The doom generation

Ce film trainait dans mes archives depuis quelques mois, peut-être même des années, il fallait que je finisse par le visionner. Dans mes années étudiantes, j’avais assisté à la sortie de Nowhere, un OVNI cinématographique coincé dans l’univers littéraire de Bret Easton Ellis très certainement et les soap-operas pour adolescents des années 90, dans lequel on retrouve pèle-mèle des acteurs de séries dans des rôles à contre-emploi, comme Shannen Doherty (Berverly Hills), Christina Applegate (Marié deux enfants), Jeremy Jordan (acteur de porno gay), Jaason Simmons (Alerte à Malibu), Traci Lords (qui a du passer par toutes les séries pré-citées), Rose McGowan (Scream et Charmed), ou encore Staci Keanan (la blonde pénible de Notre belle famille). Sans parler de Chiara Mastroianni dont on ne sait pas très bien ce qui a pu l’amener ici. Quel beau linge ! Délectable, trash, pimpant et flippant à souhait…
Nowhere était à l’époque un film qui n’est sorti que dans les salles d’art et d’essai, un film poubelle que personne ne voulait diffuser et qu’aucun public ne voulait voir parce que la plus horrible des décadences des ados américains y était montrée sans fard. Mais je l’ai vu, un peu par hasard, et j’en suis ressorti à moitié groggy, nauséeux.

Je voulais donc voir The doom generation de Gregg Araki, sorti en 1995 soit deux ans avant Nowhere. The doom generation, c’est un faux film sur une fausse génération déglinguée, c’est une satire, une pantalonnade dans laquelle les personnages sont tellement grossiers (épais) que plus rien ne les rend crédibles, et c’est tant mieux.

Dans ce monde d’une génération qui n’attend rien – on ne sait d’ailleurs même pas d’où elle vient tellement le trait est forcé – on trouve deux adolescents (qui arrivent quand même dans les premières années de l’âge adulte), Jordan et Amy, embarqués dans une cavale infernale à cause de Xavier, un bagarreur loser branleur beau mec fouteur de merde. Tandis que les morts jonchent leur chemin à coups de membres arrachées, de têtes coupées qui continuent de parler deux heures après, qu’Amy se fait rattraper par des sex-amoureux éconduits et psychopathes, dans ce monde, tout coûte 6,66 US$. Les morts, c’est moche mais c’est comme ça, mais quand Amy shoote un clébard sous les roues de sa voiture, le monde s’écroule, la mort c’est dégueulasse et injuste et le toutou à qui on a ôté la vie a le droit à sa petite tombe au beau milieu du désert.
Le monde de The Doom Generation, c’est le monde violent de l’Amérique de tous les jours, avec ses nazillons improbables, ses services secrets paranoïaques et parfaitement à côté de la plaque, mais c’est également la vie de jeunes adultes bercés par une perte totale des repères. Cette cavale infernale ne signifie plus rien pour personne, en devient absurde ; simplement la vie de tous les jours revient hanter leur nouvelle vie faire de sexe et de drogue, par un simple “Mes disques me manquent”.
Bret Easton Ellis aurait pu écrire ce film, mais l’auteur c’est ici Gregg Araki, certainement un des plus grands réalisateurs d’aujourd’hui, même s’il reste confiné dans un paysage underground somme toute relativement malsain.

You see what I mean – Carton

Lorsque j’étais gamin, ma mère avait un petit bibelot, une cheval en bois laqué, orange et dessiné de motifs géométriques simples et harmonieux. Bien des années plus tard, j’ai appris qu’on appelait ce cheval Dalahäst (ou cheval de Dalécarlie), et qu’il représente l’âme de la Suède. Depuis ce temps, j’ai appris à aimer l’art traditionnel des pays scandinaves, et tout particulièrement les motifs anciens que l’on trouve dans l’artisanat populaire suédois et finnois. C’est donc tout naturellement que j’ai craqué pour ces cartes de vœux suédoises en carton. Des motifs simples, des floraux contrastés, rien n’est plus simple et plus harmonieux.

n° 5 Carton

carton
« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

Goude et Guerlain

Guerlain, célèbre marque de parfum, a vendu son âme au diable. Pour la publicité télévisuelle son dernier parfum, Guerlain s’est offert les services de Jean-Paul Goude, connu et reconnu pour ses talents de metteur en scène. Pourtant, là, ça ne colle pas du tout. Titrée “Pour l’animal qui dort en vous”, on nous présente un homme nu buvant l’eau d’une mare d’eau claire au beau milieu de ses petits copains de la savane.

