It's nothing, it's nothing…

Ce qui est étrange sur avec les mots, c’est qu’on n’y voit pas ce qu’on est en droit d’attendre. On ne peut voir l’auteur en train d’écrire, on ne voit pas non plus ce qu’il ressent tandis que lui ne met dans ses mots que ce qu’il veut bien y mettre en tentant de tromper son monde. Seulement, en ce moment, j’ai l’impression que ce je cache se voit beaucoup trop. Ma fatigue, cette impression manifeste que rien d’excitant ne se produit dans ma vie, le fait que je me sente tout à coup vieillir, tout ceci ne se voit pas et de toute façon ça n’intéresse ni ne regarde personne.

Normalement, la moindre petite étincelle a pour moi cette potentialité de se transformer en feu de joie. Donc, quelque chose ne va pas en ce moment et le problème c’est que je ne sais pas ce que c’est. Je passe mon temps à me demander pourquoi je ne lis pas ou pourquoi je n’écris pas, ou alors pourquoi je n’arrive à me décider entre l’un ou l’autre et tout ceci se révèle absolument contre-productif.

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Le Mouvement des images

A l’origine, le but était de confronter le regard de mon fils de quatre ans aux oeuvres majeures de l’art contemporain. Dernièrement, je lui avais passé en revue, à sa demande, des fiches représentant les oeuvres majeures du XXè siècle et il a manifestement montré un certain intérêt pour les géométries déconstruites d'Egon Schiele et les fantaisies de Picasso de sa période rose (choix étrange mais indiscutable). Aussi, la visite du fonds permanent du Centre Pompidou était elle parfaitement choisie pour lui apporter une vue d’ensemble sur ce qui s’est fait de bien au cours du siècle précédent. Malheureusement, cet étage est fermé jusqu’au 1er février prochain et nous avons du nous rabattre sur l’exposition Le Mouvement des images.

Le Mouvement des images

D’abord séduit par le fait de découvrir une exposition hors-norme et des oeuvres majeures et rares, je suis finalement resté avec une impression de fouilli organisé autour de la cinématique. Ils était tous là, Jackson Pollock, Rem Koolhaas, Georges Braque, Fernand Léger, Andy Warhol, mais aussi Germaine Krull, Agam, Henri Matisse, Alexander Stirling Calder, Marcel Duchamp, beaucoup de valeurs sures.

Mais dans ce lieu très bien scénographié, on est en droit de se poser la question de la pertinence (de la part du commissaire de l’exposition) de certaines mises en scènes et de la présence d’oeuvres dites “conceptuelles”, de projections porno-gay, d’animations sans fondements… Bref, l’exposition est à la hauteur de l’art contemporain, disparate, inégale et parfois ridicule. Placer le guéridon de Georges Braque à côté du Sans-titre, 1980 de Tony Cragg relève à mon sens du nonsense et de l’hérésie. La présence d’oeuvres de Rauschenberg à côté de Roy Lichtenstein n’en est pas moins ridicule. En bref, je ne suis pas pour le mélange des genres et certaines choses sont à mon sens inacceptables. L’art engendre souvent des monstres, surtout dans cette période d’art contemporain, un art censé être inutile. Lorsque des oeuvres nécessitent d’être expliquées pour qu’un sens s’en dégage, ce n’est à mon avis plus de l’art, mais une démarche intellectualisante qui ne vit que pour elle-même et n’apporte rien. Mais ce n’est que mon point de vue et ceux qui sont à l’origine d’oeuvres vides de sens seront les premiers à dire le contraire.

Une découverte surprenante toutefois, les néons de Jeppe Hein.

Quoi qu’il en soit, c’était bon de se replonger dans ces atmosphères sombres, et je suis content que mon fils ait bien accroché, même s’il n’a pas vu ce qui se fait de mieux. Le risque aussi, c’est que cette exposition tournant autour du mouvement, il risque de trouver déçu lorsque nous lui présenterons les oeuvres plus “classiques” de Miro, Kandinski ou lorsque l’exposition sera plus statique.

