Alors voilà, j’étais dans un cafétéria hier soir, dans une grande enseigne dont je tairais le nom. Et je mangeais tranquillement, fatigué, parmi les cris d’enfants et les bruits de plateaux, tout qui concourt au léger frisottement des nerfs dans les plus infimes tréfonds du corps, la chose bestiale qui bouillonne au fond et qui ne demande qu’à sortir ; la meilleure chose à faire dans ces cas-là est d’adopter la tête maussade du cliché bédéesque, de fermer tous les pores de son auguste épiderme et tous les orifices qui nous maintiennent en contact avec la rude réalité extérieure.
De l’autre côté de la salle, j’ai entendu une rumeur s’élever, des voix de femmes haut-perchées et des intonations qui relevaient un fort niveau de tension verbale, qui pour tout dire me laissaient totalement indifférent et dont je ne sais même pas quelle était la teneur. Les voix se sont rapprochées et moi je buvais ma limonade – j’adore la limonade, sans édulcorant. Les femmes s’invectivaient, se lançant des noms d’oiseaux que la morale de ce blog réprouve fortement (pourriture, putain, etc. – mais non je ne l’ai pas dit) et moi, je souriais. Tout à coup, j’ai tapé sur la table et j’ai mis mon grain de sel, plus fort que les autres voix : “BON, EST-CE QU’ON POURRAIT AVOIR UN PEU DE SILENCE ?” (j’ai dit aussi bordel de merde mais c’est parti tout seul). En fait, j’ai gueulé salement fort et j’ai ponctué ma phrase du sourire du plus parfait crétin à l’air satisfait. Je n’ai pas écouté ce qui s’est dit ensuite et j’ai terminé mon verre de limonade – ai-je dit que je raffole de la limonade ? – en me frottant le ventre.
Tout ceci pour dire que ça fait un bien fou de crier un bon coup.
4 Replies to “Des vertus libératoires”
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Je confirme, j’ai récemment pourri un mec à un guichet d’Air France, le 1° jour de mes vacances, j’étais fatigué, stressé, à la limite hypocondriaque.
Et bien bizarrement, quand mon “Connard !” a fini de résonner dans les tubulures high-tech de l’aéroport Provence-Marignane, le silence général qui a suivi m’a tout de suite remis en harmonie avec le cosmos : les vacances pouvaient enfin commencer.
Bref : Bienvenue au club.
Rasbaille, je ne sais pas qui tu es mais déjà je t’adore !
Tu viens de dire en une phrase ce que je voulais te dire depuis les quelques mois que je te lis. (Bon après on arrête les fleurs).
Dans le genre vertu libératoire, j’écoutais France Culture hier soir (oui je sais c’est mal) et j’ai entendu un émission incroyable qui faisait un pont entre pratique du ZEN et PETANQUE !!
Pn devrait peut-être s’y mettre tous les 2, ça nous calmerait…
le lien vers cet improbable relation :
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sur_docks/
Mais c’est fou ces gens qui me lisent et qui ne signalent pas. faut pas être timide comme ça.
Pour le zen et la pétanque, j’ai du mal à faire le lien, rien ne m’énerve plus que la gaudriole des pétanquistes imbibés de pastis (tu n’es pas marseillais eh dis ho ? Ah si merde 😀 ). Bon eh reviens souvent, on parlera de nos boules 😉