vraiment intéressante. David DeVries, artiste numérique de son état n’a fait que copier des dessins, en en reprenant les contours et les déformations et y amis sa touche personnelle, mettant ainsi en forme les fantasmes et les cauchemars de nos petits bouts de chou.
A la fois sublime et terrifiant…
Via Rag & Bone.

David DeVries