La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole

John Kennedy Toole

Lorsque je me suis mis en tête d’écrire un billet sur ce livre totalement hors-norme, je me suis dit que je ne parlerai pas de l’auteur, mais de l’oeuvre uniquement, et à y regarder de plus près, je me rends compte que c’est là un exercice quasiment impossible. John Kennedy Toole est un personnage absolument à part dans l’histoire de la littérature car désespéré de ne trouver d’éditeur pour son manuscrit qu’il considérait comme un chef d’oeuvre, il se donna la mort en 1969. Pourtant, quelques années après sa mort et grâce aux efforts de sa mère pour démarcher les maisons d’édition, l’écrivain Walker Percy décida de publier le manuscrit (A Confederacy of Dunces) qui se verra décerner le Prix Pulitzer de la fiction à titre posthume. Une belle aventure pour le livre, une tragédie pour l’homme. De santé physique et mentale fragile, son état se dégrada tandis qu’il se débattait pour trouver quelqu’un pour l’éditer. Continue reading “La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole”

Le douzième jour

Le douzième jour, il se passe toujours quelque chose. Que ce soit le douzième jour du commencement ou de la fin, il se passe toujours quelque chose arrivé au douzième jour, c’est un peu comme un jalon.

Le douzième jour, j’ai reçu une invitation d’un ami, un très vieil ami, un de ceux avec qui on s’est déjà pris une cuite et qu’on a pris par le col pour chanter des chansons paillardes dans un café enfumé d’une banlieue pourrie. En fait, ce type était plus que ça, beaucoup plus, un peu comme un maître, ou un père spirituel, un guru (Dieu que ce mot est laid).
Il m’avait appris à dessiner, entre autres choses, à appréhender les formes et la lumière sur un corps de femme nue entre les volutes bleutées de gitanes filtres qu’il expulsait par ses narines épatées et les senteurs de café épais et corsé qu’on buvait jusqu’à pas d’heure en devisant sur l’art, les formes, la lumière, les communistes et nos souvenirs d’enfance. Un liquide noir coulait dans nos veines, et nos nuits ressemblaient (les miennes en tout cas) à des scènes crispées de tétanie, rendant tout rêve impossible, ce qui me laissait penser qu’un jour j’y laisserais ma peau, et les battements de mon coeur. Son sang à lui était plutôt un mélange d’alcool et de café, ce qui était loin d’être plus sain, mais ça faisait partie du personnage, et moi ce personnage, je l’adorais. Même si comme ça, il faisait un peu dégueulasse. Même beaucoup.

Il s’appelait Dien, il était Viet-Namien. Il avait quitté son pays en 1975 et n’y était jamais retourné, mais son histoire personnelle, c’est pas ce qui m’intéresse et s’il veut la raconter, il le fera lui-même. Pour moi Dien était un type génial, généreux, du haut de son mètre cinquante, il ne payait pas de mine et faisait plutôt rire avec sa chevelure joyeuse qui partaient sur les côtés, ses énormes lunettes en écaille datant de la Guerre de Sécession qui lui mangeaient les joues et sa taille de freluquet vacillant sous l’effet constant de l’alcool. Mais il avait un défaut majeur aux yeux des autres ; un bec de lièvre assez impressionnant qui déformait sa voix au point que personne ne comprenait ce qu’il disait, à part son ami Cam et moi. C’est en partie pour cela que nous nous sommes autant rapprochés.

La muse de Brancusi

Mais la principale raison, c’est que nous avions une relation de maître à élève. Il avait du talent qu’il n’exploitait pas parce qu’il préférait boire, il maniait comme personne le couteau à plâtre et le fusain, avec ses amples gestes dans lesquels on sentait à la fois de la nervosité et de l’assurance, une précision héritée d’on ne sait où, ça ressemblait à quelque chose de terriblement primitif, au sens noble du terme, de l’ordre du tellurique et du somptueux en même temps. Le regarder travailler, ou même saccager mon travail parce que rien ne marchait droit était un bonheur, c’était brut et viril, et je le regardais tailler dans ma terre avec son terrible couteau tranchant qu’il avait toujours dans la poche de ses pantalons en velours, avec une sorte d’admiration, d’affection, car seul lui était en mesure de me dire ce qui fonctionnait ou pas. Je sculptais, je modelais avec une ferveur toute religieuse, dans le respect des enseignements de mon maître. De son côté, s’il y mettait tant de coeur, c’est parce qu’il avait confiance en moi et avait de grand desseins pour moi. Il me voyait indubitablement comme son élève et successeur. Souvent aussi nous nous engueulions, mais pas à propos d’art, sur des sujets idiots.