Pour ce Guerlain Homme qui place un accord “mojito” en tête (rhum, menthe et citron vert) et qui se révèle agréablement séduisant sur la peau, la célèbre maison parfumerie n’a pas joué la carte people (source Weekend)

Selon Babillages, “L’homme d’aujourd’hui, c’est ça : il bouge l’air de rien dans la vie et dans la ville, avec une aisance inégalable.” Personnellement, je n’arrive pas à faire le pont entre l’homme mutant façon Manimal et l’homme urbain et actif qu’on essaie d’ordinaire de nous vendre, et sincèrement, je trouve que c’est foncièrement raté. L’image de la marque se ratatine sous une cruelle mise en scène qu’on aurait pu attribuer à un documentaire du National Geographic. Rien ne colle ici, et question marketing, c’est clair que la célèbre maison parfumerie n’a pas joué la carte people.

guerlain

What lies beneath the surface

La photographie de paysage est un véritable art à part entière. L’art de Guy Sargent a ceci de particulier qu’il représente la nature comme quelque chose de foncièrement organique dont la charge émotionnelle est forte. Entre les Cornouailles et l’Italie, en passant par Londres ou Paris, la représentation qu’il nous donne à voir est un monde à la fois lisse et rugueux, une nature qui saigne par tous les pores de sa surface comme si elle n’était qu’une immense peau.

Europa Film Treasures

Moins riche que l’INA mais établi dans une optique un peu moins vaste, Europa Film Treasures présente des petites raretés jamais très longues à regarder mais qui ont l’intérêt de sortir des chemins tout tracés. Classés par cinémathèque, période ou encore par nationalité, on y trouve de très belles choses, beaucoup de représentations militaires aussi, des documents ethnographiques pas tout récents qui ont l’intérêt de faire resurgir un passé équivoque. Un petit faible pour ce documentaire finlandais de Holger Harrivirta de 1947 sur le sauna. A noter que les sous-titres peuvent être affichés dans des langues différentes. Etonnant aussi ce petit film érotique américain datant de 1948.
Un petit trésor. Europa Film Treasures.

Le monde du canapé est un monde immuable

A mon avis, généralement parlant, la dignité humaine d’une personne transparaît dans sa façon de choisir un canapé – c’est peut-être un préjugé de ma part, mais j’en suis quand-même persuadé. Le monde du canapé est un monde immuable dont on ne peut transgresser les lois. Mais seuls les gens élevés sur de bons canapés sont à même de comprendre cela. C’est comme d’être élevé en lisant de bons livres, ou en écoutant de la bonne musique. Un bon canapé engendre un bon canapé, un mauvais canapé ne peut engendrer que de mauvais canapés. C’est comme ça.

Photo © Sacha Fernandez

Je connais des gars qui roulent dans des voitures haut de gamme, mais n’ont chez eux que des canapés de deuxième ou troisième classe. Je n’ai guère confiance dans ce genre de gens. Certes une voiture chère a sa valeur propre, mais il ne s’agit jamais que d’une voiture chère. N’importe qui peut l’acheter à condition d’avoir l’argent. Mais l’achat d’un bon canapé nécessite la perspicacité, l’expérience et la philosophie correspondantes. Il faut aussi de l’argent, mais ça ne se limite pas à une question de moyens. Sans une image bien arrêtée de ce qu’est un vrai canapé, il est impossible d’acquérir le canapé parfait.

Haruki Murakami, la fin des temps.

Kim Høltermand

De ceux qui parcourent la ville à la recherche de lumières particulières et qui prennent la ville pour un terrain de jeu sur lequel on trouve à profusion de nouvelles formes, de nouvelles lignes de fuite, un florilège de couleurs passées, d’ambiances nordiques…
Kim Høltermand.

You see what I mean – Transparence

L’hiver est par définition le temps des lumières, le temps où tout s’illumine à l’approche des fêtes de fin d’année et où le soleil si bas prend des teintes argentées, donne un couleur métallique à la ville. Effets de transparence au cœur de la cité qui étend ses longs bras dans les plaines, du haut de ma tour, je scrute les lumières qui scintillent au cœur de la nuit ou lorsque le jour touche à sa fin, derrière mes fenêtres comme le gardien du haut de son mirador surveille les âmes libres qui continuent de vivre en dehors de tout contrôle.

n° 4 Transparence

Transparence

« You see what I mean » comme une affirmation, ou comme une question, une question qui amène une réponse à l’autre bout du monde, ou plutôt deux questions qui interrogent le monde et par lequel on répond avec l’œil du spectateur au travers de l’objectif. C’est le défi auquel nous nous plions Fabienne et moi, une fois par semaine autour d’un thème choisi d’un commun accord. L’orientation choisie, nous nous faisons la surprise de l’image avec notre personnalité, notre regard, notre sensibilité, pour donner naissance à de nouvelles perspectives qui étonneront certainement autant les visiteurs curieux que les auteurs.

L'art de la sieste longue

Non, je ne fais pas grève, et non je ne suis pas parti dans un pays étranger, exilé.
Je ne fais que me reposer après une semaine de dingue. J’ai dormi toute la journée et j’ai fait la limace sur le canapé, avec les bras qui dépassent et un léger filet de bave pendant au coin de la bouche. Au calme.
Ça c’est la vraie vie…