– Tu fumes trop, regarde toi ! Tu craches tes poumons, un jour tu vas en laisser dans ma terre.
– Ta gueule, qu’il me répondait en faisant la moue.
– Tubard !
– Ta gueule je te dis.
– Tu vas crever, merde. Et puis tu bois trop aussi.
– Ta gueule, t’as compris ? Ta gueule.
– Je t’emmerde…

Et nous partions d’un grand éclat de rire qui se terminait en bourrades dans le dos. J’adorais son rire suraigu d’asiatique alcoolique… En fait, c’était surtout ça qui me faisait rire… L’entendre se marrer était la seule chose capable de me faire cracher mon café…

Au douzième jour, il m’a donné un carton dégueulassé, plein de taches de café et de terre chamottée, un carton pas plus grand qu’une carte de visite, sur lequel étaient écris des mots que j’étais incapable de comprendre. C’était écris en vietnamien, avec ces caractères latins pleins d’accents dans tous les sens.

– C’est quoi ce bordel ? je lui demandai d’un air vaguement intéressé.
– C’est un carton.
– Oui je vois mais c’est quoi ce carton en viet là ?
– C’est un carton, ça se voit pas ?
– Bon ben quand tu seras décidé à me dire ce que c’est, tu sais où me trouver ?
– Ta gueule, prends ça.
– PFff, t’es con alors, je sais pas lire le viet.
– C’est toi qui est con, tu devrais. C’est un carton d’invitation à mon vernissage. Je veux que tu viennes. L’adresse est notée dessus… me dit-il en pouffant.
– Merde, t’es vraiment trop con. Si tu veux que je viennes, t’as intérêt à me dire où c’est, je vais pas m’acheter un dico viet pour tes beaux yeux. C’est quand d’abord ?
– C’est marqué dessus… dit-il en éclatant de rire…
– T’es vraiment le roi des cons.

Et moi de partir dans un éclat de rire à cause de son rire suraigu d’asiatique alcoolique…

Je me suis pointé à son vernissage. C’était dans un minuscule galerie dans le quartier de la place Monge, dans une petite rue dont je ne sais plus le nom, d’ailleurs, je ne me souviens plus du nom de la galerie non plus. Je suis entré dans la salle toute petite, tellement bondée que les gens avaient la gueule collée sur les toiles de Dien. C’était infernal, il y avait presque plus de monde près du buffet que devant les toiles. Et comment regarder des toiles sans recul ?

Tout ceci n’augurait rien de bon et déjà, je regrettais d’avoir accepté l’invitation, surtout que dans la foule, je n’arrivais même pas à voir Dien, ce petit con devait être caché entre deux autres nabots plus grands que lui. C’était plein de photographes, de peintres, des viets tous plus petits les uns les uns que les autres, des critiques d’art, des gouailleurs, des pochetrons, des journalistes, des gens d’un type absolument indéterminé et quelconque, des femmes, des vieux, des enfants, des cons, et pour finir Dien. Il se cachait, assis et prostré dans un coin, avec un assiette de petits-fours sur les genoux, une coupe de Champagne dans une main tandis que l’autre se faisait bouffer les ongles par les dents déchaussées de mon maître.

– Eh Dien ! Qu’est ce que tu fous, c’est ta fête aujourd’hui, viens voir les gens, ils sont venus pour toi.
– Ta gueule ! (Dien répondait toujours ces mots doux, ou alors par Ah bon, mais rarement à propos, avant d’entrer dans une discussion)
– Ouais, ça je sais… Mais je peux savoir ce que tu fous là ?
– Merde…
– Ah, je le connaissais pas cette réplique.
– Tu me fous la paix oui ? Tu ne vois pas que j’observe les gens ? J’aime pas me faire agresser quand c’est moi qui expose…
– Ouais c’est ça, et ça va ? T’auras assez à bouffer là ?
– Ta gueule.

Je m’écartai de lui pour rejoindre le buffet et me goinfrer de quelques uns de ces petits-fours divins, et prendre une ou deux coupettes de Champagne… Les gens avaient tous des têtes de cons, ou de pique-assiettes. C’était un peu la cour des miracles version milieu un peu branché parisien, même si au fond ici ça ne sentait ni le fric ni la classe mais plutôt l’underground et le rebut. J’étais un peu attristé de voir que mon maître n’était finalement entouré que de branquignols, dont je faisais aussi partie.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/TomWaits-Underground.mp3]

Une soirée comme une grande aventure, pleine de rencontres, de surprises, mais mieux vaut peut-être ne pas tout savoir. Ainsi allait commencer le treizième jour.

Histoire du jeune homme aux tartelettes à la crème

Robert Louis Stevenson

Hier soir, je me suis plongé dans l’épais volume des oeuvres complètes de Robert Louis Stevenson[1], un des deux livres édités chez la Pléiade dont je dispose. Au coeur de cette ouvrage, regroupant entre autres The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde, Treasure Island, se trouve un volume que l’on n’a pas l’habitude de citer au regarder d’un des plus célèbres écrivains écossais, The New Arabian Nights. Attiré par le titre, a fortiori par le titre du premier cycle dans lequel se trouve la nouvelle Story of the Young Man with the Cream Tarts (1878), The Suicide Club. Ambiance victorienne et brouillards londoniens, un prince de Bohème, Florizel, et son fidèle maître de chevaux, le colonel Geraldine sillonnent les bas quartiers, se vautrant dans la luxure sous des habits de pacotille. La rencontre du jeune homme aux tartelettes à la crème va les plonger dans une société secrète vouée au culte la mort par procuration, dans laquelle on fera brièvement la rencontre de l’économiste Malthus. Une nouvelle baroque et haute en couleur, un tantinet moralisatrice, mais d’un style flamboyant et enchanteur.

Notes

[1] De son vrai nom Robert Lewis Balfour Stevenson

La perfection des lignes

Il fait doux ce matin.

A mon arrivée au guichet de la gare, je jette un coup d’oeil à la pendule. Depuis deux mois, l’affichage électronique des horaires des trains est toujours momentanément suspendu. Je me retourne vers la vitre et je surprends le visage d’un ange tendu vers moi qui me sourit; elle réussit à m’arracher un moment de satisfaction et de plaisir. Je lui souris également, politesses échangées. Moment tendre.

Dehors, une rangée de culs alignés sur les bancs du quai. Certains plus généreux que d’autres, d’autres plus beaux que certains. Je prends ma place sur le quai, toujours la même, en tête de train. Je n’aime pas la queue. En passant, une fille qui grille un clope me regarde marcher avec l’oeil en coin, l’air de se demander si je la regarde également. Evidemment jeune péronnelle, que je te regarde aussi.

Un peu plus loin, dans le métro, un visage taillé à la serpe en pantalon large de tweed me regarde l’air ensommeillé, distraitement, jette un coup d’oeil au livre que je tiens dans les mains. Elle est jolie, de cette beauté brute et sauvage que cache une épaisse chevelure indomptable.

Plastic House, Kengo Kuma, Tokyo.

Au sortir du métro, je vois Benjamin qui file vers la boulangerie acheter son petit croissant qu’il va encore fourrer dans la poche de son éternel pardessus noir. Tout va bien.

Le monde est toujours là, ses lignes sont parfaites.

Ecrire une histoire autour de photos

Couleurs d'automne

Nous sommes au mois de novembre, le soleil n’est pas très loin mais déjà il fait froid et la pluie, hier, a recouvert le sol de milliers d’étincelles dans lesquelles on voit se refléter les lumières de la ville. Les vacances d’été paraissent déjà lointaines et tout ce qui en reste, ce sont quelques photos prise ça et là, d’endroits que je connais et où j’aime retourner à cause de leur familiarité. Ils me procurent la sensation d’être chez moi ailleurs que chez moi, de me sentir bien ailleurs que là où je vis. C’est comme ça, je n’y peux rien. Je suis comme la bernique, je m’attache au premier rocher que je trouve.

Les feuilles ne se ramassent plus à la pelle, mais au souffleur à essence. C’est une ritournelle que j’aime écouter.

[audio:http://theswedishparrot.com/ftp/feuilles.mp3] Continue reading “Ecrire une histoire autour de photos”

Ray Harryhausen, le magicien

Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez forcément son oeuvre, ou tout au moins son travail. Si comme moi vous avez vu dans votre jeunesse des vieux films Hollywoodiens comme Jason et les Argonautes, Le choc des titans ou Le 7ème voyage de Sindbad, vous vous souvenez certainement de ces effets spéciaux terrifiants. Des armées de squelettes en déroute, un cyclope géant et unicorne, un danseuse à queue de serpent, autant d’animations qui ont hantés mes nuits d’enfants et me laissent des souvenirs impérissables. Ray Harryhausen est un des maîtres du cinéma fantastique et grâce à ses techniques d’animation image par image, il a influencé les plus grands spécialistes des effets spéciaux d’aujourd’hui. Une oeuvre à redécouvrir.

Liens:

Ray Harryhausen

Bartleby & Cie II

Je me suis posé la question Mais pourquoi n’écrivent-ils pas?, alors je leur ai posé la question…

Ils sont des milliers sur terre à ne pas écrire ou à se retenir de le faire. Bartelby est un personnage créé par Herman Melville, un sorte de fonctionnaire sans âme, qui ne quitte jamais son bureau et qui n’écrit pas. A chaque demande qu’on lui fait, il répond invariablement par la même phrase:

I would prefer not to

Laquelle phrase pose des problèmes considérables à tous les traducteurs qui s’y sont attelés. On pourrait dire en somme J’aimerais mieux pas…
Et pourtant, lorsqu’on pense à tout le potentiel d’écriture que cela représente, à tous ces mots, ces lignes, ces phrases qui ne verront jamais le jour, ça me démoralise. Tant de latence me fait mal.

Si vous aussi, vous voulez me dire pourquoi vous n’écrivez pas, si tant est que vous n’écrivez pas, si vous vous sentez l’âme d’un Bartleby, écrivez-le moi (ou pas). J’en ferai un beau billet.

Et ils m’ont répondu.

Et si vous voulez répondre vous aussi, vous connaissez le chemin.
Fabienne: Parce que je suis pas assez bonne pour ça. Et trop inconstante. Comme diraient Eric et Ramzy nous ne voyons pas d’autre explication.
Moi: Et qui t’a dit que tu n’étais pas assez bonne ?
Fabienne: Moi.
Moi: Oui mais ne penses-tu pas que le monde t’attend peut-être ?
Fabienne: Tu sais, quand je vois les centaines de romans qui sortent à chaque rentrée littéraire… Je me dis, comment pourrais-je intéresser qui que ce soit. Sans compter qu’il faudrait d’abord que je trouve un sujet de roman qui tienne la route et me passionne.
Moi: Et écrire pour toi ?
Fabienne: C’est un peu stérile, non ? Pour moi, ce qu’on écrit doit se partager.
Moi: Oui mais regarde, moi je publie mon journal, que j’écris avant tout pour moi.
Fabienne: En es-tu sür ?
Moi: Oui mais c’est moi qui pose les questions.
Fabienne: Si je n’écris pas, c’est parce que moi, fondamentalement, essentiellement, nécessairement (et plein d’autres mots en -ment), j’écris pour être lue.
Moi: Ah…
Fabienne: Je veux être lue et qu’on apprécie ce que j’écris, un besoin de reconnaissance, sans doute. Je n’écris pas par peur du rejet.


Yb: Je n’écris pas parce que je n’en ressens pas le besoin. J’utilise l’image et le son, ça me suffit pour l’instant, et puis ce que j’aime c’est que ça dépasse le langage. Beaucoup plus dur de dépasser le langage quand on utilise l’écriture.
Moi: Merci à toi
Yb: Déjà fini ? Bon, ben pas de quoi, ce füt un plaijir mon cher…


Moi: Alors mis à part le fait que tu lises trop pour pouvoir écrire, pourquoi n’écris-tu pas ?
Haikai: Hormis cette boutade idiote, je le reconnais, la vérité est que je préférerais ne pas avoir à écrire. C’est pourquoi je n’écris que pour répondre.


Sophie: Je n’écris pas mais il parait que j’avais “le talent” quand j’étais plus jeune. J’ai terminé mes secondaires avec un parfait pour la dissertation, personne n’en revenait, surtout en connaissant la prof que nous avions. Cela dit, le talent c’est subjectif, il ne suffit pas de savoir faire de belles phrases. J’ai eu envie d’être journaliste, tout un temps. J’avais même fait un stage pendant des vacances scolaires.
Puis en grandissant, j’ai eu des envies d’écrire de l’érotique. Jamais de journal intime, mais au contraire des choses qui ne m’arrivaient pas. (puis comme tout ça m’est arrivé, j’ai abandonné l’idée).
Tu vois j’ai eu beaucoup d’envies mais jamais de passages à l’acte dans ce domaine là.
Actuellement je n’écris pas parce que je n’en n’ai pas le courage. J’ai beaucoup de choses à dire pourtant, à dénoncer, sur mon passé, sur “les gens”, mais ça me ferait peut-être mal, c’est vraiment un pur manque de courage. Et puis aussi un manque de technique. Il y a longtemps que je me dis que certaines choses feraient bien d’être mises à nu, ne fut ce que pour que des gens n’aient pas le même vécu que moi. Mais autant, lorsque j’ai un mail d’une femme qui me parle de ses problèmes, mes réponses sont émouvantes, bien tracées, organisées; autant lorsque je prends le clavier, la page reste blanche. Faire un écrit sous la forme de lettre pour qqun pourrait donner une idée du fond mais la forme resterait étrange et peut-être mal comprise, mal interprétée… donc manque de courage, on en arrive toujours au même point.
Moi: Rien à ajouter.


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